J'ai mis un moment à comprendre ce qui s'était passé, quand je me suis réveillé sous la tente, je n'étais pourtant pas malade encore, non, pas moi, je suis immunisé à ce genre de chose, pourtant le mal de crâne ne voulait pas me quitter et on m'a dit de rester tranquille, on m'a même apporté une tasse d'eau chaude, ok, c'était plutôt agréable, j'ai voulu parler mais un grand type m'a dit de ne pas exciter tout le monde alors j'ai préféré fermer ma gueule au moins jusqu'à ce qu'on ne fasse plus attention à moi.

Finalement, je ne suis pas rentré tout de suite à la Taverne, les réserves d'alcool baissaient et j'avais beaucoup dormi sous la tente, je me sentais en forme. J'ai récupéré mon vélo, ouvert le cadenas et je me suis tiré. Explorer des coins plus inattendus, le vent et la pluie on achevé de dissiper mon mal de crâne, l'effort aussi, je me suis senti pas mal vivant. La première soirée en tout cas. Clairement le temps s'est refroidit avec ces orages, la nuit a été mauvaise, c'est peut-être pour ça que tout ce que j'ai ramené, c'est un pack de six bières dans un frigo. Je ne sais même pas si elles sont encore bonnes, mais il faut que je me sèche à la Taverne, je ne peux pas me permettre de passer comme avant des jours et des jours dehors.

J'arrive, je toque à la porte, au cas où, par réflexe, la voix de Nina me répond, je pousse, j'entre. Elle est là, avec Max, le chien.

- Tu croyais que j'étais mort ? Je ris. Moi je ne suis pas malade.

Nina a toujours une sale tête, c'est sans doute parce qu'on s'est touché hier, à la tente, je savais qu'elle n'aurait pas du faire ça, ça l'a blessé, je secoue la tête.

- Désolé pour hier, mais si tu restes loin, tout devrait mieux aller maintenant je pense.

J'hésite à lui dire qu'il ne faut pas prendre les médicaments, ça a eu l'air de la crisper, je soupire. Je n'ai pas envie d'entrer en conflit de nouveau, mais s'il le faut...

- Je peux te montrer comment te soigner, si tu veux... à ma manière, c'est plus efficace, je te le jure !

Je fronce les sourcils, je me concentre, j'essaye de faire le vide dans mon esprit,d 'organiser les souvenirs. Parfois, hier se confond avec l'année dernière, c'est vrai que j'ai eu mal à la tête en me réveillant, je revois le coup, je ne me souviens plus du contexte, mais Nina est gentille, je lui fais confiance.

- Ba, tu avais peut-être une bonne raison, non ? Parfois je me fais mal, mais ça me permet de découvrir des chemins à suivre; Je ris. Au ras du sol, on change de perspective.

Elle a l'air fatigué, alors je reste à distance, je tourne autour d'elle un peu, toujours un bon mètre entre elle et moi, on ne sait jamais. Je hausse les épaules quand elle évoque les rats, n'importe quoi, mais je n'ai pas envie de me disputer avec elle maintenant, je vois qu'elle est tendue.

- Je sais des choses que les autres ne savent pas, c'est tout. Je murmure presque. Je ne veux pas qu'elle se fâche.

Je la regarde s'asseoir sur son lit, parfait, ça me dégage de la place. Max est à ses pieds, je m’assois devant elle, en tailleur, je me plie, je tends le bras pour pouvoir caresser le chien du bout des doigts, sans être trop proche de Nina.

- Je ne sais pas trop. Je réponds à sa question. J'ai un ami qui peut m'héberger un peu je crois, mais sinon je vais juste me promener.

Je fais la moue. J'aime bien la Taverne, mais les dégâts seront compliqués à réparer, même moi je m'en rends compte, je peux être réaliste parfois, quoi qu'on en dise. Il y a de l'eau au rez-de-chaussée, ça a complètement flingué la pièce principale, je soupire.

- Tu vas partir toi ? Je demande, mon regard se promène sur la pièce. Tout a l'air d'être sur la fin déjà, comme une page qui attend de se tourner, nous sommes bloqués dans la reliure du livre, à attendre. Je te referai un collier si tu pars, et un pour Max aussi. Pour te protéger.