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Hauteur glacée [ZELDA]

Dim 7 Fév 2021 - 19:54

Ils n’étaient que de petits insectes perdus dans l’immensité blanche. La neige était la pire des choses selon lui. Il était sûrement le seul à ne trouver aucune beauté dans ce sol blanchâtre. La verdure lui manquait. Le ciment aussi. Deux choses bien contradictoires mais qui l’amenait simplement à souhaiter le retour de l’été. Mirco était un homme du soleil, et le froid ne le rendait jamais heureux. Pour autant, il gardait un éternel sourire plein de chaleur accroché au visage. Il montrait toujours le meilleur de lui-même. Cette façade, les gens l’appréciaient. Cela réchauffait leurs âmes et apportait un peu de positivité dans ce monde de merde. Il aimait passer pour l’homme sympathique qui ne se prenait pas la tête. Au moins, laisserait-il une marque positive dans le cœur de certaines personnes. Pour ceux qu’il avait trahis et bien… Ils étaient trop morts pour parler. Et l’homme avait une force intérieure déconcertante à ce sujet, une force incommensurable pour passer à autre chose et faire comme si ça n’avait pas existé. De cette façon, l’italien survivait mentalement.

Évidemment, il n’intégrait pas dans ses sujets de conversation les fantômes de son passé. Jamais personne ne posait trop de questions ici. Ce qui lui convenait. L’homme n’avait jamais été fier de ses choix. Mais s’il avait dû refaire les scènes dans son esprit, il aurait choisi la même finalité…

Ainsi, les détails de son ancienne vie étaient relayés au second plan. Tout le monde ici avait perdu quelqu’un de manière violente et avait dû faire des choix entre la survie de l’autre et de la sienne. Mais ce n’était pas pour autant qu’il fallait en parler librement. Selon Mirco, parler de ce genre de choses pouvait éveiller la méfiance. Les gens parlaient vite et mal. Depuis quand les secrets étaient bien gardés ?
Donc, Mirco avait fait le choix de faire attention à ce qu’il disait. Les mots étaient une vraie arme. Il le savait lui-même. Les mots pouvaient protéger comme piéger. Le secret était de parler lentement et d’observer.
En regardant les alentours, il ne percevait rien. Il balayait d’un regard le paysage endormi, percevant la petite lueur à l'opposé de son poste d’observation. L’autre poste était plutôt actif, il ne s'arrêta pas de marcher. Par ce froid, c’était une plutôt bonne idée. Mais le brun lui restait immobile, fixant cette neige tombée comme un fin tissu sur la terre ferme. De longues minutes s’écoulaient, mais la lenteur du temps ne l’affectait pas. Il n’avait même pas sommeil.


Il était possible de marcher dans la poudreuse en silence à petit pas. Pourtant, dans le calme de la nuit, si l’on tendait bien l’oreille, il était possible de déceler tous les petits bruits. Même les bruits de souris… Enfin, le genre de souris que devait peser un peu plus de trente-huit kilos.

Il glissa le point de lumière sur le visage qui passait furtivement d’une ombre à une autre. Il fallait bien tendre l’oreille pour l’entendre. Elle était vive et discrète. Il connaissait son visage mais n’avait jamais eu d’occasion de lui parler. Elle était toujours fourrée avec son groupe de jeunes.
Avec cette neige épaisse qui tombait, elle se fondait davantage dans le décor. Il siffla tout doucement. Un sifflement long et léger fait pour attirer l’attention du visage qui cherchait à fuir l’attention des veilleurs.

« Je t’ai vu. Ce n’est plus la peine de te cacher. Tu es venue observer la neige ou avais-tu autre chose en tête ? » dit-il amicalement sans une once d’animosité. Si le faisceau de lumière ne l’éclairait pas, il était aisé de comprendre qu’il souriait. « Si tu n’as rien à faire, tu peux toujours monter. A moins que tu n’ai d'autres projets secrets... »
Il aurait pu aussi bien lui dire d’aller se coucher. Mais les adolescents ne se maîtrisaient pas de cette façon. Il se demandait comment aurait été sa fille. Elle qui avait un caractère bien trempé de son vivant. Une vague de tristesse le submergea mais il soupira doucement pour évacuer la tension.
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Re: Hauteur glacée [ZELDA]

Mer 10 Fév 2021 - 3:41

« J'essayais pas d'me cacher ! »
C'est un peu la seule chose qu'elle trouve à dire, là, Zelda. Parce qu'elle se pensait plus discrète que ça et puis surtout, parce qu'elle se sent un peu bête d'avoir été repérée malgré les efforts qu'elle a déployés pour faire preuve de vigilance. Quelque part elle est tout de même un peu soulagée, aussi. Parce que ça veut dire que cette sentinelle est alerte et que si un de leurs ennemis de New Eden avait été à sa place, il l'aurait sans doute également repéré. « J'vérifiais simplement qu't'étais vigilant... » invente-t-elle en sortant de sa cachette. À savoir, l'angle d'un arbre à peu près deux fois plus large qu'elle.

Elle le connaît, cet homme. De vue, surtout. Le camp est vaste et ses habitants, nombreux. Et puis bien sûr, ils se renouvellent au gré des arrivés et des trépas. Lui, il est déjà là depuis un certain temps. Et le fait qu'il soit encore en vie alors qu'on lui a confié une arme tend à prouver qu'il n'est pas né de la dernière pluie et qu'il n'est pas aussi inutile que les scientifique ou que Maddie peuvent l'être, par exemple. « Qui voudrait gaspiller du temps à regarder d'la neige tomber, hein, en plus ? » Un petit sourire naît sur la commissures de ses lèvres. Elle a été hypnotisée par les premières neiges qu'elle a découverte sur le continent américain. En Australie, il n'y en a jamais. Mais les mois puis les années se sont écoulés et maintenant, elle considère surtout cette curiosité météorologique comme une menace. Et le signe évident qu'il fait beaucoup trop froid pour une fille habituée au soleil. « C'est juste d'la bête eau solidifiée... » Et puis surtout, on finit par se lasser de tout. Sauf de la vie, peut-être.

« Elle est sincère, ton invitation ? » Parce que si elle n'a pas d'autre plan secret en tête que celui de prendre l'air et de s'aider à trouver le sommeil, elle n'est en revanche pas sûre que cet homme n'incarne pas une menace. La nuit, il faut se méfier de tout le monde. Et le jour aussi, en fait. « Ou tu veux juste m'voir de plus près pour pouvoir m'balancer à Stan' ou Arizona ? » Parce que ça aussi, c'est une possibilité. Peut-être qu'il ne l'a pas reconnue.

Mais Zelda aime le risque. Et puis cet homme n'a pas l'air en colère. On le dirait plutôt amusé. C'est ce qu'elle s'imagine deviner derrière l'éclat de cette lampe. « Okay, j'arrive ! » Et la voici qui escalade la tour pour finalement profiter de cet abris bienvenue. Elle dégage la neige de son bonnet et de ses épaules, secoue un peu ses jambes pour délester ses chaussures de sa présence. « Marco, c'est ça ? » C'est un prénom italien, ça, non ? Ou peut-être espagnole ou portugais. Elle connaît une seule phrase dans ces langes. Une seule. Mais c'est plus qu'assez. « Dónde está la biblioteca? » Est-ce qu'il comprend ? Parce que elle, elle ne sait même pas vraiment ce qu'elle est en train de lui demander...
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Re: Hauteur glacée [ZELDA]

Ven 19 Fév 2021 - 19:45


Elle avait l’air coupable. Même en étant un peu lent d’esprit, cela se voyait qu’elle essayait de se cacher de quelque chose. Une chance que cela ne soit qu’une adolescente et qu’il ne voyait aucun intérêt à la balancer. Elle ne faisait rien de mal… Enfin, c’est ce qu’il supposait. A la voir s’agiter dans la neige, sautant d’une ombre à une autre, il percevait sa volonté de fuir. Elle fouillait peut-être le sommeil, un cauchemar ? Un rire léger mêlé à la vapeur de sa respiration s’échappa de sa bouche.

Le veilleur surveillé. Ce serait une bien belle histoire ça… Cette fille était très douée pour trouver des excuses bidon. Elles s’échappaient de sa bouche si vite qu’il semblait que les tentatives de mensonges étaient une seconde nature chez elle. C’était un mécanisme de défense d’adolescent. « Ravi de ta satisfaction. Les prochaines nuits tu pourras donc dormir sur tes deux oreilles. Mais tu ferais peut-être bien de vérifier tous les postes de garde, je ne suis chargé que du nord aujourd’hui. »
A moins que le problème ne vienne de l’intérieur. Après tout, les morts pouvaient se réveiller au sein du groupe. Même si les vaccinés étaient protégés contre ce problème, il restait toujours des personnes qui ne l’étaient pas. Ses pensées négatives étaient bien gardées. Un sourire bref étira ses lèvres pour s’éteindre une seconde.

« Je ne suis pas d’accord, certaines personnes peuvent apprécier la mélancolie que l’on ressent à voir de la neige tomber. Hm. Enfin, comme je n’aime pas cette étendue blanche, je devrais plutôt me ranger de ton coté. » Il se reprenait avec une voix un peu théâtrale. « Je rectifie donc. Oui tu as raison, il n’y a aucun intérêt à voir de la neige tomber. Mais au moins les tours de garde sont tranquilles ! Glacials mais tranquilles. » Il trouvait plus distrayant de voir un mort vivant se débattre dans la neige sans jamais se fatiguer. Mais à l’horizon, il n’y avait rien d’autre que cette étendue blanche. Malgré le manque évident de discipline de la jeune fille, Mirco appréciait avoir un peu de compagnie. Il espérait juste pas avoir à se justifier si quelqu’un venait à remarquer qu’il l’avait autorisé à monter…

La fille semblait hésiter avant de monter. La méfiance était une bonne chose. A cette époque c’était une qualité… Les gens devenaient fous pour pas grand-chose. Alors, il lui laissa tout le temps de réfléchir.
Elle n’avait pas à s’inquiéter. Dans l’immédiat, elle n’était pas une menace. Il n’avait rien à gagner ni rien à perdre de la dénoncer. L’unique vraie chose qu’elle pouvait lui apporter là tout de suite, c’était une conversation un peu distrayante pour lui permettre de voir les heures défiler plus vite. La plus jeune agile, monta plus vite qu’il ne le pensait. Elle tenta tout de suite de communiquer avec lui en espagnol. Il se mit à rire sans pouvoir se contrôler. En Amérique, l’espagnol était la deuxième langue la plus parlée du pays. Peut-être avait-elle entendue ça à l’école.

« Tu as fourché sur une lettre. Mais ça me fait plaisir que tu aies une vague idée de comment je m’appelle. C’est Mirco. Je ne parle pas l’espagnol surtout parce que je suis Italien. Je n’ai aucune idée de ce que tu viens de dire, mais j’aurais préféré que tu te présentes. Je ne sais pas du tout quel est ton nom. »
Il pourrait peut-être la vexer d’ailleurs. Mais il n’avait pas envie de faire semblant de savoir. Il se ferait forcément griller. Il reposa ses mains cachés dans des gants sur la rambarde en métal. Le froid était plus présent en hauteur car rien n’arrêtait le vent léger. Il frissonnait un peu sous le manteau, mais il marchait pour se réchauffer. Dans ce cas précis, il était plutôt immobile. Tout en guettant à l’horizon, il demanda à la jeune fille : « Tu es plutôt du genre panne de sommeil ou troublé par tes cauchemars ? »
La question pouvait paraître un peu intrusive, mais le brun utilisait toujours un ton calme pour parler. Surtout lorsqu’il se sentait tranquille et en sécurité. Il esquissa un sourire, comme pour la mener vers la confidence, il partagea : « Le matin je suis tellement fatigué d’avoir veillé toute la nuit que je m’endors tout de suite. Disons que ça m’évite de lutter pour trouver le sommeil. »
Comme la plupart des gens dans le monde, l’esprit était le plus actif quand il s’allongeait dans le lit le soir. Pour cela, il préférait remplir ses nuits plutôt que ses journées.

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Re: Hauteur glacée [ZELDA]

Ven 19 Fév 2021 - 23:24

« Ca, ça m'étonnerait... »
L'adolescente se sent presque obligée de jouer la carte du scepticisme. Principalement parce qu'elle est guidée par un puissant instinct de contradiction. Oui, l'adolescence est une période un peu ingrate. Et pas forcément pour les jeunes... « Y'a qu'les imbéciles ou les sourds qui dorment sur leurs deux oreilles ! » Un rempart n'est pas un gage absolu de sécurité. Et la guerre avec New Eden n'incite pas non plus relâchement. « Et j'remplis aucune des deux cases donc bon... » Après, oui, d'accord, elle ne peut pas non plus prétendre qu'elle a le sommeil léger... Mais il n'a pas à le savoir, ça, si ?

Quant au fait que certaines personnes aiment voir la neige tomber ou plus précisément la mélancolie qu'un tel spectacle peut insuffler... « Qui ? Les suicidaires ? » Elle se fend d'un léger sourire. Elle, elle déteste les sentiments de ce genre. Parce qu'ils font voyager dans le temps, à travers les souvenirs. Mais qu'ils n'altèrent en rien la réalité. Les deux survivants semblent toutefois du même avis au sujet de la neige et ça, c'est plutôt un bon point. « Les ennemis de mes ennemis sont mes amis... »  s'amuse-t-elle avant d'accepter l'offre faite par le garde et de le rejoindre. Non sans faire preuve, toutefois, d'une certaine méfiance vis-à-vis de ses motivations.

Et puis l'australienne tente un peu de sympathiser. Ou du moins, de meubler la conversation en se basant sur les bonnes vieilles conventions sociales et en s'intéressant au prénom de son interlocuteur puis en lui parlant dans ce qu'elle estime être sa langue natale. Sauf que Mirco, il est italien. Et il n'a donc rien compris à ce qu'elle vient de baragouiner. « Tant mieux ! Parce que j'sais pas du tout c'que j'viens d'te dire non plus... » Voilà qui leur fera gagner du temps.

Zelda hésite dans la foulée lorsqu'il est question de se présenter à son tour. Mais elle finit par hocher la tête, ne trouvant rien pour contrer cette logique imparable. « Zelda ! » L'adolescente imite son aîné et vient s'appuyer contre la rembarde pour embrasser du regard les environs nimbés de neige. Ce n'est pas la première fois qu'elle monte sur l'une de ces tours. Et à chaque fois, elle est frappée par une évidence qu'elle trouve plutôt triste : en cas d'attaque, les sentinelles postées en hauteur seront probablement les premières à se faire descendre. Peut-être pas des tireurs embusqués. Et elle, en ce moment, elle fait aussi une cible parfaite. Alors elle espère vraiment que leurs ennemis sont aussi frileux qu'elle...

C'est Mirco qui reprend la parole et lui demande ce qui a bien pu la tirer du lit : « J'suis surtout du genre casse-couilles, en fait, j'crois ! Tu vois l'truc ? Les règles existent pour être enfreintes, tout ça tout ça ! » s'amuse-t-elle en sautillant légèrement sur place pour se réchauffer. Avec la crainte, sans doute, qu'en ne bougeant pas elle finisse par se transformer en glaçon. « Mais c'est normal, j'suis une adolescente... » Et elle profite un peu de cette évidence, Zelda. Elle a bien compris que les adultes se montrent un peu plus compréhensifs avec les jeunes. D'après eux, elle est en crise ou quelque chose du genre. Ca l'arrange, elle. Parce que ça lui fournit pas mal d'excuses toutes faites. « L'prends pas mal mais on est pas encore arrivés au stade des confidences, là ! » Elle lui décoche un regard amusé, lui faisant toutefois comprendre qu'elle ne va certainement pas se confier sur d'éventuels cauchemars ou tout autre problème avec un type qu'elle vient à peine de rencontrer.

« Parce que d'ordinaire tu dois lutter pour trouver l'sommeil, toi ? » relève-t-elle, supposant qu'il éprouve un quelconque besoin de se confier. C'est ce que la plupart des gens aiment faire. Selon eux, ça atténue un peu leur peine ou leurs soucis. Ou du moins, ça les divertit. Et c'est typiquement le genre de conversation qui a tendance à saouler l'australienne. « Bon ! Allez, vas-y ! Raconte-moi c'qui te tracasse ! Comme ça on règle ça rapidos ! » propose-t-elle en se tournant vers lui et en s'accoudant sur la rembarde. « Par contre j'te préviens : j'suis pas la plus douée des psys ! » Et c'est rien de le dire. Mais s'il se met à pleurer il ne pourra pas dire qu'elle ne l'avait pas prévenu, comme ça !
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Re: Hauteur glacée [ZELDA]

Ven 26 Fév 2021 - 14:17

Il ne savait pas si quelqu'un de mélancolique était forcément quelqu'un de suicidaire. Mais il n'avait pas forcément envie de la contredire sur le sujet. Après tout, elle semblait pleines de contradictions. Le fait qu'elle soit une adolescente n'aidait pas à ce qu'elle soit d'accord avec son propos. Heureusement, l'homme n'était pas du genre à imposer son avis et à se battre. Il suivit le cours d'eau au plutôt le torrent auquel il faisait face. Il s'adaptait. Allait-il tenir longtemps face à ce petit Raz-de-marée ?

Il restait plutôt amusé face à ses réactions soudaines et imprévisibles de cette fille. Il était tombé sur un sacré morceau. Elle avait le dernier mot à tout. Elle rebondissait sur chacune de ses phrases avec une aisance et une gymnastique intéressante. D'une certaine façon, il imaginait qu'elle pouvait être facilement en conflit avec beaucoup de personnes. Notamment les gens les plus conservatrices. Zelda n'avait pas la langue dans sa poche et n'hésitait pas à balancer son avis dans la tronche des personnes qui décidaient d'avoir des échanges avec elle. Mais tout cela, elle ne le faisait sans agressivité. Du moins, c'est de cette manière que l'homme le percevait. Il ne sentait pas de volonté de nuir dans le ton de cette fille. Il exposait juste son point de vue, quitte à ce que ça fasse un peu mal. Une chance qu'elle soit tombée sur un homme plutôt mort à l'intérieur. Il buvait ses paroles sans vraiment désirer la couper. Il la laissait parler comme elle avait envie de parler, avec un petit regard qui exprimait tout à fait son intérêt. Il allait peut être devoir un peu plus jouer sur les mots, histoire de la faire réagir sans non plus la pousser dans ses retranchements. Cette jeune fille n'était pas le genre de personne qui aimait qu'on la cherche. Après tout, elle cherchait un peu de quiétude dans cette petite fugue nocturne, pas nécessaire du conflit.

Il la voyait sautiller, certainement pour garder son corps au chaud.
Quand elle parla des règles, il s'amusa de ses propos. Elle avait dû en faire des conneries, encore heureux qu'il n'ait pas ce genre de responsabilité. Cela l'ennuierait trop de devoir veiller sur les adolescents. D'ailleurs, d'après les noms qu'elle avait cité tout à l'heure, elle semblait crainte les remontrances de certains adultes.

« Le règlement maintient surtout l'ordre. Il faut un quota de gens pour les respecter et un autre pour les transgresser. On sait déjà dans quel camp nous sommes tous les deux pas vrai ? » La remarque était rhétorique. Il n'attendait aucune affirmation ou contradiction de sa part. Elle le ferait sans doute, il attendait de voir ce qu'elle pourrait lui offrir comme commentaire divertissant. D'ailleurs, le brun hausse les épaules un court moment lorsqu'elle parle des confidences. « Oh tu sais, tu peux te confier sur des trucs sans vraiment dire le fond de tes pensées. Rester évasif c'est une de mes spécialités. Tu en dis beaucoup, mais en réalité le fond de vérité et bien caché. Par exemple, je viens de t'expliquer pourquoi j'aime tellement surveiller le soir. Mais je ne t'ai pas confié les raisons pour lesquelles je n'arrive pas à m'endormir. » L'homme n'était jamais du genre à trop en dire. Il donnait toujours l'illusion d'apporter sur un plateau des informations les concernant, mais... Il suffisait qu'on regarde ailleurs une seconde pour que le plateau soit vide par la suite.

Les mots ne lui manquaient pas à cette jeune fille. Elle gardait également un certain sourire et une vraie malice. Il la regardait s'agiter puis se baissa pour prendre quelque chose dans le sac à ses pieds.

« Pour affronter le froid en hauteur, rien de mieux que quelque chose de chaud. » Généralement le thé noir avait refroidi à l'aube. Il tendait entre le froid et le tiède, selon le nombre de fois où il avait ouvert celui-ci. À cette heure ci il n'avait laissé le froid s'engouffrer à l'intérieur qu'une fois. Il lui donna la bouteille isotherme. « C'est temporaire, mais ça réchauffe un peu. » Elle pourrait aussi bien refuser. Elle pouvait aussi se demander ce qu'il y avait à l'intérieur. De l'alcool, du café, du thé, ou d'autres substances ? Il se demandait jusqu'à quel point elle allait lui poser des questions et si elle allait poursuivre sur le chemin de la méfiance.

La psychanalyse. En vrai, il en aurait sûrement besoin. Avec ce qu'il avait perdu, ses déceptions et les gens qu'il avait tués sans le vouloir, il ne savait pas à quel point il était abîmé. Personne ne cherchait vraiment de psy ici. Tout le monde avait fait sortir de coeur une part sombre. Alors... « Tout le monde a besoin d'un psy ici Zelda. Moi peut être aussi. Mais bon, je crois pas que ça soit utile d'essayer de réparer les gens. » Il soupire, silencieusement entre deux respirations glaciales. « C'est dommage de régler ça rapidement. Il y a toujours tellement de choses à dire sur ce qu'on a vécu ou pas. » Mais bien sur, il n'avait toujours rien dit. Il esquissa un sourire puis laissa le silence reprendre ses droits quelques minutes. Le silence de la neige qui tombe avait quelque chose de vraiment désagréable. Il imaginait à tout moment une balle transpercer l'air et venir se loger dans son crâne.

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Re: Hauteur glacée [ZELDA]

Mer 3 Mar 2021 - 1:25

« Dans l'camp de ceux qui aiment s'amuser, j'imagine ? »
Outrepasser les règles, bafouer les règlements n'est pas une fin en soi. Aux yeux de l'adolescente, il y a les gens qui se satisfont des frontières qu'on leur impose. Et puis il y a ceux qui tiennent à leur liberté et qui agissent en conséquence. Oui, Mirco et elle semblent être dans le même camp. Et l'adolescente s'autorise maintenant à croire qu'il n'ira pas la balancer parce qu'elle se trouve là où elle ne devrait pas être, à une heure qui n'a rien d'appropriée.

Comme d'habitude, l'australienne se fie à son instinct. Et celui-ci, pour l'instant, lui souffle qu'elle peut se fier à cet homme et qu'ils sont peut-être faits pour s'entendre. Toutefois elle refuse l'idée de se laisser aller à des confidences pour l'instant. Mirco semble trouver ça dommage. Elle, elle suppose que c'est juste une question de bon sens. Se dévoiler aux gens, leur parler des choses qui se terrent dans votre coeur ou vos pensées, c'est dangereux.

Cela revient à armer de possibles futurs adversaires. Et puis elle n'adhère pas vraiment à la vision des choses de son interlocuteur quant aux confidences partielles... « Quand j'fais un truc, j'essaie de pas l'faire à moitié... » rétorque-t-elle simplement en haussant les épaules. « À quoi ça sert de se confier si on cache des choses ? C'est comme... J'sais pas, moi... Manger des pâtes sans sauce ? Ou tabasser quelqu'un sans l'tuer ? » Ca manque de saveur. Et ça laisse un goût d'inachevé. « Quant aux raisons qui t'empêchent de dormir... C'est vrai, tu l'as pas dit ! Mais j'vais tenter ma chance ! » Ce n'est pas les explications qui manquent, malheureusement. Et Zelda se sent d'humeur à jouer aux devinettes. «Mmh... C'est parce que t'as vu ta femme s'faire bouffer sous tes yeux ? Ou alors, tes enfants ! » Elle marque une petite pause, le scrute de son regard aux touches céruléennes. « Voir même les deux ? C'est ça ? » Plutôt de la faute de la perte de ses amis, sinon ? Ou encore du fait qu'il ne trouve plus une véritable raison de vivre ? « Ou alors t'es juste insomniaque mais j'avoue qu'ce serait un peu décevant... » précise-t-elle en lui décochant un petit sourire dénué de joie, marqué par l'habitude. Il vaut mieux rire que pleurer de tout ceci, de toute façon.

Et puis l'adolescente est un brin surprise lorsqu'il lui tend un thermos et l'encourage à y tremper les lèvres. Elle l'ouvre, le colle sous son nez et identifie du thé. Effectivement, elle ne crache pas sur la possibilité de se réchauffer un peu et goûte le breuvage. Elle savoure sa gorgée, referme la bouteille et la rend à son propriétaire. « Merci ! » Elle lui laisse volontiers le reste. C'est lui qui va devoir veiller encore un peu. Elle, elle peut se barrer quand elle veut pour retrouver le confort d'un lit chaud et les bras réconfortants de sa meilleure amie. « En plus j'suis australienne alors faut toujours que ma température interne reste au-dessus des quarante degrés pour quj'me sente bien, tu sais ? » Parce que clairement, elle ne s'est toujours pas habituée au froid de l'hiver de ce foutu pays.

Puisqu'il s'est montré sympathique, puisqu'il ne semble pas contre les échanges de bons procédés, elle tire un joint de sa poche, le glisse à ses lèvres et l'allume sans véritablement se soucier de l'approbation de son camarade. « C'est thérapeutique ! » explique-t-elle néanmoins. « J'ai été blessée y'a pas longtemps ! » Elle l'aime bien, cette excuse, Zelda. Le mot thérapeutique justifie à peu près tôt. C'est magique !

« Tu vas croire que j'ai envie de t'emmerder mais j'te jure que moi, j'ai pas besoin d'un psy ! » poursuit-elle, se calquant sur le sujet en cours. « J'vois pas trop en quoi raconter sa vie à quelqu'un peut avoir un effet positif... » Au mieux, ça doit saouler l'interlocuteur. Pour elle les psychologues ne sont que des charlatans. Comment peut-on soigner l'âme d'une personne ? « Autant parler à ses amis, non ? Ou fumer un bon gros joint ! » Et cette remarque l'oblige malheureusement à enchaîner avec une autre questions. « T'as des amis, toi, pas vrai ? Dans l'camp, j'veux dire ? » Ceux qui sont morts ne comptent pas ! C'est dommage mais c'est comme ça ! « Cela dit tu m'as toujours pas dit pourquoi t'arrives pas à t'endormir... » Sa curiosité s'est un instant tarie. Mais la légèreté procurée par la drogue et cette confiance qui se tisse peu à peu - et malgré elle - entre eux l'encourage à se montrer plus inquisitrice. « T'en veux en fait ? » propose-t-elle en lui tendant le joint, non sans prélever une bouffée supplémentaire.
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Re: Hauteur glacée [ZELDA]

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