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Walk me home

Lun 9 Nov 2020 - 13:57


Renton, été 2018.


L’un de ses éclaireurs l’avait averti qu’une altercation entre deux groupes de survivants était en cours non loin de leurs positions. L’israélienne était à ce moment-là en route pour rencontrer une communauté censée les rejoindre sous peu. Cet assaut – qui ne les concernait pas le moins du monde – les obligeaient à faire un détour alors que, d’après leurs renseignements, ils étaient suffisamment nombreux pour y mettre un terme. C’est donc la décision qu’elle avait prise, en accord avec Ray qui la secondait dans les manœuvres militaires. Mais le temps qu’ils arrivent et qu’ils mettent fin à cet assaut, il ne restait bientôt plus grand-monde à sauver. Une poignée de survivants, même pas, dans un état critique, pour la plupart. Dans un souci de sauver ceux qui pouvaient l’être, l’architecte avait ordonné aux siens de faire demi-tour et de ramener les blessés à l’avant-poste de Renton, le plus rapidement possible. Malheureusement, tout le monde ne survécut pas au voyage.

A vrai dire, il n’en restait plus qu’un. L’homme semblait encore en état de choc quelques heures après son arrivée, Ela lui avait fait amener une couverture, pour les températures plus douces de la soirée et s’était assurée qu’il soit bien installé malgré la présence d’un garde pour le surveille – par mesure de précaution. Elle n’avait jusque-là pas eu le temps de lui adresser plus de quelques mots, ceux qui l’assurèrent qu’il était à présent en sécurité. Aussi, choisit-elle la fin de soirée pour l’approcher alors qu’installé au coin d’un brasero, il observait le monde autour de lui, sans rien dire. Il avait l’air si vulnérable, véritablement bouleversé par la journée qu’il venait de passer. L’israélienne s’approcha, remerciant du regard Maxence qui était resté non loin de lui, depuis son arrivée pour le surveiller. L’homme s’en alla, laissant l’architecte seule avec le nouvel arrivant. « Bonsoir, Augustus. » Sa voix était douce, mais il ne fallait pas s’y méprendre. Ela dégageait une autorité naturelle au port de tête altier. Elle possédait un charisme certain, d’un autre âge peut-être. Il fallait dire que l’israélienne semblait toujours en décalage avec son temps. Elle n’en était pas moins d’une intelligence redoutable et d’une capacité de déduction affutée. « Nous n’avons pas encore eu vraiment le temps de faire connaissance, je m’appelle Ela Amrani, je suis la responsable de cet avant-poste. » Entre autre choses. « Puis-je m’assoir avec vous ? » Demanda-t-elle, en désignant le banc sur lequel il était assis.

L’homme posait un regard sur elle qu’elle ne déchiffrait pas encore, mais il finit par la laisser s’assoir près de lui. « Je pense pouvoir dire que votre journée a été difficile, je suis désolée pour votre amie. » La dénommée Susan qu’ils avaient tenté de sauver, en arrivant ici.
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Re: Walk me home

Dim 15 Nov 2020 - 21:19

D’autres survivants étaient arrivés de nulle part pour les sauver. Au fond, c’était sans doute un événement qui méritait d’être célébré. Il y avait encore des gens dans ce monde en ruines qui portaient secours à ceux dans le besoin. Mais il était déjà trop tard. Tout s’était enchaîné si rapidement, et le temps semblait pourtant suspendu pour Auggie, le regard vide qui fixait droit devant lui. Il fut sorti de sa torpeur par la même femme qui était venue lui parler après que son groupe les avait secourus, Susan et lui. Mais Susan ne s’en était pas sortie.

Il regarda d’abord la femme, charismatique, et sans doute capable de se montrer intimidante en d’autres circonstances, surtout qu’il s’agissait de la leader de ce groupe. En ce moment cependant, elle lui parlait avec douceur, comme pour ne pas effrayer un animal effarouché. Et, honnêtement, ce fut la seule raison pour laquelle il se força à lui répondre, essayant de penser à autre chose que les événements traumatiques qui venaient d’arriver. Ela Amrani. Elle connaissait son nom également. Lui avait-il dit pendant le voyage jusqu’au lieu où il se trouvait à présent, qu’Ela avait désigné comme un avant-poste ? Il était encore bien trop en état de choc pour penser clairement aux implications du terme. Aussi tenta-t-il de se concentrer sur son interlocutrice. Il fit un signe de tête lorsqu’elle lui demanda la permission pour s’asseoir près de lui, et il resserra la couverture qu’il avait sur les épaules.

Les condoléances exprimées par rapport à la mort de Susan auraient pu paraître creuses, par politesse, mais en fixant Ela, Auggie crut percevoir l’honnête empathie qu’elle avait pour lui après le calvaire qu'il venait de vivre. Ou peut-être voulait-il simplement y croire, par-dessus tout. Il en avait besoin. Besoin de s’accrocher à quelque chose après…après tout ça. Il décida donc de croire en celle qui l’avait sorti du pétrin. Que pouvait-il faire d’autre ?

Les mots ne lui venaient jamais facilement, naturellement, il était bien trop timide. Ce fut sans doute le choc qui lui ôta ses traditionnelles barrières à tout communication humaine. « Elle était dans notre petit groupe depuis le début. On ne se connaissait pas avant, mais à force, on était tous devenus proches. » Parler au passé lui donnait presque la nausée, les visages de tous ceux perdus en cours de route qui défilaient devant lui. Il ferma les yeux un instant et ravala un sanglot qui menaçait de sortir en pensant à Kelly. « On a été séparés par les infectés. Il n’y avait plus que nous, avec ma cousine, Kelly, oh Kelly… » Il dut à nouveau se ressaisir, se prenant la tête entre les mains et se forçant à inspirer et expirer profondément. Une crise de panique commençait à pointer le bout de son nez, et même si c’était sans doute le moment le plus légitime pour craquer, il n’avait aucune envie de se montrer si vulnérable devant des gens qu’ils ne connaissaient pas. Du moins, pas encore.

Une fois calmé, il s’assit un peu plus droit et tourna son attention vers Ela. « Merci. » Il ne put guère aller plus loin, sa voix comme enrouée soudainement, mais les ramifications de ce simple mot étaient logiques et il se dit qu’Ela comprendrait. Merci de m’avoir sauvé. Merci de ne pas m’avoir abandonné à mon sort. Et surtout, merci de me redonner espoir alors même que le monde ne m’a jamais paru aussi sombre. Les secondes passèrent et il ajusta à nouveau la couverture sur ses épaules. Avec la panique qui retombait, la brume dans sa tête qui se dispersait, il sentait la fatigue lui tomber dessus comme un coup de massue. Néanmoins, une question centrale lui trottait dans la tête et il s’y cramponnait pour ne pas penser au reste. « Quand vous m’avez trouvé... vous avez parlé d’un camp ? »
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Re: Walk me home

Mer 2 Déc 2020 - 12:35

L’architecte reste silencieuse alors que les images – fortes – de cette journée remontent et s’imposent à l’esprit d’Augustus. Elle se fait humble et respectueuse alors qu’il prend la pleine mesure de sa chance, mais surtout de ce qu’il a perdu en l’espace d’une seule journée. Elle peut le comprendre, pour avoir perdu son mari il y a quelques années déjà, lors d’une attaque de pilleurs qui les avait tous pris par surprise. Elle non plus n’avait pas pu l’enterrer, lui dire au revoir. Ce soir, tu lui manques Abel, un peu plus que les autres. Sans doute parce que la détresse du jeune homme lui rappelait la sienne. Devant sa peine, le chagrin qu’il contenait comme il pouvait, elle eut envie de lui partager ce fait de vie, qu’elle avait vécu tout comme lui. Mais elle n’était pas encore prête pour ça, malgré toute la compassion qu’elle ressentait à son égard.

Elle lui laissa le temps de reprendre ses esprits. Jusqu’à ce simple mot, cinq petites lettres qui signifiaient déjà tellement. Merci. Elle esquissa un sourire – triste mais sincère – elle aurait préféré pouvoir faire plus, être arrivée plus tôt pour le préserver de cette douleur qui l’étreignait à cette heure. « J’aurai préféré être arrivée plus tôt, avec mes hommes. » Répondit-elle avec sollicitude. Cela ne changeait plus grand-chose désormais, et cela ne ferait pas revenir ces personnes auxquelles il tenait temps. Mais c’était sincère. Elle voyait la fatigue tirer ses traits, la journée avait été rude, elle comprenait. Mais elle n’était pas encore tout à fait prête à le libérer pour ce soir. Elle avait encore quelques questions, s’il le lui permettait, mais ce fut lui qui la devança.

Ses épaules se redressèrent quelque peu, comme si elle réendossait soudain ce rôle qui lui était confié. « C’est exact, ces gens que vous voyez autour de vous… Ils ne sont qu’une petite partie de ce que représente réellement notre communauté. » Commence-t-elle, doucement, accompagnant ses paroles d’un geste de la main, désignant toutes ces personnes – déjà nombreuses – qui vaquaient à leurs occupations pour la sécurité de l’avant-poste, ou qui profitaient tout simplement du feu dehors, avant de rejoindre leurs quartiers dans les maisons réhabilitées. L’avant-poste de Renton avait déjà de quoi impressionner ces quelques isolés qu’ils avaient pu rencontrer depuis le début de cet été. Il était pourtant rudimentaire comparé aux installations dont ils disposaient à Fort Ward. Elle le laisse observer, prendre conscience de ces mots. « Nous sommes là depuis le tout début de cette épidémie, nous avons été plutôt préservés… Malgré quelques attaques extérieures nous n’avons fait que renforcer nos défenses et améliorer le confort à l’intérieur de nos murs. En trois ans, nous avons appris, évolués et nous sommes plus forts encore, pour répondre à la menace que le Monde nous a imposé. » Amrani était alors quelqu’un qui croyait avec ferveur que Fort Ward était une nouvelle chance pour l’Humanité. L’appétit trop grand des leadeurs les rattraperait dans quelques mois mais pour le moment, elle – comme June – restait persuadée d’avoir quelque chose à offrir à ce monde et à Augustus ce soir. « Je peux même vous confirmer que nous avons l’eau chaude, à cette heure. » Dit-elle, avec une pointe de bonne humeur. « Nous n’avons pas encore eu le temps de l’installer ici, mais ce n’est qu’une question de temps je suppose. »

Elle échange avec lui un sourire, plein d’espoirs. Parce qu’il en fallait dans ce monde. Mais elle revint bien vite à cet air plus sérieux, à cause du poids des responsabilités qui pesaient sur ses épaules. « Cette vie peut vous être offerte, si vous le souhaitez. » Dit-elle, en le regardant attentivement. L’homme était loin de représenter une quelconque menace pour Fort Ward, mais elle ne pouvait en être certaine pour le moment. « Que faisiez-vous avant, dans votre ancienne vie ? Quelle est la chose la plus difficile qui vous a été donné de faire pour votre survie ? » S’intéressa-t-elle ensuite. Volontairement, les informations données n’étaient que superficielles, il y avait encore tant de réponses qu’elle pouvait donner à sa question mais… étape par étape.
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Re: Walk me home

Jeu 31 Déc 2020 - 13:39

Il ne commenta pas les mots d’Ela. Il tourna les yeux vers elle et vit son sourire, sincère, triste de ne pas avoir pu faire plus, puis il détourna le regard et se contenta de hocher la tête en fermant les yeux, sans un mot. Ils ne pouvaient pas revenir sur ce qui était arrivé. C’était déjà un miracle en soi que le groupe d’Ela soit arrivé à leur secours, quand bien même il était maintenant le seul survivant.

Lorsqu’elle répondit à sa question, ce fut comme si quelque chose changea en elle et Augustus ne put s’empêcher de la regarder et d’écouter ses paroles attentivement. Dès les premiers mots, il sentit son cœur se serrer. Mais pas de chagrin ni de peur. Ou du moins, c’était l’espoir que cette première phrase venait cultiver qui lui fit peur. Etait-il toujours permis d’espérer dans ce monde ? Il laissa son regard se poser sur une personne, puis une autre, et tenta d’imaginer, en vain, à quoi pouvait donc ressembler l’ensemble de cette communauté dont Ela dressait le portrait. Qu’une communauté était née et avait tenu bon depuis le début de l’épidémie était à la fois impensable et un soulagement immense. Il sentit ses épaules tendues se relâcher doucement, et son cœur qui s’était emballé ralentir peu à peu. Et quand Ela mentionna de l’eau chaude, il se surprit à sourire et laisser échapper un petit rire, presque silencieux, qui lui parut si étranger aux oreilles. De l’eau chaude. Qui aurait cru qu’une telle commodité devienne en luxe en si peu de temps.

Ce moment de joie, de flottement, fut quelque peu interrompu par la suite de la conversation. Auggie sentit ses épaules se nouer à nouveau et il détourna le regard momentanément, son sourire s’effaça, et quelques événements tragiques flashèrent à nouveau devant ses yeux. Il aurait du mal à en parler, mais il comprenait que cela soit nécessaire. Après tout, si ces gens avaient survécu autant de temps, et vivaient si préservés — c’était le mot qu’Ela avait choisi — ce n’était sans doute pas en accueillant n’importe qui. La tête courbée, il fixa ses mains, avec lesquelles il jouait distraitement. « J’étais ingénieur. Je travaillais dans les énergies renouvelables. Je n’ai pas vraiment eu le temps de gagner énormément d’expérience, c’est sûr. J’étais ici pour une conférence quand tout ça… » Il fit un geste vague de la main pour indiquer l’état du monde actuel. Puis il fronça les sourcils avant de répondre à la deuxième question de son interlocutrice. « J’ai tué des gens. » Il jeta un regard vers Ela, puis se reconcentra sur ses mains, qu’ils serraient maintenant nerveusement. « Pour nous défendre, jamais autre chose. Mais ce n’est pas la pire chose que j’ai faite. » Il ferma les yeux et inspira profondément, le visage de Mina encore clair derrière ses yeux, alors même qu’il oubliait déjà le son de sa voix. « Aujourd’hui, ce n’était pas la première fois qu’on se faisait attaquer. La dernière fois, Mina — j’imagine qu’on peut dire que c’était la leader de notre petit groupe — s’est fait tirer dessus et on n’avait rien pour… C’était trop… » Il pressa la paume de sa main contre son front, et laissa l’autre pendre mollement entre ses genoux. Quelques secondes s’écoulèrent, puis Augustus roula les épaules, releva la tête, et se tourna vers Ela. « Elle m’a demandé de le faire. Je ne pensais pas en être capable mais il le fallait, pour elle. Elle méritait de partir comme elle le souhaitait. » Son regard se perdit sur le côté, et sa voix devint un murmure. « Quand je ferme les yeux, j’entends encore le coup de feu qui résonne. »

Il cligna rapidement des yeux pour ne pas pleurer et fixa Ela du regard. « Je n’aurais jamais survécu sans Mina, là, dehors. Je ne sais pas si je suis fait pour ce monde ; je n’ai plus personne. » Il s’étonna que sa voix ne tremble pas. C’était la vérité. Seul, il ne survivrait pas. « J’aimerais rejoindre votre groupe. » Il mit dans ces quelques mots autant de détermination que possible. Ces gens, Ela, l’avaient sauvé d’une mort certaine. Et s’il comprenait bien la teneur de leur discussion, l’offre lui était proposée. Après tout ce qu’il venait de vivre, c’était une chance inestimable qu’il se refusait de gâcher. Il saurait se rendre utile, il saurait se montrer digne et à la hauteur de ses sauveurs. Ne serait-ce que pour honorer ceux qui l’avaient porté tout au long du chemin depuis quelques années maintenant, jusqu’à ce moment précis où un nouvel espoir et l’occasion de tout recommencer lui étaient offerts. « Ça fait une éternité que je n’ai pas pris de douche chaude. » ajouta-t-il avec un sourire.
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Re: Walk me home

Jeu 28 Jan 2021 - 11:40

Cette question observait nombreuses réponses, toute d’intensité – ou morbidité – différente, mais à chaque nouvel arrivant, chaque nouveau visage, elle se devait de poser la question. Les réponses étaient souvent terriblement honnêtes et, quand elle vit le visage contrit de son interlocuteur, Amrani s’attendit à une révélation difficile… Et elle l’était. Pour Augustus du moins, elle l’était. Mais pour tout ce qu’Ela avait déjà entendu, et les terribles choses qu’elle avait elle-même dû faire pour sa survie et celle des siens, elle se sentit monstrueuse. L’homme n’avait fait qu’abréger les souffrances d’un être cher, là où elle avait abattu un homme désarmé de sang-froid, pour faire un exemple. Cette confidence qu’il lui faisait la remettait face à ses propres actes, à sa propre conscience. Mais il était encore bien trop tôt pour confier ce genre de secret à un parfait inconnu.  

Le regard qu’elle posa sur lui, cependant, se voulait doux et humble face à lui. « Vous êtes un homme bon, Augustus. Sans doute plus que la plupart d’entre nous. » Peut-être un peu trop bon pour le monde dans lequel ils évoluaient aujourd’hui. Pour autant, ce genre de personne était à préserver, elle en était intimement convaincue. Ils avaient besoin de gens comme lui pour se rappeler ce pour quoi ils se battaient tous les jours, pourquoi ils sacrifiaient autant d’eux-mêmes. Du moins elle, elle en avait besoin. Ses paroles ne réconforteraient pas la perte du jeune homme assit à ses côtés, pourtant elle posa sa main sur son épaule qu’elle pressa doucement, en réconfort. « Si vous l’aviez laissé se vider de son sang, elle serait probablement morte d’une longue agonie. Vous avez fait ce qu’il fallait pour soulager votre amie. » C’était la pure vérité, il la connaissait sans doute. Mais elle savait que ça n’enlevait pas la difficulté du geste. « Mais je sais, par expérience, que c’est le genre de geste qui marque à vie… » Presser la détente – même pour les bonnes raisons – n’avait rien de facile. C’était quelque chose qui vous marquait à vie. Sa première fois, elle ne l’oublierait jamais. Ni les suivantes. Jusqu’au jour où – peut-être – elle finirait par perdre le compte.

« Alors… on va s’organiser pour vous rapatrier chez nous – chez vous – d’ici quelques jours. » Dit-elle, après avoir observé un temps de silence respectueux. Elle ne pensait pas se tromper, en accordant à cet homme l’asile que représentait Fort Ward. Sa main quitta l’épaule d’Augustus pour retrouver l’autre sur ses cuisses. La porte de la maison principale, à quelques mètres de là venait de s’ouvrir sur la silhouette de son compagnon qui la cherchait du regard. Il était temps pour elle de s’éclipser, de laisser l’homme se reposer et trouver ses marques. Elle esquisse un sourire rassurant, à l’intention du nouveau survivant de Fort Ward. « En attendant, mangez un peu et reposez-vous. Vous êtes en sécurité. »

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Début Janvier 2019, Fort Ward.

L’avant-poste de Renton était tombé, il y a deux mois de cela. Le corps de Merl – ainsi que de nombreux autres personnes – gisait là-bas, dans la boue et le sang, probablement relevé depuis le temps, ou rongé par les rôdeurs et les animaux sauvages, s’il avait eu la chance de ne pas se transformer. Elle n’en savait rien à vrai dire. Elle était inconsciente, gravement blessée, quand Atkins l’avait ramenée sur l’île. Elle avait vu son compagnon tomber, sous la main d’une ennemie, avant de se faire souffler par l’explosion d’une grenade. Quand elle s’était réveillée, il ne lui restait plus que la douleur de sa blessure et la colère. Une colère sourde et aveugle, une impuissance telle qu’elle avait rejeté toute visite, toute discussion autre que celle qui l’avait amené à donner sa démission à June. Renton était tombé et… elle aussi.

Quelques semaines plus tard, la colère était toujours présente. Canalisée, mais frissonnante sous sa peau. Elle avait mis plus d’un mois avant de pouvoir remettre un pied devant l’autre, presqu’autant pour enfin pouvoir quitter le dispensaire avec l’accord des médecins qui avaient surtout craint pour sa santé mentale. Il fallait dire que les premiers temps, c’était le goût de vivre qui lui avait été ôté. Elle n’en avait pas encore terminé avec cette dépression, celle-ci ne prendrait réellement fin que dans quelques mois, une fois qu’elle croiserait la route de Lenore et de ses éclaireurs, une fois qu’elle aura à nouveau mis le pied en dehors de Fort Ward pour se reconstruire.

En cet instant, seule la colère lui avait permis de mettre un pas devant l’autre. Seule la colère la maintenait en vie alors, elle s’y accrochait, férocement. Le besoin de prendre l’air s’était fait ressentir, pour échapper à cette maison qu’elle partageait autrefois avec Merl et Jason – tous les deux morts aujourd’hui. Il faisait froid, son souffle s’élever en nuage de buée à chacune de ses respirations et son pas était ralenti par la piqûre du froid, et par cette blessure qui la laisserait encore boiteuse temps que la blessure à son abdomen ne serait pas totalement remise. S’aidant d’une canne, elle avançait, le regard fixant un point invisible devant elle, les pensées dans le vide – parce que réfléchir voulait dire ressentir et qu’elle s’évertuait à ne plus rien ressentir. Aussi, ne vit-elle qu’en dernier instant la silhouette pourtant familière d’Augustus, venir à sa rencontre. Elle se fige, tressaille. Elle n’arrive pas à lui offrir un autre regard que celui qu’elle arborait depuis des semaines : un regard noir et terriblement distant.

« Augustus, je ne vous ai pas entendu arriver. » Sa voix est rauque de n’avoir plus parlé depuis un moment, enrouée par le froid. Elle s’arrête l’observe, sur la défensive. Avait-il quelque chose à lui demander ?
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Re: Walk me home

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