Après avoir donné mes consigne je me dirige vers la chambre de Katherine, enfin vers le couloir car je sais pas du tout où est sa chambre, je l’écoute se demander ce que j’allais faire d’elle, je rigole un coup et une fois que je suis sûr qu’on est loin du regard des autres je viens me saisir de ses jambes afin de la porter pour minimiser ses efforts et lui réponds avec un petit sourire narquois :

- Qu’est-ce que je vais faire de vous ?... Je ne sais pas … Certainement vous ausculter pour vous administrer le meilleur traitement possible, mais je reste ouvert à d’autres proposition. Je fais le malin mais je ne sais toujours pas où est sa chambre. Enfin pour le moment j’ai surtout besoin d’un GPS pour arriver dans votre chambre, sans vouloir vous commander.

Mon regard revenant vers le sien d’une manière bien plus amicale et moins joueuse ou sérieuse qu’auparavant.
Si j’veux bien que le rire est certainement un bon remède il ne faut pas prendre son cas à la légère cracher du sang n’est jamais un signe de bonne santé et encore moins par les temps qui court et au vu des dernières intempéries. C’est bien dommage car on manque de bras en ce moment avec tout le bordel qu’est la cage mais je veillerais à ce qu’elle ne dépasse pas ses limites justes pour rester « utile ».

Une fois dans sa chambre je viens la déposer délicatement sur son lit pendant que je fais bien attention à ne pas trop approcher mon visage du sien, on ne sait jamais ce qu’elle a est peut-être transmissible par la voie des airs. Vous me direz qu’après l’avoir porté comme une princesse on été plus à ça près mais j’aime bien être un modèle de contradictions pour perdre ceux qui ne captent déjà pas grand-chose de base.

- Maintenant Kath si tu me le permets je vais aller chercher un stéto et tout ce qu’il faut pour t’ausculter correctement. Je te laisse t’installer confortablement et perdre le t-shirt pendant ce temps !

Un sourire rassurant et une main venant caresser lentement sa joue puis je me dirige vers l’infirmerie, mon premier reflexe étant de me laver les mains et chercher par la suite un masque ainsi que des gants. Prenant le matériel nécessaire, je reviens assez rapidement dans la chambre de la blonde.

Quelle merde cette histoire de rats détrempés! Évidemment, fallait que ce soit sur moi que ça tombe. En même temps, qui d’autre aurait été assez solide pour tenir le coup? Billy est tellement soigneux que même lorsqu’il se déplace une mèche de cheveux, on dirait qu’il se casse une jambe. Je me demande d’ailleurs comment cette fameuse coupe de cheveux s’est passé. Mais il y avait des choses plus importantes que de simples questions capillaires.

Vaughn, notre médic, avait pris soin de me prendre en charge, vu mon état lamentable et mes symptômes graves. Il me prit dans ses bras, comme un infirmier transporte une malade, et me demanda le chemin vers ma chambre. Entre deux quintes de toux, je parvins à lui indiquer le trajet sans lui expulser du sang au visage. On voit qu’il prend ses précautions, ce qui est une excellente chose dans les circonstances.

Il me déposa doucement sur le lit, encore une fois avec délicatesse. J’essayai de le regarder dans les yeux pour le remercier, mais ceux-ci se brouillèrent, troublant tous mes sens et mes fonctions.

-Valentino…montre…pluie…il faut…froufrous roses…Chris…perdu dans la…

N’ayant pas la moindre idée de si ce que je disais faisait du sens ou non, je devais attendre que la crise de délire passe. Je n’y pouvais pas grand-chose, et Vaughn devait me trouver tellement ridicule. Il me dit qu’il allait revenir avec de l’équipement médical pour m’ausculter.

-Mer…merci.

Une larme coula sur ma joue, je détestais me sentir comme ça! Essuyant cette dernière avec ma main couverte de sang, je m’assis dans mon lit, mettant tous mes efforts en commun pour retirer mon t-shirt ensanglanté. Toussant une nouvelle fois, plus fort, je lançai le morceau de vêtement en visant un coin de la pièce, mais le lançant à peine au pied du lit. Gardant seulement mon soutien-gorge, je m’étendis à nouveau, les yeux clos, soupirant. Je ne suis pas une fille pudique de base, je n’ai pas obtenue d’infos pour les Bastards en me couvrant jusqu’au cou. Mais je me sens si vulnérable en ce moment, que tout me semble d’une gravité incroyable, tout prend des proportions exagérées.

M’essuyant le visage de la vague de sueur qui couvrait ma peau en entier, ce sentiment de chaleur étouffant me prenant à la tête, on dirait que mon corps et ma tête ne voulaient plus coopérer de quoi que ce soit. Entre les délires, les bouffées de chaleur, les migraines et ma toux sanguinolente, j’étais une épave. Mieux valait attendre de voir ce que Vaughn allait dire. Après tout, il est plus expert que moi.

Bon me voilà à porter une belle blonde qui fait presque ma taille jusqu’à sa chambre, attendant de pouvoir le faire discrètement pour pas la discréditer aux yeux de tous, je finis par la porter telle une princesse. La déposant finalement sur le lit, elle commence à me sortir tout une suite de mot n’ayant aucun rapport ni avec la situation, ni entre eux … Elle nous fait un délire à cause de la fièvre ? J’espère que ce n’est pas trop grave sinon paie ton médic qui ne peut rien faire … Tentant tant bien que mal de garder la face en faisant genre je maitrise tout, je lui demande d’enlever son t-shirt pendant que je vais récupérer du matériel médical et me changer aussi.

Me dirigeant vers l’infirmerie, je prends tout le matériel nécessaire pour l’auscultation en ayant au préalable mis une surblouse, non pas pour faire plus médecin mais pour limiter la possible contamination de l’environnement par mes vêtements. Revenant dans la chambre de Katherine, je la vois allongé sur le lit, je pouvais presque sentir d’ici qu’elle était en pleine galère contre elle-même et qu’elle détestait ça. Enfin vous me direz qui aime être malade ? Et je vous répondrais, les hypocondriaques mais c’est une autre histoire, revenons sur la demoiselle qui est au centre de tous mes intérêts du moment. Déposant la surblouse à l’entrée, je reviens m’asseoir à côté d’elle, déposant une serviette fraiche sur son visage pour lui mettre par la suite un thermomètre dans la bouche et elle peut s’estimer heureuse que je n’ai pas fait la méthode traditionnelle.

- Bon ma petite Kath, dis-moi t’es plutôt team chat ou team chien ?

Question anodine et complétement hors sujet pour détendre l’atmosphère. Je l’aide alors à s’asseoir et chauffer le stéthoscope à l’aide de mes mains pour finalement écouter ses poumons, lui demandant le traditionnel « inspirer fort, toussez » elle a même toussé un peu trop fort pour mes pauvres oreilles. Bon maintenant je sais qu’il y a un foyer dans le poumon droit, ça aide un peu. Je teste par la suite ses réflexes et reprends :

- ET donc c’est quoi cette histoire de froufrou ? Chris aime les froufrous ?

Oh que ce serait bon de dégoter un ragot sur mister dynamite pour l’embêter avec.

Quelle histoire de cons! C'est dans des moments comme ça que je me demande pourquoi je suis partie d'Australie. Ah oui, j'ai déserté un centre de détention, j'avais oublié. Mais avec du recul, je doute que la situation dans une prison soit vraiment géniale vu le circonstances. Au moins là bas, j'aurais pas attrapé la malaria. Mais encore, peut-être les animaux en sont atteints aussi. Des kangourous et des dingos réanimés! Quelle perspective effrayante! Mais pourquoi je me pose toutes ces questions? Je suis entrain de m'expulser les poumons par la bouche, c'est pas vraiment le moment de penser au tourisme. Il y a des choses beaucoup plus inquiétante à régler en ce moment. Au moins, je suis entre bonnes mains. J'aurais préféré avoir ma forme optimale, mais bon.

Au moment où ces pensées traversent mon esprit, Vaughn revient avec la dégaine d'un astronaute de fortune. Mais quelles sont ces lumières qui lui tournent autour? Essuyant mon visage en sueur d'une main, je reposai ma tête sur l'oreiller. Vaughn posa une serviette fraiche sur mon visage, un contraste si troublant avec mon visage brûlant. Je crois même que j'aurais pu sentir l'eau de la serviette s'évaporée au contact de ma peau. Mais cette simple attention me faisait déjà beaucoup de bien. Il posa le thermomètre entre les lèvres, geste élémenetaire auquel je ne m'opposa pas. Encore heureux pour ses fesses qu'il ne l'ait pas mis dans les miennes. Je l'aurais remis à sa place le beau médic, du moins quand je me serais sentie mieux. Sa question suivante me dérouta.

Je pris une seconde pour réfléchir. Est-ce qu'il testait mon état mental? Ou il se foutait de moi?

-J'avais un petit chien quand j'étais gamine. On l'avait amené une fois en promenade  un peu plus loin dans l'Outback. Et il...il a été attaqué par une troupe de dingos. Je...je n'ai plus eu d'animaux domestiques dep...depuis.

Je n'avais aucune idée quel était le rapport de cette histoire dans tout ça. Mais Vaughn avait posé la question, ça aurait été malpoli de ne pas lui répondre. Mais pendant tout ce temps, il continua son auscultation. Toussant à sa demande, je ne pu retenir une autre expulsion de sang. Je le regardai avec ce petit air piteux, un air voulant dire ''Désolé....'' Il m'expliqua son diagnostic préliminaire, qui ne m'enchanta pas le moins du monde. Mais au moins on progressait. Sa seconde question me troubla autant que la première. Des froufrous?

-Mais de quel froufrous tu...tu...tu veux parler? Si Chris aime...aime...les froufrous...c'est son affaire. Mais les miens...sont trop...trop grands. Le pauvre Chris...a la carrure d'un...

Cette putain de toux qui m'empêchais de faire des phrases cohérentes. Mais j'en profitai pendant que je n'avais pas de nouvelles poussées délirantes pour essayer d'en savoir un peu plus.

-Il se passe quoi ici? Serais-tu un amour pour...pour me faire un topo?

Posant ma main sur son épaule sans m'en rendre compte, je m'appuyai sur sa solide carrure pour ne pas m'écrouler à nouveau sur le lit, voir pire sur le sol. J'aurais été mal de lui causer encore plus de problèmes.

Regardant la pauvre blonde se battre contre sa propre toux sanglante, je ne sais pas vraiment si je dois compatir ou essayer de la galvaniser. Optant pour une moitié moitié, je passe une serviette fraîche sur son visage afin de la soulager un peu et juste à voir l’expression de son visage je pense que ça l’a soulagé. Pour changer la conversation je lui demande si elle était plus team chien ou team chat et a voir son expression d’incompréhension elle doit se demander ce qu’il se passe j’avais bien envie de lui dire que c’était juste pour la détendre mais tout mon effet serait perdu si je devais lui expliquer pourquoi, je me contente de lui sourire doucement en écoutant sa réponse quelque peu attristé par la fin :

- J’ai voyagé pendant presque trois ans avec un berger allemand, bandit. Ce petit chenapan savait y faire pour faire ses yeux de biche pour réclamer de la nourriture. Faut dire que ces petites bêtes sont tellement mignonnes quand elles veulent.

Ecoutant ses poumons afin de déterminer l’état de ces derniers, je pouvais dire qu’il y avait un foyer dans le poumon droit mais de quoi ? Je ne pouvais le dire sans antibiogramme ou juste de test de sérologie, c’est la qu’on voit la différence entre un infirmier et un médecin, enfin pas n’importe qu’elle médecin, je serais prêt à tuer quelqu’un pour avoir les connaissances d’Emerson, malheureusement à l’époque je n’avais ni le temps ni les économies pour me lancer dans des études de médecine, puis sincèrement à l’époque je m’en portais bien mieux sans leurs responsabilités.

Je reviens sur son délire de tout à l’heure mais elle semble avoir tourné la page, je pense qu’avoir un dossier de mon cher mister dynamite. Même si elle s’arrête sur la description de la carrure de Chris, pourtant j’aurais bien aimé entendre l’adjectif qualificatif qu’elle allait utiliser pour décrire sa carrure. Venant enserrer la douce Katherine contre moi pour essuyer sa sueur avec mon torchon humide, je souris délicatement et lui réponds avec douceur :

- Je ne sais pas encore ce que tu as mais je vais aller voir les Barnett pour voir si c’est jute ici ou sur tout le coin. Mais je t’assure que moi vivant, je ferais tout ce qui est en mon pouvoir pour te soigner.

L’aidant à se rallonger un instant pour qu’elle se repose, je caresse doucement sa joue et reprends ma serviette afin de l’humidier de nouveau avec de l’eau fraîche pour la soulager une nouvelle fois la pauvre blonde entrain certainement de souffrir le martyr. Je pense même que je vais monter la garde jour et nuit afin qu’elle ne soit pas menottée ou autre méthode rustique pour la maintenir attachée au lit.

Entre deux élans de délire, je parvins quand même à écouter l’histoire de Vaughn. Un petit bandit, c’était tellement mignon!  Je me permis même de voir dans ma tête Vaughn, posant fièrement tel un guerrier avec son beau berger allemand à ses côtés. Je ne pu réprimer un sourire. Il avait en plus totalement raison. Ces animaux sont si attachants et savent comment nous faire craquer avec un seul regard. Sur cet aspect, les humains ont bien appris car beaucoup ont le même talent.

-C’est vrai qu’ils sont chou. Mais...il faut…il faut se méfier des humains qui savent utiliser les yeux de biche abandonnée.

Je lui fis mon regard le plus attendrissant possible. Bon, avec les yeux rouges, bouffis, larmoyants et ma dégaine de morte c’était pas très réussi. Je ne pu retenir un petit rire, même si c’était douloureux.

Pendant tout ce temps, Vaughn continuait ses traitements palliatifs, avec une douceur et une délicatesse surprenante. Je l’avais souvent vu jouer les gros bras, voir se battre dans la Cage. Il n’avait rien d’un tendre à ces moments là. Probablement que son côté Médic le rend plus empathe. Mais en même temps, je ne connais pas beaucoup Vaughn, situation à laquelle je me dois de remédier quand j’irai mieux. Rien ne m’empêchait cependant de débuter.

-Vas-tu aussi être mon garde du corps…afin d’éviter que les autres Bastards m’enferment dans une caisse ou me menotte au lit comme une vul…vulgaire évadée de prison?

J’avais cru entendre que certaines personnes du groupe jugeaient plus prudent de me garder pieds et poings liés, au cas où ma maladie me tuerait, ce qui n’était pas impossible. Si je me transforme après ma mort, qu’ils me fusillent. Mais de là à m’attacher comme ça, l’idée ne m’enchante pas. Mais entre les mains de Vaughn et grâce à ses bons mots, je voyais un peu de lumière au bout du tunnel.

-Mais pendant que nous sommes entre nous et que je suis totalement impuissante. Qu’est-ce qui se passe avec Chris? D’où vous vient cette rivalité?

Non seulement pour satisfaire ma curiosité que de faire la conversation et apprendre à connaître mon bienfaiteur, cette question me trottait dans la tête entre deux délires. Et ça je ne le dirai pas trop fort, mais si quelqu’un d’autre en a contre Chris, moi ça va toujours m’arranger.