« Les parties charnues de votre cheval sont l’encolure, l’épaule, le ventre, les flancs, la croupe… En somme, toutes les parties musclées. L’étrille s’utilise en formant des cercles, elle va servir à décolle la saleté et les peaux mortes. » Le vieux Greene répondit à la question de Soo, sourire aux lèvres. C’était une question pertinente et cela montrait l’intérêt de la fillette pour cet apprentissage. Tous se débrouillaient plutôt bien, malgré les quelques espiègleries de certains chevaux. Et comme l’avait prévu le cavalier, Anoki et Fury ne tardèrent pas à faire parler d’eux. « Attention si votre cheval s’agite, c’est peut-être parce que vous ne l’avez pas prévenu que vous alliez le brosser. Certains sont du genre chatouilleux, Anoki, notamment. » Il jeta un regard amusé vers Ashton, l’encourageant à ne pas se laisser faire. Puis il conseilla « Avant de commencer, vous pouvez poser votre main sur l’encolure de votre cheval puis lui présenter l’étrille pour qu’il comprenne ce que vous allez faire. Si malgré ça, il continue de s’agiter, attraper le licol et maintenez-le fermement. C’est vous qui décidez, pas l’inverse. » Parfois, certaines réactions des chevaux résultaient simplement d’une mauvaise communication. Les futurs cavaliers devaient en être conscient… Comprendre leur monture ne serait pas toujours évident. C’est avec de l’expérience qu’ils finiraient par remarquer ces signes, parfois presque imperceptibles.

« Quand vous aurez brossé toutes les parties charnues, vous pourrez prendre un bouchon, qu’on appelle aussi brosse dure. Celle-là, vous la passer sur tout le corps. Le bouchon va enlever toutes les saletés qui ont été décollées par étrille. » L’ordre de passage des différentes brosses était important, c’était en répétant ces gestes que les automatismes viendraient. Aujourd’hui, Isaac allait sûrement les noyer de conseils et de façon de faire. Mais le doyen savait être patient. D’ailleurs il ne tarda pas à s’approcher de Snow et son cavalier du jour. « Ça va Corray ? Surtout prends ton temps. Aujourd’hui, l’idée est que tu te familiarises avec ton cheval, que tu maîtrises aussi tes craintes. Fais au mieux, d’accord ? Si tu ne te sens pas capable de monter sur son dos aujourd’hui, ce n’est pas grave. On pourra travailler autrement. » Il savait que le musicien n’était pas forcément à l’aise avec les chevaux, qu’il les craignait même un peu. Alors le simple fait d’être venu, était déjà un grand pas ! « Si vous avez besoin d’aide, appelez-moi ! »

« Je crois qu’il t’aime bien, tout simplement ! » Déclara le vieux Greene à l’appel à l’aide de Wyatt qui se débattait avec Amarok. Le cheval semblait intéressé par le t-shirt du jeune homme, ou peut-être était-ce le signe que le passage de la brosse le chatouillait un peu trop ? Qu’importe, Isaac ne tarda pas à le rejoindre, sourire aux lèvres, attrapant doucement le licol du cheval pour laisser son cavalier terminer de le brosser tranquillement. Ses élèves du jour avaient l’air un peu plus dissipés qu’à l’accoutumée, mais cela n’était pas vraiment un problème en soi. Le vieux Greene savait s’adapter. Néanmoins, tous faisaient l’effort d’au moins essayer, même Corray qui pourtant n’était pas vraiment rassuré. Les encouragements de Soo à l’encontre du musicien, firent sourire le doyen. Il accorda à la fillette un regard bienveillant avant de l’écouter parler à son poney. Cela pouvait être incompréhensible pour certain, mais parler à son cheval était une bonne chose. La plus jeune du groupe s’en sortait vraiment bien.

Une fois leurs montures pansées, Isaac prit le temps de leur montrer comment curer les sabots des chevaux. Pour cela, il tendit un cure-pied à Soo avant de la guider pour demander à Chico de lever son pied. Lui était encore trop handicapé pour exécuter cette tâche.  La petite fille l’écouta avec attention avant de s’exécuter, tandis qu’il commentait son travail. Une fois l’exemple montré, chacun essaya à son tour, sous l’œil attentif de l’ancien éleveur. Une fois tous les sabots curés, selles et filets furent mis à leurs places. Isaac donna un coup de main, cela n’était pas forcément au début mais à force de le faire, cela deviendrait une habitude.

« Bien. Maintenant, prenez un casque et suivez-moi avec votre cheval. » Il n’ajouta rien de plus, laissant à chacun l’initiative de détacher la longe de son cheval. Le petit groupe de cavalier le suivit jusqu’à la carrière réservée au cours. Il les invita à se mettre en ligne, à bonne distance des unes des autres. Il passa vérifier le sanglage de chacun avant d’ajouter « C’est le moment de monter à cheval. Pour cela, placez-vous à gauche de votre monture. Prenez les deux rênes dans la main gauche, puis mettez votre pied gauche dans l’étrier. Une fois que c’est fait, placez ensuite votre main droite à l’arrière de la selle, puis prenez appui sur votre pied gauche, tout en exerçant une légère impulsion avec votre pied droit. Vos bras vous aideront à vous hisser sur l’étrier. Enfin, passer la jambe droite au-dessus de la selle. Attention. Votre cheval ne doit pas bouger. »


Pour savoir si vous parvenez à monter sans encombre, lancez un dé spécial :
Si c'est une réussite, vous parvenez à monter sans difficulté.
Si c'est un échec, votre cheval bouge et vous n'arrivez pas à vous hisser sur la selle.

Spoiler:

Jet de dés spécial:

J’ai du mal à brosser le ch’val, du mal à lui curer ses putains de sabots, du mal à lui foutre une selle sur le dos, du mal à cohabiter avec la bête. Fury, elle m’aime pas, j’en suis persuadée là ! Elle gigote, se cambre un peu, m’fait peur, m’fâche, puis se calme et me laisse à peine deux secondes pour réussir un truc.

- Calmos Fury ! Pourquoi on m’a refilé le truc défectueux là ?! J’regarde les autres et y en a qui s’débrouillent méchamment mieux que moi.

ÇA me fait chier. Mais vraiment ! M’enfin, j’y arrive quand même. Ça doit pas être le boulot du siècle hein, elle doit avoir été mieux brosser que ça dans sa vie la jument foldingue. Mieux décrotté. Au niveau des sabots, mieux tout. C’est sa faute aussi ! Elle me laisse pas m’appliquer ! Là, c’est une question d’orgueil quand même, j’veux réussir !

Bon, c’est l’moment de briller là, on doit monter sur la selle. On a fait un petit tour à pied et on est arrivé à un endroit où on pourra grimper sur nos bestiaux. Je grimace avec cette histoire de casque, mais bon fuck it, j’le met sur mon crâne. Je veux faire du ch’val aujourd’hui et je vais en faire, je vais grimper sur Fury et lui montrer que j’suis pas une plaie !

Aller, j’écoute c’que le vieux nous dit de faire. Si la gamine y arrive et pas moi, je casse un truc, j’le jure ! Je tiens mes trucs, je pose mon pied où y faut, je m’élance, j’suis dans les airs, j’me retiens sur la selle et … Fury s’ébroue, elle bouge, veut pas que je grimpe et j’perds mon équilibre. J’tombe et avant même de pouvoir m’en rendre compte. C’est la douleur et l’humidité que j’sens sur mon cul qui me fait réaliser que j’suis tombée dans une flaque de boue, au sol.

- Fury ! t’es bonne qu’à faire des steaks ou quoi…. Que j’marmonne… J’croise les bras un p’tit moment, les sourcils froncés, alors qu’on a un duel de regard, le bête et moi.

J’me relève péniblement en me frottant les fesses, ouais pas de gêne, j’ai mal là. J’regard autour et j’vois que Wyatt lui, est carrément passé par-dessus le sien. Difficile de pas pouffer de rire, mais je reviens vers Fury, avec tout le sérieux du monde.

- Bon, toi et moi, faut qu’on s’entende. J’suis sûr que tu comprends. Tout le monde le dit, les chevaux c’est intelligent. Là, on a l’air de deux pauvres connes. Ouais toi aussi !

J’suis en pleine discussion avec la jument, j’vais la raisonner, y faut. Je veux monter dessus et je vais y arriver !