Radcliff Right
Dim 14 Mar 2021 - 17:44
Intelligent Charismatique Prudent Eloquent Minutieux Peu fiable Calculateur Manque d'empathie Maniaque Menteur | Il ne transporte pas grand chose sur lui à part son nécessaire de toilette, un rasoir de barbier, son cuir à rasoir et de quoi caler une dent creuse. A cela s'ajoute son beretta 92FS, sagement rangé dans son holster, et quelques munitions supplémentaires. La seule babiole qu'il trimbale et qui sort de l'ordinaire se révèle être une vieille pièce d'un dollar de 1794, une antiquité qu'il garde comme un trésor dans sa poche de poitrine, tout contre son cœur. Ses cheveux courts auparavant d'un blond cendré se laissent dominer par une offensive grisonnante tout en restant toujours impeccablement coiffés. A ce qu'on sache, l'apocalypse n'a jamais empêché de se servir d'un peigne, à moins d'avoir perdu les deux mains. Sa coiffure minutieuse surplombe un regard d'un bleu glacé mais où pétille généralement une étincelle malicieuse, expression soulignée par son sourire en coin. Son visage assez buriné révèle quant à lui autant son âge que son expérience, mais sans pour autant se départir d'un charme certain. Et Radcliff est bien sûr rasé de près. Toujours. Et le reste de son corps est tout aussi net. S'il le pouvait, il repasserait ses chemises mais à défaut de le pouvoir il fait au moins en sorte qu'elles soient toujours propres. Et son hygiène corporelle n'a rien à envier à celle de sa garde-robe. De son avis, ceux qui pensent qu'une douche est nécessaire à la propreté ne sont que des crasseux qui se cherchent des excuses. Radcliff entretient d'ailleurs son corps avec autant de sérieux qu'il chasse la saleté. Malgré son âge et son statut de bureaucrate, il jouit d'une forme olympique grâce à son hygiène de vie impeccable. Si certains anciens militaires se laissaient aller au bidon kronenbourg, ce n'est clairement pas son cas. La totalité de son mètre 82 est sec et musclé grâce à son entraînement quotidien. Les seules tâches sur ce tableau impeccable sont une cicatrice de blessure par balle dans le creux de l'omoplate droite et un léger boitement côté gauche, sympathiques souvenirs de guerre. |
C'est un peu son leitmotiv, faute à son éducation probablement, mais le fait est qu'il s'y tient avec la plus grande fermeté. Il voit en les lois la colonne vertébrale de la société. Le problème étant principalement que l'apocalypse a réduit à néant les règles établies et qu'il a dû s'en créer de nouvelles, pas forcément au goût de tout le monde. Il s'en sert comme d'une soupape de sûreté. Son obsession de l'unique loi qu'il s'impose lui permet autant de réfréner ses pulsions que de lâcher la bride si nécessaire pour éviter les débordements incontrôlables.
S'il avait eu la vivacité d'esprit d'un âne mort, tout ça n'aurait pas vraiment posé de soucis. Mais son intelligence pointue a été aiguisée par des années d'études et de réflexions poussées qui l'ont rendue aussi tranchante qu'une lame. Malin, fourbe diraient certains, il est capable de retourner une situation à son avantage sans se fouler le petit doigt. Il use souvent pour ce faire de l'art de la manipulation, talent bien aidé par son éloquence et son charisme naturel qu'il saupoudre généreusement de mensonges finement élaborés. Aussi charmant qu'une plante vénéneuse, il usera de ses charmes pour attirer ses proies et refermer son piège sur eux... ou peut-être pas, selon son humeur ou le choix du destin.
Probablement faute à son propre lunatisme et manque de fiabilité, il se montre prudent dans ses rapports avec les autres et dans son analyse des situations. Après tout, on ne peut jamais savoir quand un couteau viendra se ficher entre nos omoplates. Chaque situation est décortiquée, prévue, prise en compte. Aucun détail n'est laissé de côté. Cet aspect de sa personnalité à tendance à le rendre minutieux, voir maniaque, et peu enclin à tolérer les écarts et les zones d'ombres.
Utilisés pour le bien commun -comme avant que les morts ne se relèvent- ses traits de personnalité en faisait une arme de choix. Une égide qui préservait les Etats-Unis en toutes circonstances. Dans les circonstances actuelles, ils en font une bombe à retardement pour quiconque le fréquente. Son manque d'empathie évident et ses tendances sociopathes l'empêchent de compatir ou d'avoir pitié de ceux dont il se joue, et même s'il constate et prend note de leur détresse, cette donnée n'entrera en ligne de compte que s'il y voit un intérêt.
A la cinquantaine, on ne se refait plus. Épidémie ou pas, notre homme reste le même. La seule différence, et non des moindres, est l'élaboration de sa nouvelle "loi" afin de remplacer celles qui se sont effondrées avec la disparition de la société moderne. Le vieux dollar qu'il garde toujours sur lui est devenu son signe du destin. Pile, il sera clément, suivra les ancienne règles et refrénera les pulsions destructrices qui s'agitent en son sein. Face ? Et bien... je crains que nous n'ayons pas tous la même définition du mot "liberté" et que les choses risquent de mal tourner...
Je pourrais commencer son histoire en vous disant qu'à peine sorti du ventre de sa mère le 2 février 1961, il n'avait poussé aucun cri et s'était contenté que juger le monde de son regard bleu aussi glacé que la neige qui tombait drue sur Tacoma. Mais... ce serait faux, extrêmement romancé et pour tout dire un peu too much. Radcliff n'était aux premiers jours qu'un nouveau né comme un autre. Une petite boule de rien juste bonne à gazouiller en remplissant ses couches. Puis il grandit.
C'était un enfant assez tranquille. Pas très bavard à l'époque, toujours plongé dans ses livres ou à se promener dans les coins perdus de Wright Park. Ses parents n'avaient pas vraiment à s'en plaindre, il était obéissant. Juste... un peu "bizarre". Pas assez souriant, trop renfermé sur lui-même. Et ce regard qu'il portait parfois sur les autres enfants de son âge comme s'ils n'étaient rien... Mais ça ne restait que des impressions que tout parent aimant s'empresserait de balayer sous le tapis pour en ignorer l'existence. Les choses devinrent problématiques vers ses 8 ans quand les animaux du quartier commencèrent à disparaître. Le chat de Mme Hellman d'abord, puis le cocker du vieux Philips. Ce n'était bien sûr que le début d'une longue liste. Et Mrs Right fut bien forcée d'incriminer son fils lorsqu'elle tomba sur un gisement d'os en retournant la terre de son parterre de fleurs pour y planter des pétunias. De longues discussions gênantes s'ensuivirent, des rendez-vous avec des psychologues, des visites au Temple afin de remettre le petit Radcliff sur le droit chemin. Quand on lui demandait ce qui avait motivé ses actes cruels, la seule chose qui en ressortait était la curiosité. Il voulait savoir ce qui se trouvait à l'intérieur d'un être vivant, comprendre l'agencement, observer les réactions et la palette d'émotions qu'exprimaient ses victimes animales. Mais point de malice. Il était même étonné, voir désolé, d'apprendre qu'il avait mal agit. Face à tant de candeur, l'incident fut rapidement pardonné - sauf par la pauvre Mme Hellman qui ne s'en remit jamais.
Pardonné, mais pas oublié. Son père prit des mesures strictes afin que son fils reste sur le droit chemin. L'éducation religieuse fut renforcée, les lois et les règles de vie en société vissées dans le crâne à force de répétition. Ses journées étaient carrées et militaires, Mr Right ne lui laissant pas l'occasion de se détourner des préceptes qu'on lui inculquait. Sa mère quant à elle se chargeait de l'entourer d'amour dans l'espoir que celui qui resterait toujours son bébé puisse mieux comprendre les sentiments d'autrui. Et il finit par comprendre, à défaut de les vivre. Ce n'était pas logique, loin s'en faut, mais il comprenait. Et ce qu'il déchiffrait, il pouvait le reproduire, le singer. Les règles quant à elles lui apportait un cadre où il pouvait évoluer de manière aisée. Sans les aimer forcément, il les connaissait ce qui représentait un confort non négligeable. Au bout de quelques années, aux yeux de ses proches et même du monde, il était devenu quelqu'un de "normal".
Pendant ses années de collège et de lycée, il travailla à parfaire ses talents sociaux au point de se faire une place de choix au sein des plus populaires. Cette étude à grande échelle l'amusait assez pour qu'il ne cherche jamais à retourner à ses vieux démons. Il arborait son masque en toutes circonstances, souriant quand il le fallait, faisant montre de compassion si c'était attendu. L'adolescent expérimenta même plusieurs relations sentimentales qui ne firent pas long feu. C'était bien trop fastidieux de faire semblant même dans la plus stricte intimité. Elles ne comprenaient jamais, elles voulaient lire en lui, hystériques, à gratter la surface qu'il s'échinait à préserver. Elles étaient juste... chiantes. L'amour avec un grand A fut bientôt classée dans la casse des poids morts et il cessa même d'essayer d'avoir quelqu'un à ses côtés.
En 1979, une fois son diplôme du secondaire en poche, il s'engagea sous les drapeaux au sein de l'U.S. Army. Il avait été fortement poussé par son père, lui aussi militaire de carrière. A dire vrai cela lui convenait plutôt. Un cadre, des règles, et la possibilité d'étudier les pires travers de l'humanité sous prétexte de protéger le peuple et la liberté. Se laisser aller à ses vieilles pulsions, aussi. Au milieu d'un champs de bataille, on ne se souciait guerre de ce genre de détails. Certains s'en plaignaient, mais ils disparaissaient bientôt de manière convéniente. Ce sont hélas les aléas de la guerre, n'est-ce pas ? Il servit ainsi lors de la guerre du Liban, de l'invasion du Panama, la guerre du Golfe, celle en Bosnie-Herzégovine aussi. Il grimpa les échelons jusqu'au grade de colonel et tout semblait lui sourire jusqu'au jour où il manqua de prudence. Lors d'une opération au Bosnie en 1993, un défaut d'information le fit tomber dans une embuscade dont il se tira en vie mais blessé gravement. Poumon perforé, genoux gauche endommagé, il n'y eut d'autre choix que de le rapatrier et, face aux séquelles, le remercier pour ses bons et loyaux services envers la mère patrie et lui rendre sa liberté.
Âgé de 32 ans, Radcliff se retrouva ainsi privé de sa vocation, forcé de revenir à Tacoma où il se payait un appartement minable avec sa pension militaire. Il lui fallait réagir vite s'il ne souhaitait pas voir s'effondrer le cadre de vie qu'il s'était construit. Il reprit donc sa vie en main en se lançant dans des études de psychologie clinique à la Washington state university. Ironique au plus au point, mais le sujet le passionnait. Il poussa ainsi jusqu'à décrocher son doctorat et, le diplôme en poche, se rapprocha de la DIA dont il connaissait la propension à trouver des postes aux anciens combattants. Fort de son expérience et de ses connaissances, il rejoignit au printemps 1998 l'human intelligence service.
Sans surprise, il se montra efficace à son nouveau poste. Et sa vie personnelle ? Toujours le même désert émotionnel. Cédant à la pression sociale, il finit néanmoins par fréquenter une trentenaire timide qu'un collègue lui avait présenté lors d'un repas. Elle s’appelait Emily, était plutôt quelconque. Gentille et douce, mais d'un physique à se fondre dans le papier peint. Mais aux yeux de Radcliff, le plus important était qu'elle respectait son intimité. Même après leur mariage en 2003, ils ne se voyaient qu'à peine, mais elle ne semblait pas s'en plaindre. Peut-être était-elle simplement soulagée de ne pas finir vieille fille. Le fait est que chacun y trouvait son compte. Ainsi la relation de façade s'ajouta à la personnalité factice.
Et la vie continua à s'écouler tranquillement. Achat d'une petite maison dans la banlieue de Tacoma, vague évocation de descendance jamais concrétisée, travail acharné dont il ne parlait jamais, secret oblige... Et les choses auraient pu continuer comme ça éternellement.
Hélas, le destin en avait décidé autrement, comme le lui démontrèrent les événements de septembre 2015...
Filtrant à travers le toit de verre et d'acier, la pâle clarté du clair de lune était la seule source de lumière qui baignait la pièce où ils se trouvaient. Radcliff, droit comme un i, presque pensif, fixait en silence la silhouette à laquelle il faisait face. Il aurait pu paraître parfaitement inoffensif s'il n'avait pas tenu dans sa main gauche la crosse glacée de son beretta. Un peu plus loin, ramassée contre le mur, se tenait sa femme. Le regard fuyant, l'activité d'Emily se résumait à regarder le sol, se tordre les doigts et pleurer. Après un temps qui sembla infini, l'homme brisa le silence la voix chargée de déception :
- « Emily, ma chérie... comment as-tu pu me faire ça ? »
Pour toute réponse, il n'eut que des sanglots redoublés. Heureusement pour elle, il ne sembla pas s'en formaliser outre-mesure.
- « Je nous pensais plus proche que ça. Après tout cela fait 18 ans maintenant que nous sommes mariés, près d'un tiers de ma vie. J'ai toujours fait en sorte d'être là pour toi et de t'apporter ce qui te manquait, de combler les vides évidents de ta vie, satisfaire tes désirs, et tout ça pour en arriver là ? Vraiment ? Tu ne te souviens donc pas de l'époque où l'épidémie s'est déclarée ? Tu étais au trente sixième dessous, tu avais même pensé à mettre un terme à ta vie en avalant tout le contenu de notre armoire à pharmacie mais tu t'es raccrochée à moi comme une moule à son rocher et je t'ai sauvée. Oui, je t'ai sauvée. Je t'ai donné une raison de t'accrocher. Je t'ai apporté des renseignements confidentiels que je n'aurais pas dû sortir pour que tu aies les cartes en main afin de préserver ta vie. J'ai pris soin de toi alors que tu semblais uniquement préoccupée par l'arrêt de tes réunions tupperware et l'impossibilité de t'occuper de ton jardin. Mon téléphone sonnait toutes les 5 minutes pour que je règle des affaires urgentes mais il a fallut que je laisse tout de côté pour éviter que tu ailles bêtement te tuer en chassant les charognes de ton carré de pétunias. A cause de tes demandes égoïstes et tes crises de larmes, j'ai manqué à mes devoirs et on a bien vu où cela a mené : le pays est tombé. Je ne suis pas assez arrogant pour penser que j'aurais sauvé le monde seul, mais je n'ai pas fait ma part. J'ai manqué à mes obligations. Pour toi. Et voilà comment tu me remercies. »
Il écarta les bras comme pour montrer l'ampleur de l'infamie. Emily se recroquevilla sur elle-même, presque en position fœtale, avant de marmonner quelque chose que l'oreille affûtée de Radcliff réussit tout de même à déchiffrer.
- « Et bien sûr il faut toujours que tu remettes ça sur le tapis ! Tu me fatigues Emily... tu me fatigues tellement ! Je n'ai pas voulu que ces gens s'agglutinent autour de moi, je n'ai pas voulu que ça finisse comme ça. Tu le sais bien. Tout ce que je voulais, c'était créer un cocon d'ordre à Tacoma. Une relique de l'Amérique passée, un lieu de règles et de respect. Je suppose que de cette démarche se dégageait un sentiment de confiance et de sécurité, que ça pouvait représenter un phare dans la nuit pour tous ces gens désespérés, mais comment aurais-je pu croire qu'ils verraient tous en moi un leader ? Ils étaient toujours là sur mon dos, à attendre tellement, à me scruter en permanence comme le messie... Est-ce que je ressemble à Jésus, franchement ? J'ai l'air de transformer l'eau en vin ? Ce qui n'était qu'un service rendu à fini par devenir une corvée. Ils avaient trop d'attentes, ils m'avaient mis sur un piédestal, ils voulaient faire de moi une sorte de parangon de moralité dans cet univers de chaos. C'était beaucoup trop contraignant ! Trop de pression, pas assez de liberté. Trop d'obligations, pas assez d'intimité. Ils avaient construit tout ce culte de la personnalité autour de moi, c'était insupportable. Alors pour toi j'aurais dû rester et souffrir pour eux ? Ou partir en les abandonnant à leur détresse et à une mort certaine par les crocs et les griffes de ces choses qui erraient dans nos rues ? Ça aurait été bien trop cruel. J'ai préféré faire preuve de compassion en mettant un terme à leurs souffrances. Oui, j'ai empoisonné le repas et je suppose que d'un point de vue extérieur cela peut paraître atroce. Mais ils sont partis rapidement et entourés de ceux qu'ils aimaient. Quant à moi j'ai recouvré ma liberté. Je le dis et je le redirai autant de fois qu'il le faudra : c'était gagnant-gagnant. D'ailleurs mis à part toi, personne ne s'est plaint. »
Un rictus amusé déforma ses lèvres, comme s'il se gaussait de sa propre blague. Il reprit néanmoins rapidement un visage plus neutre alors qu'il s'avançait vers sa femme pour poser un genou à terre, remettre son arme dans son holster et lui prendre la main. Elle tressaillit à ce contact mais ne pipa mot, comme si elle avait peur des conséquences que ses remarques pourraient entraîner. De son côté, il prit ce silence comme une validation de sa démarche, aussi reprit-il avec plus de douceur :
- « J'ai bien vu que tout ça t'avait perturbé, c'est pour ça que je t'avais proposé de partir, de quitter notre maison pour aller dans un endroit que tu n'associerais plus à l'horreur. Parce que je tiens à toi. J'ai promis de t'aimer et te chérir jusqu'à ce que la mort nous sépare, l'aurais-tu oublié ? C'est pour toi qu'on a fait route vers Seattle, qu'on a investit cette bibliothèque pour en faire notre nouveau foyer. Le lieu était grand et assez peu attrayant pour ne pas être pris d'assaut par tous les zonards de la ville. La verrière permettait d'assurer une fonction de serre et d'installer un potager... bien sûr ça a demandé beaucoup de travail, ramener de la terre, de l'engrais, trouver des graines, des outils... je me suis investi à 100% dans ce projet pour toi, souviens-toi. Je sais que tu n'as pas forcément approuvé toutes mes méthodes, comme le fait de se servir de captifs blessés comme diversion afin d'attirer les infectés et libérer ainsi la voie pour minimiser les risques. Certains sont peut-être morts, mais c'était pour pouvoir d'offrir le jardin dont tu rêvais. La beauté mérite bien quelques sacrifices, tu ne penses pas ? Sans parler du fait que grâce à nos installations, nous avons réussi à devenir relativement auto-suffisants, au moins pour ce qui concerne l'aspect végétal de notre alimentation. Je t'en prie, ne me blâme pas pour avoir pris soin de toi. Ne me fais pas payer le fait d'avoir voulu apporter une oasis de bonheur dans ta vie. »
L'hésitation sembla poindre dans le regard troublé de sa femme. La culpabilité, aussi. Après avoir dégluti bruyamment, elle souffla, à peine audible :
- « Mais... et les enfants alors ? Ce n'était pas pour moi, les enfants.
- Si, bien sûr que si. J'ai bien conscience que tu as toujours souffert de ne pas avoir pu avoir d'enfant. De ne jamais avoir pu tenir ton bébé dans tes bras. Et tu as tellement d'amour à donner... C'est pour ça que plutôt que de laisser ces enfants orphelins errer dans les rues à la merci de tous les dangers, j'ai préféré les prendre sous notre aile. Et ils sont heureux ici, tu ne penses pas ? Depuis 2 ans nous les nourrissons, nous les abritons, nous les défendons des ombres qui guettent. Tu leur as appris la douceur, quant à moi je leur ai offert l'éducation ainsi qu'un but dans la vie. Tout le monde a besoin de se sentir utile et encore plus dans le contexte actuel. En leur donnant du travail, je leur fais comprendre qu'ils ont encore leur place dans ce monde. Qu'ils sont des individus avec un but et un avenir. Je dois bien être l'un des seuls à reconnaître leur valeur. Et pourtant ils ont tant de potentiel ! Ils sont petits, se faufilent et se cachent partout. Ils sont toujours sous estimés et n'attirent pas la méfiance. Les gens parlent devant eux, ce qui leur offre la maîtrise de l'information. Je n'ai fait qu'ouvrir leur yeux sur leurs capacités et les aiguiller de manière à nous offrir à tous une vie convenable. Ils sont heureux, Emily. Nous sommes comme des parents pour eux. Et oui, parfois nous essuyons des pertes - de ma propre volonté si nécessaire je te le concède - mais la vie est faite de deuils. Nous ne pouvons pas nous concentrer là-dessus. Tu devrais plutôt penser aux vivants. Cesse donc de vouloir agir de manière inconsidérée comme tu l'as fait ces derniers temps. »
Radcliff poussa un profond soupir avant de déposer un baiser sur la main de sa femme, geste qui aurait pu être romantique si le contexte n'avait pas été aussi dérangeant. A ce contact, Emily fut d'autant plus décontenancée. De toute évidence, elle ne savait plus du tout sur quel pied danser. C'était fou, immoral... mais c'était presque sensé.
- « Tu sais mon amour, cela faisait déjà quelques temps que j'avais des doutes. A plusieurs reprises je n'ai pas pu me servir des informations recueillies parce que nos « cibles » avaient disparues. Comme si quelqu'un les avaient prévenues des dangers qu'elles encourraient. Ça a même failli dégénérer avec l'un de nos collaborateurs parce qu'il pensait que nous avions tenté de l'arnaquer. Je ne te l'ai pas dit pour ne pas te perturber, mais nous sommes passés à deux doigts de voir cet endroit réduit en cendres en guise de représailles. Ces situations se sont présentées de plus en plus régulièrement, au point que ça ne puisse plus être qualifié de coïncidence ou de hasard malheureux. Alors j'ai commencé à me demander si nous n'avions pas un ver dans la pomme. Un serpent dans notre petit jardin d'Eden... Je suspectais les enfants, principalement Tim et Emma étant donné leur comportement ces derniers temps, mais de là à imaginer l'auteur réel de ces fuites... j'étais à milles lieues de la vérité. Je me suis senti tellement stupide lorsque j'ai retrouvé Ruby pour acter mon intégration au S.T.A.R.S. et qu'elle m'a révélé que tu étais venue la trouver. Toi. Ma propre femme. Ma moitié. Que tu avais cherché à la mettre en garde contre moi et que tu lui avais parlé de ce que tu penses être d'horribles erreurs dans mes actions passées. Que tu avais même essayé de monnayer ses services pour te mettre en contact avec quelqu'un capable de s'occuper de moi. Une chance qu'elle ait plutôt préféré parier sur mon potentiel au sein de son groupe et me conseiller de me méfier de ton intrusion dans mes affaires professionnelles. Ce que tu as fait, ce que tu as dit, l'apprendre de la bouche d'une étrangère...ça m'a brisé le cœur. »
Apposant avec douceur ses mains de chaque côté du visage de sa femme, il plongea son regard dans ses yeux. Le temps sembla se suspendre, le silence uniquement troublé par leurs respirations profondes.
- « Nous avons juré de passer nos vies côte à côte, de nous chérir, de nous protéger en toutes circonstances. De se respecter, de se soutenir, d'être fidèles et honnêtes l'un envers l'autre. Tu ne peux pas renier tout ça, n'est-ce pas ? Je sais que tu es une belle personne et qu'au fond de toi tu t'en veux horriblement. Que ce n'est pas l'image que tu veux avoir de toi. Mais tout peut être réglé en quelques mots ma chérie. Dis moi... dis moi simplement que tu es désolée. Que tu ne recommenceras jamais. Montre-moi que tu regrettes ce qui s'est passée et tu verras ta culpabilité s'envoler. Libère-toi de ce fardeau. Pour toi. Pour nous. »
Les yeux embués de larmes d'Emily se mirent alors à briller d'une lueur étrange qui vacillait entre l'espoir, la sidération et le soulagement. Son souffle était resté bloqué dans sa gorge à l'écoute de cette proposition inespérée de salut. De ses lèvres tremblantes finirent par s'échapper des mots, d'abord hésitants puis déclamés avec une sincérité croissante.
- « P... pardon... je... je suis... oh je suis tellement désolée... je... je ne voulais pas en arriver là. C'est juste que... il fallait que je pense aux enfants. Parfois tu me fais peur Radcliff, mais je n'aurais pas dû... je ne me rendais pas compte. Pardonne-moi... Je te promets que je ne recommencerai plus ! Tu peux me faire confiance, ça n'arrivera plus ! Je m'en veux tu sais...
- Là... là... tout va bien. Merci pour ces paroles. Sache que je te crois et que je ne t'en veux pas. »
Il caressa avec douceur la chevelure grisonnante de celle qui partageait sa vie avant de se remettre debout, de tirer son arme de son holster et d'en coller le canon au beau milieu du front d'Emily. Aucun sentiment ni remord aucun ne transparaissait sur ses traits, mis à part un sourire qui paraissait factice.
- « Tu n'auras plus l'occasion de me trahir, mon cœur, mais au moins tu pourras partir le cœur léger. Merci d'avoir parcouru avec moi ce bout de chemin, mais aujourd'hui je te rends ta liberté. Adieu Emily. »
Dans le silence ambiant, la détonation fut assourdissante. Le corps de sa femme s'écroula au sol dans un bruit mat. Il la regarda un instant, pensif, avant de se détourner tout en rangeant son arme encore brûlante.
- « Jusqu'à ce que la mort nous sépare... je ne suis pas sûr que le pasteur avait cette fin en tête. »
La première partie de sa journée est toujours assez tranquille : s'occuper du petit déjeuner pour les enfants et aider les plus jeunes à se préparer. S'ensuit un briefing afin de répartir les rôles de chacun et les missions spéciales éventuelles, après quoi il passe deux bonnes heures à s'occuper de leur immense potager. Il emmène ensuite une part de sa récolte quotidienne au No Man's Land afin de pouvoir la troquer contre de la viande, du matériel ou quelques informations utiles.
Pour le reste, ses journées sont relativement aléatoires. Il peut s'agir autant de recherche de personnes ou de documents que de simplement laisser traîner ses oreilles aux endroits adéquats, y compris dans les débits de boisson. C'est fou ce que les gens ont tendance à devenir bavards et peu prudents proportionnellement à leur alcoolémie. Il lui arrive aussi régulièrement de passer une part de son temps à étoffer son réseau d'enfants en cherchant des orphelins, ou en les « fabriquant » en cas de pénurie. Il passe systématiquement à la caravane en fin de journée afin de croiser ses informations avec les autres membres du S.T.A.R.S.
Au terme de tout ça, il retourne à la bibliothèque pour organiser un nouveau briefing avec les enfants et compiler les données et objets qu'ils ont acquis pour lui. Puis comme dans toute famille : repas, les dents et au lit !
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Re: Radcliff Right
Dim 14 Mar 2021 - 17:47
Juste, il faudra changer le prénom de ton personnage vu que nous avons déjà un Richard et que nous évitons les doublons !
Dès que tu as trouvé un nouveau, dis moi et je ferais le changement de ton pseudo !
- Jacob E. Ross
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Re: Radcliff Right
Dim 14 Mar 2021 - 17:48
EDIT : je viens de re-regarder, je suis effectivement bigleuse ^^' Je vais changer pour Radcliff, il faut qu'un admin change mon pseudo ou je peux le faire moi-même ?
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Re: Radcliff Right
Dim 14 Mar 2021 - 17:51
- Jacob E. Ross
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Re: Radcliff Right
Dim 14 Mar 2021 - 17:55
Bon courage pour le reste de ta fiche ! o/
Te voilà fraîchement inscrit(e) sur The Walking Dead RPG ! Après avoir lu consciencieusement le règlement du forum, voilà quelques petites choses à retenir pour tes débuts parmi nous :
Bonne rédaction !
N'hésite pas si tu as des questions ! =D
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Re: Radcliff Right
Dim 14 Mar 2021 - 18:56
Bonne fin de rédaction !
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