Je m'étais extirpé de la conversation inintéressante dans laquelle on m'avait quasiment oublié avec un "Je reviens.", avant d'aller trouver un coin tranquille, adossé à une paroi extérieure, je me suis laissé glisser contre le bois du bâtiment en poussant un long soupir, repliant les jambes contre mon torse en y posant les bras.

Mes yeux fixaient le vide, je n'étais pas vraiment là. Je n'en revenais pas d'avoir pu perdre Logan. Je me disais qu'elle était certainement seule dehors, entrain d'attendre quelque part. Il faisait si froid. J'espérais qu'elle ait pu trouver un abris, et que ceux qui m'avaient attaqués, qui qu'ils soient, ne l'aient pas touchée. Je ne me souvenais pas de ce qu'il s'était passé, mais je n'avais de cesse de me convaincre que si elle avait été tuée, je m'en souviendrais, peu importe la force du coup que j'avais reçu.

J'ai vite vu qu'à The Haven, ils n'avaient pas bien pris le fait de dévoiler comme ça l'emplacement du camp à un inconnu, d'ailleurs, je comprends les regards de travers, et l'impression d'être constamment observé. Au moins là, j'étais au calme, seul, et personne ne pouvait me dévisager.

J'avais envie de partir, de chercher Logan, de chercher Nancy. Elle aussi. Elle était forcément près d'ici, que ce soit à Tacoma ou dans ses alentours, elle devait bien être quelque part. Elle ne pouvait pas être morte, je ne l'autorisais pas à m'avoir quitté elle aussi. Elle était le dernier rempart qu'il me restait de ma vie d'avant. Arthur était certainement mort, mon père aussi, et mes amis de l'université également. Avec la mort de Nate, c'est de penser Nancy et son enfant vivants qui m'a permit d'avancer un peu plus chaque jour.
Je souffrais de l'absence de tous ces gens que j'aimais, de la perte de mon frère surtout. Je m'étais préparé à la mort de ma mère. Pas à celle de Nate. Je revoyais son visage, terrifié et furieux de voir qu'on me faisait du mal, et puis le tir, qui résonnait encore à mes oreilles après près d'un an. J'en faisais encore des cauchemars quand j'arrivais à dormir. Et depuis que je me suis réveillé ici il y'a deux trois jours, ils reprennent de plus belle, plus clairs, je revis ce cauchemar chaque nuit, et je tends la main, j'essaie de me mettre en travers de la balle, mais je ne peux pas bouger, je suis paralysé.

J'aurais dû la prendre cette balle, ce n'est pas un père, un fiancé, un chef, qui aurait du mourir. Ils auraient peut-être souffert de ma perte, mais ils auraient eu une famille. J'ai l'impression d'avoir détruit cette famille par le simple fait d'être encore en vie.

Je soupirai et secouai la tête pour chasser ces pensées si sombres de mon esprit, me tordant les mains en avalant ma salive difficilement en passant un bras sur mes yeux. J'étais trop émotif, je le savais, mais c'était plus fort que moi et ça m'énervait de me sentir aussi sensible.

Assis là, je me sentais en fait pas mieux que pris dans une conversation dans laquelle je ne comprenais rien, car au moins, ça me distrayait. Je devrais peut-être y retourner ?