Je me sentais.. profondément seule. Accompagnée seulement par le sifflement du vent, puis parfois des grognements lointains, puis le silence. Encore et toujours. Je priais tout les dieux, même si je ne suis pas croyante, pour que Joséphine et Gemma puissent arriver en un seul morceau au campement. Il n'y avait pas de quoi s'inquiéter, malgré la vieillesse de la voiture, j'ai bien remarquée que son seul défaut était de se déconnecter de la batterie. Mais je n'arrive pas à m'en empêcher. Puis je commence à penser à Caleb, à sa réaction, comment il allait vivre mon absence. Mes poings se serrent. J'espère qu'il ne va pas jouer les héros et risquer sa vie pour venir me chercher, je commence à le connaître. Mais je sais que Andrea ne le laissera pas faire une telle bêtise. Je ne remarque pas le sourire courber doucement mes lèvres, ni même les premières larmes rouler sur ma peau laiteuse. Envahie par diverses émotions principalement négatives, je me rend compte de l'humidité sur mon visage lorsque je suis victime de frêles tremblements glaciales, et je passe aussitôt une main pour essuyer mes joues. Je dois rester forte. Ne pas me laisser manipuler par les sentiments, mon esprit, ma solitude. Penser à ce soir, à demain, planifier mon retour.

J'étais prête à faire le tour de la maison pour tout sécuriser, me trouver la pièce où je me sentirais le mieux, des couvertures et tout le tralala pour occuper mon esprit et reprendre des forces. Mais un bruit inquiétant dans mon dos, en direction d'une fenêtre, me fait bondir de ma place et je suis aussitôt en position défensive, un œil sur ma machette bien trop loin de ma position lorsqu'un homme me fait face. Tout mes sens sont en alertes, je me dis même que j'ai dû faire une choses horrible dans la vie pour avoir autant de malchance. Malgré l'angoisse grandissante de me retrouver seule avec un homme, je reste Immobile et je l'écoute. Car malgré ma peur toujours présente du sexe opposé, je reste attentive à ses paroles et surtout à son accoutrement qui n'a rien à voir avec un solitaire. Oui il a des vêtements un peu tachés, mais il reste malgré tout trop propre.

Aucun son ne sort de ma bouche, j'étais bien trop flippée à l'idée que ce soit un fou dangereux comme Peter, et j'avais toujours la gorge nouée sous l'effet de mes émotions. Fallait quand même que je lui réponde, alors j'hoche doucement la tête suite à sa question en enveloppant mon torse de mes bras fins, louchant sans retenu sur la boîte de conserve qu'il aimerait m'offrir. Je pense au contenu de mon sac, très pauvre en nourriture puisqu'il ne contenait qu'un petit sachet de chou-fleur comme casse-croûte pour la route. Le trajet ne devait pas durer plus de quatre heures ! Très lentement, à l'image d'une biche effrayée prête à prendre la poudre d'escampette, je tends un bras pour saisir avec douceur et précaution son cadeau. Merci.. Soufflais-je, en me redressant après un grand pas en arrière. Je m'appelle Lily. J'essaye d'avoir un mince rictus accroché à mes fines lèvres, alors que je retourne m'asseoir parterre contre le vieux sofa du salon et proche de mes affaires.

Tu viens d'où ? Que je lui demande finalement, toujours curieuse et surtout dérangée par le silence, alors que mes yeux quittent son visage pour observer la boîte de conserve. Je la retourne dans tout les sens par précaution, m'assurant qu'elle soit bien scellée. Je vais même jusqu'à sentir son contenu lorsque je décide de l'ouvrir ; je crois que même si elle était empoisonnée, j'avais tellement faim que ça me conviens.

Je devais ressembler à une véritable sauvage à cet instant précis, à vider la boîte de conserve avec mes doigts comme une véritable rapace. Je ne mourrais pas tellement de faim mais je ne voulais pas perdre des forces dans l'immédiat, surtout avec un homme coincé avec moi dans une même maison, même si cette nourriture était fraîchement offerte par ce dernier. Je me souviens du comportement de Peter, lors de notre rencontre, qui avait été un parfait gentleman et avec qui je partageais de nombreux points communs.. Jusqu'à ce que le verre de trop lui donne envie de me sauter à la gorge pour me sauter tout court.

Un petit sourire discret effleure mes lèvres pendant mon nourrissage alors que l'inconnu se présente une seconde fois. Soit il était tête en l'air, soit il jouait bien la comédie. Bon, je reste sur mes gardes mais j'essaye de paraître un peu plus amicale en décidant de lui répondre avec sincérité : Moi j'étais fermière alors.. Je pense pas si ça a une utilité ici ! J'ai un léger rire qui s'échappe, m'imaginant essayer de faire pousser une graine en une heure. Mais je suis bricoleuse, alooors... J'hausse machinalement les épaules. .. on sait jamais, peut-être qu'il y aura un truc à réparer.

Je décide finalement de me lever, en déposant la boîte de conserve à moitié entamée sur la table basse vieilli par le temps. J'étire mes bras en laissant un regard glisser vers l'escalier qui mène à l'étage supérieur, un peu gênée de devoir lui offrir une telle réponse : Non désolé, j'ai uniquement frappée quelques coups contre la rambarde.. Je frotte mes mains contre mon pantalon, avant de récupérer avec fierté et un large sourire aux lèvres les trois couvertures posées sur le sofa. Mais j'ai trouvée ça en farfouillant ici ! J'étais pas hyper motivée à monter seule fouiller les chambres, mais c'est pas pour autant que je me tourne les pouces.

Alors l'informaticien, on part se faire un tour à l'étage ? Ce qui est certain, c'est que je n'allais pas prendre la première position pour grimper vers les chambres.