Les mots de Tomeo avaient eu de quoi l'inquiéter forcément. Mais comme à chaque fois de toute façon qu'il s'agissait de préserver la communauté de Nisqually - malgré l'ambiance pesante des derniers temps - Andrea ne lésinait pas sur les moyens qu'elle mettait en œuvre. Accompagnée de Keenan - un nouveau dans le coin qui avait envie de faire ses preuves - et Janek, l'afro-américaine avait dans l'idée de régler cette affaire rapidement pour éviter à tout le monde des problèmes. La troisième barricade était presque terminée, elle en avait conscience, mais tant que les siens n'avaient pas bouclés les détails, elle ne voulait pas prendre de risques pour eux.

Le nid est dans ce batiment, indiqua-t-elle aux deux autres, désignant un ancien immeuble abandonné de Tacoma.

Ils étaient en face, la porte n'était plus barricadée mais Tomeo avait quand même eu le bon sens de refermer les poignées en les coinçant avec une chaine qui tenait le choc. De faire, les morts étaient à l'intérieur et ne pouvaient pas sortir par là. Cependant, il n'empêchait qu'ils pourraient devenir une menace s'ils ne s'en occupaient pas rapidement. Inutile de dire qu'Andrea n'avait aucune envie de revivre un nouveau Protocole GIU, même si celui-ci était bien moindre que celui de l'an dernier. Déjà l'an dernier, soupira-t-elle pour elle-même en serrant la mâchoire.

Il va falloir les faire sortir, les abattre ou les faire partie en direction du Sud ou de l'Est pour s'en débarrasser, expliqua-t-elle aux deux hommes avec elle. Combien il y en avait à l'intérieur ? Tomeo les estimait à une bonne cinquantaine au bas mot, ce qui voulait dire un sacré boulot pour eux. Le plus simple étant de les extirper de là, et de les lancer en direction d'une autre ville. Je peux compter sur vous pour garder votre sang froid ? Demanda-t-elle à ses partenaires.

Sa réputation à elle n'était plus à faire, elle avait déjà assuré mille fois des missions plus compliquées que celle-ci. Cependant, Andrea n'était pas encore certaine pour les deux autres. Etaient-ils fiables ?

Tom les a estimé à une bonne trentaine, peut-être plus, indiqua sobrement Andrea avant de pincer les lèvres. Elle ne pouvait pas dire mieux que ça d'ailleurs puisque le compte rendu du pompier avait été large. Il y avait une menace dans tous les cas à laquelle il fallait palier rapidement : Il n'est pas sûr que les barricades tiendront forcément longtemps s'ils se pressent contre, il a paré au plus pressé au moment de les trouver, expliqua-t-elle rapidement.

Elle avisa les deux autres longuement, les écoutant parler. Tous deux cherchaient à se rendre utile. Leur aîné notamment, qui se montrait plus confiant et relevait l'évidence, la chose de laquelle Andrea se méfiait le plus : leur endurance n'était pas éternelle, comparativement aux morts qui étaient capables de marcher pendant des heures sans se fatiguer, seulement animés par la volonté de manger. Si le mental faisait beaucoup, l'afro-américaine avait conscience que ce n'était pas aussi simple pour tout le monde, et elle voulait comme exemple Janek qui n'avait pas l'air spécialement à sa place malgré ses efforts pour donner le change.

C'est peut-être une solution oui, dépend de comment on se sent. Par chance, il n'y a pas de coureur parmi eux, alors on peut facilement les distancer en marchant plus ou moins rapidement. Le truc, c'est qu'on pourra pas contrôler ceux qui se rajouteront aux groupes à cause du bruit qu'ils feront, ajouta-t-elle dans la foulée, venant se passer une main sur le visage. Je préfère éviter de gaspiller des munitions, qui feront du bruit de toute façon, indiqua-t-elle.

Pas la peine de les gâcher donc, ils devraient s'en tirer dans faire davantage de bruit. Depuis la découverte du protocole GIU et de la fosse a rôdeurs de plusieurs milliers de tête, Andrea savait que Tacoma n'était pas un endroit spécialement sûr.

Pas un avantage pour nous, souffla-t-elle alors : On peut tenter de les envoyer vers un de nos pièges, et les coincer progressivement dedans pour qu'ils soient plus facile à éliminer, ou vers une fosse pour les avoir à la lance ensuite, proposa-t-elle.

Dès que les deux autres auraient choisi la méthode avec laquelle ils seraient le plus à l'aise, elle passera à l'action pour sa part.

Nous avons une fosse de creusée à Kandle Park, du côté du skatepark, tu la trouveras rapidement en y étant. De toute façon, nous allons te suivre de près pour nous assurer qu'il ne t'arrive rien, assura Andrea fermement.

Au moins, le plan s'organisait progressivement, et ça n'était pas plus mal. Devant la volonté de Janek de bien faire, la métisse voulait s'assurer qu'il était véritablement prêt à disposé à s'investir. Visiblement, l'israélien avait beaucoup à démontrer à tout le monde pour prouver sa valeur, et elle ne doutait pas qu'il parviendrait à faire ses preuves. Ceci étant, les paroles encourageantes de Keenan l'aidèrent à retrouver confiance, l'homme semblait faire montre d'un bel esprit d'équipe et d'une attitude paternaliste. Elle avisa ses deux vis-à-vis par ailleurs, poursuivant sur sa lancée :

Une fois tout le monde dans le trou - il va probablement falloir les aider un peu à y rentrer - nous pourrons plus facilement les achever, ajouta-t-elle alors, pour s'assurer que les deux avaient bien en tête le déroulé du plan. Il y aurait probablement des accrocs, elle avait cependant bon espoir que les grandes lignes soient respectées. Mais il faudra les brûler ensuite, les enterrer pourrait contaminer les terres et donc nous rendre malade, expliqua-t-elle sur le pouce.

Notamment si la décomposition parvenait jusqu'à de l'eau saine jusqu'ici. Comme pour pas mal de maladies d'avant, Andrea voulait faire en sorte d'éviter des épidémies ensuite qui contrarieraient forcément le développement de Nisqually. En tant que leader, elle n'avait pas le choix que de penser à des détails comme celui-ci.

Si tu es prêt, fit-elle à Janek soudainement : Je déverrouille et ouvre, Keenan, met toi en position, lui ordonna-t-elle. Janek, il faudra les attirer, en faisant du bruit, en étant un appât. Mais ça n'était pas la partie du script la plus compliquée. Je fermerais la marche pour vérifier qu'aucun ne traîne à l'intérieur, lui assura-t-elle.

De fait, elle retira avec précaution le cordage autour des poignées et une fois fait, s'éloigna de quelques pas en arrière.