Cooper aimait bien ce Kendale, arrivé depuis peu avec sa famille, c’était un ancien pompier, il semblait avoir un caractère trempé et surtout, il savait ce qu’il faisait, ça se sentait. Un soir, après leur service, les deux hommes ont décidés de rentrer ensemble, Cooper était réellement curieux de connaitre la vie de l’homme, avant tout ça : « ça ne doit ressembler à rien de ce que tu as connus j’imagine ? » Dehors, de sa vie avant de venir ici. Le blond voulait savoir comment ça se passait dans un endroit où les femmes avaient des droits.

Sur le ton de la conversation, Cooper disait aussi : « J’avais envisagé de devenir pompier, un vrai pompier à l’époque, mais ça aurait demandé de quitter Kennewick si je voulais avoir du travail. » Mais il préférait encore être avec sa famille plutôt que d’avoir une carrière, ça aurait été un sacrifice qu’il n’aurait pas supporté.

Alors que les deux passaient devant une sorte de chantier, il eut des bruits de disputes de lutte et des grognements de douleurs : « C’est quoi ce bruit. » Les deux hommes se regardèrent un instant avant de se ruer en direction des bruits, il fallait éviter autant que possible qu’il y est des blessés. Sur place, la scène relevait presque de la dimension comique : « Noah ? » Le brun était sur le dos et se faisait frapper au visage par un ouvrier bedonnant mais aux bras énormes.

La seconde où il resta interdit laissa le temps avant à Noah de reprendre l’ascendant de repousser l’autre. C’était le moment de les séparer, Cooper se glissa derrière Noah et le traina un ou deux mètres en arrière : « C’est quoi le problème là ? Vous êtes cinglés de vous battre comme ça ? » Noah était fort, mais il avait visiblement prit pas mal de coups en plein visage… Kendale tenait l’autre, Nelson si le blond se souvenait. Sans se démonter, l’autre expliqua, alors qu’il crachait du sang : Je lui rappelait juste que sa copine est du genre à aspirer une balle de golf par un tuyau d’arrosage.

Cooper relâcha Noah, il devait composer avec un nez sanglant et une lèvre éclaté, son beau-frère aurait mieux à faire que de se battre, par contre lui… « T’es au courant que c’est de ma sœur que tu parles ? » lâcha-t-il avec fureur. Il s’avança et profita que Kendale de tienne correctement pour lui écraser son poing sur le nez. Puis un second coup dans le ventre !

On ne parle pas de Phoebe en mal et jamais devant Cooper !

« Pour tout te dire… J’ai l’impression d’être revenu des années en arrière, avant tout ça… J’pensais pas retrouver l’uniforme un jour. » Ouais c’est vraiment étrange de se retrouver là, de bosser comme avant ; de ne plus se soucier de trouver de quoi manger, de se défendre contre les charognes, de survivre. Sûrement que je devrais être soulagé, que je devrais être heureux. Mais, y’a quand même un truc qui me fout mal à l’aise ici… Je ne m’y sens pas à ma place et cette façon dont ils ont à voir les femmes me gêne vraiment. Mais je ferme ma gueule – pour l’instant – parce que je ne peux qu’être reconnaissant de ce qu’ils ont fait pour nous. Si Emerson n’était pas venue ici pour accoucher, j’ignore si elle ou Grace auraient pu survivre…

Alors je me contente de répondre aux questions de mon nouveau partenaire, Cooper. C’est un gars plutôt cool, même si de ce que j’ai compris, il n’était pas pompier avant. J’évite de trop donner mon avis sur les règles du groupe, si je peux éviter les ennuis ça serait sûrement préférable pour moi et Emerson. « La vie ici… Est tellement plus simple qu’à l’extérieur… J’ai du mal à m’y faire… J’te jure. » Retrouver un certain confort, pouvoir dormir profondément – bon même si c’est compliqué avec deux enfants en bas âge – retravailler… Il va me falloir encore un peu de temps pour que je réalise. Puis à la remarque du plus jeune, je ne peux m’empêcher de sourire « T’aurais certainement fait une bonne recrue. » C’est sincère, ce gars a l’air de plutôt bien se débrouiller. « D’ailleurs, pourquoi tu ne voulais pas partir d’chez toi ? » Une simple question, curieux de comprendre pourquoi. Moi dès que j’ai pu, j’ai quitté mon vieux à l’époque…

Mais Cooper n’a pas le temps de me répondre. Des éclats de voix résonnent plus loin, quelques bruits sourds. Tout aussi intrigué que mon comparse, je le suis avant qu’il presse le pas. Je me mets à courir à mon tour avant de lui demander « Tu l’connais ?! » Pas de réponse, Ross est déjà en train de séparer les mecs en train de se battre. J’ignore si c’est vraiment mon rôle d’intervenir, me retrouvant dans cette bagarre malgré moi. Alors je fais de mon mieux pour calmer les esprits échauffés, chopant l’un des mecs pour l’empêcher d’aller frapper sur le deuxième. Cooper se charge du gars qu’il connaît et je maintiens comme je peux le type qui n’a pas l’air très content de me voir. « Hé on s’calme les gars ! » Que je souffle pour tenter d’apaiser les deux gars toujours énervés. Mais je reste calme.

Enfin… Je reste calme jusqu’à ce que le type que je retiens balance quelques mots à l’encontre de l’autre. C’est là que Cooper se retourne brusquement, délaissant le gars qui semble être son beau-frère – ou un truc dans le genre – et vienne éclater la tronche de l’autre abruti. Je reste interdit quelques instants, écarquillant les yeux vers mon partenaire. Et puis merde. « MAIS PUTAIN MEC T’ES SERIEUX ?! » Je relâche mon emprise et le type titube avant de poser un genou à terre. Je n’y prête pas vraiment attention venant repousser sans ménagement Cooper alors que le pote du type bedonnant commence à se chauffer aussi. Dans quel pétrin du t’es encore foutu Barnett… Fais chier !

Putain ils commencent à me gonfler ces cons. Me mettant entre chacun des duos, je me retourne vers les ouvriers avant de gueuler à celui qui tient encore debout « Mais c’est quoi votre putain de problème, bordel ?! Encore un mot et c’est moi qui me charge d’votre cas ! » Je leur lance un regard menaçant. Ce n’est pas deux couillons qui vont m’impressionner. « Et putain Ross, au lieu de m’entraîner dans tes histoires foireuses, rends-toi utile et occupe-toi d’ses blessures ! » Je désigne le gars qu’il a voulu aider, lui offrant un regard tout aussi sombre.

En dépit de sa petite taille, le pompier avait bondit avec force pour bloquer Cooper et éviter qu’il ne massacre Nelson à son tour. Il l’envoya regarder les blessures de Noah. Un coup d’œil rapide, quelques coupures : « ça va ça va il a rien. » Vraiment, c’était la dernière de ses priorités, les yeux maintenant fixé sur Nelson, qui était plus ou moins retenue par deux de ses collègues, Cooper lâcha : « Désolé Kendale, simplement je ne peux pas tolérer un tel langage chez un chrétien. » Un mauvais chrétien, vulgaire et gras, comment pouvait-on être gras ici ?

« Nelson c’est ça ? Je vais aller rapporter tes propos à l’évêque, , que tu es un pêcheur infidèle qui veut aller voir des prostituées, et aussi que tu t’en ai pris à mon beau-frère. » Cooper n’était pas du genre à faire appelle à la justice de New Eden, qui n’était juste que de noms, mais il espérait que Nelson recevrait un châtiment pour ce qu’il avait dit sur Phoebe. Cooper se fichait pas mal de ce qui pouvait arriver à Noah, en soit, mais pour le coup, il était obligé de faire front commun pour l’honneur de Phoebe.

Par contre, cette action fit remonter Noah dans l’estime du blond, il semblait au moins réellement tenir à Phoebe et c’était une bonne chose, qu’il ne manquerait pas de souligner lors du prochain repas. Mais maintenant, il restait à régler le cas de Kendale, qui semblait être prompt à s’énerver rapidement quand une situation dégénérait. Mais son coup de gueule avait eu le mérite de calmer tout le monde présent sur le chantier.

Cooper décida de poursuivre dans cette voie et déclara aux autres ouvriers : « Dieu demande de tendre l’autre joue en cas d’offense, je me désole de ne pas avoir su me contrôler. Cependant, dieu demande aussi de respecter tous ses enfants, homme ou femme, de ne pas ternir la réputation de l’un d’eux… Agir de cette façon est contraire aux principes de notre seigneur. Nelson pêche gravement car je me doute qu’il tient des propos semblables sur d’autres personnes. » Appeler à la foi, aux lois sacrées et les tordre en sa faveur, une façon de faire que Cooper n’appréciait pas, mais c’était aussi un moyen de s’assurer de ne pas devoir se battre contre les autres.

Il s’approcha ensuite de Kendale pour lui dire à voix basse : « Je suis désolé de t’avoir entrainé là-dedans, j’ai… assez peu de sang froid quand on s’en prend à Phoebe. Tu sauras que c’est mon principal défaut. » Puis il regarda Noah : « Tu vas bien ? »

« J’en ai tabassé d’plus coriaces que vous tous dehors, alors putain fermez là ! » Et ouais je gueule encore parce que franchement, ils commencent sérieusement à tous me saouler ces cons. Mais je ne suis pas au bout de mes surprises quand Cooper me répond. Je reste interdit un instant. Un bon chrétien ? Bordel, qu’est-ce qu’ils peuvent me gonfler avec leur putain de Dieu ces crétins. Mais je me retiens de lui dire quoi que ce soit, je n’ai pas envie d’avoir des problèmes alors que nous sommes arrivés depuis peu de temps. Emerson me tuerait, faut que j’essaye un minimum de me tenir à carreau. Mais franchement, avec ces clowns, ce n’est pas gagné !

Et Ross en rajoute une couche, soufflant encore de belles paroles à l’agresseur de son pote. Putain j’ai vraiment envie de me marrer mais je me retiens. Ça va servir à quoi d’aller tout cafter à l’évêque au juste ? On se croirait dans une cour de maternelle. Je soupire doucement, laissant Cooper déblatérer tout un flot stupide de « bonnes paroles ». Franchement, est-ce que ces crétins vont y croire ? Un petit coup de pression serait bien plus efficace, à mon sens. Alors quand mon partenaire de boulot s’excuse finalement pour m’avoir entraîné là-dedans, je me contente de hausser les épaules. Puis, je profite du fait qu’il s’intéresse à nouveau à son beau-frère – c’est ce que je comprends – pour m’avancer vers les autres types et gérer les choses, à ma façon. J’pointe mon doigt vers le type bedonnant tout en lui jetant un regard noir. Puis d’une voix suffisamment basse, pour que lui seul m’entende, je lui souffle « Toi et ton pote, j’veux plus vous entendre dire quoi que ce soit sur mes amis ou leur famille. C’est compris ?! Parce qu’avec moi y’aura pas d’putain d’sermon… Si j’apprends que vous colportez encore des rumeurs sur sa sœur ou sa fiancée, j’vous fais bouffer vos dents. Allez dégagez maintenant… » Ils ne bronchent pas et s’éloignent. Je crois que le message est passé. Je les regarde disparaître au détour d’un croisement avant de prendre un air satisfait et de me tourner vers les deux autres.

« Ils ne devraient plus vous ennuyez. » Dis-je simplement en m’avançant vers Ross et l’autre gars. « Kendale Barnett, je bosse avec Cooper. » Je me présente, tendant la main au blessé. Puis je me rapproche de lui pour examiner son visage, pas mal amoché. Attrapant mon sac à dos, je sors quelques compresses, je les lui tends. « Tiens. » Puis je détourne les yeux vers Cooper avant de demander « Bon les gars ? Vous expliquez ? C’est quoi l’embrouille là ? »