Deuil en stase
Mar 22 Sep 2020 - 20:57
Deuil en stase On tâche d’oublier le bas, la fin, l’écueil, La sombre égalité du mal et du cercueil ; Quoique le plus petit vaille le plus prospère. |
Les derniers événements apportaient un nombre de plaintes et de conflits grandissant. Beaucoup d'inquiétude aussi : le dernier discours de June, auquel Maya avait assisté silencieusement dans la foule, avait à la fois soudé les membres autour d'une idée commune – la guerre contre New Eden – mais aussi angoissé certaines âmes plus effrayé par l'ennemi qu'elles ne le laisse croire. La jeune chercheuse avait donc élu quasiment domicile dans l'ancienne maison des Chambers, qui servaient depuis plusieurs mois de bureau de médiation. Clayton et d'autres alliés du campement se serraient les coudes à ses côtés, pour soutenir les habitants du Fort et parfois régler certains conflits plus musclés. Les dégâts des inondations avaient aussi attisé les tensions entre certaines personnes, qui trouvaient toujours le moyen de venir toquer à la porte du bureau pour dénoncer un camarade ou réclamer un avis. Clayton avait la force et l'autorité nécessaire pour remettre à leur place ceux qui avaient besoin de l'être. Maya quant à elle, agissait la plupart du temps tel un Salomon, usant de psychologie, de négociation, essayant avant tout de comprendre les autres.
Intérieurement, elle était toujours convaincue que traiter ses semblables avec humanité arriverait à consolider le groupe qu'ils formaient tous ensemble. Cette matinée-là, c'est à contrecœur que Maya quitta les bras de Clyde dans son propre lit pour rejoindre le bureau, à l'autre bout du Fort. Il fallut du courage pour s'extirper de ses mains baladeuses et ses yeux pétillants, mais Maya savait qu'elle avait encore à faire. Le voyage jusqu'au bureau était quelque peu risqué pour la jeune femme qui avait un ennemi naturel : la boue. Celle-ci rendait ses appuis incertains, pire que la glace ou la neige pour laquelle sa prothèse avait été conçue. Une paire de rangers à la semelle sûre parvint à la rassurée, enfilée par-dessus ses chevilles cerclées de son legging noir moulant et d'un large t-shirt à motif. Coiffée d'un bonnet, Maya se rendit donc à l'ancienne maison des Chambers, avec précaution, ses longs cheveux se balançant au rythme de ses pas précautionneux. Cette saison lui rappelait sa véritable première interaction avec Nathan, quelques temps auparavant. Instinctivement, elle jeta un oeil autour d'elle sans tomber sur ce dernier et poussa un soupire, presque déçue.
Entrant dans la maison, sentant l'ambiance humide et automnale de ces derniers jours, Maya se débarrassa de la veste en jean trop grande qui appartenait à George, qu'elle pouvait porter désormais à cause des températures qui avaient baissé en matinée. Entrant dans son bureau, elle s'assit pour s'atteler au compte-rendu pour June qu'elle n'avait pas terminé la veille. Écrire, faire un peu d'administratif, la rassurait. C'était grâce à cette tâche qu'elle gérait son propre stress face à la situation. Ce qu'elle craignait le plus ? Voir les siens mourir ou être torturés comme Nathan l'avait été. Jamais elle n'en avait parlé, gardant la face de celle toujours joviale, la solaire du groupe. Intérieurement, les inquiétudes s'entassaient comme des chaussette sales ce qui la rendait parfois plus silencieuse que d'ordinaire lorsqu'elle se retrouvait au Summer's entourée d'amis ou lors des dîners à la maison.
Les cheveux en bataille à cause du bonnet qu'elle avait jeté sur le sofa en même temps que sa veste en jean, Maya s'attela à la tâche et ne vit pas le temps passer. Près de deux heures plus tard, quand on frappa à la porte de son bureau, elle ne baissa pas son rapport de ses yeux, occupée à le relire en le tenant devant elle. « Oui, oui, installe-toi, j'ai presque fini. » Elle tutoyait assez facilement et pensait encore avoir à faire à certains de ses habitués. Quand elle baissa enfin la feuille, ce ne fût pas l'un de ceux-ci qu'elle vit mais le visage d'Olivia. Elle connaissait cette femme comme quelques autres personnes dans le campement et l'avait toujours perçue comme une femme débrouillarde, plutôt charismatique mais aussi un peu froide… À la June, pensa automatiquement Maya dans un coin de sa tête. « Ah pardon, je croyais… Enfin non rien. Qu'est-ce que je peux faire pour toi Olivia ? » Demanda-t-elle alors, prise au dépourvu mais contente quand même, affichant un sourire en coin cordial.
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Re: Deuil en stase
Mer 23 Sep 2020 - 14:21
L’automne était là, et le soleil radieux qui illuminait longuement les journées avait laissé sa place à la grisaille matinale et aux pluies fines qui chargeait le ciel fréquemment. Enfin fine, pas tant que cela au vu des inondations récentes. Les éléments s’étaient rappelés au bon vouloir de l’homme et si le soleil estival avait laissé des sourires sur presque chaque visage du camp, le manque d’électricité et les flots d’eau qui s’étaient déversé dans les tunnels du camp avaient rappelé à chacun sa place ici-bas. Olivia n’échappait pas à cette règle. Elle avait plutôt passé un bon été, enfin moins pire que les précédents comme on dit et avait commencé à retrouver un peu la joie de vivre malgré la tragédie de son arrivée au camp, aussi le retour de la grisaille et des premiers signes de l’automne l’avait replongé dans une torpeur qui ne correspondait pas vraiment à son caractère. Elle arrivait à donner le change auprès de ses amis, comme Lisa ou Zelda, mais c’était uniquement parce que personne ne la connaissait encore vraiment bien. Plusieurs soirs au bar du camp, elle avait entendu des habitants parler de la maison des « Chambers », enfin plutôt du groupe de soutien qui se situaient dans cette demeure. Ce n’était pas le genre d’Olivia d’allait quémander de l’aide, encore plus au niveau psychologique mais elle qui se sentait si bien depuis une paire de mois n’avait pas envie de plonger. Elle avait des choses à faire, à tenir et elle devait être au maximum de ses capacités, alors un peu d’aide ou à minima un peu d’écoute ne pouvait pas lui faire de mal.
Olivia ne savait pas trop comment s’y prendre pour aller à ce « club », s’il fallait prendre rendez-vous où s’il était possible d’y aller quand on le souhaitait, mais elle avait fait le pari de s’y rendre sans prévenir, ce qui pourrait éviter que le camp entier sache qu’elle y allait. Elle avait patienté un long moment avant de pouvoir pénétrer dans la pièce dans laquelle se trouvait Maya. Elle ne connaissait pas la jeune femme plus que ça, mais il suffisait de la regarder pour comprendre qu’elle avait traverser des épreuves pires que ce que la plupart des survivants avaient connus. La prothèse sur sa jambe droite en était la preuve tangible. Olivia avait déjà croisé et salué Maya à plusieurs reprises dans le camp, notamment au Summer’s et l’avait toujours trouvé souriante et plutôt à l’aise malgré la situation, aussi l’avocate n’était pas particulièrement déçue de se retrouver face à elle dans cette pièce.
Olivia se tenait debout dans la pièce, face à Maya, toujours enserrée dans son tailleur noir, son chemisier blanc et ses talons. A croire que l’avocate ne connaissait jamais le repos et était en constance relation avec son travail. Elle ne savait pas trop comment agir et si c’est elle qui devait lancer la conversation après que Maya l’eue saluée. Elle lâchait un maigre - Pardon je ne voulais pas vous déranger avant de tourner les talons et de commencer à s’en aller mais en stoppant sur le pas de porte. Olivia se passait une main sur le visage, soufflant un peu fort comme si elle faisait violence. Elle refaisait volte-face pour se retrouver face à Maya.
- Je … je n’ai jamais fait ça avant pardon … j’ai … perdu mon mari, ça fera six mois après-demain et … non c’est complètement con, je suis désolé Maya, je vais vous faire perdre votre temps
Olivia était sur la défensive, elle souhaitait s’ouvrir pour exprimer la mélancolie qui l’envahissait mais elle ne l’avait jamais fait avec personne et elle avait l’impression de se trahir elle-même en demandant de l’aide.
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Re: Deuil en stase
Mer 23 Sep 2020 - 17:08
Deuil en stase On tâche d’oublier le bas, la fin, l’écueil, La sombre égalité du mal et du cercueil ; Quoique le plus petit vaille le plus prospère. |
Maya ne s'attendait pas vraiment à ce qu'une personne comme Olivia vienne toquer au bureau des pleurs. Elle arqua un sourcil en l'observant, légèrement admirative de la prestance qu'elle dégageait, mais un poil amusé de constater son air étriqué, dans son tailleur qui lui donnait l'impression de sortir du tribunal. Elle semblait presque à des années lumières de la vraie situation, de ce qu'ils vivaient tous, de la Post Apocalypsia dans laquelle ils étaient obligés de vivre. La petite chercheuse esquissa un sourire un peu amusé en ayant un haussement de sourcil surpris en la voyant tout de suite tourner les talons. « Hein ? Non du tout, du tout ! » À peine avait-elle essayé de retenir Olivia que la quarantenaire commença son discours, mentionnant la perte de son mari, mentionnant une envie de discuter. Encore une fois, elle choisissait la fuite.
La chercheuse avait la chance, elle d'être encore entourée de son père et de son frère, après des années de survie. Elle n'était pas arrivée seule au Fort, mais au lead d'un groupe entier de survivants – léchant leurs plaies, certes, mais au moins, ils étaient soudés. Elle savait la chance qu'elle avait, Maya en avait parfaitement conscience. Cependant, nombre de personnes comme Olivia arpentaient les allées du campement, complètement seuls et ayant subi de grosses pertes. Elle fronça les sourcils et se leva de sa chaise pour s'approcher d'Olivia. « Hey, hey... C'est okay, tout va bien. Maya esquissa un sourire et lui posa sa main sur l'épaule. Tu veux bien fermer la porte qu'on s'asseoit pour discuter ? » La laissant faire, la petite chercheuse alla s'asseoir, non pas sur sa chaise derrière son bureau mais sur le sofa qui était disposé contre le mur un peu plus loin, mettant à côté d'elle sa veste en jean et son bonnet qu'elle avait posé en arrivant, posant la veste d'un geste affectueux sur l'accoudoir à côté d'elle.
« Tu sais, on peut s'tutoyer... C'est pas un entretien d'embauche. Ici les gens viennent pour plein de trucs différents, pour demander des services, se plaindre d'autres habitants, ou juste de parler quand y a besoin... » Ce bureau avait de multiples fonctions mais Maya aimait être à l'écoute des habitants. Non seulement cela nourrissait sa curiosité, mais elle avait vraiment une reconnaissance humaine dernière. Indirectement, la situation l'éloignait de ses inquiétudes par rapport à New Eden. « Comment il s'appelait ton mari ? » Lui demanda alors Maya avec un petit sourire presque timide. Elle voulait commencer cela comme une conversation cordiale, invitant alors la quarantenaire à lui répondre sans vraiment prendre les questions de Maya comme un bélier tentant de forcer la porte du privé qu'elle entretenait depuis peut-être son arrivé dans le Fort.
« Ça fait six mois du coup... D'accord. Tu... Quand tu es arrivée ici non ? » Demanda-t-elle de nouveau en levant les yeux au ciel en se grattant le menton en essayant de se rappeler de la fois où elle avait vu Olivia pour la première fois. Cela devait être exacte, compte tenu du visage de son interlocutrice.
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