Eddie, ici !
Ven 20 Nov 2020 - 17:12
Voilà un mois que l’effroyable banquet s’était tenu, sur l’île sanctuaire de Bainbridge Island. Je n’y étais pas. On ne m’avait pas autorisée à y aller, considérant que j’étais encore trop nouvelle pour pouvoir faire face à ce genre d’évènement… Horrible. Et puis, de toute manière, je ne pense pas… Non, je suis certaine que jamais, je n’aurais voulu y aller. Seulement, comme toute l’équipe médicale et paramédicale du fort, j’avais été mobilisée – et cela volontairement – pour aider aux prises en charge des blessés de ce terrible banquet.
Et des blessés, il y en avait… Enormément de blessures psychiques, qui demandaient un suivi régulier dans des zones souvent neutres – autrement dit à l’extérieur du dispensaire. Mais il y avait eu des blessures beaucoup plus physiques : armes blanches, traumatismes divers… Les chirurgiens n’ont pas chômé, et nous autres, médecins non-chirurgiens, n’avons pas touché terre pendant plusieurs heures. Pourtant, c’était revigorant. Ces instants horribles me ramenèrent plusieurs années en arrière, lors de mes gardes au sein de l’hôpital de Spokane, et durant mes études à Harvard.
Le flot des blessés, les diagnostics rapides, les examens médicaux, le travail en équipe, dispatché entre les infirmières et les médecins… C’était vraiment… Vivifiant ! Bien que les cris et les pleurs me ramenèrent plusieurs fois les pieds sur terre. Prenez-moi pour quelqu’un d’insensible, mais au moins, tout cela m’aura aidée à montrer de quoi je suis capable, et de me faire une petite place. Bientôt, certains – dont Maeve je l’espère – me feront suffisamment confiance, pour me confier un poste, une responsabilité, quelque chose au sein du dispensaire. Qui l’aurait cru ? Même pendant l’apocalypse, on peut courir après les échelons supérieurs !- Bien ! Revenez dans quinze jours pour un dernier contrôle. Vous passerez une radio abdominale, et une nouvelle prise de sang, et normalement, tout ceci ne sera plus qu’un mauvais souvenir ! Si des douleurs surviennes, revenez consulter immédiatement !
Je salue ma première patiente de l’après-midi – mais combientième depuis le début de ma garde ce-matin – et la raccompagne jusqu’à la porte de la salle d’auscultation. D’un signe de tête, j’indique à l’infirmière d’accueil que je suis prête à accueillir le prochain ou la prochaine patiente, d’ici quelques minutes. Bah oui ! Il faut bien prendre le temps de lire et relire les dossiers des patients dont les consultations sont prévues pour un suivi sur le long terme !
Et là, le fameux suivi, c’était celui d’Eddie. Le pauvre avait subi d’affreuses tortures : une balle dans chaque épaule, dont les plaies furent aggravées par l’ajout d’une soude caustique. Le compte-rendu chirurgical était impressionnant :retrait des deux projectiles enfoncés dans les deux épaules, perte osseuse bilatérale au niveau des clavicules, et de la partie supérieure de la pointe des deux scapulas, avec projectile entrant sous chaque clavicule et ressortant au niveau des faisceaux supérieurs des trapèzes, suivant une trajectoire de bas en haut et avec une inclinaison d’environ 45 degré par rapport au plan horizontal. Pas de lambeaux aux orifices d’entrées ni de sorties. Aucun corps étranger présent dans les plaies. Réalisation d’un nettoyage tissulaire et d’une réparation des vaisseaux endommagés, avec reperfusion effective, réalisation de remodelage osseux et suture des tissus impactés. Le patient bénéficiera de plusieurs jours d’hospitalisation avec immobilisation des deux épaules, avant réalisation de séances de rééducation. Suivi médico-chirurgical pluri-hebdomadaire recommandé.
J’avais, bien-sûr, déjà suivi Eddie à plusieurs reprises depuis son opération. Et si la chirurgie s’était très, très bien passée, Eddie lui… Bah c’était vraiment un patient très chiant ! Il fallait littéralement lui courir après, et c’était épuisant ! Dès qu’il a pu sortir du dispensaire et reprendre un semblant d’activité, POUF ! il a disparu de radars ! La dernière fois, j’ai dû demander à deux âmes bien gentilles d’aller le récupérer dieu-sait-où, pour qu’il daigne se présenter à sa consultation ! Grrr, j’espère qu’il va se présenter cette fois-ci.
Son dossier bien en tête, je prépare le matériel nécessaire à son auscultation : des compresses et le nécessaire pour faire une prise de sang – il fallait contrôler sa biologie sanguine régulièrement – et l’appareil mobile d’échographie afin d’inspecter ses tissus sans avoir à rouvrir sa plaie. Remarquez, lui rouvrir l’épaule, ça l’obligerait à rester aliter ici, et au moins, là, on pourra réaliser un suivi digne de ce nom. J’ai déjà dit qu’il était chiant ?
Je sors de ma blouse une montre que j’espère être à l’heure. Enfin, elle doit y être, puisque je m’en sers quotidiennement. Il a déjà 10 minutes de retard. Je croise les bras, fronce les sourcils, plante mon regard au travers de la porte ouverte sur le couloir, et tapote mon index droit frénétiquement sur mon bras, rendant visible et palpable, ma frustration naissante. Finalement, au bout d’au moins 10 autres minutes – non peut-être seulement quelques secondes vu ma patience légendaire – je me lève, entre dans le couloir et me rend dans la salle d’attente, face au bureau d’accueil. Mon regard acéré – rendu plus profond par mes prunelles brunes – se pose sur l’infirmière qui n’en demandait pas tant, et sur la salle d’attente, qui n’est pas vide, mais où, surprise, je ne vois pas Eddie.
Je crois mes bras à nouveau et fait une moue désappointée : yeux plissés, sourcils froncés – encore et toujours – bouche avancée, je passe machinalement ma langue sur les dents sans ouvrir mes lèvres. J’ouvre enfin mes lèvres, laissant entrevoir ma langue pointue posée contre mes dents, alors que mes yeux s’écarquillent et que ma tête oscille d’avant en arrière, dans une moue plus que frustrée. J’ai compris : il ne viendrait encore pas.
Mais j’étais la seule médecin de garde cette après-midi, et personne ne pourrait me reprendre avant encore deux ou trois bonnes heures. Ce qui fait que je pourrais partir à la recherche de ce trou du cul vers quatre heures de l’après-midi…- Il perd rien pour attendre ce p’tit con… Que je marmonne alors que j’indique d’un signe de la main au prochain patient, que son rendez-vous est avancé.
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Re: Eddie, ici !
Lun 23 Nov 2020 - 21:33
La vie reprenait son cour, comme toujours. En tout cas, Eddie s'évertuait à faire en sorte que son propre quotidien ne change pas d'un ioda. Tout était réglé comme du papier à musique, de l'heure du lever jusqu'au moment où il fermait les yeux, le soir. Jamais un truc de travers. Pour penser le moins possible. Pour toujours s'occuper et ne pas sombrer.
Tout ça, en dépit des médecins, infirmiers, et autres personnels de la santé qui méritaient sans doute une médaille pour s'occuper de lui. Il ne fallait pas lui en vouloir pourtant : le cerveau du militaire était trop plein de tout pour qu'il pense à ce genre de choses futiles. Les fameuses choses futiles ? Faire en sorte qu'il ne meurt pas d'une quelconque infection, des suites de blessures, par exemple.
Mais, hé, il tenait sur ses deux jambes, non ? Il pensait clairement, non ? Alors il n'y avait aucune raison pour qu'il ne reprenne pas son travail. Les civils n'allaient pas s'entraîner seuls – même si, oui, ils le pouvaient -, ils avaient besoin d'être guidés.
Ce jour-là, Cohen avait des équipes au niveau intermédiaire. Capables de se défendre un minimum, ils faisaient partis des civils dont il fondait le plus d'espoirs. Certains étaient réellement bons et pleins de bonne volonté, Eddie saluait toujours ces qualités. Alors, lui aussi, faisait preuves de bonnes volontés. Même avec les deux bras en écharpe, même alors qu'il ne pouvait pas rester debout plus de dix minutes sans voir trente-six chandelles. Pour lui, c'était simple : il devait montrer l'exemple. Être présent malgré son état, c'était prouver qu'on pouvait, quand on voulait. Il savait que beaucoup avait de l'admiration pour lui, et il voulait surtout qu'ils se servent de ça pour progresser du mieux possible.
Malheureusement, ce jour-là, la séance d'entraînement avait dû être écourtée. La faute à l'entraîneur. Alors qu'il s'évertuait comme il le pouvait à expliquer comment bien tenir un fusil M4, il craqua et sortit avec précaution ses bras des écharpes pour le montrer de lui-même. Et il avait suffit d'un faux mouvement, d'un geste, stupide geste, pour qu'une douleur déchirante lui remonte dans l'épaule. À tel point qu'il perd, pendant deux secondes, toutes les connexions. Juste le temps de se retrouver par terre, sous les yeux de certains de ses élèves, et qu'il comprenne qu'il avait abusé.
Alors il termina pas accepter le fait de ne pas pouvoir être un surhomme. Avant de les lâcher, il leur donna une série d'exercice à faire pour terminer l'entraînement.
C'est en prenant le chemin de sa maison qu'il se souvint.
- Merde …
Il s'arrêta sur le pas de la porte de chez lui et balança la tête en arrière en soupirant bruyamment. Evelyn allait finir par lui couper une jambe pour qu'il reste tranquille et qu'il cesse de louper les rendez-vous.
Hésitant, il se passa une main sur le visage. À cette heure-ci ? Le soleil déclinait doucement. Il était épuisé. Il ne se sentait pas de subir les remontrances de la jeune femme. Mais en même temps …
Lâchant un autre juron, il fit demi-tour. Avec un peu de chances, sa journée à elle était terminée, et il serait contraint de rentrer chez lui.
Tout ça, en dépit des médecins, infirmiers, et autres personnels de la santé qui méritaient sans doute une médaille pour s'occuper de lui. Il ne fallait pas lui en vouloir pourtant : le cerveau du militaire était trop plein de tout pour qu'il pense à ce genre de choses futiles. Les fameuses choses futiles ? Faire en sorte qu'il ne meurt pas d'une quelconque infection, des suites de blessures, par exemple.
Mais, hé, il tenait sur ses deux jambes, non ? Il pensait clairement, non ? Alors il n'y avait aucune raison pour qu'il ne reprenne pas son travail. Les civils n'allaient pas s'entraîner seuls – même si, oui, ils le pouvaient -, ils avaient besoin d'être guidés.
Ce jour-là, Cohen avait des équipes au niveau intermédiaire. Capables de se défendre un minimum, ils faisaient partis des civils dont il fondait le plus d'espoirs. Certains étaient réellement bons et pleins de bonne volonté, Eddie saluait toujours ces qualités. Alors, lui aussi, faisait preuves de bonnes volontés. Même avec les deux bras en écharpe, même alors qu'il ne pouvait pas rester debout plus de dix minutes sans voir trente-six chandelles. Pour lui, c'était simple : il devait montrer l'exemple. Être présent malgré son état, c'était prouver qu'on pouvait, quand on voulait. Il savait que beaucoup avait de l'admiration pour lui, et il voulait surtout qu'ils se servent de ça pour progresser du mieux possible.
Malheureusement, ce jour-là, la séance d'entraînement avait dû être écourtée. La faute à l'entraîneur. Alors qu'il s'évertuait comme il le pouvait à expliquer comment bien tenir un fusil M4, il craqua et sortit avec précaution ses bras des écharpes pour le montrer de lui-même. Et il avait suffit d'un faux mouvement, d'un geste, stupide geste, pour qu'une douleur déchirante lui remonte dans l'épaule. À tel point qu'il perd, pendant deux secondes, toutes les connexions. Juste le temps de se retrouver par terre, sous les yeux de certains de ses élèves, et qu'il comprenne qu'il avait abusé.
Alors il termina pas accepter le fait de ne pas pouvoir être un surhomme. Avant de les lâcher, il leur donna une série d'exercice à faire pour terminer l'entraînement.
C'est en prenant le chemin de sa maison qu'il se souvint.
- Merde …
Il s'arrêta sur le pas de la porte de chez lui et balança la tête en arrière en soupirant bruyamment. Evelyn allait finir par lui couper une jambe pour qu'il reste tranquille et qu'il cesse de louper les rendez-vous.
Hésitant, il se passa une main sur le visage. À cette heure-ci ? Le soleil déclinait doucement. Il était épuisé. Il ne se sentait pas de subir les remontrances de la jeune femme. Mais en même temps …
Lâchant un autre juron, il fit demi-tour. Avec un peu de chances, sa journée à elle était terminée, et il serait contraint de rentrer chez lui.
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Re: Eddie, ici !
Mar 24 Nov 2020 - 8:46
Champ stérile, gants stériles, pinces kochers, aiguilles à sutures triangulaires courbées 3/8, fils non résorbables, compresses, désinfectant, un bon éclairage, et un ciseau… Et on y va.- C’est une vilaine que vous vous êtes fait là. Dis-je, alors que je procédais à la suture. Un coup de lame d’une scie électrique, dans le muscle quadriceps. Très impressionnant, très douloureux aussi, dans mais son malheur, cet ouvrier a eu de la chance : la lame n’a pas été jusqu’à sectionner les vaisseaux fémoraux. Encore quelques points… Et vous pourrez repartir. Quelqu’un sera avec vous pour le chemin du retour ? Oui ? Parfait ! Je me reconcentre, passe une dernière fois l’aiguille sous une des berges de la plaie, tire un petit peu le fil, repasse sous la berge opposée, tire, et réalise le point. Puis, par-dessus le tout, un pansement, tout ce qu’il y a de plus classique. Et voilà ! Les résultats de la prise de sang seront connus dans la journée, demain au plus tard ! Si jamais ils indiquent quoi que ce soit, vous recevrez de nos nouvelles. En attendant, je vous conseil de vous reposer. Les tissus sont quand même bien entaillés, évitez de trop utiliser votre jambe, sinon, les fils lâcheront et on sera bon pour tout recommencer ! Et si vous avez mal : trois de ces cachets, 6 heures d’intervalles, et ça devrait aller mieux ! Passez une bonne fin de journée et surtout, prenez soin de vous.
L’homme part, accompagné d’un homme plus jeune. Son fils ? Son amant ? Son colocataire ? Qu’importe ! Tout ce qui m’intéresse, c’est de m’assurer qu’il ne rentrera pas seul chez lui. Et un café m’intéresserait aussi, je dois bien l’avouer.
Cet homme était le dernier de mes patients de la journée. Enfin, pour le moment. Sur son dossier médical papier, j’ajoute une autre feuille – il en avait déjà plusieurs visiblement – que j’inaugure en annotant la date actuelle, mon nom, ma qualité, un tampon, avant de remplir la partie dédiée à l’annotation des actes réalisés. « Sutures face antérieure de la cuisse ; atteinte cutanée et fascia musculaire ; cause : scie électrique. »
Je pose un peu brusquement le stylo sur le dossier, tout en me laissant tomber en arrière sur le dossier de ma chaise, et en soufflant un bon coup. Je joue un peu avec mes lèvres tout en soufflant, créant un certain rythme légèrement blasé, qui s’estompe à mesure que l’air se vide de mes poumons. Puis, de droite à gauche, et de gauche à droite, je fais légèrement tourner ma chaise dans une fausse tentative de me bercer moi-même. En fait, il s’agit plus de bouger mes jambes, et de détendre le reste du corps. Puis, après quelques secondes d’inaction, je me redresse, range le dossier papier, refermer la pochette, rabat l’élastique, et sors de ma salle d’auscultation. Lizzie est encore là, fidèle au poste. Elle est courageuse cette femme, vraiment. Je lui donne alors le dossier, afin qu’elle puisse l’archiver.
C’est alors qu’un bruit se passa dans mon dos. Intriguée, curieuse, et légèrement stupéfaite, je me fige une ou deux bonnes secondes, avant de me retourner doucement. La porte se referme doucement, tandis que des pas se font entendre sur le carrelage de l’entrée. C’est alors que je reconnus l’identité de celui qui se présentait si tard.
Me retournant pleinement, je laisse transparaître ma stupeur, mais aussi, ma légère frustration. Les bouts des doigts de ma main droite se posent sur mon bureau, se pliant sous le peu de poids que je leur inflige. Ma tête s’abaisse vers le bas, et vers la droite, tout comme corps s’affaisse d’un cran dans un soupir soudain. Je reporte ensuite ma tête vers la gauche, vissant mes prunelles brunes dans celles… D’Eddie.
Je vois, et je sens, qu’il s’attend et s’apprête à recevoir une remontrance, et quelques remarques salées à l’enrobage doux comme un pilier de béton armé. Mais finalement, il n’y aura rien de tout cela. Je détourne encore mon visage et lève mes bras de chaque côté, avant de les laisser retomber contre mes cuisses, et de le regarder à nouveau.- Installe toi salle 5… Moi, j’ai besoin d’un café. Tu veux que je t’en apportes un ? J’attends sa réponse, puis une fois obtenue, je lui adresse un sourire fatigué, avant d’ouvrir mon bras gauche et de pointer en direction de la fameuse salle. Bien ! Installe-toi, j’arrive.
Je pars dans la salle de repos du personnel, et prépare ce dont nous avons besoin en termes de boissons et de rafraichissement. Une petite bouteille d’eau au passage, et hop, j’y retournes. J’entre dans la salle et pose le tout sur le plan de travail, et m’installe dans la chaise encore chaude.- Tu as de la chance, j’allais partir. Je ne sais pas où tu as acheté ta montre, mais tu devrais te faire rembourser. Un petit rire à moitié sarcastique et un grand sourire m’animent, tandis que je lui indique d’un signe de tête, de s’asseoir sur le fauteuil d’auscultation. Alors, tes épaules ? Des progrès ? Des douleurs ? Comment ça se passe depuis la dernière fois ?
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Re: Eddie, ici !
Jeu 26 Nov 2020 - 20:24
De dehors, il pouvait constater que pas mal de lumières étaient éteintes. Avec un peu de chance, il arrivait trop tard.
Hésitant un moment, le nez en l'air pour tenter de reconnaître où était le bureau d'Evelyn parmi toutes ces joyeuses fenêtres, il finit par faire une moue boudeuse pour lui-même et avança, jusqu'à pousser la porte d'entrer.
À l'accueil, - oh, surprise ! - il reconnut cette petite et fine silhouette.
Eddie affronta le regard stupéfait de la jeune femme, un vague sourire d'excuse sur les lèves. Il demeura ainsi, stupidement, pinçant les lèvres, gêné. Pourquoi est-ce qu'il avait toujours l'impression de se faire remonter les bretelles quand il se tenait face à elle.
- Hey … salut, hm, je …
Elle le coupa. Ses paupières papillonnèrent un instant avant qu'il n'articule un 'ok' à peine audible, baissant le nez vers ses chaussures. À sa proposition, il releva le regard et secoua négativement la tête. Un café ? Même s'il en consommait des litres en temps normal, il n'allait sûrement pas faire le précieux avec tous ses retards accumulés.
- Non … non merci, ça ira.
Un énième sourire en coin, et ses pas le guidèrent jusqu'à la salle 5. Laissant la porte entrouverte, il demeura debout, regardant sans vrai intérêt les quelques tableaux hideux qu'il y avait toujours chez les médecins. Pensif. Regrettant un peu d'être venu, mais évitant soigneusement de repenser aux pourquois de ses blessures.
Il ne s'installa que lorsqu'Evelyn revint, peu enclin à passer encore plus pour un mal-élevé. Il ouvrit la bouche une fois assis, prêt à se répandre en excuses et à avouer qu'il avait tendance à un peu trop oublier quand il s'agissait de se rétablir, mais, de nouveau, elle ne lui en laissa pas le temps, préférant entrer directement dans le vif du sujet. À cette heure-ci, en même temps … le militaire aurait pensé qu'elle l'enverrait chier, ou qu'elle le fasse revenir le lendemain à la première heure.
- Ah, ouais, ahah …
Il eut un petit rire gêné à sa petite pique sarcastique. S'il avait pu, il aurait passé une main dans ses cheveux pour se donner une contenance. À la place, il se contenta de pincer les lèvres, encore, en regardant un coin du bureau de son médecin.
Passant d'un siège à un autre, il resta droit comme un i en attendant qu'elle arrive. De là, il donnait l'impression qu'il était prêt à bondir sur ses jambes pour partir en courant. Il n'était jamais à l'aise quand il s'agissait de se faire ausculter.
Ses poumons se gonflèrent d'air à ses questions, il prit un air inspiré et leva le nez vers le plafond, comme s'il réfléchissait sérieusement à ses questions.
- Hm, ça va …
« Ca va » ; « je vais mieux » ; « je peux m'en sortir », tout allait toujours bien avec Cohen qui se refusait de se voir comme un humain avec des failles. Bah ouais, bien sûr qu'il avait mal, mais ça, c'était logique, non ? Pas besoin de le répéter sans arrêt. Il avait un peu tourné de l'oeil tout à l'heure, mais, hé, c'était de sa faute, non ? Il connaissait les risques. Pas de quoi en faire tout un flan.
- J'ai pas l'impression que ça s'améliore. C'est … stable, quoi, avoua-t-il cependant.
Il laissa son regard vagabonder dans la pièce.
- Je me sens moins fatigué. Je peux de nouveau faire des trucs.
Vivement, il ajouta :
- Rien de fou, hein. Je … supervise des entraînements. Mais je m'assoie souvent et j'utilise m-mes bras le moins possible.
Hésitant un moment, le nez en l'air pour tenter de reconnaître où était le bureau d'Evelyn parmi toutes ces joyeuses fenêtres, il finit par faire une moue boudeuse pour lui-même et avança, jusqu'à pousser la porte d'entrer.
À l'accueil, - oh, surprise ! - il reconnut cette petite et fine silhouette.
Eddie affronta le regard stupéfait de la jeune femme, un vague sourire d'excuse sur les lèves. Il demeura ainsi, stupidement, pinçant les lèvres, gêné. Pourquoi est-ce qu'il avait toujours l'impression de se faire remonter les bretelles quand il se tenait face à elle.
- Hey … salut, hm, je …
Elle le coupa. Ses paupières papillonnèrent un instant avant qu'il n'articule un 'ok' à peine audible, baissant le nez vers ses chaussures. À sa proposition, il releva le regard et secoua négativement la tête. Un café ? Même s'il en consommait des litres en temps normal, il n'allait sûrement pas faire le précieux avec tous ses retards accumulés.
- Non … non merci, ça ira.
Un énième sourire en coin, et ses pas le guidèrent jusqu'à la salle 5. Laissant la porte entrouverte, il demeura debout, regardant sans vrai intérêt les quelques tableaux hideux qu'il y avait toujours chez les médecins. Pensif. Regrettant un peu d'être venu, mais évitant soigneusement de repenser aux pourquois de ses blessures.
Il ne s'installa que lorsqu'Evelyn revint, peu enclin à passer encore plus pour un mal-élevé. Il ouvrit la bouche une fois assis, prêt à se répandre en excuses et à avouer qu'il avait tendance à un peu trop oublier quand il s'agissait de se rétablir, mais, de nouveau, elle ne lui en laissa pas le temps, préférant entrer directement dans le vif du sujet. À cette heure-ci, en même temps … le militaire aurait pensé qu'elle l'enverrait chier, ou qu'elle le fasse revenir le lendemain à la première heure.
- Ah, ouais, ahah …
Il eut un petit rire gêné à sa petite pique sarcastique. S'il avait pu, il aurait passé une main dans ses cheveux pour se donner une contenance. À la place, il se contenta de pincer les lèvres, encore, en regardant un coin du bureau de son médecin.
Passant d'un siège à un autre, il resta droit comme un i en attendant qu'elle arrive. De là, il donnait l'impression qu'il était prêt à bondir sur ses jambes pour partir en courant. Il n'était jamais à l'aise quand il s'agissait de se faire ausculter.
Ses poumons se gonflèrent d'air à ses questions, il prit un air inspiré et leva le nez vers le plafond, comme s'il réfléchissait sérieusement à ses questions.
- Hm, ça va …
« Ca va » ; « je vais mieux » ; « je peux m'en sortir », tout allait toujours bien avec Cohen qui se refusait de se voir comme un humain avec des failles. Bah ouais, bien sûr qu'il avait mal, mais ça, c'était logique, non ? Pas besoin de le répéter sans arrêt. Il avait un peu tourné de l'oeil tout à l'heure, mais, hé, c'était de sa faute, non ? Il connaissait les risques. Pas de quoi en faire tout un flan.
- J'ai pas l'impression que ça s'améliore. C'est … stable, quoi, avoua-t-il cependant.
Il laissa son regard vagabonder dans la pièce.
- Je me sens moins fatigué. Je peux de nouveau faire des trucs.
Vivement, il ajouta :
- Rien de fou, hein. Je … supervise des entraînements. Mais je m'assoie souvent et j'utilise m-mes bras le moins possible.
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Re: Eddie, ici !
Ven 27 Nov 2020 - 11:41
Au début, sa propension à ne faire que des onomatopées, et des phrases d’a-peine deux ou trois mots, commençait sincèrement à m’irriter. Bon, je peux comprendre qu’il soit gêné. Après tout, j’étais sur le point de partir, de rentrer à la colocation, me prendre une bonne douche chaude après avoir traversé une partie du fort dans le froid, me faire un petit truc à manger – ou prendre des restes s’il y en avait – et ensuite, savourer un bon livre, dans mon lit. Avant d’enchainer une autre journée au dispensaire… Hum… Oui, une bonne douche, un bon repas et un bon livre…
Mais en même temps, j’ai un travail à faire, et qu’importe l’heure à laquelle se travail se présente, ni pourquoi ce travail est en retard. Il faut le faire, et vu le dossier d’Eddie, il vaut mieux tard que jamais.
Je fais les gros yeux alors qu’il me dit être moins fatigué, et qu’il peut faire de nouvelles choses, puis les plisses alors qu’il m’assure superviser les entrainements, en restant assis et en n’utilisant ses bras que le moins possible. Le regardant intensément, comme pour essayer de dépister une éventuelle lueur de mensonge, ou de vérité dérobée. J’ai l’air d’une inquisitrice en train de soupeser une âme avec une bonne dose de subjectivité… Finalement, j’abandonne l’idée de l’engueuler, de ne pas le croire ou d’être sur mes gardes. C’est sa santé après tout.- Bien. Le fait que tu aies l’impression de stagner, doit sans doute être causé par la soude. Cela fait… Je regarde le dossier à nouveau. 7 semaines, que tu as été pris en charge. En temps normal, on aurait pu passer à la suite, en enlevant le coude-au-corps. Mais la soude a dû faire beaucoup de mal à tes tissus… D’où les douleurs persistantes, et le retard de guérison. J’appuie sur l’épaule, plus particulièrement devant, sur les côtés et derrière, au niveau de l’omoplate. Puis, je palpe les deux clavicules, accentuant légèrement là où les deux balles étaient entrées, et regarde le faciès d’Eddie. Hum… C’est douloureux, hein ? Une fausse question, étant donné son visage grimacé. Ecoute, Eddie. J’imagine que vivre presque deux mois avec les deux épaules en vrac, ne plus pouvoir faire ton job correctement, et paraître affaibli, ça ne doit pas être évident… Mais tu sais, si tu ne joue pas entièrement le jeu, ça prendra encore plus de temps encore… Tu peux enlever ton haut et te mettre torse-nu, s’il te plait ?/blockquote>
Pendant qu’il s’exécute, je me retourne, en direction de la paillasse. J’y prend une paire de gant, ainsi que l’appareil à échographie, au bout de la salle, dans un coin. Je me retourne, et voit que, évidemment, il n’a pas terminé. Il faut dire que se déshabiller, avec les épaules en vrac, ça n’est pas évident.- Laisse moi t’aider. Promis, je ne te sauterais pas dessus !
Un rire franc termine ma phrase, pour détendre l’atmosphère. Le secondant dans sa tache de retirer ses vêtements, je l’y aide, jusqu’à-ce qu’il soit torse-nu, et qu’il puisse poser son dos sur la table d’auscultation. Doucement – car ça risque d’être froids – j’applique du gel sur les deux cicatrices, et un petit partout autour des points d’impacts. Plaçant l’appareil à ma droite, et la sonde dans la main gauche, je lance l’analyse. L’image est en noir et blanc, bien évidemment. Je balade la sonde de part et d’autre de la cicatrice avant, puis arrière, autour de la clavicule, puis au niveau articulaire et musculaire. Plusieurs clichés m’intéressent. Je les immortalise donc, et les imprime, et une fois l’examen terminé, j’essuie méthodiquement le gel sur le corps de l’homme, avant d’essuyer la sonde, et de jeter mes gants.- Alors…
Je me coupe, car, sortant de ma torpeur professionnelle, je me rends compte du spécimen face à moi. Bon, déjà, il doit me dépasser de plus de 20cm… Et peser au moins 30 kilos de plus que moi… Mais c’est un jeune homme plutôt mignon, malgré son air toujours mal à l’aise, à chaque fois qu’on se rencontre. Faisant semblant de me concentrer sur ses clichés, pour éviter d’apparaître désarçonnée, je m’approche, lui montrant quelques-uns des clichés pris à l’échographie.- Heum… Tu vois là ? Ce qui apparaît moins sombre que le noir autour ? Ce sont ici tes muscles, et ici, tes tendons. Et là, ta clavicule. Niveau osseux, tout à l’air d’aller. Ce qui te gêne encore, ce sont tes tendons et tes muscles. Ils apparaissent moins clairement à l’échographie, ce qui montre qu’ils doivent encore souffrir des effets caustiques de la soude. Je ne pense pas que tu ai besoin d’une intervention chirurgicale pour remodeler tout ça. Mais je t’interdis tout mouvement… Et je dis bien TOUT MOUVEMENT, de l’épaule droite surtout, pendant les 15 prochains jours. Il faut que tout se reconstruise, et je pense que tu ne laisse pas assez de temps à ton corps. Tu es d’accord ?
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Re: Eddie, ici !
Lun 30 Nov 2020 - 13:34
Il hocha la tête à ses explications, enregistrant le tout avec un intérêt non feint. Sans moufter quand elle toucha ses plaies, fronçant les sourcils dans un petit mouvement d'épaules de réflexe aux zones les plus douloureuses. Un bref rire lui échappa quand elle lui demanda si ça faisait mal.
- Un peu, oui.
Son regard se détourna d'elle quand elle lui remonta gentiment les bretelles. Un vague sourire aux lèvres, une expression ennuyée traversant son visage. Il connaissait ce refrain. Il savait.
Retenant un soupir, il ouvrit la bouche pour lui répondre, pour dire que oui, il était au courant, qu'il faisait attention quand même, mais elle enchaîna en lui demandant de se mettre torse nu. Parfait, il n'avait pas besoin de parler.
Et, bien sûr, l'exercice fut bien plus compliqué que prévu. En brave soldat habitué à se débrouiller seul, il essaya, se tortillant comme il le pouvait pour soliciter ses épaules le moins possible, jusqu'à ce qu'Evelyn daigne se retourner et constate d'elle-même qu'elle lui en demandait beaucoup trop.
- Merci, c'est gentil.
Il lui sourit, la dévisageant une seconde sans relever la petite touche d'humour, ne sachant jamais comment réagir face à ce genre de réflexion. Avec l'aide de la jeune femme, le t-shirt fut retiré en quelques secondes, et il put s'allonger, la laissant ainsi faire son travail.
Regard fixe sur le plafond, jamais très à l'aise dans ce genre de situation, il resta sagement couché, sans râler, sans parler. Cela devait sans doute créer un silence un peu gênant, mais pour lui, ça allait. Il était juste concentré et ne souhaitait pas déranger Evelyn dans sa tâche.
Cela dure un moment tout de même, mais quand enfin, elle entreprend de retirer le gel sur son corps, Eddie commence à se redresser, prêt à choper son t-shirt, se rhabiller, et se barrer en vitesse. Pas qu'il était mal à l'aise. Juste qu'il n'aimait pas ça.
Son médecin ouvrit la bouche. Le militaire resta un instant le regard sur les clichés qu'elle tenait, avant d'être interpellé par son silence et de lever le visage vers elle, un sourire fin sur les lèvres – comme toujours -. Il haussa les sourcils, du genre 'oui ?', loin de se douter de la raison de cet arrêt. Finalement, elle reprit.
Il suivit son explication, visage penché sur les clichés, se mordillant la lèvre inférieure. Lâchant un petit soufflement de nez semblable à un rire étouffé face à son autorité, il planta son regard sur elle, hésitant à jouer la carte de l'humour pour désamorcer la côté trop professionnel de l'entretien. Ils étaient proches l'un de l'autre. Elle sentait bon. C'était dingue, ça, que les femmes sentent toujours bons, comme ça, même après une journée de travail.
- Totalement d'accord, souffla-t-il en hochant la tête. Je serais sage, promis.
Et face à son air moyennement convaincu, il ajouta.
- J'aimerais bien pouvoir recommencer à me laver les cheveux tout seul, un jour.
Heureusement qu'il avait des proches en or. Lorsque Hector, son beau-père, n'était pas disponible, il pouvait toujours compter sur Graham ou Stan. Cela créé des situations fort cocasses, mais ils étaient assez proches pour en rire, parfois jusqu'à en avoir mal aux côtes.
- Est-ce qu'il y a des exercices que je peux faire, niveau rééducation ? Pour mobiliser les coudes, peut-être ? Ou faut vraiment que j'attende ?
- Un peu, oui.
Son regard se détourna d'elle quand elle lui remonta gentiment les bretelles. Un vague sourire aux lèvres, une expression ennuyée traversant son visage. Il connaissait ce refrain. Il savait.
Retenant un soupir, il ouvrit la bouche pour lui répondre, pour dire que oui, il était au courant, qu'il faisait attention quand même, mais elle enchaîna en lui demandant de se mettre torse nu. Parfait, il n'avait pas besoin de parler.
Et, bien sûr, l'exercice fut bien plus compliqué que prévu. En brave soldat habitué à se débrouiller seul, il essaya, se tortillant comme il le pouvait pour soliciter ses épaules le moins possible, jusqu'à ce qu'Evelyn daigne se retourner et constate d'elle-même qu'elle lui en demandait beaucoup trop.
- Merci, c'est gentil.
Il lui sourit, la dévisageant une seconde sans relever la petite touche d'humour, ne sachant jamais comment réagir face à ce genre de réflexion. Avec l'aide de la jeune femme, le t-shirt fut retiré en quelques secondes, et il put s'allonger, la laissant ainsi faire son travail.
Regard fixe sur le plafond, jamais très à l'aise dans ce genre de situation, il resta sagement couché, sans râler, sans parler. Cela devait sans doute créer un silence un peu gênant, mais pour lui, ça allait. Il était juste concentré et ne souhaitait pas déranger Evelyn dans sa tâche.
Cela dure un moment tout de même, mais quand enfin, elle entreprend de retirer le gel sur son corps, Eddie commence à se redresser, prêt à choper son t-shirt, se rhabiller, et se barrer en vitesse. Pas qu'il était mal à l'aise. Juste qu'il n'aimait pas ça.
Son médecin ouvrit la bouche. Le militaire resta un instant le regard sur les clichés qu'elle tenait, avant d'être interpellé par son silence et de lever le visage vers elle, un sourire fin sur les lèvres – comme toujours -. Il haussa les sourcils, du genre 'oui ?', loin de se douter de la raison de cet arrêt. Finalement, elle reprit.
Il suivit son explication, visage penché sur les clichés, se mordillant la lèvre inférieure. Lâchant un petit soufflement de nez semblable à un rire étouffé face à son autorité, il planta son regard sur elle, hésitant à jouer la carte de l'humour pour désamorcer la côté trop professionnel de l'entretien. Ils étaient proches l'un de l'autre. Elle sentait bon. C'était dingue, ça, que les femmes sentent toujours bons, comme ça, même après une journée de travail.
- Totalement d'accord, souffla-t-il en hochant la tête. Je serais sage, promis.
Et face à son air moyennement convaincu, il ajouta.
- J'aimerais bien pouvoir recommencer à me laver les cheveux tout seul, un jour.
Heureusement qu'il avait des proches en or. Lorsque Hector, son beau-père, n'était pas disponible, il pouvait toujours compter sur Graham ou Stan. Cela créé des situations fort cocasses, mais ils étaient assez proches pour en rire, parfois jusqu'à en avoir mal aux côtes.
- Est-ce qu'il y a des exercices que je peux faire, niveau rééducation ? Pour mobiliser les coudes, peut-être ? Ou faut vraiment que j'attende ?
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Re: Eddie, ici !
Mar 1 Déc 2020 - 10:51
Il ne représente pas vraiment mon genre d’homme… Enfin, mon genre d’homme basique, celui d’avant la fin du monde. Je préférais les hommes propres sur eux, rasés de près, coupe ajustée et style très citadin. Mais… Je ne sais pas trop pourquoi, mais le combo barbe, cheveux bouclés et yeux profonds… ça m’a presque provoquée un frisson. J’ai réussi – je pense – à me ressaisir et à poursuivre l’entretiens, bien que je ne me sente pas aussi à l’aise que d’ordinaire. C’est bizarre, encore une fois. D’ordinaire, je sais être professionnelle. Même si l’homme sur le brancard est un vrai mannequin, ou un acteur ultra célèbre, je sais rester de marbre, et professionnelle. Mais là, en cet instant… J’ai eu un moment de faiblesse, et je ne sais pas comment récupérer la main sur cette consultation trop protocolaire.
J’essaie de me secouer les idées… Et il m’en donne la clé. En me parlant enfin avec plus que deux ou trois mots par phrases, et en donnant même quelques mains tendues. Il aimerait recommencer à se laver les cheveux tout seul. Cette demande pourrait faire sourire. Après tout, vouloir se laver les cheveux seul, cela peut paraître être un objectif basique, bateau, peu motivant. Mais les personnes diminuées, elles, ont une vision bien différente de celle des autres.
Et à raison ! Quand vous, personne lamba, ne souffrez d’aucune restriction, vous pouvez faire toutes les tâches qui vous semblent quotidiennes : vous habiller seul, vous laver seul, aller aux toilettes seul… Vous laver les cheveux tout seul. Et lorsque l’on prive les gens – définitivement ou temporairement – de ces missions quotidiennes… Le sentiment de dévalorisation et d’impotence, peut être réellement une souffrance difficile à soulager. Et je ressens cela.
Alors, je décide de laisser aller le côté professionnel. Prenant une chaise, je m’installe, face à lui, jambes serrées et position attentive d’écoute active. Lorsqu’il me demande pour des exercices, et que je perce à jour cette crainte d’être réellement impotent et inutile – même durant une petite période, qu’est-ce que deux ou quatre semaines face à toute une vie – je le regarde, les yeux empli de douceur, le visage incliné légèrement vers la gauche.- Je comprends… Je baisse les yeux, dans une moue compatissante, alors que je réfléchis aux mots choisis. Eh bien… Pour ton épaule droite, je pense sincèrement qu’il faut la laisser au repos strict pendant au moins quinze jours… La soude à vraiment fait beaucoup de mal à tes tissus, et ils souffrent encore actuellement. Par contre, pour ce qui est de l’épaule gauche… J’imagine que tu pourrais commencer des exercices. Je te conseil d’abord d’essayer tendre ton bras complètement vers le bas, en verrouillant le coude. Et ensuite, de monter le bras d’un bloc, coude bloqué, le plus haut possible. Aussi, mettre le bras en forme d’équerre, et lever uniquement l’épaule, coude tourné vers l’extérieur, pour que le coude arrive à hauteur d’épaule. Tu vois ? Bouger ton épaule de face, et bouger ton épaule de profil. Tu risques d’avoir mal en faisant ça… Mais ton corps reprendra en force. Et dans quinze jours, je pense que tu pourras faire de même avec l’épaule droite. Et ensuite eh bien… Tu devrais pouvoir être de nouveau autonome pour juste avant Noël. Je sais que c’est long… Mais ce que tu as subi c’est… De l’horreur à l’état pur… Mais tu en sortiras plus fort. Fait moi confiance, Eddie.
J’espère que la voie de la douceur et de l’empathie l’aideront à se ce qu’il puisses m’écouter, et comprendre, et surtout, suivre les règles.
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