Oswald découvrait petit à petit la vie du Fort. Petit à petit, malgré les dégâts des eaux, malgré l'air maussade du paysage, le petit chercheur trouva tout de même le temps de découvrir cet endroit. On lui avait promis de pouvoir sortir du dispensaire et des dortoirs pour partager une des maisons en bonne compagnie. Quelle compagnie, quelle maison ? Peu importe. les prunelles du quarantenaire brillaient trop pour appréhender quoi que ce soit. Il se sentait en sécurité, malgré le conseil auquel il avait assisté. New Eden, la guerre. De toutes façons, Oswald était protégé, il y avait des militaires ici. Amanda avait peut-être raison de vouloir venir ici finalement.

La culpabilité avait rongé le chercheur les premiers jours. Qu'était devenue Amanda, est-ce qu'elle était gravement blessée ? Morte ? Est-ce qu'elle chercherait à le retrouver pour le tuer ? Oswald se faisait tout un tas de films mais se voyait rassuré par sa condition actuelle : nourrit, logé, blanchit, dans un groupe prêt à l'aider si en retour, ce dernier se montrerait coopératif et utile au Fort. Le laboratoire intéressait grandement Oswald qui voulait reprendre ses recherches, notamment par rapport aux infectés. Leur cas le fascinait, d'autant plus qu'il avait appris que le virus avait été contré grâce au travail de certaines têtes du campement. Son objectif depuis quelques jours ? Les approcher, dialoguer avec eux et proposer son aide, pourquoi pas.

Mais la confiance est à gagner, petit à petit, elle se mérité et ça, Oswald le savait bien. C'était pour cela qu'il n'exigeait rien du tout de la part de personne. Et pour cela qu'il avait décidé de se rendre à la bibliothèque pour retrouver quelques ouvrages d'anatomies mais aussi du paysage animalier de la région pour se renseigner davantage. Oswald était un chercheur, un zoologue aguérrit, qui pouvait parler du déplacement des animaux, gibier frais potentiel mais aussi appréhender la venue des événements comme ceux qui avaient touché la région : ceux qui étaient imprévisibles et naturels. Les caprices de la Terre en somme.

Dans la bibliothèque, Oswald entra doucement. Sa barbe avait légèremen repoussée mais il s'était autorisé un petit coup de ciseaux en sortant du dispensaire. Habillé d'un jean à sa taille – grâce aux bons soins d'Ivy – d'un t-shirt bleu et d'un sweat à capuche, le quarantenaire se faufila parmi les étagères en passant sa main sur les couvertures des différents ouvrages. Il s'attarda sur un bac pour regarder les livres qui y étaient rangés. Mais au loin, il aperçut sur une table une jeune fille à moitié endormie. D'au moins quinze ans sa cadette. Une jeune femme plongée dans les bras de Morphée en fin de matinée. « Mademoiselle ? Est-ce que tout va bien ? » Demanda-t-il en s'approchant, incapable de s'occuper de ses affaires.

Quand elle releva la tête, le visage endormie, Oswald eut un sourire en coin, léger et un regard presque paternel. Il pencha la tête sur le côté et l'observa un instant, se confondant en excuse. Elle connaissait son nom. Peut-être connaissait-elle Ivy, ou parlait-elle avec June ou Logan ? Le chercheur acquiesça d'un signe de tête patient. « Oswald Brainard, c'est ça oui. Votre prénom ? Vous gérez la bibliothèque c'est ça ? Je passe depuis quelques jours par ici sans entrer et je vous vois toujours dans les parages. » Evidemment, la jeune femme avait la tête de l'emploi. Oswald le savait mais ne voulait pas paraître déplacé avec une telle remarque, qui lui brûlait pourtant les lèvres : le petit brun avait la fâcheuse tendance à être honnête, beaucoup trop honnête et sans filtres.

« C'est tout naturel de s'inquiéter... » Répondit-il tout de suite quand elle expliqua la raison de sa sieste imprévue. « Je veux dire, qui ne paniquerait pas si nous n'étions pas habitué à un tel remue-ménage... Une guerre... Ça sonne si dur que s'en est presque irréel. » Oswald était ainsi : un vrai bavard, parfois même un peu envahissant. Il hocha la tête pour valider ses propres mots et observa la bibliothèque avant de sortir du col de son t-shirt des lunettes cerclées de métal qu'il avait récupéré. « Je suis venue à la recherche de quelques ouvrages pour m'y plonger. Des livres scientifiques, de la recherche, ce genre de choses... Vous avez peut-être ça en bibliothèque ? » Demanda-t-il en plongeant les deux mains dans les poches de son jean, un sourire amical sur le visage.