Sasha Critchlow ~
Dim 7 Mar 2021 - 8:02
Empathique Spontanée Optimiste Intrépide Altruiste Naïve Secrète Bavarde Obstinée Maladroite | Ce n'est pas parce que l'on déteste les armes que l'on peut pour autant s'octroyer le luxe de s'en passer. Comme tout survivant digne de ce nom, Sasha possède un couteau de chasse de facture classique qui pend le plus souvent place sur son flanc. Elle est équipée en parallèle d'une petite carabine moderne à levier qui vise davantage à décourager les gens dotés de mauvaises intentions qu'à menacer ceux qui se contentent de survivre. Un sac à dos vient compléter le lot. Il renferme ses possessions qui se résument à quelques munitions, une pharmacie portable qu'elle a tenté, au fil du temps, de garder au mieux approvisionnée et une poignée de produits d'hygiène ou de vêtements de rechange. Rien que le nécessaire, pour ne pas se surcharger inutilement dans un monde ou la célérité est bien souvent gage de survie. Et puis il y a cet appareil photo acquis à la fin de l'année 2020 et les pellicules qu'elle s'acharne à dégotter. Oui, elle le sait, leur état de conservation endommagera sans doute les clichés qu'elle peut prendre. Mais l'espoir que certaines puisse survivre au temps ou aux éléments est bien suffisant pour l'enjoindre à persévérer dans sa carrière de photographe amateur. Dans le futur, quand l'humanité se sera relevée, elle ne voudra peut-être pas oublier ces gens qui ont eu la malchance de vivre parmi les morts. Cela fait bien longtemps que Sasha n'a plus pris le temps de s'observer dans un miroir. Aux dernières nouvelles et mesurait dans le mètre septante et son poids n'ayant jamais été une source de préoccupation, elle se contente simplement de supposer qu'elle a perdu quelques kilos depuis le début de l'épidémie. Son regard marron, souvent pétillant, s'acoquine avec sa chevelure blonde qu'elle aimait autrefois colorer. Par le passé elle s'est laissée gagner par l'envie de se faire tatouer quelques mots sur la peau : Vis simplement pour que d'autres puissent simplement vivre.. Cette célèbre phrase de Gandhi, sans doute idéaliste, probablement un peu naïve, trône presque artistiquement sur son bras droit en langue latine. Et puis la future trentenaire conserve ses quelques rares bijoux mais sans vraiment savoir pourquoi, les jugeant plus gênants qu'autre chose mais étant tout de même attachée à ces vestiges d'un autre temps. De manière générale Sasha est plutôt à l'aise avec son corps. Elle ne cherche pas à le mettre en valeur, se contente d'être à peu près présentable. Elle apprécie les vêtements amples et longs. Ceux qu'elle juge agréables et qui mettaient autrefois à mal l'image de la féminité dans les regards critiques. Son apparence traduit globalement sa simplicité, ce désir de ne pas se démarquer et d'être tout simplement elle-même. |
C'est cette optimiste qui considère qu'un verre à moitié vide est tout de même à moitié plein et qui s'accommode des grands défaites pour peu qu'il y ait de petites victoires. Celle qui rêve de l'avenir quand le présent se mue en cauchemar, qui voit le bon avant le mal et qui trouve qu'un peu c'est toujours mieux que rien. Cette adulte qui fait encore preuve de naïveté face à la réalité et qui laisse vagabonder son regard sur les étoiles quand il est trop difficile de garder les pieds sur terre.
Et puis Sasha c'est aussi cette survivante intrépide qui préfère affronter le danger que la solitude. Cette amie spontanée qui exprime ce qu'elle ressent mais cache ce qu'elle endure, qui préfère l'humour que le drame. Cette alliée qui considère que vos problèmes sont sûrement plus importants que les siens, qui préserve son histoire et se passionne pour la vôtre. Cette fille malgré tout secrète qui s'épanouit davantage dans l'ombre des autres qu'en pleine lumière, plus douée pour écouter que pour raconter et moins apte à reprocher qu'à comprendre.
Mais c'est également cette insatiable bavarde qui craint les silences et trouve son bonheur dans les plus infimes discussions, dans les plus brefs échanges et les plus frêles contacts. Cette jeune femme maladroite, pétrie de bonnes intentions, qui fait parfois plus de bien que de mal , qui n'a pas toujours les bons mots ou les bons gestes, qui se révèle malgré elle envahissante quand il lui suffirait tout simplement d'être présente.
Elle reste cette enfant qui a grandit en conservant ses principes. Cette gamine obstinée, probablement bornée, que l'on pointe parfois du doigt, qui n'a pas peur d'agacer les adeptes du pragmatisme ou les défenseurs de la violence. Cette animale sociable qui refuse d'évoluer vers le pire et qui continue de s'accrocher à cette bonté qu'elle décèle encore chez l'Homme. Cette fille un peu dépassée par les événements, qui verse des larmes quand d'autres versent le sang et qui peine à trouver sa place dans un monde qui cherche à étouffer ses convictions.
Oui, Sasha, c'est cette résistante qui n'a pas octroyé aux morts le privilège de la changer...
Sasha arrive au monde dans un foyer aimant de Kennewick, une petite ville du sud-est de l'État de Washington. Elle fait le bonheur de Julia et Yoan Critchlow et vient récompenser leur union de l'été précédent. Sa mère travaille dans l'une des petites boutiques du centre commercial de la ville tandis que le père est l'un des adjoints du shérif local.
L'accouchement s'est bien déroulé, la famille défile dans la chambre pour voir le bébé et féliciter les jeunes parents. Les tests sanguins sont bons, la petite se porte bien. Le bébé compte parmi les chanceux qui voient le jour en bonne santé.
La prime enfance de Sasha est marquée par son caractère facile. La gamine s'éveille à ce monde qui recueille tout son intérêt et dont elle ne perçoit pas encore la face sombre. Elle sourit beaucoup, pleure rarement et s'il lui arrive de bouder, elle le fait toujours avec une attachante douceur. Elle est rejointe par un petit frère, Josh, dans le courant de l'année 1994.
Julia, comme nombre de femmes de la fin du siècle passé, quitte son travaille pour s'occuper pleinement de ses enfants. La famille ne pouvant désormais compter que sur un seul revenu, elle vit plus modestement. Et pourtant l'enfant ne manquera de rien, sera entourée, choyée et protégée. Elle s'épanouit, se démarque par son aisance à approcher les autres ou cette facilité à les comprendre. On lui inculque les habituelles notions de bien et de mal et elle se met à idéaliser son père, ce vaillant défenseur de la loi et de la justice qui attrape les méchants pour protéger les gentils. D'aussi loin qu'elle s'en souvienne, c'est pourtant de sa mère dont elle a toujours été la plus proche.
Sasha entre à l'Elementary School de Kennewick. Elle se révèle plutôt bonne élève et si elle est plus prompte à bavarder qu'à faire ses exercices, elle se situe toutefois dans la moyenne haute de la classe. Elle se lie d'amitié avec ses camarades. Sans être la plus populaire elle est néanmoins appréciée. Il lui arrive d'être la cible des autres enfants lorsqu'elle prend la défense de celles et ceux qui sont la cible de la cruauté infantile, inévitable, des meneurs de la classe. Elle se heurte parfois à la méchanceté gratuite de ses contemporains et se découvre une profonde incompréhension de l'injustice.
En apprenant à lire et en grandissant, elle se rend compte que l'humanité est capable de faire le bien comme le mal. Elle apprend l'existence des nombreux conflits qui ont jalonné l'Histoire et s'en offusque. Comme tant d'autres, elle est épouvantée par les événements du 11 septembre. Lorsque chaque matin elle prête allégeance au drapeau américain, elle le fait en espérant que son pays s'acharnera à rendre le monde meilleur. Elle suppose avec cette naïveté qui perdurera que ses semblables commettent malgré eux des erreurs, que l'Humain a simplement oublié qu'il était bon. Son optimisme l'encourage à penser que les choses s'amélioreront et son altruisme, à faire de son mieux pour les y aider.
Ses cinq premiers grades achevés, Sasha rejoint la Junior High School locale. C'est les premiers émois amoureux, les premiers regards jetés à la dérobée aux garçons. En parallèle Sasha fait de son mieux pour aider l'une des œuvres de charité locale, la soutenant en vendant de bêtes limonades sur la pelouse. Le fait qu'elle soit liée à l'église ne lui pose pas de problèmes. Elle suppose que Dieu existe mais se montre toutefois critique à son égard, lui reprochant son absence d'implication et l'aide qu'il semble refuser d'apporter à celles et ceux qui en ont besoin.
Un simple regard aux visages dévastés de ses parents aura suffit à l'adolescente pour comprendre que Josh ne rentrerait plus jamais à la maison. Il n'aurait pas dû courir après cette balle de basket ni se précipiter sur cette route. Il aura suffit d'une infime seconde pour que le drame se produise. Sasha traverse une période évidemment difficile et manque l'école de longues semaines. Son incompréhension nourrit sa douleur mais également cette rage qu'elle est incapable de tourner contre quelqu'un d'autre qu'elle-même. Elle se sent responsable et rien ne la libérera de cette culpabilité. Elle aurait dû veiller sur son petit frère. C'était son rôle de grande sœur.
L'adolescente prend douloureusement conscience que rien n'est éternel, que les gens à qui elle tient lui seront tôt ou tard enlevés et que la perte de Josh n'est que le premier chapitre d'un livre effrayant. Elle se montre plus présente pour ses parents et ses proches, rechigne à les quitter, vit avec cette crainte omniprésente de les voir pour la toute dernière fois. Ses sourires perdent leur éclat et gagnent en rareté. Sasha a beau être bien entourée, elle se sent seule avec cette désagréable impression que sa présence n'arrivera pas à occulter l'absence de Josh aux yeux de ses parents.
Les autorités scolaires s'étant montrées compréhensives vis-à-vis du cas de Sasha, on lui octroie l'accès au 8ème grade malgré des résultats scolaires décevants. Si ce coup de pouce est le bienvenu, il n'occulte en revanche pas la nouvelle réalité des Critchlow. Yoan sombre dans l'alcool et l'irritabilité et perd son travail. Julia affronte le deuil dans les bras d'un autre homme. Les relations du couple se détériorent trop rapidement, les cris et les reproches ont remplacé les rires et l'humour à la table familiale. Le juge prononcera le divorce quelques mois plus tard, à la fin de l'année 2006. Son père quitte l'État la même année. Il garde contact avec sa fille mais ses lettres, ses e-mails ou ses appels sont destinés à se faire de plus en plus rares dans le futur.
L'adolescente est simplement impuissante et si elle se montre compréhensive, elle n'en est pas moins affectée par la situation. Elle cesse de croire en Dieu et conserve difficilement sa foi en l'humanité. Elle s'occupe l'esprit en pratiquant la natation et en multipliant diverses petites occupations. Son optimisme semble oublié et elle n'arrive plus à percevoir l'avenir autrement qu'un champ de ruines.
Il faut presque deux ans à Sasha pour faire son deuil et retrouver un semblant de normalité. Elle n'a pas l'impression d'être sortie grandie de cette épreuve mais si la douleur persiste, cette dernière à au moins l'avantage d'être tolérable. Sasha reprend peu à peu goût à la vie, émerge du pessimisme et se tourne à nouveau vers les lendemains.
L'adolescente devient peu à peu une jeune femme au caractère affirmé, empreinte de modestie et dotée d'un solide sens moral. Elle découvre l'amour avec l'un de ses camarades, la puissance qu'il insuffle quand il s'échoue sur le rivage de votre existence et le vide qu'il peut laisser en se retirant. Sasha semble moins armée que les autres pour accepter la réalité, elle se sent oppressée par ces clivages qui divisent les communautés ou les générations. Elle n'a pas perdu l'espoir de changer le monde mais accepte l'idée de ne pouvoir œuvrer que dans la limite de ses possibilités, à son humble niveau.
Elle participe au championnat national de natation dans l'équipe de son lycée et échoue au pied du podium. En parallèle il est temps pour elle de choisir son orientation professionnelle. Elle opte pour la médecine, s'imagine déjà en train d'inventer un vaccin pour éradiquer le VIH et ou médicament améliorant le quotidien de millions de personnes. Puis elle se rabat sur la pharmacologie quand ses candidatures sont refusées dans les différentes universités du pays. Un choix dont elle s'accommode aisément d'autant plus qu'il lui permettra d'étudier à Seattle, la capitale de l'État. Assez loin de sa ville natale pour avoir l'impression de découvrir le monde et suffisamment proche pour avoir l'opportunité de passer du temps avec sa mère pendant la durée de ses futures études.
Sasha arrive dans la Cité Émeraude et entame deux années de formation préprofessionnelles à l'école pharmaceutique de l'État. Elle apprécie très vite cette nouveauté et ce constat se renforce lorsqu'elle rejoint une colocation d'étudiants. Appliquée le jour, forcée de travailler en soirée dans la restauration pour compléter sa maigre bourse, la fatigue ne l'empêche pas de trouver son équilibre.
C'est aussi le temps des fêtes estudiantines, de ses premières bouffées d'herbe ou des déraisonnables consommations d'alcool. Et des dreadlocks. Sasha vit pleinement, profite de la plupart de ces instants. Elle a la chance de vivre une relation sincère avec l'un de ses colocataires, Marc. Elle se crée des liens qu'elle pense alors éternels et des souvenirs radieux qui parviennent presque à compenser l'absence de Josh et les silences radios de plus en plus fréquents, de moins en moins inquiétants, de son père. Elle s'émancipe de l'enfance mais pas de cette naïveté qui la suit et qui la fait passer pour une idéaliste aux yeux des autres. Ils voient le monde pour ce qu'il est et elle, pour ce qu'il devrait être.
À 20 ans, ayant obtenu le précieux sésame pour poursuivre ses études professionnelles, elle commence ses trois années suivantes de formation. Elle acquière la conviction que la pharmacologie est faite pour elle au cours de ses différents stages et ses résultats s'en ressentent. Elle envisage même, un temps, de se tourner vers l'homéopathie lorsqu'elle se passionne pour les plantes médicinales.
Sasha n'est plus vraiment sûre d'avoir envie de retourner à Kennewick d'autant plus que Marc et elle envisagent sérieusement de se marier à la fin de leurs études et d'ouvrir leur propre pharmacie à Seattle. D'autant plus que la ville bouge, offre de multiples opportunités à sa jeunesse et d'agréables conditions de vie à ses résidents. La jeune femme s'y sent chez elle. Sa vie, elle l'imagine ici.
Arrive la dernière ligne droite et les examens finaux de l'été 2015. Sasha est diplômée et manque de peu l'honneur d'être la majore de sa promotion. Marc est également accepté et ils quittent tout deux la colocation - non sans un pincement au coeur - pour emménager dans un modeste appartement en banlieue. Le temps de trouver un travail et de se constituer une santé financière qui leur permettra d'envisager l'achat d'une maison.
Et puis tombe ce coup de téléphone inattendu, celui qui lui annonce que sa mère a fait un malaise et que les examens ont révélé la présence d'un cancer en phase terminale. Sasha se retrouve propulsée quelques années plus tôt, déterre des impressions et des souvenirs liés à la disparition de son frère. Elle part en urgence pour Kennewick au début du mois d'octobre et est alors loin d'imaginer qu'en se précipitant au chevet de sa mère, elle dit insidieusement au revoir à Marc pour la dernière fois.
Sasha est arrivée à Kennewick deux jours plus tôt et s'est installée dans la maison de enfance pour la durée de son séjour. Son emploi du temps oscille entre les visites à l'hôpital et l'errance dans sa ville natale. Elle ne prête pas vraiment attention à ces cas de violence qui se propagent à travers le pays et lorsqu'elle allume la télé c'est bien souvent pour s'endormir devant, sur le canapé. Elle suppose que tout ceci n'est que passager, une sorte de symptôme de la morosité économique ou sociétale. Internet s'enflamme et les théories pullulent. Certains parlent de complots, d'autres diffusent des images alarmistes. Elle ne fait pas attention aux prémices de la fin du monde puisque le sien est déjà en train de s'écrouler.
Sasha est focalisée sur une seule chose : sa mère et son état de santé qui se dégrade de jour en jour. Yoan est passé en fin de journée pour une visite surprise. Il avait les traits émaciés, puait l'alcool et la transpiration. La jeune femme a bien noté les bleus dans le creux de son coude, signe du passage répété des aiguilles et du poison qu'il s'injecte dans les veines. Elle avait envie de hurler et pourtant elle n'a rien dit. Elle n'a pas la force d'affronter deux réalités aussi tristes en même temps. Alors elle lui a prêté la centaine de dollars qu'il était venu chercher, consciente qu'il ne s'en servirait pas pour rebondir mais plutôt pour s'enfoncer. Elle s'en est voulue. Elle s'en veut encore aujourd'hui, d'ailleurs. Pour ce qu'elle a fait et qu'elle aurait dû dire.
La garde nationale a été déployée en périphérie de Kennewick. Selon les autorités c'est pour assurer la protection de la population face à d'éventuelles émeutes. Un couvre-feu est instauré, des véhicules militaires passent dans les rues et les mégaphones incitent les gens à rester chez eux et à se déplacer le moins possible. Une femme est abattue dans la rue voisine. Elle s'en serait prise aux forces de l'ordre. Certains protestent et voient leurs libertés menacées. Sasha se contente de suivre les règles.
Au téléphone Marc lui annonce que l'armée s'est également déployée à Seattle et que quelque chose ne tourne pas rond. Les informations sont diffuses, souvent divergentes et rarement cohérentes. Le discours du président, chargé d'optimisme, leur permet d'évacuer un peu la pression. Sans savoir ce qu'il se passe, Sasha est persuadée que les choses finiront par s'améliorer et que la situation sera bientôt maîtrisée. Ce n'est pas la première crise qu'affronte le pays. Comme toujours, il en sortira grandi.
Les choses vont pourtant de mal en pis. La loi martiale a été déclarée et les militaires possèdent tous les droits. Sasha n'est plus, depuis trois jours, autorisée à rendre visite à sa mère. L'hôpital est bouclé et cerné par des soldats en combinaisons. Ses appels n'aboutissent plus, elle tombe sur une messagerie qui annonce simplement que les services sont saturés.
Marc ne donne plus de nouvelles. Son portable sonnait dans le vide encore quelques heures plus tôt et elle tombe maintenant sur le répondeur. La fièvre gagne la population de Kennewick et les doutes se multiplient dans les pensées de Sasha. Elle prend conscience qu'il se passe quelque chose de vraiment grave, trouve dans son optimisme les ressources pour garder son calme et suivre les instructions gouvernementales. Comme tant d'autres, elle se barricade chez elle.
La ville sombre dans le chaos. il y a des échanges de tir dans la plupart de ses rues. Certains ôtent la vie à des vivants, d'autres abattent les morts. Sasha a manqué de peu de se faire mordre en venant en aide à cette inconnue qui vagabondait, hagarde, dans le quartier. Le voisinage s'organise, ceux qui n'ont pas pu rejoindre le camp militaire saturé se regroupent et lutte contre cette nouvelle menace.
Mais la nourriture commence déjà à manquer et les rayons du centre commercial ont dans leur grande majorité été pillés. Le gouvernement reste étrangement silencieux et les premières dissensions éclatent entre les survivants de la ville et même au sein de son propre groupe. La loi du plus fort prédomine et supplante le code civique. On envisage de tuer l'autre pour lui voler sa nourriture, on s'affranchit des règles qui régissaient les rapports entre citoyens. L'humanité bascule et son trépas révèle ses plus sombres instincts.
La survie devient un effort de tous les instants et c'est ce qui permet à Sasha d'occulter une évidence qui cherche à la dévorer : sa mère est probablement morte. Tout ce qu'elle espère, c'est que cette dernière a pu s'endormir paisiblement avant que les choses dégénèrent. Cette idée lui procure un certain réconfort. Tout comme cette conviction qui la force à croire que Marc s'en est tiré et que Seattle s'en sort mieux que Kennewick.
L'hiver est particulièrement rude et le froid oblige les gens à rester chez eux. Le réseau électrique est en panne et l'absence de chauffage éprouve rudement les survivants. Sasha a abandonné l'idée de rejoindre Seattle avant le printemps et prend son mal en patience. Dans l'intervalle elle met à profit ses connaissances médicales au sein du groupe et s'oppose régulièrement aux deux frères qui se sont attribués le rôle de leaders, trop belliqueux à son goût. Elle est l'une des rares à opter pour l'entraide et de nombreux conflits éclatent avec le duo ou ceux qui préconisent l'usage de la violence au nom de la survie. La faim nourrit la folie et l'égoïsme de ses camarades.
D'abord soutenue par une minorité d'entre eux, elle se retrouve finalement seule. Mais on a besoin d'elle et c'est probablement ce qui pousse les autres à la tolérer. À défaut de pouvoir empêcher les conflits, Sasha s'en détourne. Elle refuse désormais de participer aux opérations punitives. On la juge naïve voir ingrate. Mais personne n'est en mesure d'ébranler ses convictions.
Le groupe s'est lancé dans une vendetta contre les survivants d'un quartier voisin. Les militaires ont abandonné la zone et les morts prennent l'avantage. Chaque jour apporte son lot de morts et de disparitions. C'en est trop pour Sasha. Puisque les températures sont à nouveau clémentes, puisqu'elle ne supporte pas la violence ambiante, elle décide de partir au milieu du mois et en pleine nuit pour Seattle. Avec bien sûr, en ligne de mire, l'idée de retrouver Marc.
Elle se retrouve ainsi livrée à elle-même sur les routes. Lorsque l'essence n'abreuve plus son véhicule, c'est en vélo qu'elle poursuit son périple. Elle croise quelques survivants sans faire preuve de la prudence requise. La chance veut qu'elle ne fasse pas de mauvaises rencontres. Sa pérégrination vers le nord-est lui permet de mettre la main sur une carabine et quelques munitions. Elle s'équipe au hasard de ses trouvailles, évite la plupart des morts et rechigne à tuer ceux qui la menacent trop directement. Cette violence nécessaire laisse des marques sur son âme. Mais a-t-elle vraiment le choix ?
Au début du mois de mai, amaigrie, elle se fait surprendre par un important groupe de morts et si sa fuite dans la forêt proche d'Okanogan-Wenatchee lui permet un temps de distancer ses poursuivants affamés, ses forces déclinent et la placent dans une situation délicate. Elle est sauvée in extremis par un couple d'amérindiens. Seth, l'homme, attire les morts dans une autre direction. La femme, Ethete, l'emmène à l'écart. Tout deux lui offrent généreusement le couvert et le gîte. Sans arrières pensées. Juste parce que l'entraide signifie encore quelque chose pour certains êtres vivants.
Une solide amitié se noue entre les membres du nouveau trio. Le couple, davantage familiarisé avec la nature que Sasha, lui inculque quelques notions de survie. Elle apprend à poser des collets, à lire les signes qui indiquent la présence d'eau ou encore à exploiter certaines plantes pour leurs vertus médicinales. La jeune femme a repris des forces mais rechigne désormais à quitter Seth et Ethete. Ces derniers ne lui font d'ailleurs pas sentir qu'elle est de trop et pour cause : ils apprécient sincèrement sa présence.
En juillet 2016 elle est suffisamment autonome pour arpenter seule les bois. Elle abat son premier animal avec difficulté, se risque à arpenter la forêt sur de plus longue distance et savoure cette connexion avec la nature. Sans être épanouie, elle se sent bien. La dernière fois qu'elle a éprouvé ce genre de sentiment, elle parlait de fonder une famille avec Marc, moins d'une année auparavant. Une éternité. Les nuits restent toutefois marquée par les cauchemars et les veilles, par les regrets.
C'est l'écho d'un coup de feu qui a attiré son attention. Sasha s'est arrêtée nette avant de se retourner. Et puis elle a courut jusqu'au petit campement de ses amis avec, dans la bouche, le goût amer d'une mauvaise prémonition. Elle trouve seulement Seth, allongé au sol, fauché par un projectile. La réalité la rattrape une fois de plus. Mais l'espoir s'en mêle et l'optimisme lui rappelle qu'Ethete est peut-être encore vivante. Elle se raccroche à cette idée tandis qu'elle fait de son mieux pour suivre les traces fraîches laissée par les assaillants. Un exercice des plus complexes avec un regard nimbé de larmes.
Ce sont finalement les cris d'Ethete qui attirent son attention et la guident jusqu'à cette grotte dont elle ignorait l'existence. Sasha découvre un quatre hommes. Trois d'entre eux s'en prennent à son amie tandis que le dernier s'érige en rempart pour la protéger. Elle est tétanisée, observe les événements de loin à défaut de pouvoir y faire face de près. Si elle finit par pointer à de multiples reprises sont fusil sur ceux qui se posent en adversaires, son doigt refuse d'appuyer sur la détente. Elle est consumée par l'envie de venir en aide à l'amérindienne ou à cet homme qui tente de la protéger des pulsions masculines, mesquines, de ses assaillants. Sasha se ratatine, s'adosse à se rocher qui la cache à la vue de ces survivants. Elle dépose ses mains sur sa bouche pour étouffer les cris qui se noient dans sa gorge, ferme les yeux pour se couper davantage de l'instant présent et se maudit pour son impuissance, pour cette peur qui la domine et la cantonne au rôle d'une simple spectatrice.
Le silence finit par succéder aux cris d'Ethete et aux rires des hommes. Leurs bruits de pas sont absorbés par le chant de la forêt jusqu'à disparaître. Blafarde, hagard, Sasha observe les cieux de longues minutes. Pendant quelques instants, elle songe qu'il lui suffirait de glisser le canon froid de son arme sous sa gorge et d'une simple pression de l'index pour mettre un terme à tout ceci. Et pourtant elle finit par se relever pour rejoindre cette grotte. Son regard s'arrête sur cette gorge tranchée et le sang qui abreuve le sol. Puis sur cet homme qui reprend connaissance et qui fait ce qu'elle aurait été incapable de faire. Est-ce étrange de se montrer reconnaissante envers l'homme qui écrase une pierre contre le crâne d'une amie emportée par la mort ?
Elle hésite mais finit par se montrer. Elle se présente, propose son aide à cet inconnu dont elle ne sait rien ou presque. Il a besoin de soins et... elle peut les lui offrir. Le calcul est simple et empreint de bon sens. Il a tenté d'aider Ethete alors elle l'aidera en retour. Sasha rassure très vite ce Valérian : sa blessure n'est pas bien grave. Le regard courroucé que l'intéressé lui décoche lui arrache un pâle sourire. L'homme n'est pas commode. Mais ils sont probablement les seuls êtres vivants dans les parages. Et très franchement la dernière chose dont la jeune femme avait besoin ce jour-là, c'était encore de rester seule.
Sasha a enterré ses deux amis côtes à côtes, sous cet arbre qu'ils aimaient tant et qui, selon eux, abritaient un esprit. Elle ne croit pas qu'une telle chose existe mais si c'est le cas, alors elle espère que ce dernier veillera sur eux. En parallèle elle veille sur Valérian, s'assure que sa blessure au genou se résorbe correctement et s'occupe de chasser leurs repas. Du moins lorsqu'elle y parvient.
Sans trop savoir pourquoi, elle ne l'a jamais questionné sur sa présence ce jour-là ou sur son rapport avec les trois hommes qui l'accompagnaient. Peut-être parce qu'elle redoutait la réponse. Ou peut-être qu'elle voulait simplement tourner la page et passer à autre chose. Ou encore qu'elle se voyait mal reprocher quoi que ce soit à une personne qui aura eu le courage d'agir quand elle s'est contentée d'être apeurée. Ce qu'elle sait, en revanche, c'est que jamais Valérian n'a tenté de profiter d'elle d'une quelconque manière. À défaut d'être agréable, il s'est montré correct à son égard. Et pour Sasha, c'était suffisant.
En attendant que le grec soit capable de se déplacer à nouveau, le duo établit les quartiers dans la grotte jusqu'en octobre ou l'arrivée du froid les pousse à chercher un abri plus apte à les protéger contre les rigueurs de l'hiver. Soutenant Valérian, Sasha et lui parviennent à rejoindre la bibliothèque municipale de Skykomish. Sa grande cheminée centrale et la dose considérable de livres pouvant servir de combustible les encouragent à s'y installer. Ils découvrent également les cadavres de Kettler et Baer à l'entrée d'une supérette. Quelque part elle espérait que le sort les rattraperait. Loin d'être désolée, pas franchement satisfaite, cette trouvaille a au moins le mérite de l'aider à passer une bonne journée.
Au mois de mars, au retour du printemps et après des mois compliqués, le duo reprend la route. Le désir de rejoindre Marc était toujours présent mais Sasha faisait de son mieux pour l'ignorer. Et si elle a plusieurs fois tenté de proposer à Valérian de l'accompagner à Seattle, elle n'a jamais réussi à le faire. Probablement parce qu'elle avait besoin de se raccrocher à quelque chose et que l'espoir de retrouver son compagnon, même s'il s'amenuisait, était toujours plus doux que la perspective d'être confrontée à une triste évidence.
Les deux camarades errent dans la forêt de Baker-Snoqualmie du printemps à l'automne et évitent ainsi soigneusement les vivants sur l'injonction de Valérian. Le grec est alors capable de se mouvoir à peu près seul et Sasha lui transmet à son tour les connaissances sur la chasse héritées d'Ethete et Seth. Ils s'apprivoisent peu à peu, leur amitié se renforce et devient le terreau de leur confiance mutuelle. Au contact de son camarade, Sasha gagne en assurance et parvient à se libérer de cette peur insufflée par les rôdeurs. Elle s'habitue à leur présence, s'en débarrasse sans ressentir cette culpabilité qui accompagnait chaque coup de couteau quelques mois plus tôt. Elle se plait à croire que l'un et l'autre se sont réciproquement bonifiés. Et qu'à défaut d'être semblables, ils étaient sûrement complémentaires.
Ce qui n'empêcha pas les deux survivants de se disputer violemment au mois de juin, lorsque Valérian tire le premier et abat un inconnu pour la protéger. Furieuse, persuadée que cet homme ne faisait que protéger cette fille qui l'accompagnait, Sasha lui reproche ce qu'elle perçoit comme une sentence aussi hâtive qu'injuste et s'insurge contre l'idée qu'il puisse tuer en son nom. Le grec lui répond avec pragmatisme, défend sa position avec de réels arguments. Malgré son insistance et tandis qu'ils s'éloignent déjà, il refuse en outre de laisser la survivante désormais privée de son camarade de les accompagner. Ils restent sur leurs positions quelques jours et l'ambiance s'en ressent. Et puis le temps fait son œuvre et l'épisode, à défaut d'être oublié, reste cantonné au passé.
Lorsque l'hiver pointe à nouveau le bout de son nez, le duo met à profit son expérience de l'année précédente et, ayant appris de ses erreurs, constitue quelques réserves qui les aident à affronter les rigueurs du froid. Ils élisent domicile un peu plus au sud, dans une maison de Concrete et les chutes de neige modérées leur permettent également de pêcher dans le fleuve Skagit.
Le cycle des saisons se poursuit et le retour du printemps les remet à nouveau sur les routes. En avril ils sont pris aux pièges par des rôdeurs dans la région de Verlot. L'handicap de Valérian et l'intrépidité de la jeune femme pousse cette dernière à lui proposer un plan : il se cachera, elle attirera les morts loin de lui puis ils se retrouveront tout deux à un point de rendez-vous dans les environs. Le grec rechigne mais la pharmacienne obtient tout de même son assentiment. En le quittant, Sasha est convaincue de le revoir dans quelques heures. Il faut dire que l'urgence de l'instant n'a guère laissé le place aux doutes. Si ça avait été le cas, elle n'aurait pas été si prompte à s'éloigner de lui.
Toujours est-il que le stratagème fonctionne. Sauf que la jeune femme avait clairement sous-estimé le nombre de rôdeurs. Si au début elle se contente de les attirer, elle se retrouve bien vite à fuir avec empressement ces mâchoires toujours plus nombreuses. Elle passe de longues heures à les semer. Lorsqu'elle croit avoir perdu ses poursuivants, elle tombe sur un nouveau groupe de morts.. Cette fois-ci, personne ne vient à son secours. Et lorsqu'elle parvient enfin à s'extirper de cette menace implacable, son relatif sens de l'orientation l'aide seulement à prendre conscience qu'elle s'est égarée. Mais elle est vivante et Valérien est à l'abris du danger. C'est une victoire dont elle se satisfait.
Exténuée, la nuit approchant, Sasha s'accorde la soirée pour récupérer. Elle reprend sa route le lendemain mais l'absence de repères ou de boussole et la précipitation dans laquelle elle s'est enfuie la fait dévier de sa route. Elle erre presque une semaine en direction du nord puis, prenant conscience de son erreur, rebrousse chemin et atteint finalement le Mont Pilchuk. Elle n'y trouve nulle trace de Valérian et s'installe dans un ancien refuge pour randonneurs avec l'espoir qu'il la rejoigne.
Les jours s'écoulent et ses patrouilles quotidiennes dans la région ne lui permettent pas de retrouver son camarade. Elle continue pourtant à l'attendre en espérant qu'il aura simplement été retardé, refusant au passage de croire qu'il l'a abandonnée et poursuivi sa route. La région étant isolée et escarpée, Sasha coule quelques mois plutôt paisibles et lorsque l'hiver menace à nouveau elle se résout finalement à rejoindre Granit Falls, à l'ouest. Ayant épuisée ses munitions et acceptant le fait que Valérian ne la rejoindra plus, c'est donc le coeur lourd qu'elle atteint la petite ville à la fin du mois d'octobre.
Alors qu'elle espérait trouver de quoi subsister à Granit Falls, Sasha est confrontée à une pénurie de conserve. L'hiver est néanmoins plus doux que les précédents et les chutes de neige ne l'empêchent pas d'explorer les environs. Ses collets capturent de temps à autre un lapin. Les rongeurs ou des soupes de plantes viennent compléter son alimentation. Elle est épuisée moralement et si son optimisme lui permet de garder le cap, elle doit composer avec une lassitude profonde et le poids de la solitude. Marc lui manque. Valérian aussi.
Elle poursuit sa route en direction de Seattle au début du printemps, amaigrie mais néanmoins résolue à avancer. Sasha suit la Menzel Road. Il lui arrive de faire quelques rencontres. La plupart se résument à du troc ou des échanges d'informations. Elle évite les groupes trop importants ou composés presque exclusivement d'hommes, faisant entorse à son intrépidité mais honorant ainsi la prudence de Valérian. Il lui faut pointer son arme quelques fois sur des personnes un peu trop insistantes. Elle n'en est pas fière mais elle est encore vivante, au moins.
Pendant six mois elle traverse les bourgades de Pulchuk, Lake Roesiger, Forest Glade avant de s'arrêter une nouvelle fois pour l'hiver dans la région de Three Lakes. Ayant pu mettre la main sur diverses munitions et étant entourée de forêt, elle survit comme à son habitude désormais de la pêche et de la chasse. Elle doit composer avec les pluies torrentielles et lutter contre une violente grippe dans le courant du mois de janvier. Elle succombe presque à la fièvre mais parvient finalement à se remettre. Vers fin mars, elle se prépare donc pour la dernière partie de son voyage jusqu'à Seattle.
Dans les environs de Snohomish, Sasha est frappée par la facilité avec laquelle la nature a repris ses droits. Des plantes grimpantes recouvrent déjà certaines façades ou ruines. Les animaux sauvages se sont multipliés, errent parfois dans les rues. Ce constat ravive son optimisme. Elle trouve qu'il y a quelque chose de beau dans tout ça. Et puis évidemment, elle ne va pas s'en plaindre. Devenue une chasseuse compétente, la jeune femme trouve ainsi de quoi subsister plus aisément. En chemin elle récupère encore les rares conserves qu'elle trouve en supposant que Seattle a probablement déjà été délestée de ses ressources.
Elle s'engage dans la banlieue de Seattle à hauteur d'Eastmont. Sa progression est ralentie par les omniprésents dangers et les abondantes précipitations de septembre. Sasha note l'abondance de rats mais a la chance de ne pas être atteinte par le choléra et la leptospirose. Elle doit en revanche composer avec la présence d'un survivant qui la traque et manque de la tuer. Elle ne connaîtra jamais les raisons motivant ce comportement, l'autre ayant simplement perdu sa trace ou décidé d'abandonner.
La survivante parvient enfin à Broadview et, tremblante, se prépare à être confrontée au pire. Elle rejoint l'appartement qu'elle avait loué avec Marc, ne peut que constater que l'immeuble a brulé et s'est en parti effondré. Elle s'en veut terriblement, tombe dans le piège des doutes et suppose que si elle était arrivée un peu plus tôt... Elle a l'impression de l'avoir abandonné, se méprise pour cette indécision qui lui aura fait perdre un temps précieux. Malgré elle, elle en veut également à Valérian. Si elle ne l'avait pas attendue aussi longtemps... Le conditionnel la torture et son optimisme, cette fois, ne l'aidera pas vraiment à affronter la réalité.
Elle quitte très vite les lieux, souhaitant les laisser dans son sillage. Pendant un temps elle erre sans but dans la banlieue de Seattle, se contentant d'avancer l'esprit vide et l'âme meurtrie. Elle trouve du réconfort en feuilletant un livre dédiée à la photographie. Ces dernières lui permettent de s'évader un peu, lui rappellent ce que fut la vie autrefois et ce qu'elle pourrait à nouveau être. Certaines photos datent de la seconde Guerre Mondiale. En légende, elle apprend que les pellicules qui les contenaient n'avaient pas été développées depuis des dizaines d'années et étaient malgré tout bien conservées.
Sasha aime l'idée de posséder des souvenirs des lieux et des gens qu'elle a pu rencontrer alors même que les visages de Valérian, de Marc ou encore de sa famille ont déjà commencé à devenir flous. Elle décide de trouver un appareil et d'immortaliser à son tour des bribes de présent. Les magasins dédiés n'étant que partiellement pillé, elle s'en dégotte un vieux modèle plutôt aisément de même que quelques pellicules vierges. Le premier visage qu'elle prend en photo est le sien. Elle espère que d'autres suivront bientôt. Parce que l'humanité se relèvera. Et que les générations futures voudront peut-être un témoignage de ces temps difficiles.
Son optimisme retrouvé, sa douleur à peine muselée, elle apprend l'existence d'un centre de troc dans la zone industrielle. Une nouvelle qui la conforte dans l'idée que la civilisation renaît. Complètement ignorante des événements et des conflits qui ont déchiré la ville, elle se lance à la recherche de ce fameux No Man's Land. Le trouver n'est pas aussi difficile qu'elle le pense. On lui confisque son arme à l'entrée du vaste entrepôt et Sasha se retrouve au milieu d'une foule étonnante.
Elle retrouve très vite ses marques de sociabilité, passe régulièrement sur place pour échanger ses trouvailles et discuter avec d'autres survivants jusqu'à la fin de l'année. Sasha en profite pour se faire une idée plus précise de la situation à Seattle. Elle note également la présence d'un groupe appelé New Eden et apprend qu'ils viennent en aide aux personnes dans le besoin. Un geste qui ne manque pas de recueillir l'approbation de la jeune femme. Sa naïveté, bien sûr, l'empêche de considérer qu'il puisse y avoir un revers à cette médaille d'altruisme.
La jeune femme envisage de les rejoindre d'autant plus qu'elle imagine que ses compétences seraient les bienvenues. On lui a d'ailleurs assuré que ce serait le cas. Pourtant elle prend un peu ses distances avec le No Man's Land vers le début de l'année, s'en écarte pour partir en quête de médicaments et autre matériel médical qui pourraient l'aider à soulager autrui. Elle se donne ainsi le temps de la réflexion et l'opportunité de se retrouver un peu seule pour faire le point en vagabondant dans le sud de la ville jusqu'à la fin février.
Elle s'est finalement décidée à rejoindre New Eden. Et en remontant vers le nord pour rejoindre leur antenne au No Man's Land, elle se retrouve sur la route d'un homme qu'elle reconnaît d'un seul regard. Il a changé. Mais pas assez pour tromper sa vigilance. Elle lui sourit, s'approche de lui et avale finalement la distance qui les sépare en courant. Sasha se jette dans les bras de Valérian, enroule ses jambes autours de sa taille et le serre contre elle de toutes ses forces. Et puis lorsqu'ils se relâchent l'amertume se manifeste sous la forme d'une gifle bien vite regrettée et d'une question aux relents inquisiteurs, sublimée par des sourcils froncés :
Venant tout juste de rejoindre le groupe de survivants dirigé par Valérian, Sasha a encore besoin de trouver ses marques. Elle suppose que ses connaissances médicales la prédestinent à prendre soin de ses nouveaux camarades ou des infortunés qui seraient amenés à croiser sa route. Pour l'heure elle fait de son mieux pour trouver sa place au sein de ces gens qu'elle ne connaît pour l'instant qu'à travers les maigres récits de Valérian.
De manière générale et depuis la fin de l'année 2020, Sasha fait de son mieux pour s'accorder un peu de temps pour elle et s'adonner à la photographie. Quand bien même les pellicules risquent de ne pas conserver les photos bien longtemps en bon état, elle y trouve une forme de satisfaction personnelle à l'idée qu'un jour, peut-être, elles pourront témoigner de cette époque troublée.
Sa vie, elle n'en doute pas, s'améliorera drastiquement à la distillerie où l'équipe s'est déjà bien implantée. Elle est volontaire, ne rechigne pas à apporter son aide où on en a besoin et est souvent la première à la proposer. Elle n'a pas davantage peur de se salir les mains pour peu que ce ne soit pas dans le sang des vivants. Pour le reste Sasha se contente de faire ce qu'elle a toujours fait : être attentive aux autres.
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Re: Sasha Critchlow ~
Dim 7 Mar 2021 - 8:16
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Re: Sasha Critchlow ~
Dim 7 Mar 2021 - 8:46
Elle est vraiment parfaite ! J'ai hâte de lire la suite !
Bon courage pour la rédaction !
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Re: Sasha Critchlow ~
Dim 7 Mar 2021 - 9:48
Ça c'est une trop bonne surprise
R'bienvenue !!
& hâte de te voir en jeu chez les Exilés !!
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Re: Sasha Critchlow ~
Dim 7 Mar 2021 - 9:54
re bienvenue a toi!!!!
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