Life is a waterfall
Ven 28 Aoû 2020 - 12:29
Amical Coopératif Persévérant Loyal Protecteur Impulsif Jaloux Susceptible Bavard Revenchard | J'ai une hachette qui était à un type que j'ai tué. J'ai aussi un glock 17 que j'ai pris à mon ex beau-frère, que j'ai tué aussi. Pas joyeux, hein ? J'ai aussi un fusil de chasse, que j'ai piqué à mon ancien groupe avant de me tirer. Sinon, j'ai un sac à dos tout ce qui a de plus banal avec dedans mon ancien téléphone portable. Il me sert plus mais j'ai pleins de souvenirs dedans alors j'peux pas l'abandonner. J'ai quelques conneries comme un couteau suisse trouvé sur un cadavre et de la ficelle qui sert toujours pour piéger les animaux lorsque je chasse. Je fais 1m89, j'ai les yeux clairs, les cheveux... Chatains je dirai ? J'sais pas. Ce que je peux dire c'est que mes bras sont pleins de tatouages, que j'ai commencé à faire après avoir intégré mon club de rubgy. Ici et là, j'ai quelques cicatrices dûes à des combats, la survie, tout ça. Tu sais de quoi je parle. La plus importante que j'ai se trouve au niveau des côtes, à gauche. Mauvais souvenir d'une rencontre avec un mordeur. |
A toi qui lit ces pages, tu m'as volé mon journal ? Repose le avant et fuis avant que je t'éclate mais si tu veux vraiment le lire, libre à toi, dans tous les cas, t'es déjà mort. Cependant, considère juste que ces mots sont une façon pour moi d'échapper à la solitude et la Faucheuse.
Pour commencer, je viens du plus belle endroit du monde : la Nouvelle-Zélande. Mes parents se connaissent depuis l'adolescence. Fous amoureux depuis tout ce temps, ils ne se sont plus quittés et je suis certain qu'encore aujourd'hui, ils sont ensemble, où qu'ils soient. A vingt ans, ils se sont mariés et dix ans après, ils ont décidé de fonder une famille. Pouf ! Moi ! En novembre 1982 ! Trois ans après, ils remettent ça et bim, ma petite soeur, Hoani. Bon, ce passage ne sera pas très long, ni très intéressant à vrai dire. Chez moi, tout allait bien. Hoani et moi avons été entourés d'amour et de tendresse. J'ai eu une enfance particulièrement heureuse, une adolescence rude mais pas si compliquée comparé à d'autres. En fait, ma vie à prit un tournant inattendu quand je suis entré à l'université.
De gentil à débile
Si tu as eu l'occasion de me croiser, tu dois bien te dire que j'ai pas la gueule du premier de la classe et pourtant, j'étais pas un mauvais élève. Je me suis dirigé vers la botanique grâce à ma grand-mère qui m'a transmit sa passion pour les plantes à travers ses récits maoris. Je voulais pas devenir jardinier ou fleuriste, trop banal à mon gout et surtout, ça n'apportait aucun défi. J'aimais aussi la science et tout ce qui s'en approchait. C'est pour ça, la botanique. Je vais pas te faire un cours sur ce que c'est mais en gros, tu étudies les plantes, tu les découvres, tu les enregistres, tu fais un tas de paperasses et tu peux même être bloqué pendant un an ou deux sur le même type de feuille. Ok, dit comme ça, c'est pas ouf mais en réalité, c'était intéressant.
Avant d'entrée à l'université bah, j'ai trouvé l'amour. Andrea. On voulait étudier dans la même fac, pour pouvoir être ensemble autant que possible. Sauf que madame ne voulait pas rester sur notre île. Elle voulait aller en Australie, découvrir d'autres paysages. Alors on a bossé comme des dingues pour pouvoir étudier là-bas. On a pu avoir un petit appartement pourrave pas loin de l'école. Si l'année a bien commencé, la suite s'est compliquée. On passait moins de temps ensemble, on s'éloignait, on s'engueulait et se déchirait. Tant et si bien que l'irréparable a été commit. D'abord, j'ai flirté avec une de ses amies puis elle s'est vengée en couchant avec un autre et j'ai répondu par la même action. On se renvoyait la balle jusqu'à ce qu'un jour je craque et que je me mette à genoux devant elle pour qu'on arrête le massacre. Il a fallut que j'ouvre ma gueule une fois de trop. J'sais même plus pourquoi on s'est disputés ce soir là mais je me suis tiré et je suis allé picoler dans un bar à côté. A mon retour, elle avait les cuisses ouvertes pour un autre type, il s'est vite tiré pendant que je cassais des trucs et elle me regardait, un air de défi, comme pour me dire qu'elle gagnerait toujours. Elle venait de briser mon cœur mais je l'aimais encore. Le pire arriva plus tard, vers la fin d'année alors qu'elle se maquillait. "Au fait, j'suis enceinte de Truc." Elle m'a annoncé ça comme ça, d'une voix blanche. Et ça m'a achevé. Je venais de crever à l'intérieur mais ça l'a pas empêché de sortir pour rejoindre son amant, de me dire qu'elle me quittait, pendant qu'elle mettait ses chaussures, de me dire qu'elle avait déjà fait les démarches pour quitter l'appart et que dans la semaine, elle ne serait plus là.
J'ai vrillé. Je déprimais et je dépérissais. J'ai abandonné mon job étudiant, tous les soirs j'allais à des soirées. Je me laissais initier à la drogue, à l'alcool, au sexe. J'adorais tous les travers qu'on me faisait découvrir et j'y plongeais à corps perdu. Je pouvais bien me réveiller dans un état de merde, je m'en branlais, j'y retournais. J'en avais besoin. C'était la seule façon d'apaiser mon âme. Je préférais l'alcool et surtout, j'étais un accro au cul. C'était devenu vital. Et tu sais quoi ? Malgré ça, ma première année, je l'ai eu. Me demande pas comment. Je crois que c'était en rattrapage. J'ai dû avoir une prise de conscience après une partie de jambes en l'air et mon esprit, déconnecté de ma raison, m'a envoyé aux épreuves et j'ai pu l'avoir au poil de cul.
Des ponts à maison de repos
J'ai pas repris l'année d'après. Je payais plus mon loyer, j'me nourrissais à peine, grâce à une soupe populaire. Quand ce genre de choses arrivent, on sait bien que le karma n'est pas loin et moi, j'ai pris une sale droite. Un mardi, des huissiers ont toqué à ma porte, j'ai ouvert et ils ont saisi tout ce qui avait un peu de valeurs. Dans l'appartement, il ne restait que mes vêtements, un lit, une table et une chaise. Tout le reste ne m'appartenait plus. Le mois d'après, on m'a définitivement foutu à la porte. J'avais un sac remplit de mes fringues et c'était tout. J'avais plus personne dans mon entourage pour m'héberger et même les demoiselles que je fréquentais ne voulaient pas de moi. T'imagine, toi ? Avoir quoi... Vingt ans et te retrouver loin de chez toi, sans rien ni personne ? J'ai déambulé dans les rues. J'ai fais la manche. J'ai dormi où je pouvais, j'me lavais comme je pouvais à certains endroits et parfois j'essayais même de laver mes fringues. Quand j'arrivais à avoir l'air propre sur moi, j'arrivais à séduire une fille ou deux et j'arrivais à avoir mes doses. Bien souvent ça me permettait de dormir dans un lit et d'avoir une douche au réveil mais c'était rare. J'ai bien dû vivre comme ça pendant trois ou quatre mois jusqu'à ce que mes parents me retrouvent.
Un samedi, alors que j'étais allongé sur un banc, des gens se sont placés au dessus de moi. Surpris, j'ai ouvert grand les yeux et j'ai pas eu le temps d'en placer une que mon père m'a mit une tarte dont je me souviendrai toujours. Lui qui refusait d'être violent avec ses gamins, ce jour là, j'ai senti toute sa colère, toute sa déception et à quel point, je le dégoutais. Ils ont pas attendu longtemps pour me ramener avec eux, à l'hôtel qu'ils occupaient. La tension était palpable et je savais que si je l'ouvrais, je pouvais à tout moment m'en prendre une autre. Mon père m'a laissé une heure pour raconter tout ce qu'il s'était passé depuis que j'étais parti et j'étais certain que si j'oubliais de lui parler d'une seule connerie, il pouvait m'éclater la gueule. A ce moment là, j'aurais même pu lui dire que j'étais responsable de la mort de Kennedy, ça n'aurait pas suffit à calmer sa fureur. J'ai tout expliqué. D'Andrea à mon expulsion. Forcément, ils étaient au courant de ça puisque je n'avais pas payé mon loyer depuis longtemps alors la caution avait sauté et puisqu'ils étaient mes garants, mes conneries tombaient sur leur pomme. Aujourd'hui, j'comprend que mon vieux. Il était rouge de rage mais il ne disait rien. Cet épisode m'a marqué. Je crois qu'il était vraiment à deux doigts de me tuer mais que pour ma mère, il a retenu toute sa haine.
De retour à Tauranga, ils m’ont laissé la possibilité de choisir comment régler mon problème. Tu comprendras bien que l’ambiance générale faisait pas du bien alors j’ai pensé à me tirer. Je préférais retourner vivre sous les ponts et même faire la pute si ça me permettait de leur rendre un semblant de stabilité. Malheureusement, j'en avais pas le courage. Un psy ? Pas les couilles non plus. Une asso comme les AA ? Non. Puis j’ai trouvé. Un asile. Enfin, non, pardon. C’était une maison de repos. Un endroit où les gens troublés pouvaient se rendre et accepter d’être aidés. Ca pouvait durer aussi longtemps que les troubles persistaient. Bref, une maison de désintox quoi. Je supportais plus de vivre avec la culpabilité de détruire ma famille. C’était la meilleure façon que j’avais de me sortir de ce merdier.
De la prison à la liberté
C’est un passage sur lequel je m’attarderai pas trop parce que c'est compliqué. Lorsque je suis arrivé à l’institut, je pensais que ça se réglerait rapidement, que j’aurais la volonté de calmer mes démons, que je parviendrais facilement à me modérer et à reprendre une vie normal sauf que ça se fait pas comme ça. Au début, j’parvenais pas à calmer mon addiction et il a fallut passer par des solutions chimiques pour apaiser mon manque. Puis y a eu un travail avec un psy. Sans mentir, ça fait du bien de discuter avec quelqu’un qui te connait pas mais qui t’écoute sans te juger, de te sentir en confiance. Je crois que j’y ai passé une année entière, dans cette maison. J’ai dû accepter mon passé, m’excuser auprès de ceux que j’avais blessé. Enfin, c’est tout un processus de réhabilitation.Bien évidemment, ça n'a pas tout réglé. Y avait encore beaucoup de travail personnel a faire. En sortant, il me fallait une occupation pour ne pas me laisser bouffer par les quelques pulsions qui revenaient comme des envie d'éternuer. J'ai retrouvé un ami de lycée. On a discuté de nos vies et pour la première fois, je me confiais a quelqu'un de "normal" depuis mon retour a la vie réelle. Il a proposé de m'aider a faire le vide et a retrouver de bonnes bases. Il m'a tourné vers le sport, vers son club de rugby. Tellement néo-zélandais comme choix. Mes parents ont accepté. J'ai adoré en faire. En fait, ça m'a permit de retrouver un équilibre personnel. Je dois dire que Steven, donc mon ami, m'a offert une chance de me reconstruire. Et grâce à ça, tout est reparti sur les rails. J'ai même repris les études, dans la science de l'environnement, à condition de partager un appartement avec ma sœur, d'être sous sa surveillance. Je dois dire que ça m'a foutu les boules au début mais c'était compréhensible quand on savait ce que j'avais traversé. J'ai quand même accepté. Tu sais pourquoi ? Parce que je sentais que je pouvais redresser la barre.
De passif à actif
"Peter Samwell Hayworth - Reçu avec mention bien"
Je me souviendrai toute ma vie de cette joie et cette sensation d'accomplissement quand j'ai eu cette nouvelle. Ça m'a prit… cinq ans je crois, je sais plus aujourd'hui. Mais quand un gamin de 20 ans perd deux années de sa vie mais qu'il parvient tout de même a avoir une aussi belle réussite… C'était fabuleux. Génial. Miraculeux. Et c'est comme ça que je me sentais. Comme un miraculé. En dehors du sport, je m'étais jamais aussi senti aussi vivant et j'avais l'impression que plus rien de mal ne pourrait m'arriver.
Au cours du mois de septembre de cette année, j'ai reçu un mail d'une entreprise pharmaceutique en réponse à une demande d'emploi. Elle voulait de jeunes chercheurs pour les envoyer en Afrique, pendant un an, afin d'étudier la flore locale et leur permettre de créer de nouvelles médications plus tard. Beaucoup d'appelés, peu d'élus mais j'ai pu avoir une réponse positive en octobre. Le voyage débuterait début février. Mon profil bien qu'atypique avait séduit et ils me laissaient ma chance. Heureux, j'en ai parlé à mes parents mais je ne m'attendais pas à ce qu'ils posent un véto. La dernière fois que je les avais quitté, j'avais mal tourné et ils craignaient, après tous mes efforts, que je replonge. Je les comprenais mais il était hors de question que je passe outre cette chance incroyable. J'avais besoin de ce boulot, de prouver que j'avais changé, j'avais besoin de voir autre chose. Alors j'ai fais mes affaires et j'ai claqué la porte. J'suis allé chez Steven qui a accepté de m'héberger jusqu'au jour de mon départ.Puis février 200...9 ? Je sais plus. Bref, quand mon grand départ est arrivé, il était présent a l'aéroport et il m'a fait jurer de l'appeler a chaque fois que je pouvais et surtout de tout déchirer. Ma soeur aussi est venue me voir. Elle m'a dit que nos parents étaient toujours mécontents de mon choix mais elle, elle croyait en moi et que j'avais intérêt de revenir au moins a Noël.
Du bonheur aux démons
J'ai passé deux ans en Afrique, grâce à un renouvellement de contrat. Je te dirai pas où parce que clairement je me souviens plus et si tu te dis que j'ai pas l'air de me souvenir de grand chose, tu as raison. Néanmoins, je peux te dire une chose. Cette nouvelle vie me plaisait. J'y ai rencontré des gens de pleins d'horizons différents. Chacun avait son histoire, ses galères, ses démons. De cet entourage, il n'y a qu'un nom important. Elisabeth Zhū. Elle avait 24 ans, venait d'Allemagne.Tout m'a plu chez elle. Elle était timide quand on ne la connaissait pas mais elle était pleine d'énergie, bavarde, drôle, tendre… Avec elle, j'ai recommencé a aimer. J'ai mis du temps, a la faire céder a mes charmes mais au final elle m'a laissé ma chance.Elle savait tout de mon histoire alors je n'avais pas peur de la présenter aux miens.
Lizzie et moi, on est restés ensemble jusqu'en 2011. On nageait dans le bonheur. On bossait et vivait ensemble. Avec le boulot, on a découvert le Brésil et dans ce pays magnifique nous est venu l'idée de nous marier, de fonder une famille et d'y revenir a chaque fois qu'on pourrait. Sauf que j'ai merdé. Lizzie était tout simplement merveilleuse. Elle a fait de moi quelqu'un de meilleur mais même en étant meilleur, j'restais un gros con. Un soir on s'est disputés. Elle était avec un collègue. Ils ont passé la soirée ensemble et elle n'est rentrée que vers trois heures. J'ai pété un plomb. Je l'ai accusé de m'avoir trompé. J'ai vu en cette simple sortie une trahison sans précédent. Elle avait beau maintenir qu'elle ne ferait jamais une chose pareille, je refusais de la croire. A partir de la, tout à changé entre nous. Celle que j'aimais devenait distante, moins souriante. Parfois ça allait, on retrouvait notre complicité et nos bons moments mais lorsqu'elle était en compagnie d'un autre, je devenais fou de rage et ça repartait. Je devenais jaloux, ultra possessif et je l’étouffais. Elle m'a annoncé qu'elle le quittait un mois avant la fin de la mission. Elle n'en pouvait plus. Cette fois encore, ça m'a brisé. Et cette fois encore je suis parti en couilles. J'ai d'abord reprit l'alcool. A petite dose, pour calmer ma détresse puis de plus en plus pour simplement être dans un flou total. Sauf que l'alcool ne comblait pas le manque que j'avais au fond du cœur. Il me fallait autre chose, quelque chose qui m'épuiserait et me ferait me sentir mieux, l'espace de quelques secondes. Oui, le sexe. Je croyais mieux maîtriser. J'ai continué le boulot mais des que l'heure arrivait, j'allais rejoindre des lieux de luxure. Les bordels, c'était pas ce qui manquaient et les femmes faciles non plus. j'ai littéralement sauté dans le puits sans fond de mon addiction. Lizzie l'a apprit et m'a obligé à rentrer chez nous, pour me faire soigner. J'ai refusé, je voulais juste profiter des bienfaits de mes travers. A cet instant, je sentais que j'étais vraiment moi et c'était ce que je voulais vivre. J'ai pris un petit appartement miteux à Tauranga et ça m'allait. J'ai fais conquête sur conquêtes, été infidèle et eu des rapports a excès… Je me retrouvais enfin.
Du mal a la prise de conscience.
2012 et 2013 étaient des années de liberté. Mes parents avaient été mis au courant par Lizzie que j'avais replongé, Steven et Hoani essayaient de me raisonner mais je les ignorais. J'étais entier et ils ne pouvaient pas le comprendre. Après Elisabeth, j'ai rencontré d'autres femmes, qui sont devenues mes compagnes. Jamais longtemps malheureusement. La jalousie, la possessivité, la colère, elles supportaient pas. Avec une ex, Jade, j’ai encore perdu les pédales. Elle m’a annoncé notre rupture et j’ai été prit de folie. J’ai eu envie de lui en mettre une. J’étais pas violent comme type, avant. Sauf cette fois là où une haine viscérale m’a prit aux tripes. J’ai serré le poing et les dents. Heureusement, j’ai repris le contrôle de mes pensées et de ma volonté. Après ça, j'ai recommencé à me faire suivre, inquiet de ce que je pourrai faire. Le psy m’a dit que prendre conscience du problème me permettait de l’affronter. Je me voyais déjà repartir pour des années de thérapie mais non. J’ai fais un mea culpa à mon entourage et finalement j’ai rejoint un groupe de discussion. Là encore, ça m’a fait du bien de savoir que je n’étais pas tout seul à galérer. La solitude ne m’allait pas puisqu'à chaque fois, c’était ça qui me faisait perdre pied.
Lorsque j’ai repris ma vie en main, j’ai perdu mon père. Arrêt cardiaque. Il m’a fallu tous les efforts du monde pour ne pas me réfugier dans mes travers. J’ai repris le sport pour compenser l’absence de mes addictions, j’ai recommencé à souffler et à chaque fois que je sentais le vide m’envahir, j’allais sur la tombe de mon père pour en discuter avec lui.
De l’espoir à la fin du monde
En 2015, les choses se sont améliorées. Ma mère a commencé à jardiner pour s’apaiser et j’allais la voir aussi souvent que possible. On avait trouvé un équilibre. Elle venait même voir tous mes matchs, même quand ils se tenaient en extérieur. En plus, Hoani nous parlait souvent de son futur mariage mais ne savait pas quand ils pourraient, elle et son mec, s’y atteler. Elle banquière et lui dans l’immobilier. Elle nous a permit de croire à un lendemain heureux. Un matin, on a reçu un faire-part. Sobre, élégant, parfait, tout comme le couple d’amoureux. Ma mère a hurlé de joie lorsqu’elle a lu les mots “Monsieur William Evrett et Mademoiselle Hoani Hayworth ont l’honneur de vous convier à leur mariage…” bla bla bla. On s’est sauté dans les bras. J’étais si fier d’elle et plus encore qu’elle me demande de l’emmener à l’autel. J’avais un sourire bête jusqu’aux oreilles. Ils avaient enfin pu poser une date. La cérémonie se tiendrait en septembre, à Seattle et nous, pressés d'y être, on a acheté les billets des mois à l’avance. Tout ce qu’on voulait, c’était la retrouver pour le plus beau jour de sa vie et partager avec elle tout le bonheur du monde.
Evidemment, tu connais la suite. L’univers est une pute qui aime foutre la merde partout où c’est possible.
En 2015 :
Avec ma mère, on est arrivé un mois plus tôt pour profiter du pays. On voulait vivre le rêve américain. J’ai aimé chaque contrée visitée. Une semaine avant le mariage, on a rejoint Hoani et Will chez eux, à Seattle. Il était blond, yeux clairs, sourire aux lèvres. Ils étaient beaux, ensemble et les regards remplis d’amour qu’ils se lançaient… J’étais vraiment heureux que ma sœur ait trouvé le bonheur. Le 1 septembre 2015, je l’attendais pour l’emmener à l’autel. A cet instant, ma frangine était la plus belle femme de l'univers. Je me souviens des quelques secondes qu’on a partagés devant les portes closes avant le début de la cérémonie. Lorsque la musique a démarré, je lui ai embrassé le front et je lui ai dis que je l’aimais puis on a avancé lentement jusqu’à son destin.
On a quitté Seattle le 3 septembre et on a reprit nos vies. Mon entraîneur a apprit qu’un championnat pro de rubgy devait avoir lieu en novembre 2015, pour promouvoir le sport et voulait qu’on fasse un match amical contre une des équipes. Par je ne sais quel miracle, il a trouvé une façon de nous faire voyager jusque là-bas. Le 2 octobre, je refoulais le sol américain et Denvers a été une merveilleuse expérience. Bien sûr, ma mère était avec moi. On a perdu à rien du tout, quelque points. Ensuite, on a négocié avec le staff pour qu’ils nous laissent quartier libre durant les derniers jours. J’annonçais que j’allais à Seattle pour voir ma famille et ils ont accepté à condition que je garde toujours mon téléphone à portée de main.
Bien sûr, j’ai entendu parler des quelques agressions ici et là mais je ne m’en souciais pas jusqu’à ce qu’un gars de l’équipe m’appelle. Notre entraîneur s’était fait attaquer par un type. L’individu avait été interpellé puis abattu. J’ai voulu rejoindre mon équipe mais ma sœur m’a convaincu de rester, inquiète. Le lendemain de l’agression, on m’annonçait le décès de mon coach en plus de me dire qu’on reculait la date de retour à la maison. On attendait la veuve du pauvre bougre pour rapatrier le corps. Au fil des jours, à Seattle, comme ailleurs, le temps était à l’agitation. L’annonce du virus, la mise en place des patrouilles, les émeutes, les agressions, la course aux provisions, les pillages. Rien n’allait et nous, on cherchait le plus possible à rester discrets. La crainte était devenu le poumon de la ville, il fallait redoubler de prudence. Le problème, c’était que nos maigres provisions ne tiendraient pas une éternité. Avec Will, nous sommes partis en expédition. On a pu trouver quelques provisions dans une supérette dévalisée. Au détour d’un angle, un grognement s’est fait entendre. J’ai senti mes poils se dresser. J’étais bloqué et c’est le hurlement de Will qui m’a réveillé. Une saloperie humanoïde se tenait au-dessus de lui, a deux centimètres de son visage. Il se débattait comme il pouvait. Instinctivement j’ai repoussé la chose du pied et aidé mon beau-frère à se relever. La chose, pourtant, n’en avait pas fini avec nous. Elle se relevait et ses grondements redoublèrent, comme un appel à ses copains qui commençaient à rappliquer. Ca puait et on a dû fuir rapidement jusqu’à la maison pour s’y barricader et demander aux femmes de ne pas faire de bruits durant plusieurs heures, pour être sûrs de pas être trouvés. Cette première rencontre n’était pas vraiment des plus agréable.
Après ça, on ne pouvait pas rester là, pour notre sécurité. Aux premières lueurs du jour, nous avons fait nos bagages et on s’est mis en tête de trouver un camp de réfugiés. C’était notre meilleure façon de survivre. Sur le chemin, Hoani a hurlé lorsqu’un bras l’a attrapé. Une jeune militaire était à terre et nous suppliait de pas la laisser là, de la ramener à l’hôpital vétérinaire de Wedgwood, là où sa garnison se trouvait. J’aurais aimé l’aider mais les monstres arrivaient et tout ce que j’ai trouvé de mieux à faire, c’est d’ordonner aux miens de fuir en m’excusant. Wedgwood n’étant pas si loin,y aller ne nous a pas prit longtemps. On a dû répondre à des questions, passer des examens pour finalement intégrer le camp de fortune. Là-bas les discours étaient toujours similaires, ne pas penser qu’on resterait longtemps dans ce camp puisqu’il s’agissait uniquement d’une zone de transit. Quelques jours après notre arrivée, une horde vint décimer notre groupe. Will nous a sauvé en se dirigeant vers une porte condamnée, la forçant, pour nous faire sortir en vitesse.
Je ne sais pas combien de temps on a erré, ni combien on était mais c'était rude. Cette situation m'effrayait. Un après midi j'ai craqué, durant l’automne, lors d'une expédition éclair. J’ai planté mon groupe de recherches pour me perdre dans un bar. J'ai fouillé un moment pour trouver de l'alcool. J'avais besoin de ça pour respirer et échapper a cette crainte de tout perdre. Puis elle est arrivée. Ella. Quand elle m'a trouvé, elle m'a fait comprendre que c'était pas le moment. J'me suis énervé, le ton est monté et ma main s'est levée. J'ai senti mon poing contre sa pommette et je l'ai vu tomber, tête la première contre le sol. Elle s'est relevée, mal en point et j'ai vu dans son regard qu'elle me jugeait. J'ai vu de la haine et du dégoût. Alors j’ai refrappé et je me suis mis au-dessus d’elle, encerclant sa gorge de mes mains, pris de rage. Je ne voulais plus qu'elle me regarde comme elle l'avait fait. J'ai serré son cou jusqu'à ce qu'elle arrête de se débattre. Et le reste de la bande ? Je leur ai menti. Je suis allé les chercher, affolé et je leur ai dis qu’elle s’était faite dévorer sous mes yeux puis j'ai éclaté en sanglots. Est-ce que ça a fonctionné ? Sans doute puisque personne ne m’en a reparlé. Après cet épisode, on a décidé de se diriger vers le Canada dans l’espoir fou d’y être en sécurité. Au lieu de ça, nous avons posés nos maigres valises à Cathcart, nous n’étions plus qu’une dizaine .Après de nombreux jours de repos, on a abandonné l’idée du Canada et on est restés sur place jusqu’à la fin de l’hiver. On avait besoin de faire le point. Puis, au renouveau, nous sommes tombés sur une petite troupe avenante de survivants qui nous a aidé en nous sortant d'une galère, type non vivante. Ils nous ont dit qu’ils avaient un groupe fiable. Fatigués d'être constamment sur nos gardes, nous les avons suivis dans une ferme.
En 2016
Avec ce nouveau groupe, j'ai pu prendre de l'assurance contre les mordeurs. Composé de quelques militaires et de beaucoup de civils, la commandante, Louisa Arckett menait les troupes d'une main de fer. Elle faisait en sorte que tout le monde mange à sa faim et que chacun soit capable de se défendre. Elle a mit en place des entraînements et grâce à ses décisions, j'ai pu apprendre à me servir d'une arme à feu mais aussi à me battre au corps à corps. Concernant ma famille... Ma mère faisait parti de ceux qui s'occupaient des champs tandis que ma sœur et son mari choisissaient le même chemin que moi. J'étais terrifié à l'idée que ma frangine se risque à l'extérieur, que ce soit pour les ravitaillements ou les recherches de survivants, comme ça avait été le cas le jour où on nous avait trouvé. Elle s'était endurcie et comme Arckett, elle pensait qu'un retour en arrière était désormais impossible. Notre ferme était devenu une sorte de havre de paix et notre quotidien nous allait parfaitement. Peut-être qu'on y a trop cru et que c'est pour ça qu'au milieu du printemps, une nouvelle catastrophe est venue chamboulée nos vies déjà pas terrible.
Une horde venant de Seattle avait été repéré depuis quelques jours déjà, frolant les frontières de notre confort. Pas assez proche pour qu'on fuit, trop pour que ce ne soit pas prit au sérieux. Chaque jour, nous étions sur le qui-vive et un soir, c'est un brouhaha venant de l'horizon qui nous a fait comprendre qu'il était temps d'abandonner notre refuge pour un autre. Silencieusement, de façon organisée, nous avons prit nos affaires et nous avons pris la route pour se rapprocher de Cottage Lake. Louisa disait qu'à l'extérieur de la ville, un hôtel nettoyé et tenu par certains de ses hommes, nous attendait. Elle expliquait qu'elle avait prit les devants au cas où ce jour arriverait et se félicitait d'avoir prit cette décision. Pourquoi là-bas ? Parce qu'il y avait des parcs, des lacs et que ce serait parfait pour éviter de mourir de faim. La traversée nous a prit des jours entiers, nous a privé d'énergie et de ressources. Les morts, on en croisait, parfois trop pour les affronter malgré la trentaine de têtes que comptait nos rangs mais on faisait en sorte d'en éliminer un maximum lorsque c'était possible. Malheureusement pour nous, tout a encore été chamboulé. Personne ne pouvait prévoir le mouvement des détraqués et cette fois, on était tombé directement dans la gueule du loup, à l'approche de la ville. Une nouvelle horde nous barrait le chemin, venant de l'est et si nous avions prévus de rester uniquement en périphérie de la ville, on a eu d'autre choix que de s'y enfoncer pour éviter d'être bouffés. Notre groupe a éclaté en plusieurs paquets et impossible de savoir qui était où. J'me suis retrouvé avec Will, un autre mec et deux femmes. On a pu trouvé refuge dans une quincaillerie et on s'est tut pendant des heures, le temps que la vague de poursuivants disparaisse au mieux. J'ai demandé à Will s'il savait où se trouvait ma soeur et ma mère mais il n'avait pas pu voir par où elles avaient disparues. La colère m'a envahit et s'il n'y avait pas eu tous les macchabées, sans doute que je lui aurais hurlé dessus. Lorsqu'enfin j'ai pu sortir, quelques cadavres traînaient dans les parages. J'ai pu en tué certains et éviter d'autres, l'autre type dans les pattes, pour me seconder puisqu'il ne voulait pas rester avec ceux qu'il estimait faibles. Après quelques heures de recherches, on s'est caché dans une laverie pour se reposer mais je ne me calmais pas. Et s'il était arrivé quelque chose aux femmes que j'aimais ? Je ne m'en serai jamais remis. Jordan, le mec avec moi, a alors eu la mauvaise idée de me dire d'abandonner et de me souffler qu'elles étaient peut-être déjà mortes. Cette réflexion a été celle de trop et j'ai pris de l'élan pour venir lui enfoncer mon couteau dans la poitrine. Je l'ai frappé plusieurs fois, jusqu'à ce que la lame casse et reste plantée dans son thorax. En me relevant, je lui ai craché dessus, preuve qu'à mes yeux, il ne valait rien et qu'il aurait mieux fait de fermer sa gueule.
De retour à ma première cache, j'étais couvert de sang et j'avais récupérer la hachette de ma victime. J'ai dis aux autres qu'on s'était battus et que je l'avais tué. Ils étaient paralysés par la peur et l'inquiétude que je leur fasse subir le même sort. Au lieu de ça, je leur ai dis de lever leur cul et qu'il fallait qu'on trouve les autres. Je n'étais plus moi-même. J'avais fais parlé mon côté sombre et c'était lui qui me guidait. Durant des jours nous avons essayé de trouver un signe de vie de nos compagnons mais rien et je perdais de plus en plus patience. Puis, une nuit, l'une des femmes a dit que Louisa avait toujours plusieurs coups d'avance et que si quelqu'un avait pu retrouver le groupe, c'était elle. Elle a ajouté que la commandante avait pensé à monter plusieurs abris et l'une d'entre elle se trouvait proche de Seattle. L'idée à fait son chemin jusqu'à mon cerveau et j'ai décidé qu'on partirait le plus tôt possible pour retourner la cité d'émeraude. Il était hors de question d'abandonner nos amis. Même si, en vérité je me fichais bien des autres, tout ce que je voulais c'était retrouver ma famille. Cependant, retourner dans la ville n'était pas chose aisée. Rien que pour nous rendre à Kirkland par exemple, il nous a fallut un nombre conséquent de jours. D'ailleurs, à mesure que le soleil se levait et se couchait, mon esprit s'assombrissait et mes pulsions ne demandaient qu'une chose, que je succombe. Ce que j'ai failli faire durant l'été. Un mercredi, Will et Arianna étaient de sortie ravitaillement pendant que je restais avec Evelynn, dans notre planque, un restau asiatique. Parfois, je croisais son regard et finalement je me suis lancé. J'avais besoin d'une dose, besoin d'elle pour céder à des besoins plus qu'urgent. Je suis allé la voir et je l'ai confronté à mon désir sans ménagement. Elle a bien cherché à se débattre mais je l'ai soumise à ma volonté. Elle allait se laisser faire mais ses larmes m'ont arrêté dans ma lancée. J'pouvais pas faire ça. J'avais pas ma drogue mais il y avait des cap que je ne pouvais pas franchir pour l'avoir et celui-là était sans doute le dernier que je voulais passer. Je lui ai alors ordonné de fuir. Loin du restau, loin de moi parce qu'il était certain que la prochaine fois que ça arriverait, elle n'y échapperait pas. La pauvre fille ne s'est pas faite prier et a détalé, à moitié vêtue, sous le soleil. Au retour des deux autres, j'ai juste dit qu'elle avait préféré partir pour tenter sa chance ailleurs.
Notre trio était dans Seattle avant l'hiver et nous avons commencé les recherches mais j'allais de moins en moins bien mentalement. J'étais persuadé que Will flirtait avec l'autre greluche et je l'ai menacé de le castrer si je le voyais trop près d'elle. Il s'est énervé et m'a clairement dit que je devenais dingue, qu'il n'abandonnait pas ma frangine et qu'il me suivait uniquement pour qu'on la retrouve ensemble. Plus tard, la neige envahissait les rues, on ne pouvait plus sortir comme on voulait et la librairie qui nous servait d'abri, n'était pas le meilleur endroit pour avoir chaud. Au début de janvier, j'ai aidé un jeune gars qui s'était fait chopé par un cadavre. Sans doute qu'il était caché par la neige et le gamin n'avait pas été assez attentif. J'ai ramené le jeunot dans notre cache et il nous a dit qu'il rejoignait son camp lorsqu'il s'est fait agressé. Will m'a dit qu'avec un peu de chance on y trouverait des anciens camarades et que ça valait le coup de rendre le moustique aux siens.
En 2017 et 2018
Sauver Moustique, c'était une bonne idée. On a découvert avec stupeur un groupe d'au moins quarante personnes dans le Spin Alley Bowling. Les gars étaient armés jusqu'aux dents et les défenses érigées se montraient à la hauteur de leur envie de survivre. Vince, un des responsables du camp et surtout, le père du jeune, nous a proposé de rester avec eux, au moins jusqu'à la fin de l'hiver, en guise de remerciement. Will et Arianna n'ont pas hésité une seule seconde et j'ai donc décidé de les imiter en pensant qu'un peu de paix ferait du bien à ma pauvre âme déglinguée. Et c'était le cas. Être entouré de gens qui pouvaient encore être positifs, ça me faisait du bien. Je me suis lié d'amitié avec certains d'entre eux, dont Abdel,un vieux qui m'aidait à calmer a enfouir certains démons à coup de gnôle. Il en avait toujours, c'était incroyable. Ce qui était une pause pour l'hiver s'est transformée en intégration permanente. On faisait parti de la troupe et chaque jour nous nous efforcions de gagner notre croûte en participant aux différentes activités qui permettaient aux habitants de maintenir un semblant de vie commune. Pour ma part, j'étais souvent de ceux qui montaient la garde ou partait en expéditions parce que j'espérais toujours retrouver les deux femmes de ma vie. Pourtant, j'avais beau partir toujours plus profond dans Seattle, j'avais beau être sur le point de me faire tuer par la nature, les morts ou les vivants, je ne trouvais rien. J'y comprenais rien et l'alcool d'Abdel ne parvenait plus à détruire mes craintes. Et si elles y étaient restées ? C'était impossible. C'était obligé que ce soit impossible. J'ai redoublé d'ardeur mais rien n'y faisait. J'avais rien. Fin du printemps 2017, c'en était fini de moi. Un ancien de la ferme avait été ramené au bowling, blessé. Lorsque je l'ai reconnu, j'ai voulu l'interrogé mais Will m'en a empêché avant de partir avec l'équipe de soin, puisqu'il avait décidé de se rendre utile en apprenant les bases de la médecine. J'étais tendu et je priais que Spencer ne crève pas. Au bout du troisième jour, il était officiellement sorti d'affaire mais il avait perdu une jambe. Il nous a raconté qu'il était en compagnie de trois autres personnes et qu'ils se sont fait avoir par un groupe de pillards qui traînait dans les environs et que son sauvetage tenait du miracle. Tout ça, je m'en branlais. Quand j'ai pu être seul avec lui, je lui ai posé la question qui me brûlait les lèvres depuis tant d'heures. Hoani et ma mère ? Ses yeux se sont assombris et il s'est excusé. Il m'a dit qu'il était persuadé de les avoir vu tomber en même temps que Louisa. Cette nouvelle m'a définitivement brisé.
J'me souviens avoir quitté le blessé et sortir du bowling pour déambuler dans les rues. J'ai affronté quelques détraqués et plus y en avait, plus j'me sentais vivant mais tout ce que je voulais, c'était crever. J'avais perdu le peu qui me faisait tenir. A un moment, j'ai entendu un coup de feu alors que j'allais me laisser attraper et la chose la plus proche s'est écrasée par terre. J'ai tourné la tête et j'ai vu Will courir jusqu'à moi, m'attraper par le bras et me forcer à entrer dans un bâtiment banquier. Là, quelques mordeurs nous attendaient et j'ai pas bougé d'un pouce tandis qu'il se battait contre eux et que dehors d'autres rappliquaient petit à petit. Will m'a forcé à le suivre et à monter au premier étage pour qu'on soit en sécurité. Il s'est approché de moi et m'a prit dans ses bras. J'me suis laissé faire en sentant mon cœur se briser pour de bon, j'ai fondu en larmes et je le suppliais de m'achever. Il me disait qu'il comprenait et qu'il aurait voulu qu'on les retrouve plus tôt. Il me lançait un tas de paroles qui se voulaient réconfortante mais j'ai tiqué lorsqu'il m'a dit "Tu sais Arianna dit que..." Là, je l'ai repoussé et j'ai demandé pourquoi il parlait d'elle. Il a baissé les yeux et m'a avoué qu'il était au courant pour ma famille depuis deux jours au moins et que c'est l'autre connasse qui l'avait réconforté. Cette fois, c'en était trop pour moi. Je lui ai foncé dessus et je l'ai frappé. Il est parvenu à me repousser et m'a pointé de son flingue. Il m'a demandé de me calmer et de comprendre qu'il en avait marre de se sentir seul. Qu'elle lui avait apporté la paix et il a dit que si Hoani était là, elle aurait préféré qu'il essaye d'être heureux, que ça valait aussi pour moi. Je me suis rapproché de lui jusqu'à ce que ma poitrine se colle contre le canon mais il ne tirait pas. Alors je l'ai frappé au ventre, je lui ai pris son arme et j'ai appuyé sur la gachette, visant sa cuisse. Je voyais rouge, comme lorsque j'ai tué Jordan. J'ai tiré encore une fois, dans son épaule. Son hurlement de douleur ne faisait que m'énerver encore plus. Il pissait le sang mais pas assez à mon gout. J'ai abandonné le flingue et j'ai reprit ma hachette pour venir tracer de longues lignes le long de son torse. Il souffrait tellement que se débattre n'arrangeait rien à son cas. Son hémoglobine imbibait le sol et lorsque je l'ai attrapé pour le trainer jusqu'à la fenêtre la plus proche, il a comprit ce que j'allais faire. Il voulait lutter avec les dernières forces qu'il possédait mais ma haine était bien plus forte que son désespoir. J'allais quitter ce foutu bâtiment et contre son gré, il m'y aiderait. Avant de le balancer par l'encadrement, j'ai murmuré que j'irai écorcher vive sa conquête et que c'était uniquement sa faute. Puis il a basculé dans le vide. Il n'en est pas mort mais ses supplications attirèrent les morts et ça, ça l'a achevé. Grâce à ce sacrifice, j'ai pu quitter les lieux sans trop de difficulté, le flingue dans une main, la hachette dans l'autre.
J'avais tout perdu, plus rien à faire, plus rien à craindre. Je suis resté seul jusqu'en février 2018, vivant principalement d'expéditions et de pillages. La cité d'émeraude avait tout d'un onyx dans mon cœur et plus aucune limite humaine ne m'effrayait. Il m'était même arrivé, une fois, d'échanger des vivres contre un service sexuel à une femme qui était à bout de tout. Elle a accepté, abandonnant le peu de fierté qui lui restait et moi, j'avais ce qui me manquait le plus, que je compensais souvent avec de l'alcool. J'peux pas dire que ça m'a pas plu d'être si puissant dans un monde qui, autrefois, ne supportait pas ma plus sombre partie. Et donc, en février 2018, j'avais trouvé refuge dans un appartement pourri, vers Madison Park. J'pensais y avoir la paix, le temps de me murger mais ce n'était pas le cas. Des echos de voix, des rires, des bruits de pas troublaient mon début de soirées. Pire, il semblait que le groupe investissait l'immeuble que j'avais choisis. J'me suis redressé, mon arme à la main et j'ai attendu le premier con qui passerait la porte de ma chambre. Un gars a ouvert la porte et mon arme s'est enfoncée dans son abdomen. Il a eu le temps d'appeler les secours et j'ai levé mon arme. Le chef de la bande a demandé à tout le monde de se calmer et d'un grand sourire s'est présenté. Jackson. Ce type avait clairement la gueule d'un connard, pire que moi et ça se sentait qu'il adorait faire des saloperies. Il m'a d'abord demandé de baisser mon arme, j'ai refusé, il m'a dit que j'étais con et j'ai répondu que j'en avais rien à foutre de son avis. Il a rit, récupéré ma hache et me l'a tendu en me disant que je lui devais un gars, pour compenser la perte subit. J'ai craché à ses pieds et il a encore rit. Il a demandé à ses gars de baisser leurs armes et m'a présenté sa main en me disant qu'il m'engageait. J'avais l'arme face à lui mais il m'a dit que ce serait bête de lui exploser le crâne alors qu'il m'offrait la possibilité d'avoir le monde au creux de ma main. Il a jeté un regard à son compagnon agonisant et lui a explosé le crâne avec la crosse d'un fusil, arguant que de toute façon, il l'aimait pas.
C'était monstrueux mais pouvais-je vraiment juger alors que j'avais fais pire ? J'ai accepté de les accompagner. C'est sûr que c'était pas une bonne idée mais côtoyer d'autres enfoirés me permettrait sans doute de savoir ce que j'étais devenu. J'ai rencontré le reste du groupe qui avait investi un ancien commissariat, à East Lake. Pour le coup, ça se voyait que j'avais pas choisi le meilleur groupe. Cette bande de trou du cul montraient clairement qu'ils n'étaient pas là pour être gentil. Ils menaçaient, insultaient, pillaient et tuaient. Jackson imposait très peu de règles à sa communauté mais il avait horreur du vol et plus d'une fois, j'ai pu constater une exécution uniquement parce qu'un avait piqué une connerie à l'autre. Au moins, ça avait le don de forcer tout le monde à rester à sa place. J'ai pas vraiment trouvé ma place dans leur gargote et souvent, à côté d'eux, j'me sentais presque comme un saint. Ca m'a pas empêché de faire mes preuves. J'partais avec les gars et j'revenais toujours avec les bras chargés de quelques conneries et tout le monde était content. Avec eux, pas moyen d'être ami et chaque jour, j'sentais qu'il fallait que je me tire avant que ça parte en couilles. J'en avais l'intuition. Aussi, à la fin de l'été, j'suis parti chassé avec deux autres gars. J'sentais que c'était le moment de passer quelques jours dehors et j'ai pas eu tort. On est revenus au commissariat avec du gibier pleins les sacs et c'est un calme plat qui nous a accueillit. On a constaté, peut-être avec effroi, que nos rangs avaient diminué. D'une quinzaine de personnes, en tout, nous n'étions plus que cinq ou six. Le bras droit de Jackson était salement amoché et il nous expliqué qu'un groupe a monté une rébellion contre le chef. Ceux qui était fidèles au boss se sont battus contre les traîtres mais Jackson est tombé et tout ce qui reste du groupe, c'était ceux qui se trouvaient là. Mes deux comparses ont essayé de sauver ceux qui n'étaient pas trop mal foutu pendant que j'annonçais que je prenais les gardes. A la place, avec la bouffe dans mon sac et mes armes à la ceinture, j'me suis tiré en les laissant dans leur merde. C'était ma sortie de secours, je la prenais. Il était temps de me casser de ce foutoir.
2019 à aujourd'hui
Depuis ce groupe, j'en ai rejoint aucun autre. J'ai préféré vivre seul, c'était bien mieux. J'me débrouillais pour chasser, pour picoler et pour survivre simplement. J'allais souvent au gré du vent, si je puis dire. Le pillage et les tueries, je les évitais au maximum, à croire que j'étais vacciné, même s'il m'est arrivé de faire des écarts pour me défendre si j'en avais besoin. La solitude me bouffait toujours autant mais je trouvais parfois des moyens de la contrecarrer lorsque j'avais la possibilité d'échanger mon gibier contre des trucs et des machins. Lorsque l'hélicoptère s'est crashé, j'étais avec un petit groupe de survivants et avant même d'avoir pu quitter les lieux, une vague de détraqués nous est tombée dessus. On s'est trouvé au mauvais endroit, au mauvais moment. Nous défendre nous a demandé tant d'énergie qu'à la fin de l'attaque, je sentais plus mes bras et l'air peinait à remplir mes poumons. Lors des pluies, j'ai investi une friperie dont j'avais déjà troqué la majorité des trucs contre des denrées. J'avais beau me tenir au chaud comme je pouvais, ça m'a pas empêché d'être malade. A ça aussi j'ai survécu, tant bien que mal.
Cinq ans de survie, ça se fête, non ? J'suis encore là et pas tout seul. Récemment, j'ai fais une drôle de rencontre. Après une journée infructueuse de chasse, pestant de ne pas pouvoir rejoindre le No Man's Land parce que j'avais les poches vides, j'ai entendu un coup de feu. Depuis longtemps, j'avais décidé de ne pas trop me mêler de ce qui me regardait pas mais cette fois, ça m'a inquiété. J'me suis dirigé vers la source du conflit et quelle ne fut pas ma surprise lorsque j'ai vu un corps dégringolé d'une pente, poursuivit par une voix qui criait des insultes et autres menaces. Des mordeurs aussi, avaient été alerté et se ramenaient à la fête, forçant l'agresseur à abandonner sa proie. En m'approchant de la victime, j'ai constaté qu'elle n'était pas en bon état et je l'ai vu tourné de l'oeil. L'envie d'abandonner la femme qui gisait me tenait mais je n'ai pas pu. Aussi prudemment que possible, je l'ai soulevé et transporté dans mon abris. Elle risquait pas de se réveiller de sitôt et l'envie soudaine de faire quelque chose d'impardonnable m'est venue. J'ai lutté pour ne pas céder à mes démons et j'ai vidé ma bouteille la plus remplit pour oublier cette idée. Il fallait que je fasse quelque chose pour cette pauvre âme et j'ai dû chercher quelqu'un qui avait un semblant de notion en soin, quelqu'un avec qui j'ai dû négocier pour s'assurer que l'endormie n'avait rien de cassé. L'analyse a montré que c'était pas cassé mais démit et qu'elle en chierait dans les prochaines semaines, sans compter une commotion dû à un choc violent. Pas d'bol pour l'asiatique. Au moins elle était vivante. Son sauvetage m'a couté cher en alcool et en denrées en tout genre mais si c'était le prix d'une bonne action, je la payais sans problème.
Depuis que j'ai rencontré la petite asiatique, j'peux pas dire que mes journées sont faciles à vivre. La première rencontre s'est d'ailleurs faite sous le signe de la panique et d'une douleur sans nom, je suppose, puisqu'elle a commencé par s'agiter. En tout cas, depuis, on a apprit à vivre ensemble. Je crois. Prendre soin d'elle, Tori, puisque c'est son prénom, c'est pas évident. Je dois constamment faire attention à ce qu'elle ne se tue pas par accident puisque sa maladresse atteint un niveau encore jamais vu. Elle n'est pas bavarde mais ça me va. Je la traine souvent avec moi, que ce soit à la chasse, au troc ou juste d'un abri à un autre, de peur que son agresseur la retrouve. Ca me ferait chier qu'il la chope alors que je lui ai sans doute éviter le pire. En contrepartie et sans le savoir, elle m'apporte un apaisement que je n'avais pas connu depuis longtemps. J'suis plus seul et ça me permet de garder l'esprit hors du brouillard. En somme, je passe le plus clair de mon temps à veiller sur elle. Et pas que, puisque depuis que je connais Tori, elle a prit la facheuse habitude de ramener pas mal de gens à la maison. D'un duo, nous sommes passés à une faction. Avec nos points communs et nos mésententes. Je les adore, ces gens, ils sont ma nouvelle famille mais parfois, qu'est-ce que j'aimerai les étrangler... Enfin, bref, voilà. On fait ce qu'on peut pour s'en sortir, comme on peut.
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