Cal Anderson Park. C'était le point d'arrivé d'Anastasia aujourd'hui. Enfin, plus exactement son point de retour. La jeune femme utilisait le parc pour y planquer son surplus de conserves et autres objets dont elle pourrait éventuellement avoir besoin, dans un grand coffre qu' elle a enterrée, en cas de problème. Et aujourd'hui le besoin de faire le plein se faisait ressentir. Avant, elle pouvait compter sur Mali pour pouvoir manger à sa fin, mais depuis qu'elle a enfoncée son poignard dans la poitrine de ce dernier il fallait se démerder toute seule. Elle se maudissait intérieurement, d'avoir été si dépendante de l'homme pendant de nombreux mois. Heureusement qu'elle pouvait compter sur sa petite planque.
Le voyage à pied se fait sans encombre, elle avait l'habitude de traverser la ville et empruntait toujours le même chemin à travers les débris de certains effondrements et la végétation qui s'est nettement bien développée dans les rues. Comme d'habitude, elle tombe sur quelques rôdeurs un peu trop curieux dont elle se débarrasse assez rapidement avec Paolo et Paola, ses plus fidèles alliés. La route est longue, chiante, mais pas très compliquée lorsqu'on a l'habitude.
— Putain..
Jure-t-elle dans sa langue paternelle, lorsqu'elle aperçoit la silhouette d'une femme prendre la direction du parc d'un pas bien trop décidé. Anastasia allait devoir s'en débarrasser, en ce qui concerne la manière forte, ou alors attendre qu'elle passe son chemin, pour la manière douce. La première étant évidemment plus intéressante. Mais plus elle se faufile pas loin de la femme, plus elle se dit que son visage lui était inconnu. Alors le mieux serait d'attendre, de patienter, et de ne pas se jeter dans la gueule du loup.

Anastasia finit par accélérer le pas en parallèle à l'inconnue pour la devancer et vérifier si elle allait bien en direction de sa planque secrète. Sur place, elle peut rapidement vérifier que son butin est toujours sous terre et que le témoin qu'elle installe pour s'assurer que personne n'y touche à part elle n'avait pas bougé.

Elle évolue dans le parc en tâchant de ne rien manquer. Elle ne sait pas vraiment ce qu'elle cherche, c'est surtout que sa fuite d'une zone dangereuse l'a conduite ici, et si elle ne peste pas de la direction, elle est néanmoins contrariée du détour que ça lui a fait faire, malheureusement. Soupirant un temps, la brune avise son chargeur encore plein, et ses jambes lancées par sa course. Au moins, elle n'a plus de rôdeurs aux trousses et c'est bien la seule chose à peu près rassurante qu'elle peut relever actuellement. Elle se rapproche des zones d'ailleurs plus boisées pour s'éviter d'être à découvert.

L'enseignement de Symea a été assez large pour couvrir ce genre d'angles morts. Un terrain sans arbre est un endroit où on peut devenir une cible plus simple à gérer. Ce n'est pas quelque chose dont elle a envie actuellement, alors elle presse le pas jusqu'à récupérer le tronc des arbres et pouvoir s'y cacher. La nature a de toute façon repris la majorité de ses droits ici, et si elle ne s'en formalise pas, elle trouve ça tout de même assez pratique au besoin. Mais elle se fige quand son œil capte un élément qui lui fait froncer les sourcils :

Empreintes fraiches, analyse-t-elle pour elle-même avant de remonter la piste comme elle vient. Tout ça l'amène vers une zone plus dégagée et si elle n'entend pas s'y présenter, elle avise son fusil et vérifie qu'il est bien chargé, prêt à tirer au besoin. Il y a forcément quelqu'un dans le coin, et il n'y a pas besoin d'un doctorat en chasse pour le savoir : Tu te crois sans doute très maline, mais tu ne sais pas couvrir tes traces...

Elle souffle, regarde autour à la recherche d'un détail qui pourrait lui sauter aux yeux, mais rien.

Elles sont trop récentes pour que tu ais pu prendre le large, je sais que tu es là, fait-elle. Et je ne suis absolument pas d'humeur à jouer à cache-cache...

Perdue entre les arbres qui formaient un arc, Anastasia observait minutieusement les faits et gestes de l'intruse qui osait piétiner le sol de sa tanière. Ses yeux perçants parcouraient ses jambes infinies, ses bras, ses cheveux, son visage. Elle notait en mémoire tout les détails qui pouvaient être utiles, au cas où, pendant qu'elle rangeait lentement ses deux machettes dans son dos. De cette manière, l'orpheline pouvait s'approcher davantage de l'inconnue en toute discrétion sans être gênée par ses armes, et même à quatre pattes dans certains coins. Sauf que l'apprentie féline se retrouve stoppée dans son élan lorsque cette femme vient à s'arrêter, s'accroupir, pour analyser quelque chose. Et par les mots qu'elle peine à entendre mais qu'elle devienne, grâce à ses gestes, Anya comprends qu'elle s'est faite démasquée à cause de ses traces. Bordel, pensa-t-elle alors.
Toujours tapis dans l'ombre de la végétation dense, la jeune femme remarque aussi un fusil qui accompagne sa victime. Bel bête, il serait d'une bonne compagnie pour les armes qu'elle possédait déjà. Sans geste brusque et particulièrement lent, l'orpheline quitte un instant l'inconnue de ses yeux pour récupérer son glock et vérifier son chargeur, pour le garder en main. Mais lorsqu'elle repose son regard sur sa proie, celle-ci avait disparue. Inutile de noter toutes les insultes qu'Anastasia se passe en boucle dans sa tête.
— C'est un beau fusil.
Se contente de souffle Anastasia sur un ton qui pouvait paraître presque blasé, sans tenir compte des remarques de la brune. A nouveau à plat ventre, l'orpheline rangea son arme pour lui permettre de se déplacer correctement, sans être entravée par un quelconque objet. Son regard analyse la végétation pendant qu'elle se déplace lentement à quatre pattes pour rejoindre un arbre à quelques mètres de distance à peine. Elle hésite même à grimper, histoire d'avoir une vue d'ensemble, mais se ravise en sachant qu'elle sera rapidement repérable.
— Si tu me le laisse bien gentiment, je pourrais te laisser repartir saine et sauve.

Oui, c'est un truc de grandes personnes, grogne Ana en réponse, essayant de localiser la provenance de cette voix.

Les réponses qu'elle lui offre lui font serrer les dents et même lâcher un bref rire. Dieu sait pour qui se prend cette pimbêche mais son timbre de cloche lui donne bien envie de lui attraper les cheveux et de lui faire bouffer de la terre. Voilà qui lui donnera une bonne occasion de sonner, tiens. Elle pince les lèvres et en l'écoutant, elle parvient à concentrer son attention vers un endroit en particulier. La zone est large, mais restreinte par ce qu'elle suppose être la bonne localisation. Elle plisse le regard et tente de discerner une forme différente, quelque chose qui indiquerait où se trouve cette petite peste.

Mais sa dernière remarque l'oblige à rire sur le coup. Les mains d'Ana se resserrent autour de son fusil, qu'elle rehausse pour pouvoir de la viser. Elle balaie l'espace sans attendre d'avantage, de toute façon, la fille est forcément là et sa provocation ne lui plait pas du tout :

Oh, tu me laisseras repartir saine et sauve, répète-t-elle pour l'inviter à parler encore, histoire de se dévoiler. Ce n'est pas très efficace mais qu'importe, Ana est sur le qui-vive. Je suis sans doute censée être très effrayée par cette information, suggère-t-elle.

Sauf qu'évidemment, ça ne marche pas du tout. L'hispanique a affronté bien pire que ça, et sa collection de cicatrice en dit assez long à ce sujet. Donc ça n'est certainement pas une gamine qui va lui faire peur. De toute façon, elle finit par discerner une silhouette qui bouge légèrement derrière un large tronc, et comprend de qui il s'agit. Bien. Ana se met en embuscade proche d'un autre arbre, elle sait où elle se trouve, elles sont à égalité désormais. Ce qui veut dire qu'elle va avoir la chance de prendre la main.

Mais maintenant que je te vois, j'ai plutôt envie de te dire que pas vraiment, mentionne-t-elle après s'être positionnée. Sécurité levée, doigt sur la gâchette, elle presse et sa balle se fiche dans l'écorce qui protège la jeune femme. Il n'y a aucune hésitation dans son geste.

Assise derrière le tronc de l'arbre qui lui servait de protection, Anastasia écoutait la femme parler sans aucune hésitation dans sa voix. Un sourire pendu à ses lèvres, l'orpheline est évidemment amusée par la situation, tandis qu'elle vérifie à nouveau son glock pour être certaine de ne pas se retrouver désarmée devant une femme qui ne semble pas rire avec le danger. Attentive, elle jette un rapide coup d'œil derrière pour être certaine, à quelques mètres près, de la position de celle qui aurait dû être sa victime. Bien. Elle lève son arme, prête à se défendre au cas où, à tirer dans le tas plus pour faire partir cette étrangère pour que la tuer ; même si son arme l'intéresse énormément.

Jusqu'à ce que l'inconnue tire avec ce dernier pour loger une balle dans le tronc. Elle est donc repérée, et ce n'est pas bon pour la suite. Est-ce qu'elle a voulu lui tirer dessus, ou ce n'était qu'un tir pour l'effrayer ? Anastasia serre les dents de rage et hésite un instant à se déplacer de nouveau.

— Je rêve.

Souffle la jeune femme dans sa langue froide, lâchant à son tour un léger rire, partagée entre l'agacement et l'amusement. Anastasia finit par se coucher au sol, dans les hautes herbes près de sa cachette, pour viser en quelques secondes et tirer dans un coin, sans se soucier de la position de son ennemie. Son objectif étant surtout de lui faire comprendre que elle aussi savait où elle se trouvait - approximativement malheureusement -, et que elle aussi avait une arme chargée entre les mains.

— T'es chez moi ici !

Lui gueule Anya pour lui faire comprendre son hostilité. C'était le seule coin où elle se sentait bien, en sécurité. Où elle stock ses vivres pour ne pas mourir de faim. L'orpheline continue donc de se déplacer au sol pour rejoindre une autre planque, derrière un autre arbre, même si elle se doute que ce ne soit pas suffisant pour empêcher l'assaillante de savoir où elle se trouve.

— Je.. Je veux juste que tu partes !!