« I'M BACK, BITCHES !! »

Et elle est sacrément contente d'être là, Zelda ! C'est la première fois qu'elle remet les pieds à la maison suite à la désastreuse expédition au musée. Sa guérison ayant été jugée satisfaisante, Ivy l'a autorisée à profiter de ses colocataires pour cette journée si spéciale. De toute façon il était hors de question qu'elle manque Noël. Et ça, elle l'a bien fait comprendre à la doc. Hormis son anniversaire, c'est le seul jour de l'année où on lui offre volontairement des cadeaux ! Comme si elle allait louper ça...

Ainsi donc Kassy est venue la chercher au dispensaire tandis que les autres préparaient sans doute le repas du jour et tout ce qui est nécessaire pour fêter la naissance du petit Jésus de manière à peu près correctement. C'est aussi Kassy qui l'a aidée à dégoter les cadeaux qu'elle souhaitait faire à ses colocataires. Sans elle, c'est sûr, elle aurait été bien embêtée. Mais comme toujours, sa comparse a répondu présente. Tout comme elle le fait en cet instant, en l'aidant à retirer son manteau d'hiver. « Salut tout l'monde ! » annonce-t-elle dans la foulée en rejoignant les autres en compagnie de sa partenaire de crimes. Ah, en fait, elle avait presque oublié un petit détail qui se résume à la présence d'une chevelure rousse. « Oh, pardon ! Salut tout l'monde sauf Misha ! » précise-t-elle alors, bien décidée à reprendre les bonnes vieilles habitudes.

L'australienne décoche des sourires aux autres, quelques mots qui se veulent agréables puis s'arrête devant Max : « T'es prêt pour ton bizutage, p'tite tête ? » C'est son premier Noël avec eux et le petit nouveau de la colocation. Elle compte bien l'embêter un petit peu, donc. « On mange quoi ? J'ai une faim d'rôdeur, j'vous préviens ! » demande-t-elle au reste de l'assemblée avant de se tourner vers la table magnifiquement décorée puis Clay. « Elle est obligée d'être là, la grognasse ? » lui demande-t-elle un ton plus bas avant d'aller s'installer avec les deux autres jeunes.

Maya avait terminé les cadeaux de ses camarades de la colocation. Le soir, depuis la fin du mois de novembre, Maya s'ecclipsait régulièrement dans sa chambre pour travailler des morceaux de bois, dans le calme, éclairée par la lampe de chevet de son bureau. Les pierres mises de côté, rien ne l'empêchait de travailler le bois. Non pas pour travailler des armes, mais pour fabriquer de petites amulettes à destination de ses colocataires. Chacun aurait la sienne, Maya avait tout prévu.

J'ai pensé à plusieurs animaux, qui selon moi, les représentait... J'ai du réfléchir à deux fois pour certains ! Mais je pense que j'ai réussi à faire quelque chose de convainquant ! Maya avait terminé celle de Max en dernier, le connaissant depuis trop peu de temps pour pouvoir être précise, mais elle avait insisté pour lui faire quelque chose. Après tout, y a pas de raison, c'était ce que je m'y suis dis.

Elle avait terminé d'emballer ses amulettes dans des petites enveloppes en kraft. Une tortue pour Éric, à cause de cet air courbe qu'il avait parfois à force d'être penché sur ses notes. Un vieux singe pour son père, le plus sage d'entre eux. Un lion pour Clayton, qui semblait avoir la hargne et le courage de ce dernier. Une ourse pour Misha, pour l'anecdote, mais aussi pour son rôle de jeune mère que sa meilleure amie encourageait. Pour les adolescents, il fallut se creuser également la cervelle ; mais à la fin, elle avait opté pour un écureuil pour Kassidy, un animal bien courageux par rapport au monde hostile sans lequel il évolue, qu'on sous estime, la plupart du temps. Pour Zelda, le renard sembla pour la chercheuse un bon compromis, rusé, se faufilant partout et ironiquement, qui était capable de semer la zizanie dans un poulailler. Max semblait avoir quant à lui la vivacité et l'esprit aussi vif qu'un corbeau. Maya avait passé les dernières vingt-quatre heures à noircir le bois de l'amulette jusqu'à le rendre brut et assez foncé pour donner lieu à de belle finition. Pour finir, Coleen avait également eu le droit à son collier, dans un bois brut à peine travaillé, une chute de bois d'une forme longiligne : une libellule aux ailes assez grosses pour accueillir les gencives de la fillette qui serait plongée en plein dans cette période.

Pour l'occasion, Maya avait coiffé ses cheveux d'une guirlande et était alors descendue lorsqu'elle avait entendu Zelda rentrer. Bien heureusement, ses oreilles étaient restées à l'abri des remarques de Zelda. Daniel lui, avait simplement grogné en entendant l'adolescente, passant derrière elle en lui pressant les épaules affectueusement, chuchotant simplement un « doucement... » pour calmer les esprits. Maya descendit la dernière marche en un petit bon et agita son petit panier dans lequel reposait les petites enveloppes rebondies en kraft. « Tadaaaaaa ! Le Père Noël est passé ! » Scanda-t-elle d'un ton joyeux avant de s'approcher des deux adolescentes : « J'suis contente de vous voir les filles ! Les nuits étaient ponctués que par les ronflements de papa et de Clay' ! » Ajouta-t-elle en plissant des yeux malicieux à l'intention de Daniel et du routier.

« Et pas touche aux biscuits avant le dessert ! » Dit-elle avec désinvolture, faussement autoritaire en en prenant un sur la petite table du salon qu'elle glissa entre ses dents en haussant les sourcils rapidement en une expression espiègle.

Ça fait déjà quelques années que Kassandra ne porte plus Noël dans son cœur. Ce qui a toujours été un rêve d’enfants et un bon nombre de réveillons passés en famille n’est devenu qu’un condensé de soirées qui n’égale que très peu ce que Noël est censé représenter. Adieu la montagne de cadeaux, la longue table autour de laquelle est réunie toute la famille, adieu les cousins et les cousines qu’on ne voit qu’une fois par an ainsi que la bonne dinde et les jolies décorations. Les fêtes de fin d’année à Fort Ward sont toujours restées intéressantes et plutôt festives, mais cette année... c’est tout le monde chez soi et en petit comité.

Ils ont tous mis un peu du leur dans la décoration de la maison avec un sachet de guirlandes et de décorations qui sont venues décorer la salle à manger. Clayton et Kassandra se sont abandonnés à la décoration du sapin plus tôt lors du mois de décembre... et tous s’efforcent de faire de leur mieux pour préparer une soirée de Noël assez spéciale, en dépit des différentes circonstances évidentes qui rendront cette soirée encore plus spéciale que les autres.
Le retour de Misha dans les bras de Clay en fait partie. Kassandra a fait de son mieux pour ne froisser aucun des deux adultes depuis qu’ils se sont remis ensemble, mais a pris un malin plaisir à délivrer l’information à Zelda qui, bien évidemment, ne garde jamais sa langue dans sa poche et passera certainement la soirée à lui rentrer dans le lard.

Elle l’aide à retirer son manteau, restant aux petits soins pour sa meilleure amie depuis son retour de mission. Elle est tout aussi chagrinée, dérangée que Zelda quant à l’hypocrisie de l’une et la naïveté de l’autre... mais elle n’en dira rien. C’est pas son genre, et celle qu’elle considère comme sa jumelle le sait très bien.

Elle range son manteau, puis rejoint la petite famille dans le salon où elle s’empresse déjà de toucher aux biscuits qui traînent sur la table de salon. Elle ne s’attendait pas réellement à déjà avoir le droit à un cadeau, mais elle aperçoit Maya approcher avec un panier dans lequel trônent deux petites enveloppes. « J’suis quand même déçue de pas avoir le droit de le voir, le Père-Noël, cette année... » dit-elle d’un ton un peu amusé, se remémorant le vieux monsieur qui est venu lui offrir des cadeaux les deux réveillons consécutifs ayant suivi son arrivée à Fort Ward. Elle n’a jamais su qui se cachait sous cette longue barbe, elle était trop petite pour s’y intéresser. « Il fallait pas, Maya... »

Elle la prend dans ses bras et vient délicatement embrasser sa joue avant de s’attarder sur son enveloppe. Une amulette en bois, travaillée spécialement par Maya. La sienne cache un écureuil, celle de Zelda, un renard. Le cadeau de Maya est magnifique, elle le portera sans aucun doute tous les jours. L'adolescente a toujours eu un petit faible pour les accessoires. Sans trop y réfléchir, Kassandra comprend tout de suite le sens qu’ont ces amulettes... Elle la remercie avant d'enfiler la sienne autour de son cou.

« Moi, j’ai prévu de respecter la tradition... vous aurez vos cadeaux plus tard. » Pas le lendemain matin, non. Plus tard dans la soirée, il est important que si Kassandra leur offre un cadeau, ils l’aient tous en même temps. « Et comme ton cadeau à toi est très spécial, il va falloir attendre un peu et ne pas être trop curieux... » Elle joue avec Clayton, le taquine gentiment. Il a beau être curieux, ni Zelda, ni Kassandra ne se trahiront en lui livrant des indices sur un cadeau qui lui fera plaisir à coup sûr... et qui fera grincer les dents à d’autres.

J’ouvre le petit paquet de Maya, un oiseau en pendentif, j’ai une tête de piaf c’est pour ça ? Nan en vrai il est cool : « Fallait pas, c’est gentil merci. » J’ai bien fait de prévoir des trucs alors, heureusement que je suis quelqu’un de sage et de prévoyant : « J’vous connais pas bien et j’ai pas eu beaucoup de temps pour réfléchir. » Ouais, je tends le premier paquet à Clayton, c’est lui le maitre de maison, enfin, c’est vraiment tout ce que me répété Z et K donc voilà. A son oreille, je lui dit : « C’est un numéro spécial rousse, les filles m’ont dit que t’aimais bien… chut. L’ouvre pas ici. » Ouais, play boy spécial rouquine, il semble aimer les filles et il faut le détourner de Misha, ça devrait l’aider non ?

Je me justifie de mes cadeaux un peu naze en accusant Z et K : « Je suis désolé, au début j’avais pas prévu de faire de cadeaux, pis les filles m’ont dit que je devais avoir une offrande pour Clayton et ça me semblait pas réglo de pas en faire pour les autres. » Ouais, du coup j’vais chercher mon petit sac et je sors les paquets emballés à la zob pour les autres zouaves et tout. Je commence à les distribuer

« Misha, Maya, Les filles, c’est un cadeau commun pour vous deux. » Pour Misha, c’est un truc pour le bébé, j’ai récupéré des linges et tout. Comme ça, je suis sûr de pas faire de connerie. Maya, j’ai trouvé de la pyrite en marchant un jour. Pour Z et K, j’ai trouvé un gros plaid pilou-pilou énorme, juste pour qu’elles puissent se rouler dedans, si j’ai bien compris elles adorent se faire des câlins. Ouais, le Max il pense aussi aux filles quand il faut et pas uniquement dans le mauvais sens !

J’commence à jouer avec l’amulette de Maya… un corbeau ? Quitte à être un piaf, j’aurais préféré être un aigle d’Egypte, ça c’est intelligent comme oiseau. Mais bon, c’est gentil comme tout alors j’vais pas lui cracher dessus ! C’est déjà cool de sa part d’avoir pensé à moi non ? Par contre, les autres là, j’ai rien pour eux, j’espère qu’ils comprendront… sinon tant pis pour eux.

« Quelqu'un me parle ? »

Elle peut être butée, Zelda, quand elle n'apprécie pas quelqu'un. Et si Misha a répondu à sa petite provocation en faisant preuve de maturité, l'adolescente semble bien décidée à poursuivre ses efforts pour ignorer la rouquine. « Crois-moi Clay'... J'suis déjà en train d'faire un effort, là ! » précise-t-elle à son père adoptif quelques instants plus tard, lorsqu'il l'enjoint à se montrer plus agréable. Noël, après tout, c'est un jour comme les autres. Les cadeaux en plus !

Elle dépose néanmoins sa main sur l'avant-bras du routier pour lui signaler qu'elle fera de son mieux pour ne pas provoquer une guerre civile. « Par contre c'est mort, t'auras aucun indice ! Va falloir faire travailler ton imagination ! » précise-t-elle, faisant écho aux paroles de Kassy. Il est trop curieux, le routier. Et puis Zelda approuve son amie lorsqu'elle précise qu'elle entend respecter la tradition. « Ouais, vous allez devoir attendre ! » Les cadeaux, on se les donne après le repas. Sinon il n'y a plus de magie.

Mais Maya s'empresse déjà de lui remettre une petite enveloppe. « C'est quoi ? » demande-t-elle avec un brin de naïveté, sachant pertinemment qu'elle n'obtiendra pas de réponse. Elle secoue le petit paquet, essaie de deviner ce qu'il peut bien renfermer. « Oh ! » lâche-t-elle, d'abord un peu déçue. Elle espérait quelque chose de plus... dangereux ! Un petit couteau, par exemple ? Ou des munitions prélevées illégalement dans le stock ! Mais bon, le poids de l'enveloppe l'avait déjà privée de cette possibilité. « C'est... cool ! » reconnaît-elle, faisant de son mieux pour ne pas paraître ingrate. Et puis elle comprend que ce n'est pas vraiment l'amulette qui compte mais plutôt ce qu'il symbolise. Il incarne la vision que Maya semble avoir d'elle. « Un renard, c'est rusé ! » Et roux, aussi. Comme Clyde... Cela dit elle ne va pas faire un scandale et son sourire renaît. Elle l'adresse d'ailleurs à l'infirme. « Merci beaucoup ! » Moins prompte à enlacer les gens et à faire des bisous que sa soeur, elle se contente d'une tape amicale sur l'épaule de sa colocataire. Mais elle aussi elle est contente de la revoir, Maya. Elle, au moins, elle va pas tromper son mec avec le premier psychopathe venu !

« T'as grossi un peu, toi, non ? » taquine-t-elle Daniel en écrasant affectueusement son coude dans le flanc de son ventre. Elle se réjouit de pouvoir à nouveau faire une partie d'échecs ou deux avec lui. Mais déjà un autre cadeau arrive. Celui de Max, cette fois. Un gros plaid ! Un cadeau commun pour Kassy et elle. Zelda échange un regard avec sa soeur : est-ce qu'il sait quelque chose, Max ? C'est une manière de leur faire comprendre qu'il a compris leur petit secret, ça ? Forcément, l'australienne rosit des joues... « C'est... original ! » Et un peu gênant, aussi ! « Ouais, vraiment original ! » répète-t-elle, un peu désabusée, en interrogant Kassy de son regard clair : est-ce qu'elle lui a dit quelque chose ?

« Et vous l'trouvez comment Max, sinon, les gens ? » demande-t-elle à tous ses colocataires, bien décidée à changer de sujet. « Il vous a déjà volé un truc ou pas encore ? » En vérité elle ne pense pas qu'il soit comme ça, le petit nouveau de la maison. Mais on ne sait jamais... Quoi qu'il en soit elle profite de l'occasion pour se saisir de l'un des biscuits que Maya a déposés sur la table. Miam !