Felicity W. Cook • I don't want to survive ; I want to live ;
Ven 28 Mai 2021 - 15:29
Courageuse Généreuse Humble Protectrice Observatrice Têtue Maniaque Sensible Solitaire Secrète | Felicity ne possède pas grand chose. Comme tous les civils à New Eden, elle n'a pas d'arme. Elle a récupéré quelques affaires après son divorce avec Mason : principalement des photos de famille, des livres qu'elle a accumulé au fil du temps et des petites babioles sans grand intérêt. Le peu de choses qu'elle achète encore aujourd'hui, c'est pour son école et sa classe. Sa tenue est toujours simple, Felicity ne cherche pas à attirer le regard sur elle. Elle porte toujours une robe puisque c'est exigé pour les femmes, des chaussures féminines mais confortables. Dans un de ses placards, elle a d'ailleurs gardé la tenue qu'elle portait quand elle est arrivée : un pull élimé et un pantalon tâché de sang et abimé aux genoux. C'est symbolique, ils lui rappellent sa vie d'avant et elle ne peut se résoudre à s'en séparer. Son sac à dos quitte rarement son épaule quand elle sort, elle y garde toujours ses tickets de rationnement, un carnet à dessin et quelques crayons. Elle a toujours aimé dessiner et le fait encore à ses heures perdues. A son cou, elle porte un collier qu'elle n'enlève jamais car c'est le seul souvenir qu'il lui reste de ses parents. Dans sa table de nuit, on peut trouver sa bible qui ne l'a pas quitté depuis pas mal d'années mais qu'elle n'a pas relu depuis quelques temps. Les évènement de ces dernières années ont légèrement ébranlés ses plus profondes croyances. Felicity mesure 1m68 pour environ 56kgs. Elle a de longs cheveux bruns qu'elle garde lâchés sur ses épaules lorsqu'elle est seule ou attachés en chignon quand elle doit sortir. Ses yeux verts ont perdu de leur éclat au fil des années. Avant, il y brillait toujours une petite étincelle de malice, mais aujourd'hui, ils trahissent aisément ce qu'elle ressent au plus profond d'elle-même : la souffrance, l'absence de vie. Ses traits aussi reflètent bien la lassitude qu'elle ressent au quotidien même si elle tente de le cacher sous quelques petites touches discrètes de maquillage. Et puis, c'est ce qu'on leur demande à elles, les femmes : être toujours bien apprêtées, maquillées, coiffées... Alors c'est ce qu'elle est : lisse, sans extravagance, sans un mauvais pli... Felicity possède une cicatrice au niveau du ventre, dû à la césarienne qu'elle a eu en 2018, suite à la naissance de sa fille. Il lui semble parfois qu'elle est encore douloureuse, comme pour mieux lui rappeler la perte de sa fille. Elle a un tatouage, un petit cœur discret, au creux du poignet. Elle l'a fait quelques temps après le décès de ses parents en leur hommage. Lorsque les souvenirs sont trop douloureux, elle aime bien le toucher et généralement, ça l'apaise. |
• Je suis née à Ellensburg, le 22 juin 1983. Mon père David était avocat et ma mère, Sarah, tenait un petit café dans notre ville qu'elle avait repris de ses propres parents. J'y ai d'ailleurs passé les trois premières années de ma vie. Tout bébé, ma mère refusait que je sois gardée par une nounou et me portait dans son dos tandis qu'elle servait les gens. En grandissant, je déambulais parmi les tables ou je jouais à l'arrière du café où ma mère m'avait installé mon petit coin de jeux. La présence proche de la paroisse rendait la fréquentation du café tranquille et sûre. La clientèle était principalement des habitués qui venaient prendre leur café le matin ou leur repas du midi. Tout le monde appréciait ma mère et j'étais devenue la petite mascotte. Il y avait beaucoup de bienveillance autour de moi. Puis, une fois scolarisée, dès que je sortais de l'école, je me précipitais à l'arrière du café où ma mère me servait un chocolat chaud pour faire mes devoirs. Je n'en garde que des souvenirs très heureux. Mes parents s'aimaient beaucoup et leur amour irradiait sur les gens autour d'eux. Ils étaient très aimés dans la ville et au sein de la paroisse où ils avaient une vie très active.
• J'étais une petite fille heureuse, j'étais brillante à l'école, j'avais beaucoup d'amis. Mes parents étaient très croyants, nous allions d'ailleurs tous les dimanches à l’Église. Je faisais du catéchisme à l'école et je faisais partie des scouts. J'étais une vraie petite fille modèle. J'étais vive et toujours souriante. L'instruction me plaisait beaucoup, je dévorais tous les livres de la bibliothèque. Comme nous habitions juste au dessus du café, je continuais à y passer beaucoup de temps. Rapidement, j'ai appris à aider ma mère à préparer les pâtisseries ou à servir les clients. J'aimais beaucoup ces petites responsabilités qui me donnaient l'impression d'être une grande.
• Adolescente, j'étais plutôt calme et réservée. J'ai animé quelques camps de scout l'été et je fréquentais le lycée de la ville d'à côté. Je n'ai pas fait de bêtises ou je n'ai pas eu de mauvaises fréquentations comparés à beaucoup de mes amis. Les autres adolescents me trouvaient parfois bizarres à refuser de participer à leurs soirées beuveries ou à ne pas vouloir m'amuser, mais je me plaisais beaucoup plus à aider ma mère au petit café. C'est d'ailleurs là que j'ai rencontré quelques amis assez solitaires comme moi. Nous nous retrouvions après l'école pour boire un café ou un soda. J'ai continué à fréquenter assidument la paroisse aussi.
• Le 4 juillet 2000, quand j'avais tout juste 17 ans, mes parents sont morts dans un accident de voiture. Ce fut un choc et la fin d'une vie douce et cocooné. J'ai été hébergée chez un oncle que je n'avais jamais vu. J'ai tout quitté : ma ville, mes amis, mon lycée et ce fut le début d'un cauchemar. J'ai déménagé à Seattle. Mon oncle était quelqu'un de violent, il ne supportait pas ma présence. Il a porté à plusieurs reprises la main sur moi. Je devais tout faire chez lui : la vaisselle, le ménage, les courses.. Je me souviens de certains moments où il salissait volontairement le sol pour que je m'abaisse à nettoyer. Suite à ça, j'ai connu une période plutôt trouble, j'ai fugué à plusieurs reprises, j'ai perdu la foi, j'ai séché les cours. J'ai eu de justesse mon diplôme de fin d'année et mon permis de conduire que j'ai pu financer grâce à l'héritage de mes parents.
• A 18 ans, suite à une énième dispute, j'ai quitté la maison de mon oncle. Il n'a pas cherché à me retenir ou à me retrouver. Je suis allée vivre chez un ami. Durant plus d'une année, j'ai vécu dans le pêché, je fumais, j'avais de mauvaises fréquentations, j'ai commencé à boire aussi et j'ai finit par tomber dans une addiction à l'alcool. Mon colocataire est devenu mon petit ami, il dealait de la drogue et me trompait régulièrement. Ma vie avait radicalement changé et je m'enfonçais à petits feux dans un enfer. J'ai perdu du poids, je n'étais plus que l'ombre de moi-même.
• A 19 ans, ma vie a repris un tournant radical. J'ai failli tuer un petit garçon alors que j'avais pris la voiture et que j'avais bu. J'ai vu l'enfant voler par dessus le pare-brise. Par miracle, il s'en est tiré presque sans séquelle, avec seulement un bras cassé, mais ça a été un électrochoc. C'est Lily, une ancienne amie de la paroisse, qui a tout pris en charge. Elle a prétendu conduire et ne pas avoir vu l'enfant pour m'épargner de la prison pour conduite en état d'ivresse. J'ai alors tenté de me reprendre en main et j'ai entamé une cure de désintoxication. J'ai trouvé un petit boulot dans la supérette de ma ville pour pouvoir trouver un logement et j'ai repris en parallèle des études pour devenir institutrice. J'ai coupé tout contact avec mon petit ami. Je suis même retournée à la paroisse de ma ville pour retrouver la foi et le droit chemin. Ce ne fut pas simple, sortir avec des amis était compliqué, j'avais sans cesse peur de retomber dans l'alcoolisme, la solitude était effrayante aussi, j'avais peur de laisser mes fantômes revenir me hanter, mais j'ai tenu bon. Je me suis raccrochée à mes études et à la perspective de pouvoir mener une vie normale et saine. Je le devais, pour mes parents.
• C'est en 2002, au cours d'une soirée organisée par la paroisse de la ville que j'ai rencontré Mason. Il était un peu plus jeune que moi. Je suis tombée tout de suite sous son charme. Il était beau, humble, intelligent et surtout, il ne m'a jamais jugé. Nous nous sommes fréquentés pendant quelques années. Tout me plaisait chez lui : sa générosité, sa motivation à vouloir devenir policier, sa bienveillance sans égard, sa volonté de me soutenir dans toutes les épreuves. Nous étions un couple solide, sans histoire.
• J'ai rencontré la famille de Mason pour la première fois à Noël 2003, si j'étais très anxieuse, la présentation a rapidement tourné au drame puis que c'est au cours de cette fête de famille que son frère jumeau, Samuel, a annoncé aimer les hommes. Il y a eu beaucoup de cris de la part du père de Mason et Samuel a quitté la maison. Ce drame passé, les siens m'ont rapidement intégré comme l'une des leurs et ils sont venus combler la perte douloureuse de ma propre famille. Les frères et sœurs de Mason : Tara, Catherine, Matthew, Sasha sont rapidement devenus des personnes proches pour moi, comme les frères et sœurs que je n'avais jamais eu. Et encore c'était sans parler de tous les cousins et cousines de Mason que j'ai eu l'occasion de côtoyer durant certains week-ends et vacances. Je me suis toujours sentie chanceuse d'avoir pu les rencontrer et qu'ils m'aient accepté aussi facilement. Seul Samuel manquait à l'appel et j'ai toujours su à quel point c'était douloureux pour mon époux.
• Nous nous sommes mariés durant l'été 2007 au cours d'une grande fête. C'est le père de Mason qui a célébré le mariage. Il y avait beaucoup de gens, principalement la famille de Mason et quelques amis. J'étais heureuse à cette période, amoureuse aussi et l'insouciance régnait encore dans notre couple. Nous avions tout pour être heureux et pour nous sentir confiant en l'avenir. Dans la foulée, j'ai obtenu mon diplôme d'institutrice et trouvé un emploi dans la petite école de notre quartier. Oui, la vie me souriait et je baignais dans le bonheur.
• Je suis tombée enceinte un an plus tard, en 2008, mais j'ai perdu rapidement le bébé. ça a été un vrai coup dur mais Mason et moi nous nous en sommes remis ensemble. Petit à petit, nous nous sommes installés dans une routine rassurante : le travail de mon époux, les vacances et dimanches avec sa famille. Ils m'ont d'ailleurs aidé à combler l'absence des cris d'un nouveau-né dans la maison...
• En janvier 2010, je suis retombée enceinte. C'était le début d'une nouvelle vie, d'un nouvel espoir. Nous nous sommes installés dans le Comté de Benton où Mason avait postulé comme shérif-ajoint. Malheureusement, au sixième mois, j'ai à nouveau perdu le bébé, un petit garçon. Le retour à la maison a été le plus dur et le plus douloureux. Il fallait revenir chez soi et constater l'absence, le ventre creux, le berceau vide. Durant de longs mois, j'ai été incapable de pousser à nouveau la porte de la chambre que nous avions préparé Mason et moi. C'était une nouvelle épreuve dont notre couple s'est remis très difficilement. J'ai commencé à travailler en tant qu'institutrice à Benton et je me suis réfugiée dans mon métier et dans la foi.
• Depuis cette tragique perte, notre couple battait de l'aile, c'est le père de Mason qui nous a remis dans le droit chemin. Dans sa famille, on ne divorçait pas, on pouvait réparer ce qui s'était brisé. Nous avons alors décidé de nous redonner une nouvelle chance. Nous avons parlé durant de longues heures, pleuré aussi, beaucoup. Dans la foulée, j'ai passé des examens et on m'a annoncé que je ne pourrais surement pas mener une grossesse à terme, que ce serait dangereux pour ma santé. Ce fut un nouveau coup dur. Le sort semblait s'acharner sur nous. Un soir, Mason est revenu avec des papiers pour l'adoption. Quelques semaines plus tard, nous avons été choisit par une mère dans l'Arizona, nous devions devenir parents en novembre. C'était la petite étincelle dont nous avions besoin pour renaitre enfin, tous les deux, ensemble.
• Septembre/octobre 2015 : C'est Mason qui m'a averti qu'il se passait des choses inhabituels en ville. Il a tenu à ce que je me réfugie chez ses parents pendant que lui a continué son travail. On lui avait demandé d'aider à protéger l’un des hôpitaux de Kennewick. Il s'absentait souvent plusieurs jours et à son retour, je pouvais voir la peur sur son visage. Nous suivions à la télé ce qu'il se passait et c'était terrifiant. Les morts revenaient à la vie et attaquaient les autres. Nous avons accumulé beaucoup de nourriture pour éviter de sortir. Puis, un jour, plus rien n'a émis. Je garde de cette période, des souvenirs emplis de craintes, d'horreur.
Fin octobre, Mason est venu nous chercher. Des militaires lui avaient parler d'un grand camp de réfugiés dans un ancien stade à Seattle. J'ai eu peur, rejoindre une grande ville ne risquait-il pas d'être dangereux ? Nous sommes partis avec la famille et quelques voisins, en emportant le stricte minimum. Naïvement, je pensais pouvoir revenir, un jour. Le voyage a été dur, c'est là que j'ai croisé pour la première fois des morts. Une fois à l'abri au Century Links, je me suis efforcée de pouvoir apporter mon aide autour de moi, le confort était très sommaire, nous dormions sous des tentes et l'hiver a été compliqué, mais nous étions tous ensemble et en vie, c'était le principal. La foi était toujours aussi importante, le père de Mason tentait de rassembler les gens autour de lui pour créer des prières collectives. Mason chantait souvent à cette occasion-là. Nous devions restés unis pour affronter cette terrible épreuve.
• Janvier 2016 : Century Links est tombé aux mains des rôdeurs. La mère de Mason et Catherine sont mortes ce jour-là. C'est un miracle que nous nous en soyons sortis. Avec Mason et quelques membres de sa famille, nous avons suivi un groupe jusqu'à Walla Walla. Je n'ai pas fait de vague, j'ai suivi, j'ai tenté de me rendre utile. Il y a eu énormément de pertes sur les routes, de plusieurs centaines à avoir quitté le campement, nous sommes à peine 80 à être arrivés là-bas. Le trajet a été difficile, j'ai faillit baisser les bras à plusieurs reprises et Mason m'a beaucoup soutenu. Nous avons rejoint un campement déjà existant. Au début, le confort était très sommaire. Puis, petit à petit, la ville a commencé à prendre forme, de nouvelles règles ont été instaurées. Nous étions de plus en plus nombreux
• Mars 2016 : Plusieurs attaques ont eu lieu en ville, et je n'étais pas rassurée. La présence proche de la prison et l'évasion de plusieurs criminels a rendu les lieux moins sûre. Mason a participé aux côtés des forces de l'ordre et chacune des ses absences étaient une source d'inquiétude. Finalement, ils sont arrivés à avoir le dessus mais au prix de lourdes pertes humaines, dont le frère cadet de Mason.
• Juillet 2016 : C'est à cette période que j'ai appris l'existence du colonel Richardson, j'ai de suite adhérer totalement à son idéologie, à ses valeurs. Il nous sauvera la vie, j'en étais certaine, la morsure dont il a guérit n'était-elle un signe divin ? Il ne faisait que renforcer un peu plus nos croyances. La vie serait plus douce, l'enfer était derrière nous.
• Nous nous sommes bien adaptés à la vie à Walla Walla et nous avons repris une vie, presque normale, ensemble Mason et moi. J'ai même pu offrir à mon époux un piano à notre arrivée. Je voulais qu'il se remette à jouer, comme avant. Mason a commencé à travailler en tant que shérif tandis que je restais à la maison. En mars 2017, je suis retombée enceinte par surprise. J'ai eu peur que la fausse couche se reproduise et je n'ai pas eu le courage de l'annoncer à Mason avant d'en être sûre. Je ne voulais pas lui causer encore une fausse joie car toutes ces fausses couches, je m'en sentais coupable, peut-être avais-je fait quelque chose pour que ces grossesses n'aboutissent pas ? Ma mauvaise prémonition s'est malheureusement réalisée, je me suis réveillée un matin dans une mare de sang. J'ai été hospitalisée à la clinique et j'avais perdu à nouveau le bébé.
• Au fil des mois, je me suis sentie de moins en moins enthousiaste à l'idée d'appartenir à ce groupe. Je ne perdais pas la foi mais j'ai commencé à avoir peur en voyant les révoltes s'enchainer et les punitions publiques tomber. Je n'avais pas le moral, ma dernière fausse couche m'avait fragilisée. Pourtant, Mason était toujours là, comme un roc solide auquel je me suis raccrochée. Il m'a rassuré et on a avancé, ensemble. Il m'a dit que la peur, on l'avait connu dehors quand le monde est tombé mais pas ici, en sécurité derrière ces palissades. Nous devions être reconnaissant envers la seconde chance qui nous avait été offerte. Pourtant, j'avais de moins en moins d'entrain à prier, moins de volonté à sortir et à tenter de me reconstruire une vie ici. J'avais un mauvais pressentiment, j'avais peur. Voir tous ces gens être punis pour des fautes mineures étaient effrayant. Mason semblait ne rien voir et accepter ce mode de vie, il s'investissait à fond dans son boulot de shérif.
• En 2018, Mason m'a convaincu d’essayer à nouveau d'avoir un enfant. Les moyens médicaux étaient plutôt bon ici, à Walla Walla et la maternité était très fortement encouragée depuis juillet 2017. Autour de nous, beaucoup de bébés naissaient. Des couples se formaient et les femmes tombaient enceinte dans la foulée. J'ai commencé à me rendre compte, petit à petit, de la pression que pouvaient subir les nouvelles arrivantes. Je suis tombée enceinte assez rapidement et tout semblait enfin bien se passer. Nous avions un suivi régulier à la clinique et les médecins étaient très confiants. Mon époux a même retrouvé son frère et sa famille s'est réconciliée. Les mois se sont écoulés et avec eux, la peur de perdre le bébé s'est peu à peu envolée. Les trimestres se sont enchainés, mon ventre s'arrondissait et chaque coup de pied de mon bébé me remplissait de bonheur. J'allais enfin pouvoir goûter à la joie d'être mère à mon tour. C'est en automne que tout a malheureusement basculé : Un matin, je me suis réveillée avec un mauvais pressentiment. Je ne sentais plus mon bébé. Nous devions nous rendre à la clinique, et j'ai commencé à avoir des contractions sur le chemin. C'était donc seulement ça, c'était le jour J. Nous étions proche de la date du terme et notre inquiétude a vite laissé place à l'euphorie, nous allions être parents ! En arrivant, le visage des médecins nous ont alerté, quelque chose n'allait pas, ils n'entendaient pas le son du cœur de notre bébé. Le choc a été trop dur à encaisser. J'ai perdu connaissance. J'ai accouché dans la journée par césarienne d'un bébé mort-né. J'ai mis mon cerveau sur pause, les souvenirs sont vagues. Je me souviens juste du sang, trop de sang et des médecins autour qui tentaient de stopper l'hémorragie. A mon réveil, j'étais seule, mon ventre était vide. J'ai perdu ma petite fille car son cordon était enroulé autour de son cou.
• C'est à cette période que Samuel, le frère de Mason s'est suicidé. New Eden avait tenté de le changer, de "guérir" son homosexualité, et il ne l'a pas supporté. Sa famille s'est déchirée, Mason et son père se sont disputés. Suite à ces évènements, nous nous sommes éloignés nous aussi. J'ai eu l'impression de m'éteindre petit à petit, de perdre tout espoir, toute envie de vivre.
• Mars 2019 : En ce jour de printemps, tout a basculé. Les mots échangés on été durs, on s'est disputé, une fois de plus. Je n'en pouvais plus de cette vie. La perte de notre petite fille était encore douloureuse, Mason et moi, nous nous éloignions de jour en jour, un mur insurmontable s'érigeait entre nous. Et là, il a prononcé une phrase qui a longtemps résonné dans mon esprit. « C'est de ta faute. » Sur le coup, la phrase m'a heurtée et m'a fait perdre la tête. Elle a fait remonter en moi toute la détresse que je ressentais depuis trop longtemps. Oui, tout était de ma faute, je le savais, Dieu me punissait surement pour mes fautes passés. L'entendre dire par mon propre mari a été trop dure. J'ai craqué. Je me suis jetée sur lui en hurlant et c'est un policier qui passait dans la rue qui nous a entendu et est intervenue. Tout le désespoir qui me hantait depuis quelques temps est ressortie à ce moment-là. Je l'ai frappé lui aussi, je l'ai griffé. Ils m'ont maitrisé et la sanction est tombée quelques jours plus tard : 15 coups de fouet.
• J'ai accepté la punition sans chercher à me rebeller mais quelque chose s'est brisé en moi ce jour-là. Alors que je montais sur l'estrade, devant les curieux, rassemblés devant le pilori, j'ai baissé les bras et j'ai renoncé à croire au bonheur. Les coups sont tombés, la douleur, l'humiliation de la punition en public, c'était dur mais ce ne pouvait être pire que la perte de mon bébé, de mes bébés. C'est Min-Oh qui m'a soigné et qui m'a aidé à aller mieux pendant plusieurs semaines. Avec Mason, quelque chose s'est brisé ce jour-là. Nous avons trop soufferts ensemble, recoller ce qui s'était cassé n'était plus possible.
• Quelques temps après, j'ai demandé le divorce à Mason. Il pouvait prétendre vouloir une femme plus jeune et capable de lui faire des enfant pour que la séparation soit acceptée. Min-Oh a confirmé mon fragile état psychologique et mon incapacité temporaire à pouvoir enfanter. C'était la fin de 12 ans de mariage. Nous ne nous reverrons plus pendant longtemps.
• J'ai emménagé à l'autre bout du district et grâce à Min-Oh, j'ai trouvé un petit poste comme institutrice à l'école pour filles. Petit à petit, je me suis reconstruite. Ce n'est que là que j'ai commencé à me rendre compte de la pression que les femmes ressentent ici à Walla Walla. J'ai pris conscience que j'ai été très protégée en étant avec Mason. Si je n'ai pas totalement perdu la foi, j'ai eu du mal à m'y raccrocher. Et désormais, je voulais me battre contre ce système injuste qui a été à deux doigts de me briser.
• Les semaines ont passé, je me suis totalement enfermée dans une routine rassurante : mon travail à l'école où je m'investissais corps et âme et ma solitude à la maison, ponctuée par quelques petites sorties entre amis. Je n'ai pas fait de pli, j'ai essayé d'être une amie pour les mamans en difficulté à l'école et j'ai suivi, de loin, les actes de rébellion qui s'organisaient dans la ville.
• Début mai 2021 : Tous les ans, j'ai rendez-vous avec Min-Oh dans son cabinet. Durant ces deux ans, il a été un pilier pour moi, souvent présent quand ça n'allait pas et il faisait en sorte de soutenir, par un faux examen, mon incapacité temporaire à porter la vie. « J'ai rendez-vous avec le docteur Ye-Jeong » ai-je annoncé à sa secrétaire en arrivant, mais c'est une autre voix masculine qui m'a répondu : « Le docteur a été retenu sur Seattle. Je suis son remplaçant. Venez. » J'ai hésité à le suivre mais je savais pertinemment que je n'avais pas le choix. Il m'a examiné, ses gestes ont été durs, froids, il m'a fait mal et je me suis sentie à nouveau méprisée. Le verdict est tombé. « Vous êtes encore fertile. Vous êtes célibataire depuis trop longtemps, le temps vous est compté, vous devez trouver un mari. » Ce fut un coup de massue et la fin probable de deux ans de tranquilité.
• 20 Mai 2021 : Mon regard s'est posé sur Mason et j'ai frémi quand les premiers coups de fouet sont tombés. Je ne pouvais rien faire, je le savais mais j'avais l'impression de sentir à nouveau les coups de lanière dans ma propre chaire, de sentir à nouveau les regards des badauds sur moi, comme il y a presque deux ans. C'était comme si je sentais mes cicatrices s'ouvrir à nouveau. Mon regard s'est focalisé sur le visage de Mason, sur sa souffrance et je savais mieux que quiconque à quel point ce qu'il était en train de vivre était difficile. Qu'avait-il fait pour être punit ainsi ? Alors que Mason était en train de descendre péniblement de l'estrade, le dos en sang, je me suis avancée pour l'aider, mais un homme a été plus rapide que moi. Ce n'était pas une bonne idée de toute manière. Je me suis reculée, j'ai remis ma capuche sur la tête et je me suis fondue parmi le public en train de se disperser.
Les journées de Felicity se ressemblent toutes. Elle se lève tôt, se prépare, fait un peu de rangement et organise sa journée. Puis, lorsque l'heure du début d'école approche, elle prend en charge sa classe pour toute la journée.
Elle apprécie beaucoup son travail et s'efforce de le faire du mieux qu'elle le peut, et surtout en gardant en tête ses propres valeurs. Oui, elle raconte à ses petites élèves l'histoire de New Eden comme on le lui demande, mais il lui arrive aussi qu'elle parle de la vie d'avant, qu'elle distille quelques petites pensées d'égalité hommes-femmes, de notions de libertés. Le futur est entre les mains des enfants, elle le sait et si les petites filles d'aujourd'hui peuvent prendre conscience des injustices de ce monde, elles pourront peut-être le faire évoluer plus tard.
Une fois les cours finis, il n'est pas rare qu'elle reste encore quelques heures sur place pour faire un peu de rangement.
Lors de ses jours de repos, Felicity se rend à l’Église, elle lit, s'occupe, se rend à la supérette pour faire ses courses. C'est une vie très simple mais elle n'en demande pas plus.
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Re: Felicity W. Cook • I don't want to survive ; I want to live ;
Ven 28 Mai 2021 - 15:34
R'bienvenue ! =D
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Re: Felicity W. Cook • I don't want to survive ; I want to live ;
Ven 28 Mai 2021 - 15:53
- Jacob E. Ross
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Re: Felicity W. Cook • I don't want to survive ; I want to live ;
Ven 28 Mai 2021 - 16:55
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Re: Felicity W. Cook • I don't want to survive ; I want to live ;
Ven 28 Mai 2021 - 17:27
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