Ahah je peux pas m’empêcher de dégainer un petit sourire plein de malice quand elle me souffle que j’ai échappé à un tabassage à mort de sa part. Mon côté petite conne qui remonte ça, comme quoi, après tout ce passage torture, je commence peu à peu à retrouver de l’ancienne Roza, sans doute l’effet d’Axelle ça aussi. ”Ahah.. ravie de l’apprendre.” Bon et je termine pas effacer un peu mon sourire quand même, faut pas pousser le bouchon trop loin non plus hein. ”Ouais…” Que je lui répond simplement quand il s’agit de pas tenter de se comprendre ou de se juger, là dessus, je suis vraiment en accord avec elle, c’est même pas la peine d’essayer, malheureusement ça fait bien trop longtemps et bien trop d’épreuves entre temps.

Pour la rédemption, je passe mon tour, les mots suivants qu’elle me souffle par contre, il me font un putain de bien fou. Sans déconner ils ont mille fois plus d’impact que ceux de Selene qui me disait pourtant mot pour mot la même chose. Autant là, quand ça vient de la bouche d’Axelle, présente ce jour-là, ça change quand même pas mal la donne.  ”Ouais.. Je suppose que tu as raison.” et je la crois. Je renifle un coup et grogne vers Vodka qui commence à sniffer tout ce qui arrive à sa portée pour la rappeler aux pieds.

Le sujet de la mort maintenant, le gros gros point noir de cette dernière année, les New Eden. J’inspire lourdement et tente de rassembler toutes mes idées pour tenir un dialogue un temps soit peu construit, c’est pas si évident que ça d’ailleurs, le sujet me touche pas mal. ”C’est des gros teubés d’intégristes catho à la con. Une vraie putain de didacture sectaire et tordue à la sauce patriarcale.” Bah super, et moi qui voulait faire dans le cohérent, voilà que je commence à grogner des mots vulgaires dans tous les sens. ”C’est l’église et toutes les conneries qui l'entourent qui les dirigent mais genre version hardcore. Du style, s’tu suis pas les règles, tu es crucifiée… m’quitte à s’en prendre aussi à tes proches si tu merdes trop hein, tant qu’à faire, pas ça qui les gêne... Ils m’prennent aussi les femmes pour des putains de poules pondeuses bonne à rien d’autre qu’à chier des gosses…  À côté, ils ont aussi la détente facile quand tu viens pas te soumettre à leurs désirs tordus… Et putains ils ont des ces soldats surentraînés et sacrément vénères sur le terrain. Rien que d’en parler j’enrage déjà. ”L’problème c’est qu’ils sont hyper nombreux et qu’ils s’intéressent désormais à Seattle.” Ils sont calmes pour l’instant, mais je suis pas con, quand ils auront plus personne à recruter et qu’il ne restera plus que des réfractaires, ils vont tout raser comme il faut, à commencer par cet endroit. ”Si ils tombent sur une fille comme toi ou comme moi, c’est sûr qu’on termine sur une croix. On n'est vraiment pas leur genre s’tu vois ce que je veux dire.” Moi lesbienne et elle insoumise, c’est certain qu’on va pas leur plaire, on rentrera jamais dans les rangs. ”J’sais pas ce que tu as prévu pour les mois et années à venir, mais je t’invite à la plus grande des prudences...” Conseil d’amie quoi…

J'ai toujours raison. qu'elle fait remarquer à la russe avec un sourire quelque peu mélancolique, venant effectuer une faible pression sur son épaule en guise d'accolade. Il était loin le temps ou elles pouvaient passer plusieurs heures en sortie à rire, sans se soucier des problèmes de cette nouvelle communauté.

Je vois... Qu'elle souffle à sa remarque sur les intégristes, fronçant les sourcils en écoutant la suite de ses propos. Une sorte de dictature prenant pour argument la volonté de Dieu pour faire ce qu'ils veulent. Super, absolument fantastique. Et maintenant qu'ils s'intéressaient à Seattle... Elle comprenait mieux cet air paniqué dans son regard en prononçant leur nom.

Tu pense qu'ils voient Seattle comme un immense panier à hérétiques ?

Ca se tenait, quelque part. Entre la Cage, le motel, les marchands vagabonds et les têtes de types plantés sur des pics... Il y avait de quoi les voir comme une belle brochette de sauvageons. Mais de sauveageons qui avaient durement acquis leur liberté et leur survie. Au prix de trop nombreux sacrifices, comme pour elles deux..

Oh, Roza. On à survécu à Emerald. On à survécu dans la nature chacune de notre côté. C'est pas trois illuminés coincés du cul qui me foutront sur une croix, même s'ils sont plus nombreux. Tu crois pas qu'on mérite une mort un peu plus digne ?

Ce n'était pas qu'elle ne mesurait pas les risques, loin de là. Mais de là à se morfondre ici et maintenant ? Ca ne servait à rien. Et elle ne serait même pas surprise de savoir que certains types de ce campement soient déjà venus dans le motel pour passer un peu de bon temps. Posant sur Roza un regard rassurant, reprenant.

T'inquiètes. J'serai prudente. Ca vaut pour toi aussi, même si t'as l'air un peu plus au courant que moi dans le domaine.

J'sais pas encore ce que j'ai prévu pour tout t'avouer. Je reviens seulement en ville, je l'avais quitté. qu'elle soupire en levant les yeux au plafond. Devenir sédentaire n'était plus qu'un doux rêve désormais. Tout dans cette chambre donnait l'illusion qu'elle était prête à n'importe quel départ impromptu.

Mais bon. J'suis plus du genre à me foutre dans les emmerdes que les fuir. Autrement dit, elle prendrait le risque de rester ici. Advienne que pourrait. Et puis j'doute fortement que quelqu'un ici connaisse cette ville mieux que moi. Ils vont en chier s'ils décident de me foutre sur une croix. A l'instar de tous les ravitailleurs d'Emerald, la ville n'avait plus beaucoup de secrets pour elle désormais. Y vivre avait d'avantage aidé encore. Eux, ne viendraient ici qu'en supposant le terrain conquis. Sans se douter des endroits à éviter. Du moins l'espérait-elle fortement...

Et toi ? Qu'est-ce que tu comptes faire ?

Je ne peux pas m’empêcher de retenir un grand sourire quand ‘Lex m’affirme qu’en effet, elle a toujours raison. Je suis mal placée pour dire le contraire, depuis que je la connais, elle a toujours eu des conseils avisés. C’est juste le fait qu’elle l’affirme ouvertement qui m’amuse finalement. ”Ouais, j’peux que le confirmer ça.” En prime, la pression sur mon épaule suffit à pas me crisper et bien capter ce geste en guise d’amicale accolade.

Quand elle me demande si je pense que New Eden nous matte comme un fucking panier dans lequel piocher, je ne peux qu'acquiescer vivement de la caboche, c’est clairement l’image que j’ai d’eux en prime. Et comme je l’ai dit plus tôt, y a bien un jour où ils auront terminé de racoler sur le trottoir les âmes paumées et connes du coin et à partir de là, le reste ne sera que bon à abattre. ”C’est ça, l’temps joue contre nous, c’est une putain d’épée de Damocles qu’on a au-dessus d’la tête et elle tombera, un jour ou l’autre.” À nous de prendre nos dispositions pour pas nous la manger en plein crâne.

Concernant la mort digne dont elle me parle, là je lâche un petit rire nerveux qui en dit long. Je suis totalement d’accord avec elle, mais clairement, la vie n’est pas aussi clémente. ”Bien sûr qu’on mérite mieux, mais t’connais la vie hein, c’est la pro pour nous dresser un gros majeur dans la face et chier par la même occasion sur notre existence.” D’où l’idée d’être prudente, en fait. Ce qu’elle pige bien finalement avec ce qu’elle me sort justement derrière et cette pseudo promesse de faire attention que je ne peux que valider d’un nouvel hochement de caboche.

Par la suite, je comprends sans mal ce qu’elle veut me dire, comme quoi elle ne va clairement pas fuir la menace au risque de se baigner dedans. ”J’comprends...” Je peux pas lui en vouloir pour cette décision, je prends clairement la même direction, du coup, je ne peux que respecter la taille de ses ovaires pour ça. ”M’bah… t’me connais, je vais pas fuir, je compte bien les emmerder jusqu’à mon dernier souffle.” Tout moi ça finalement, ça devrait même pas l’étonner. ”J’aimerais alerter tout Seattle et unir un peu tout le monde sur le même front, j’vois pas comment on pourrait s’en sortir autrement...” Vraiment, je vois pas, l’ennemi est trop grand, si jamais fait sa tambouille à merde dans son coin, on ira pas loin.

J’entends mon prénom résonner dans les couloirs, les petits gars de Fort Ward ont terminé de se vider les couilles et me cherchent. ”J’vais devoir y aller… j’vais repasser d’ici quelques mois, prendre d’vos nouvelles et voir ce qu’on peut faire à petite échelle… j’en ai parlé avec Amalia.” Je siffle Vodka et pose ma main sur la poignée sans la quitter de l'œil. ”Prends soin de toi… Ok ?” Une dernière promesse pour que je parte l’esprit un peu libre, ce serait cool.