Elle s'était contenté d'un bref hochement de tête en guise de salut, alors qu'elle arrivait face à l'homme. Mains enfoncées dans les poches de sa veste en cuir, cheveux volants sur ses épaules à cause du vent frais qui s'était levée sur le début de Mai, l'observant en penchant légèrement la tête. Tu tombes bien. souffla t-elle à l'homme aux allures militaires, se retenant presque de lui faire un salut dans ce goût là.

Ernst, elle n'en connaissait que peu. Et inversement. Etrangement, ça lui allait très bien comme ça. A force de traîner dans le coin, les allées et venues des uns et des autres étaient devenues quotidiennes, lui donnant la possibilité de se faire un peu plus connaître. Non pas pour le spectacle, plutôt pour ses capacités. D'avantage encore, quand il s'agissait de trouver des gens encore plus flingués qu'elle pour aller faire un tour dans les endroits à l'abandon. De ceux que même les résidents du coin avaient oublié jusqu'à leur basique existence, quand la végétation était venue reprendre ses droits sur le verre et le béton.

Et Ernst, dans tout ça ? Elle ne doutait pas qu'il serait apte à la suivre contre quelque chose d'intéressant.

Elle était venue à sa suite, déposant sa carte de la ville. Une multitude de lignes colorées s'enroulant alentours des points visités, vidés, abandonnés. Détruits, parfois. Seule elle pouvait en comprendre les schémas, alors qu'elle indiquait au brun un point spécifique dans le coeur de la ville. Somme toute banale, sorte de petit entrepôt coincés dans la jungle des immeubles.

J'sais pas si t'étais dans le coin au départ, mais y'avait un petit campement de civils ici. expliqua t-elle brièvement sans se formaliser des mots d'usages, de comment il allait ou encore s'il avait passé une bonne journée. Devait y'avoir une dizaine de militaires pour une cinquantaine de civils, et surtout un centre médical de fortune. C'était ça, qui l'intéressait. Savoir ce qu'il pouvait encore rester sur place qui n'est pas été pillé ou détruit de la main des morts. Sans compter la possibilité de trouver également quelques munitions cachées dans un coin...

Le camp est tombé au bout d'un an à tout casser. Les morts se sont tirés depuis, mais j'me dis qu'il doit rester des trucs à l'intérieur.

Un petit retour aux sources, ça ne tuait jamais personne, si ? Relevant les yeux vers le soldat en lui offrant un sourire amusé, avant de reprendre.

Je te propose un échange de bon procédés. On se met d'accord sur ce dont on à besoin, on fait le ménage, et chacun repart avec des trucs intéressants. C'était ça qui était appréciable chez lui, par ailleurs. Il ne parlait pas des masses, mais agissait vite. Le genre qui lui plaisait suffisamment pour lui proposer une expédition en extérieur.

J'pense qu'il y à possibilité de trouver encore des opiacées, du matos utile. J'promets rien pour les rations militaires, mais pourquoi pas même quelques munitions pour tes jouets ?

Ca valait le coup d'essayer, non ?

J'étais, comme la plupart du temps quand je n'avais rien à faire, adossé à un mur, bras croisés, au No Man's Land. On s'occupait comme on pouvait, et j'attendais que quelque chose me tombe dessus, pour m'occuper, me faire me détendre un peu, me rapporter. Et je m'ennuyais pas mal ces derniers temps. On devait se tenir tranquille par chez nous. Alors je vendais mes services de gros bras. Ca payait pas mal, mais je ne trouvais pas du boulot tous les jours. Je lorgnais pas mal sur la cage aussi. J'observais. Vu les styles de combat, j'avais grandement ma chance. Sans trop de problèmes.

Mais Axelle était venue me tirer de ma léthargie d'ennui. On s'était déjà croisé, on avait vaguement discuté, et c'était à peu près tout. Et c'était suffisant. Je levais un sourcil, intrigué. Elle avait une idée en tête, et j'avais l'air d'en faire étrangement partie. Tant mieux. J'aurai pas mal donné pour aller m'échauffer les métacarpiens. Alors j'écoutais.

Ca sonnait bien, sur le papier. Un ancien camps militaire, déserté. Matériel et rations gratuites. Sauf que ce n'était jamais aussi beau, dans la vraie vie. Mais elle avait une jolie carte. Ca nous serait sacrément utile, une carte aussi précise.
Mais parlons peu, parlons matos. Je ne dirais pas non à des munitions, ni à des médicaments. Les balles, j'en utilisais le moins possible, mais je commençais à diminuer un peu. Heureusement que j'avais une arme américaines, les balles étaient répandues ici. Vive la frénésie des ricains avec leurs armes.
Je hochais la tête en haussant les épaules.

- Et qu'est ce qui te dit qu'il reste des trucs ? Ou que le camp a pas été réinvesti ?

Si elle connaissait ce camp, c'est que tout un tas d'autres personnes le connaissait aussi. Et ils n'ont pas dû attendre avant d'aller se servir. Et si ce n'était pas le cas, il y avait fort à parier que le camps allait être submergé par les morts. Et je ne savais pas vraiment ce que je préférais.
Les vivants sont plus simples à tuer je pense. Ils hésitent trop. Les morts sont stupides, mais infatigables.

- Mais admettons. Tu veux quoi ? Ou combien ?

Avant toute manœuvre, on allait devoir parler salaire. Je ne connaissais pas Axelle, mais elle m'avait l'air suffisamment désespérée pour faire appel à mes services. Donc, c'était soit la meilleure opportunité de la semaine, soit un plan foireux, comme il y en avait tant.