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Mattie Bowen
Dim 6 Juin 2021 - 9:41
what i am
Travailleuse Loyale Autonome Empathique Responsable Manque d'assurance Lâche Trop sensible Défaitiste Attentiste | Mon équipement tient dans un sac à dos. Quelques affaires de rechange, une ou deux pierre à silex pour allumer un feu et un exemplaire d'"Un raccourci dans le temps" de Madeleine L'Engle. Il est tout écorné et je le connais par coeur, mais je n'arrive pas à m'en séparer. J'aime le ressortir et le relire, dès que je peux. Et puis, il ne prend pas tant de place que ça... J'ai aussi une corde, une pince à épiler et une lampe torche. Elle ne fonctionne plus pour le moment, mais je finirais bien par trouver des piles. J'ai aussi un couteau, que Mitch m'a donné. La lame est effilée, et crantée sur le dessus. Mais je ne le mets pas dans mon sac, je le glisse dans ma bottine ou dans la ceinture de mon pantalon, caché dans mon dos, sur les conseils de Mitch. J'ai également une vieille veste. Elle est trop grande pour moi parce que c'est une veste d'homme, et le tissu commence à être usé, mais elle me protège encore bien du froid ou de la pluie. >Je suis toute petite ! Je ne mesure qu'1 mètre 52, et Chris me taquinait souvent à ce sujet, disant que j'avais oublié de grandir. J'ai les cheveux châtains et les yeux bleus, et rien ne me démarque vraiment des autres. Mes yeux sont trop grands et mon nez aussi, je trouve. J'avais les cheveux longs avant, mais je les ai coupés à la va-vite, avec mon couteau. Comme je ne peux pas les laver ou les brosser souvent, ils sont plus simples à entretenir, comme ça. Ca fait longtemps que je me suis pas regardée dans un miroir, mais le résultat doit pas être génial. Au final, j'ai l'impression d'être une sorte de gnome. Tout petite, pas très bien proportionnée et avec une chevelure hirsute. Mieux vaut que j'évite les miroirs, je crois. J'ai quelques cicatrices aussi, vestiges d'une autre époque ou d'un apprentissage difficile face à ce nouveau monde. La cicatrice sur mon épaule droite, c'est quand j'étais enfant et que j'apprenais à faire du vélo. Tous les enfants tombent en apprenant, c'est comme ça. J'en ai aussi une sur le mollet droit, beaucoup plus récente. J'explorais une vieille maison avec Mitch, et le plancher à cédé. Je ne dirais pas sous mon poids, parce que je suis pas très grosse. Mitch s'en est tellement voulu, malgré mes tentatives pour le rassurer. Un simple clou m'a déchiré la peau, rien de très grave ni de profond. Et après cet accident, j'ai appris à faire plus attention où je mettais mes pieds, c'est pas plus mal. Que dire d'autre sur mon physique ? Tout sentiment de coquetterie, que j'avais pu avoir avant a disparu. Aujourd'hui, je ne regarde pas vraiment ce que je porte, je suis bien trop contente de pouvoir mettre des vêtements à peu près propres et suffisamment décents. |
Psychologie
Je crois que Mitch et les autres membres du groupe me voyaient comme une gamine apeurée. Ce que j'étais certainement, et ce que je suis sans doute encore. Ils s'inquiétaient sans arrêt pour moi, ne me laissaient pas sortir en maraude seule, et ne me confiaient pas de tâches trop importantes ou difficiles. Je ne pense pas que c'était un manque de confiance, mais un doute sur mes capacités ? Probablement, oui.
Et moi, ce que je pense de moi ? Je suis lâche, je dirais. Je crève tellement de trouille qu'en fait, je suis soulagée qu'on ne me demande rien d'important. Je m'en veux, je culpabilise, mais je suis soulagée. Je suis tellement peu sûre de moi, et ma sensibilité fait que je prends tout à coeur. Je souhaite bien faire les choses, faire plaisir aux gens qui m'entourent, mais je me colle une telle pression que je rate tout ce que j'entreprends, même les choses les plus simples.
Depuis le début de l'épidémie, je laisse les autres prendre des décisions. Difficiles, cruelles et choquantes, comme celle de mettre fin aux souffrances d'Annie. Je comprends ce que Mitch a dû ressentir, et partage sa peine, mais au fond de moi, je suis soulagée de ne pas avoir eu à prendre cette décision moi-même. J'espère ne jamais avoir à en prendre une de ce genre. J'ai tendance à voir le verre à moitié vide, les mauvais côtés et les difficultés. Je suis une défaitiste, en fait. Mais qui ne le serait pas dans un tel chaos ?
J'ai arrêté le lycée avant ma dernière année, ce qui fait que je ne suis qu'une idiote sans diplôme. C'est comme ça que je me perçois. Pour autant, je sais que si c'était à refaire, je reprendrais la même décision. Je sais que ma mère s'inquiétait pour moi, mais j'essayais toujours de la rassurer sur le fait que j'allais bien, et elle faisait semblant de me croire, trop fatiguée pour discuter.
Le fait est que quand mon père est parti, ma mère a dû se débrouiller seule pour gérer Chris et sa maladie. Je l'aidais comme je pouvais, mais honnêtement à cette époque, je ne comprenais pas tout ce que ça impliquait. Quand maman est tombée malade à son tour, ça m'a juste semblé tout naturel de prendre le relais. C'était loin d'être facile, mais je ne regrette rien. J'ai donc arrêté mes études et trouvé du travail pour subvenir aux besoins de ma famille.
Je n'ai jamais rechigné à la tâche, et franchement, vu mon âge, je ne pouvais pas me permettre de faire la fine bouche. J'étais juste bien trop contente de pouvoir ramener de l'argent à la maison pour payer les factures et les traitements médicaux. Même si ça ne suffisait pas.
Maman me disait souvent en souriant que j'étais valeureuse et travailleuse. Je la sentais fière quand elle disait ça, comme si j'accomplissais un exploit. Je lui répondais toujours que n'importe qui ferait la même chose, mais elle n'y croyait pas. Moi je reste persuadée que chaque enfant, confronté à ce genre de situation, aurait pris la même décision que moi, mais ma mère me répondait en secouant la tête que tout le monde n'avait pas le sens de la famille et des responsabilités, et que je devais prendre confiance en moi. En réalité, ça me mettait mal à l'aise, de recevoir des compliments. Je ne me sens pas courageuse d'avoir fait ça, je voulais juste que ma famille, ce qu'il en restait après l'abandon de mon père, reste soudée et unie. Autant que possible.
Au final, je crois que maman me voyait comme une bonne fille, loyale et bienveillante envers les siens, travailleuse et responsable. Même si elle aurait préféré que je continuer d'étudier. Moi, je pense que je suis stupide, lâche et trop émotive. Inutile. Je n'ai même pas réussi à les protéger et à les garder en vie, malgré tous mes efforts. Les plus braves, les plus courageux ont pris des risques et ne sont plus là. Moi, je me suis cachée derrière eux et je suis encore debout. Pas de quoi être fière.
Story of survival
Pre-apocalypse
Malgré notre différence d'âge assez importante, Chris et moi avons toujours été proches en grandissant. Bien sûr, il n'aimait pas traîner sa petite soeur derrière lui quand il jouait avec ses copains, mais il trouvait toujours du temps pour moi, rien qu'à nous deux. En 2005, j'ai pris conscience que quelque chose n'allait pas. L'âge de raison, c'est ce que disent les adultes. Papa se mettait souvent en colère contre Chris, qui faisait pas mal de bêtises, et maman était inquiète et pleurait, parfois. J'ai mis un peu de temps avant de me rendre compte que derrière sa colère, papa était inquiet, lui aussi. Je m'en suis rendue compte le jour où Chris à sauté du toit de la maison, pour s'envoler, avait-il dit. Il s'est brisé la cheville, ce jour-là, mais ça ne l'a pas calmé. J'avais sept ans, il en avait quatorze, et je sentais bien qu'on me tenait à l'écart.
Ce n'est que trois ans plus tard, en 2008, qu'on a donné un mot à cette habitude qu'avait Chris de se mettre en danger, de parler tout seul ou de se mettre subitement à hurler. Son comportement de plus en plus erratique avait poussé mes parents, entre deux disputes sur la meilleure façon d'agir, à l'emmener voir médecins, psy et spécialistes en tout genre, cherchant à comprendre ce qui n'allait pas. Lorsque le diagnostic fut posé, ce fut un soulagement de courte durée. La schizophrénie paranoïaque est en effet une maladie qui ne se soigne pas. Il n'existe pas de remède total, et la personne qui en est atteinte souffrira toute sa vie, même si un traitement peut atténuer les symptômes. C'est ce que j'ai appris en faisant des recherches sur internet avec ma copine Carrie, quand mes parents ont refusé de répondre à mes questions. J'en ai beaucoup discuté avec elle, Carrie était ma meilleure amie depuis la maternelle.
Je ne sais pas trop ce qu'on pensé mes parents de tout ça, et il devenait difficile d'avoir une discussion avec Chris. Je ne lui en voulais pas, de s'éloigner de moi, de l'angoisse qu'il provoquait chez nous, à cause de ses mises en danger à répétitions. C'était la faute de sa maladie. Je n'avais que dix ans, mais j'étais capable de comprendre ça. Le docteur qui s'occupait désormais de Chris, un psychiatre, disait qu'avec le bon traitement, Chris pourrait vivre presque normalement. Encore fallait-il trouver le bon traitement. Les neuroleptiques sont bien plus nombreux qu'on ne pourrait le croire, et il fallait, en plus de trouver le bon médicament, trouver le bon dosage pour Chris. Les tâtonnements médicamenteux étaient donc apparemment nécessaires, mais ô combien éprouvants. Dans un premier temps, ils n'ont fait qu'accentuer les symptômes de Chris, qui demandait une surveillance constante. A peine le temps de cligner des yeux qu'on le retrouvait avec un couteau à la main, prêt à se faire du mal. A cause des voix qu'il entendait.
Papa a tenu trois mois. Je ne sais pas vraiment ce qu'il pensait, mais il a laissé une lettre, sur la table de la cuisine. Un simple mot disant qu'il n'arrivait plus à gérer et qu'il était désolé. Désolé de quoi ? Désolé que Chris soit malade ? De partir comme un voleur ? De nous abandonner, alors qu'on devait rester soudés, ensemble, pour Chris ? Maman a énormément pleuré, Chris n'arrêtait pas de s'excuser, comme s'il avait choisi d'être malade et moi... j'en ai beaucoup voulu à papa. A dix ans, mon enfance a pris fin.
Maman a dû se résoudre à faire interner Chris dans un établissement adapté, le temps que son traitement le stabilise. Ne plus voir mon frère a été très dur, heureusement que j'avais Carrie. Elle était toujours là quand j'avais besoin de parler, elle avait toujours les mots qu'il fallait pour me rassurer, me donner du courage. Et j'essayais de faire la même chose pour maman. C'était dur pour elle aussi, elle ne comprenait pas non plus l'abandon de papa.
Quand Chris est revenu enfin à la maison, on s'est senties tellement heureuses ! Presque deux mois sans voir Chris, ça avait été très difficile. Pour fêter son retour, j'ai voulu faire une tarte aux pommes, sauf que j'étais tellement concentrée à tendre l'oreille pour entendre la voiture, que j'ai agi de façon plutôt mécanique et que j'ai sorti le gâteau trop tôt. Il était à peine cuit et cela a provoqué un fou rire dans la maison, qui a apaisé les tensions, je crois. Je ne savais pas qu'un rire avait un tel pouvoir, mais ça nous a fait du bien, à tous les trois. Chris prenait son traitement avec régularité, maman s'en assurait. Une sorte de routine s'est mise en place à la maison, à trois. Chris est retourné au lycée, mais a déclaré qu'il n'irait pas à l'université. C'était compliqué pour lui de se concentrer ainsi sur les cours,et maman a accepté. Elle l'a même aidé à trouver un travail, après sa dernière année. Chris travaillait désormais dans une petite épicerie, pas très loin du musée où maman travaillait, et il était tellement fier de s'en sortir, et appliqué dans son travail !
La vie a plus ou moins repris son cours, même si papa n'est jamais revenu. Et en 2009, mon tour est venu d'aller au lycée. Je me suis vite sentie rassurée de ne pas être séparée de Carrie, et je me suis même fait de nouveaux amis. Et j'ai ressenti mes premiers émois, tels qu'ils sont décrits et exprimés dans les films romantiques. Toutes les filles craquaient sur Chase Donovan. Il était beau, populaire, et jouait dans l'équipe de football. Et il était assis à côté de moi en biologie. Rien que pour ça, j'avais l'impression d'être une privilégiée par rapport aux autres, et je n'attendais qu'une chose, c'est qu'il m'invite à sortir.
En y repensant aujourd'hui, je dois admettre qu'on a du échanger trois phrases au maximum sur l'année, et mon fantasme me fait doucement sourire.
Ma première année de lycée s'est donc passée à papoter avec mes copines sur ce qu'on feraient et diraient lorsque Chase nous inviteraient à sortir, et à tenter de se faire remarquer par lui. Ma seconde année de lycée a été plus chaotique. A la maison, l'ambiance se tendait à nouveau. Maman était fatiguée, perdait l'appétit et avait des nausées. Chris et moi étions inquiets, mais nos efforts pour la soulager semblaient rester vains.
J'ai manqué plusieurs sorties entre copines, parce que je préférais rester à la maison m'occuper de la lessive ou des courses, pour que ma mère puisse se reposer. Carrie comprenait, bien sûr, et elle essayait de passer régulièrement à la maison, pour qu'on passe un moment ensemble. C'était vraiment une amie exceptionnelle.
Les semaines passant, l'état de maman ne semblait pas s'améliorer. Au contraire, il lui arrivait parfois de hurler tellement elle avait mal. Lorsqu'elle a eu les résultats de ses examens médicaux, mon monde s'est écroulé, pour la seconde fois. Elle avait un cancer du pancréas. Choquée par la nouvelle, je me suis efforcée de rester optimiste. Nous avions réussi à surmonter et à vivre avec la maladie de Chris, nous le pourrions aussi avec maman. Forcément.
Là encore, le traitement censé la soigner la rendait encore plus malade. Elle pouvait à peine se lever après une séance de chimio, et bientôt, maman était trop affaiblie pour aller travailler. Chris a fait plus d'heures à l'épicerie, mais ça ne suffisait pas à couvrir les frais. Alors, j'ai pris un job, moi aussi. J'avais seize ans et je ne pouvais prétendre qu'à un job étudiant, mais j'ai trouvé sans trop de difficultés. Serveuse dans un fast-food. Je sentais la friture en rentrant, mais j'appréciais l'ambiance presque survoltée, qui ne me donnait pas le temps de réfléchir.
Malheureusement, je ne suis vite aperçue que ça ne suffirait pas. Les factures s'accumulaient et l'inquiétude de Chris jouait sur l'efficacité de son traitement et le contrôle de ses symptômes. Rapidement, j'ai décidé de prendre un second job. Je faisais la plonge dans un autre restaurant. Carrie m'apportait mes devoirs quand je manquais des cours, et m'aidait à les faire pour que je reste au niveau.
Mais bien vite, la fatigue est devenue compliquée à gérer. Et mes deux jobs à mi-temps plus les heures de Chris à l'épicerie ne suffisaient toujours pas. On avait tenté de joindre papa à l'annonce du cancer de maman, mais il n'a jamais donné signe de vie. Alors, il ne restait pas beaucoup de solutions. J'ai pris un troisième job, en mentant sur mon âge, et j'ai été engagée comme femme de ménage, pour un immeuble de bureaux. Il a fallu que j'abandonne complètement le lycée, je n'arrivais plus à me concentrer ou à trouver le temps de faire mes devoirs. Quand je ne travaillais pas, je m'occupais de la maison et veillais sur ma mère et mon frère. Et Carrie veillait sur moi. Elle m'accompagnait lorsque j'allais faire des courses, venait manger à la maison quand j'étais de repos et arrivait toujours avec un dvd et un gros pot de glace. Je ne sais pas ce que j'aurais fait sans ces moments, si j'aurais tenu sans elle.Mais j'ai tenu. Assurant à maman que tout allait bien, rassurant Chris d'un sourire et passant des nuits blanches à me demander comment j'allais payer les factures qui s'accumulaient.
J'ai tenu bon, arborant un sourire en guise de bouclier, prenant soin de ma mère et de mon frère et tentant de maintenir un lien avec mon amie d'enfance. J'ai tenu six mois, jusqu'en Octobre 2015. Jusqu'à ce que le monde explose.
Post-apocalypse
- Septembre/Octobre 2015 : La vie à Salem a toujours été tranquille. Hormis mes propres problèmes familiaux, et la délinquance habituelle, dont on entend parler aux infos mais qui nous semble loin de notre petite réalité, je veux dire. Pourtant, en y prêtant davantage d'attention, aurait-on pu s'en douter ? Aurait-on du s'y attendre ?
Les prémices étaient pourtant proches de moi, mais je n'ai pas compris, à ce moment-là, que c'était le signe avant-coureur d'autre chose. De quelque chose de plus grave. Lorsque le fast-food dans lequel je bossais à mi-temps a été braqué, je n'y étais pas. J'ai appris la nouvelle en allant prendre mon service, quelques heures plus tard. Des types armés avaient surgi pour la caisse, et avaient fait feu dans le restaurant. Deux personnes avaient été blessées, et Cheryl, la serveuse qui m'avait expliqué le fonctionnement du service et mes différentes tâches, avait été tuée. Le restaurant resterait fermé un moment et égoïstement, je me rappelle avoir songé que ça ne m'arrangeait pas, parce que j'avais besoin d'argent pour payer les soins de maman. Cheryl avait été si gentille avec moi, je crois que je m'en voudrais toujours d'avoir d'abord pensé à l'argent et à mes propres problèmes plutôt qu'à elle. A cette époque, j'étais tellement focalisée sur ma mère et sur mon frère, que je ne faisais pas vraiment attention au reste. A cette montée de violence, un peu partout. Ni aux rumeurs qui prétendaient que les morts se relevaient, et agressaient ceux qui avaient la malchance de les croiser. Quelques jours plus tard, alors que j'étais à l'hôpital à attendre que maman termine sa séance de chimio pour la ramener à la maison, j'ai croisé Norm dans les couloirs. Norm était le gérant du fast-food qui m'avait embauché. J'ai été surprise le trouver là, gravement blessé, et j'ai cru qu'il délirait sous l'effet du choc ou des médicaments que les médecins avaient dû lui donner. Il ne cessait de répéter que Cheryl l'avait attaqué, qu'elle voulait le tuer. Ca n'avait aucun sens, pour moi ni pour personne, à ce moment-là.
Ce n'est que plus tard, vers la mi-octobre, lorsque les militaires et policiers étaient présents partout dans les rues, où qu'on regarde, que j'ai réalisé que la situation était sérieuse. Et même à ce moment-là, je ne réalisais pas vraiment à quel point la situation allait encore s'envenimer.
Petit à petit, les chaînes d'infos télévisées et les radios ne parlaient plus que de ça, relatant des agressions de plus en plus brutales et totalement gratuites, des morts qui se relevaient et s'en prenaient aux gens... Les points infos étaient relayés par des messages enregistré de personnalités politiques de la ville, puis du pays. Petit à petit, les commerçants ont baissé le rideau et la ville est devenue morte.
Des mesures ont été prises à la fin du mois d'Octobre, et les autorités ont ordonné l'évacuation des maisons et le regroupement de la population dans des bâtiments mis à la disposition par la ville. Avec la maladie de maman et les antécédents médicaux de Chris, nous avons été envoyés à l'hôpital, qui avait été réaménagé et qui était désormais géré par les militaires. Le grand hall d'accueil a été transformé en dortoir, et ses différents accès barricadés. Chaque jour, de nouvelles personnes arrivaient et devaient passer un examen médical. Les soldats et les personnels médicaux se sont rapidement organisés, les premiers gérant l'accueil et la sécurité quand les seconds continuaient de soigner et de prendre soin des gens. Nous étions nombreux à poser des questions, mais personne ne nous donnait de réponse claire. Aujourd'hui, j'ai conscience qu'ils n'en avaient tout simplement pas.
- Octobre à Décembre 2015 : A présent, tout le monde a connaissance de ce qui se passe, un peu partout. Mais c'est tellement difficile d'y croire, de l'admettre ! Maman et Chris étant malades, nous avons été installés dans les étages, rapidement après notre arrivée. Des militaires passaient de temps en temps, mais les seules personnes que je voyais étaient d'autres patients et quelques membres de leur famille, et des médecins, des infirmières et des aides-soignants. Avec quelques autres personnes, des membres de familles de patients, nous avons commencé à effectuer de petites tâches pour aider le personnel soignant, lorsqu'ils avaient besoin de se reposer. Faire un pansement, refaire les lits, aidez les malades à se laver. Ce n'était pas grand-chose, mais j'avais l'impression d'être utile et de ne pas devenir folle. Je n'arrivais plus à joindre Carrie, au téléphone, et je faisais mon possible pour me convaincre qu'elle allait bien, qu'elle était en sécurité et ne risquait rien.
Début novembre, les soldats sont montés en nombre, avec quelques habitants, dans une panique totale. Les barricades du hall d'accueil avaient cédé, et ils avaient été attaqués. Les militaires ont interdits aux médecins de descendre pour soigner les blessés. Ils ont dit que c'était trop tard. Dans la nuit, un médecin a réussi à se faufiler par les escaliers pour tenter de secourir d'éventuels survivants. Ses hurlements nous ont tous réveillés, et certains ont voulu aller voir ce qui se passait, ou tenter de lui porter secours, mais les militaires nous en ont empêchés. Ils ont dit que c'était trop tard, alors qu'on l'entendait encore crier. Ils ont dû hausser le ton pour ramener le calme parmi nous, et on condamné l'accès aux escaliers. Nous avons attendu le matin sans pouvoir nous rendormir. Lorsque le jour s'est levé, nous avons voulu savoir qu'elle était la suite des événements, et tout le monde y allait de son commentaire ou de sa petite suggestion. Un homme, réfugié ici comme beaucoup d'autres, a émis l'idée qu'on monte encore, mais les soldats ont refusé. Certains d'entre eux se sont postés à des points stratégiques, pour empêcher les agresseurs d'entrer, ou nous de sortir, et d'autres se sont enfermés dans une salle de repos. Des gradés, sûrement, en tout cas, ils ont discuté quasiment toute la journée. Nous, nous avons aidé les soignants à s'occuper des patients. Quand j'ai osé m'approcher des fenêtres pour regarder en contrebas, je me rappelle du choc que j'ai ressenti en voyant le chaos qu'était devenu la rue. Pendant un bref instant, je n'ai plus pu respirer et j'ai été obligée de m'asseoir, parce que j'avais la tête qui tournait. Des voitures abandonnées et des détritus gisaient un peu partout. Et des gens, par centaine, semblaient errer là, avançant sans but ou restant statique. C'est lorsque j'ai pris conscience qu'ils étaient couverts de sang, que leur allure générale et leur attitude n'étaient pas normales que j'ai eu mon vertige. J'en ai vu un avec un bras en moins, et il ne semblait absolument pas s'en soucier, ni en souffrir. Ce n'était pas normal. J'ai a nouveau tenté de joindre Carrie, sans plus de succès que les fois précédentes.
Lorsque les soldats ont terminés leur réunion, ils en ont fait une avec les médecins et les infirmières présents. Ce n'est qu'à la fin de la journée qu'ils ont annoncé leur décision : nous devions quitter l'hôpital pour aller ailleurs. Où, ils ont refusé de nous le dire. Peut-être ne le savaient-ils pas eux-même. Ils ont rapidement mis fin aux questions, nous faisant comprendre qu'on n'avait pas le choix. A leur demande, nous avons aidé le personnel de l'hôpital à récupérer un maximum de fournitures. Nous avons entassés ça sous tout ce qu'on pouvait trouver, des grands sacs d'habitude utilisés pour le linge de l'hôpital, des caisses et même dans des draps. Nous avons passé la nuit à arpenter les étages supérieurs désertés, à piller chaque pièce où nous pouvions trouver des médicaments, du matériel de soin, et même des appareils médicaux portatifs. Nous avons vidé les distributeurs de friandises et de sandwichs, et après cela, les militaires nous ont dit d'attendre le lever du jour. Chacun s'était vu assigner une partie du transport du matériel, ou devait aider à soutenir les malades.
Quand le soleil se leva, des soldats sont partis devant, en éclaireurs, pour nous ouvrir un passage. J'ai sursauté lorsque j'ai entendu leurs tirs résonner contre les murs, amplifiant l'écho de façon démesurée. L'avancée fut lente et laborieuse, mais le temps de descendre les escaliers, mes yeux n'ont pas lâché mes pieds. Je n'ai osé les relever qu'en arrivant dans le hall d'accueil, lorsque des hurlements et d'autres sons, plus gutturaux, sont venus se mêler aux sons des tirs. Je me suis figée et j'ai lâché la main de Chris quand mon regard a croisé celui d'une femme, en tenue d'infirmière. Elle n'avait plus de mâchoire inférieure, l'angle de son cou était anormal et ses yeux... Lorsqu'ils se sont posés sur moi, j'ai eu l'impression qu'elle ne me voyait pas, mais elle a tendu le bras vers moi, cherchant à m'agripper. J'ai reçu un coup assez brusque dans le dos, martelé d'un "Avance! crié à mon oreille. Cela a suffi à me sortir de ma torpeur et j'ai filé aussi vite que possible, pendant que j'entendais le soldat tirer, derrière moi. Une fois dans la rue, je me suis contentée de suivre le mouvement, comme tout le monde. Tout en ayant conscience qu'ils étaient partout. Ils étaient si nombreux...
Nous avons trouvé refuge dans un bus, qu'un militaire a réussi à faire démarrer. Le soldat qui était venu à mon secours à l'hôpital est venu me voir, s'assurant que j'allais bien. Nous avons échangé nos prénoms et après quelques secondes, Mitch est allé voir les autres. Je suis allée retrouver maman et Chris, soulagée de les savoir sains et saufs.
Nous avons roulé un long moment, au pas, pour chercher un abri sûr. Nous avons surtout constaté que toute la ville semblait envahie par les morts. Ca semble tellement étrange de dire ça ! Nous nous sommes finalement arrêtés à Hayesville, et nous sommes installés dans les bâtiments de l'université Chemeketa. Pendant que les militaires faisaient le tour des lieux pour sécuriser la zone, nous avons aidé à installer les malades. Et j'ai pris conscience que nous étions moins nombreux qu'a l'hôpital.
Une sorte de routine s'est installée, pendant les jours qui ont suivi. Pour ma part, je prenais soin de maman et de Chris, et aidais avec les autres patients. C'est ainsi que j'ai sympathisé avec Rob, un aide-soignant qui avait réussi à gagner la confiance de Chris avec facilité, et Annie, une infirmière qui, après s'être remise d'un cancer du sein, discutait beaucoup avec maman. Elle lui a apporté beaucoup de réconfort, je crois. Dans notre petit groupe, il y avait aussi Sharon, une jeune femme enceinte qui peinait à se remettre de la fuite de l'hôpital, où elle avait perdu son mari. Je faisais tout mon possible pour lui changer les idées, pour qu'elle se repose et pense à des choses un peu plus positives, pour le bien de son bébé.
Il y avait aussi Stanley. Stanley était un architecte qui avait bien réussi. Il avait une belle maison, une belle voiture, une montre coûteuse et l'habitude de donner des ordres et de déléguer ce qu'il considérait comme des tâches ingrates. Je ne l'appréciais pas beaucoup, et je pense que c'était réciproque. Mais je crois que Stanley n'aimait pas grand-monde, à part lui. Il passait ses journées à râler, à se plaindre, à discuter les ordres donnés par les militaires, pour finalement finir par s'exécuter de mauvaise grâce.
Mitch, qui était apparemment le plus haut gradé parmi les militaires présents, et dont le charisme naturel avait fait de lui le leader logique de notre petit groupe, n'a perdu son sang-froid qu'une seule fois, face à Stanley. Quand il l'a surpris en train de piquer dans les réserves de nourriture, alors qu'on essayait de rationner les vivres. Ils en sont venus aux mains et Stanley, depuis, est surveillé de près par Mitch.
- Année 2016 : Petit à petit, la vie s'est organisée au campus. Une partie du groupe a aidé les soldats à délimiter un périmètre de sécurité, renforçant les points d'accès et en condamnant d'autres. La bibliothèque universitaire est devenue la salle de soins, où étaient les malades et les blessés, ainsi bien sûr que tout le matériel médical que nous avions pu prendre avec nous. A l'étage en dessous, la cafétéria est devenue à la fois salle de détente et de réunions, et le dortoir situé à côté nous offrait des chambres et des sanitaires. Une partie du parc à été peu à peu transformée en potager.
Certains accompagnaient des soldats lors de leurs maraudes, et nous avons pu faire un stock important de vivres, de vêtements et d'outils. Nous avons même fabriqué un poulailler après qu'un groupe ait ramené des volailles lors d'une expédition.
Je me sentais en sécurité et j'avais l'impression de pouvoir souffler un peu. Pour la première fois depuis longtemps, je ne me sentais plus seule pour prendre soin de maman et de Chris. Bien sûr, je passais un maximum de temps avec eux, et je m'inquiétais toujours autant pour eux, mais Chris pouvait poursuivre son traitement et son comportement était plutôt stable, et il passait beaucoup de temps avec Rob. Le courant passait vraiment bien entre eux, et j'en étais contente. Annie veillait beaucoup sur maman, et elles sont devenues des amies. Ca faisait longtemps que je n'avais pas vu ma mère sourire ainsi, j'étais vraiment heureuse pour elle.
J'ai pensé à papa, parfois. Je me suis demandée s'il était en vie, s'il était en sécurité, s'il avait tenté de revenir nous chercher... Mais à quoi bon y songer ? Il nous avait abandonnés sans un regard en arrière, n'avait jamais répondu quand on avait tenté de le joindre, et n'avait jamais donné de nouvelles, ni envoyé de cartes pour nos anniversaires ou pour Noël. Est-ce que ça faisait de moi une mauvaise personne, de lui en vouloir encore dans un moment pareil ? Je n'en sais rien, et je n'ai jamais osé poser la question à voix haute.
Je continuais de prendre soin d'eux, j'aidais avec les malades, je participais aux tâches quotidiennes, comme faire la cuisine, entretenir le potager ou m'occuper des poules.
D'autres survivants sont venus grossir nos rangs, et nous nous sommes retrouvés à une petite quinzaine. Nous avons fait de notre mieux pour les intégrer au groupe, et je me suis bien entendu avec quelques-uns d'entre eux, surtout Harvey et Linda. Harvey était électricien et Linda avait été assistante dentaire.
A mesure que l'année avançait, pourtant, j'ai vu maman s'affaiblir de plus en plus. Rapidement, elle n'a plus été capable de se lever, et Annie m'a dit que le cancer progressait, sûrement très vite maintenant que la chimio était stoppée. Elle souffrait beaucoup et nous avons essayé de soulager ses douleurs autant que possible. Stanley s'est mis tout le groupe à dos en disant que c'était stupide de gaspiller nos réserves d'anti-douleurs. Je me rappelle qu'Harvey lui a proposé de partir en maraude pour piller des pharmacies, et refaire les stocks. Stanley a toujours refusé de sortir. Ca en agaçait beaucoup, mais là-dessus, je ne l'ai jamais blâmé. Je sais bien que tout le monde avait peur, et que beaucoup y allaient quand même, mais je pouvais comprendre son blocage. Je ne sortais pas, moi non plus. Mais contrairement à Stanley, j'essayais de me rendre utile, autant que possible.
Sharon n'allait pas bien, elle non plus. Elle avait plongé dans une sorte de dépression depuis la perte de son mari, et il fallait insister pour qu'elle se nourrisse. Elle a perdu beaucoup de forces, et je ne sais pas si ça a un rapport, mais l'accouchement s'est annoncé plus tôt que prévu. Et s'est mal passé. Sharon manquait de force et d'énergie, et le bébé ne s'est pas présenté dans une bonne position. Linda et Annie ont aidé le Dr Matthews, et ils ont vraiment fait tout leur possible, mais Sharon n'a pas survécu. Et le bébé est mort moins d'une journée plus tard.
Le moral de tout le monde en a pris un coup, et Mitch et deux de ses hommes ont emmenés les corps pour s'en occuper. Je préfère ne pas penser à ce que ça veut dire.
Au tout début décembre, maman a perdu son combat face au cancer. Chris a été anéanti, et je me suis efforcée d'être là pour lui. Pendant des jours, j'ai agi en simple automate, ne lâchant pas Chris un instant. Rob et Annie ont été très présents pour lui, aussi. Je ne suis pas rendue compte, à ce moment-là, à quel point je les inquiétais, tous. Je certifiais que j'allais bien quand on me posait la question, et coupait court à toute discussion en disant que je devais m'occuper de mon frère.
Mitch m'a désigné pour que je l'accompagne à l'extérieur, pour la première fois. Je n'ai même pas demandé ce qu'on allait piller. Quand Rob, Annie, Harvey et Linda m'ont certifié qu'ils veilleraient sur Chris, et que Chris lui-même m'ait assuré qu'il allait bien, j'ai suivi Mitch, sans poser de questions. Il n'y a peu eu de maraude, en réalité. Mitch m'a simplement emmenée à l'écart, et a su trouver les bons mots pour me faire réagir, me faire sortir de ma torpeur. Me faire prendre conscience de la réalité. Maman était morte. Je ne sais pas combien de temps j'ai pleuré, et je ne me rappelle même plus les mots que Mitch a prononcé. Je me souviens seulement à quel point je suis sentie vidée de toute énergie, après ça. Et que je me sentais un peu mieux. Je crois qu'il m'a bercé, ce jour-là, mais je ne lui ai jamais demandé, pour être sûre.
- Année 2017 : La vie a repris son cours, et 2016 a laissé la place à l'année 2017. Emotionnellement, je souffrais toujours de la mort de ma mère, mais le soutien des autres m'a été bénéfique. En Février, nous avons accueilli un groupe de survivants, dont l'abri avait été compromis. Nous les avons accueilli sans méfiance, mais ils sont repartis trois jours plus tard, avec une partie de nos réserves de vivres et de médicaments. Ils ont tué le Dr Matthews et un militaire, du nom de Reggie, au passage, parce qu'ils ont tenté de les en empêcher.
Après cela, nous avons multiplié les maraudes pour refaire nos stocks , mais les échanges de tirs ont attirés l'attention des morts, qui se sont dangereusement rapprochés du campus. Mitch finit par prendre la décision de nous faire partir, au tout début de l'été. Stanley fait entendre son mécontentement, disant qu'il est stupide de quitter cet endroit après tout le temps et toute l'énergie passés à l'investir. Et pour la première fois, d'autres survivants sont d'accord avec lui. Mitch annonce calmement qu'ils peuvent rester ici, mais qu'ils doivent prendre conscience qu'il n'y a plus de médecins, et qu'il n'y aura plus de soldats non plus après leur départ. Au final, tout le petit groupe se prépare à partir, mais je sais que Mitch garde Stan et les autres récalcitrants à l'oeil.
Après avoir pris tout ce qu'on pouvait emporter, nous avons quitté le campus dans plusieurs véhicules, prenant la direction du nord. A peine vingt kilomètres plus tard, une embuscade nous oblige à abandonner les voitures, ainsi qu'une partie du matériel. Les coups de feu échangés emplissent l'air de sons assourdissants et d'odeur de poudre, et Mitch ordonne qu'on se disperse. J'ai vu Linda et Stanley tomber, probablement blessés par des tirs. Je n'ai malheureusement pas le loisir de m'assurer qu'ils sont vivants. Harvey m'a agrippé le bras et je tiens la main de Chris. Nous nous sommes arrêtés quand nous n'avons plus entendu les coups de feu, et nous avons attendus, angoissés. J'ai été soulagée quand Mitch, Annie, Rob et quelques autres nous ont rejoints, apparemment sains et saufs.
Nous avons tous décidés de continuer notre périple à pieds, en évitant les routes.
Avancer en pleine nature, au gré des intempéries, n'a pas été facile tous les jours. Je me suis rendue compte à quel point notre refuge au campus était confortable, et sûr.
Notre groupe était nettement réduit, mais on s'entraidait les uns les autres pour avancer, convaincus qu'en atteignant Portland, nous pourrions trouver un abri sûr et nous poser durablement.
- Année 2018 : Notre quotidien a beaucoup changé, depuis que nous avons quitté le campus. Voyageant en permanence, nous ne faisons plus de stocks et la nourriture est parfois dure à trouver. Les stocks de médicaments s'amenuisent, et je m'inquiète pour Chris. Nous organisons des maraudes chaque fois qu'on passe à proximité d'une ville, pour chercher entre autres les neuroleptiques dont mon frère a besoin.
Le groupe étant réduit, je prends désormais part aux maraudes. Je veille sur Chris quand je n'y vais pas, sinon c'est Rob qui reste pour s'occuper de lui. La première fois que j'ai accompagné Mitch, je suis restée tétanisée face aux morts. Mitch a tiré sur l'un d'eux qui allait m'attaquer, et sa tête a explosé. Je me suis retrouvée couverte de sang et de cervelle, et j'ai vomi tout ce que je pouvais. J'ai cru que je ne m'arrêterais jamais.
Après ça, Mitch m'a donné un couteau et m'a entraîné. Quelques rudiments de défense et des conseils de survie. Je sais qu'Annie y a eu droit, elle aussi.
Mitch est notre pilier à tous, notre moteur. C'est uniquement grâce à lui qu'on continue d'avancer, jour après jour. Il ne le montre jamais mais je sais qu'avoir perdu ses hommes, et les autres membres du groupe l'a beaucoup affecté. Mais je sais qu'il n'est pas seul, et qu'il peut se confier. Je les ai surpris un matin, Annie et lui, et me suis bien vite éclipsée. J'étais tellement focalisée sur moi, sur Chris, que je n'ai rien remarqué de leur rapprochement. J'ai l'impression d'être un monstre d'égoïsme. Je dois faire plus d'efforts, pour aider les autres comme ils m'aident. Pour être présente pour eux comme ils le sont pour Chris et moi.
Parfois quand j'ai du mal à m'endormir, je repense à ma vie d'avant. A toutes les personnes que j'ai connues, et je me demande où ils sont aujourd'hui. Est-ce que Carrie est toujours en vie ? Et Chase ? Quand je prends le temps de réfléchir comme ça, je me trouve horrible de ne jamais être revenue en arrière, pour savoir si le reste du convoi avait survécu. Peut-être que certains avaient été blessés ou capturés, mais qu'on aurait pu les sauver ? Est-ce qu'on devient des monstres, petit à petit ?
J'ai du mal à croire que ça fait déjà tant de temps que tout a commencé. Je pense qu'on a tous pris plus ou moins conscience qu'il n'y aurait jamais de retour en arrière. La vie qu'on a connu avant est bel et bien terminée, et il ne restera plus que le chaos et les morts. Jusqu'à la fin. Je me demande si ça sert à quelque chose, de se battre ainsi pour survivre.
Plus nous nous rapprochons de Portland, plus nous doutons. Des groupes de pillards arpentent la région et il devient très difficile et dangereux de circuler. Finalement, après avoir assisté de loin à l'exécution brutale de trois hommes, dont l'un m'a semblé n'être qu'un adolescent, Mitch juge préférable d'éviter Portland. Nous entamons donc un grand détour et passons par Forest Grove pour contourner Portland. Sauf que maintenant, nous ne savons plus vraiment où aller. Existe-il un endroit sûr, quelque part, où trouver un abri durable pour s'y installer ? Mitch envisage de poursuivre au Nord, toujours, et de passer dans l'état de Washington. Nous poursuivons donc vers Clatskanie, en passant à proximité de Buxton et Vernonia. Nous prenons toujours soin d'éviter les routes et d'avancer le plus à couvert possible, dans un silence souvent pesant. Nous avons tous perdu du poids depuis que nous n'avons plus de stocks de provisions, et la fatigue des corps commence douloureusement à se manifester. Mitch nous impose un rythme de marche soutenu, et même si j'ai parfaitement conscience que son seul but est de nous protéger et de nous mettre à l'abri, j'ai souvent du mal à tenir la cadence. Je leur suis tellement reconnaissante, à tous, de ne pas nous avoir lâché, Chris et moi.
- Année 2019 : Nous atteignons Clatskanie en Janvier, au plus fort de l'hiver. Plus on remonte au Nord, et plus le climat est froid et rugueux. A moins que je ne sous tellement épuisée que mon ressenti personnel soit altéré. Certains d'entre nous tombent malades, dont Harvey et moi. Peut-être de l'eau non potable, cumulé avec le froid extérieur et la fatigue générale. Ceux qui sont touchés ont de terribles maux de ventre, des accès de fièvre et des frissons incontrôlables. Il reste peu de médicaments, nos derniers pillages dans les pharmacies visant principalement à fournir Chris en neuroleptiques. Harvey et deux autres personnes ne s'en remettront pas, et encore une fois, nous sommes obligés de laisser des amis derrière nous. Je ne comprends pas pourquoi je m'en suis remise, et pas eux. Annie me déconseille de penser ainsi, elle dit que je dois rester forte et aller de l'avant. Je le fais, pour Chris essentiellement. J'ai l'impression de n'être qu'un poids mort pour le reste du groupe. Je vois à quel point Mitch, Annie et Rob se soucient de moi.
Quand je suis remise pourtant, il faut se remettre en route. Traverser la rivière Clatskanie pour atteindre Washington, sur l'autre rive. J'ai l'impression qu'ils voient ça comme la terre promise, mais je me demande ce que ça va changer, vraiment. De l'autre côté de la rivière, ce sera la même chose. Ce voyage est sans fin, et à un moment ou un autre, nous ne pourrons plus avancer. Que ferons-nous, alors ?
Nous passons plusieurs jours à observer l'eau, le courant, à discuter de la distance. Ca m'effraie, que Mitch veuille qu'on traverse à la nage, même si je comprends pourquoi il préfère éviter les ponts construits. Ils sont sûrement contrôlés par des groupes de survivants armés. Finalement, c'est Rob qui émet des doutes à voix haute, et quelque part, ça me soulage de ne pas être la seule à avoir peur. Je n'ai jamais été très sportive, et je me suis persuadée que je n'arriverais jamais à nager jusqu'à l'autre rive. Nous passons plusieurs jours à rassembler plusieurs débris et à les assembler ensemble. Le but est que ça flotte, soutienne le poids de nos sacs et nous aident à avancer en gardant la tête hors de l'eau. Quand je vois cet espèce de radeau prêt à être mis à l'eau, je suis certaine qu'on va tous couler. Et pourtant, ça marche ! Nous y allons au fur et à mesure, et Mitch enchaîne les allers-retours pour nous soutenir et nous aider. Je sais que c'est égoïste, mais je suis tellement soulagée qu'il soit là, avec nous. Sans lui, nous serions tous morts depuis longtemps, j'en suis certaine.
Sans connaître réellement la situation dans l'état de Washington, nous ne pouvons que supposer qu'elle est identique à celle de l'Oregon. Nous marchons donc pendant plusieurs jours en pleine nature. Le terrain est accidenté et nous progressons lentement, évitant quelques rôdeurs, croisés ça et là. Nous sommes ralentis par Chris, aussi. Nous n'avons presque plus de neuroleptiques et Annie et moi avons dû prendre la décision de réduire un peu le dosage de son traitement, pour faire durer ce qui nous reste le plus longtemps possible. Mais ce dosage est trop faible, et ses hallucinations reviennent. Un matin, je me suis réveillée brutalement alors qu'il m'étranglait. Mitch et Rob n'ont pas été trop de deux pour le maîtriser. Je fais de mon mieux pour le calmer, l'apaiser et le rassurer, mais j'avoue m'être sentie un peu choquée. Il avait toujours tenté de s'en prendre à lui-même, c'était la première fois qu'il agressait quelqu'un. Comme nous ne sommes pas très loin de Castle Rock, nous prenons le risque d'aller en ville pour lui trouver ses médicaments. Nous ne trouvons pas grand-chose, alors nous prenons la décision de passer par chaque localité, malgré les risques, pour trouver ce dont mon frère a besoin.
Lorsque nous atteignons les abord de Chehalis, nous sommes tous sur les nerfs. C'est en explorant une vieille bâtisse avec Mitch que je me blesse avec une pointe, quand mon pied passe au travers du plancher. Annie se blesse aussi en chutant, bien plus gravement que moi.
Des rôdeurs arrivant, nous évacuons au plus vite et ne prenons conscience de l'ampleur de sa blessure qu'en nous posant, lorsque nous sommes sûrs d'être à l'abri. Annie s'est brisé la jambe, et son os ressort à travers la chair. Dans pareil cas, il faut réduire la fracture et opérer. Nous n'avons rien de tout ça, et mon coeur se serre en comprenant que nous ne pouvons rien faire pour la soigner. Mitch immobilise sa jambe du mieux possible, nous lui construisons un brancard et utilisons les derniers anti-douleurs pour la soulager un peu.
Notre avancée devient laborieuse, même avec mille précautions de notre part, Annie souffre le martyre à chaque pas que nous faisons. Pour la première fois depuis le début de l'épidémie, je sens Mitch totalement démuni et mort d'inquiétude. J'aimerais faire pour lui ce qu'il a fait pour nous, mais la seule chose que je peux faire, c'est veiller Annie et prendre soin d'elle, avec les moyens du bord.
Lorsqu'Annie est gagnée par la fièvre, nous constatons que sa jambe s'est infectée. Rob nous parle de gangrène et dit que la seule solution serait d'amputer. Je vois à l'expression de Mitch combien il est désespéré. Nous n'avons rien pour réaliser une telle opération en toute sécurité pour Annie. Rien, nous ne pouvons rien faire pour elle, à part la regarder agoniser. C'est horrible, comme sensation. Annie sait qu'elle est condamnée, et nous demande de l'aide. Je mets un moment avant de comprendre ce qu'elle entend par là. Dans un premier temps, Mitch refuse d'entendre ça, prétextant que c'est la fièvre qui la fait délirer. Mais voir celle qu'il aime souffrir ainsi, c'est tellement dur. J'ai l'impression de revivre la mort de maman, et je m'éloigne pour m'occuper de Chris. Ils sont restés seuls un moment, et nous avons entendu une détonation. Nous avons repris notre route dans un silence de plomb.
Plusieurs semaines ont passé et l'hiver s'installe, petit à petit. L'ambiance est morne au sein du petit groupe restant, nous nous parlons à peine. Mitch laisse exploser sa rage et son chagrin chaque fois qu'on croise des Rôdeurs. A croire que ça le défoule, de massacrer. L'état de Chris empire, lui aussi, et Rob essaie de parler à Mitch, sans succès. Mitch nous balance des horreurs avant de partir, en nous disant de nous débrouiller. Il reste absent plusieurs jours et nous finissons par douter qu'il revienne. L'état de Chris devient préoccupant et nous décidons, avec Rob, de gagner Centralia pour lui trouver des comprimés. En pleine rue, alors que nous cherchons une pharmacie, Chris est pris d'une hallucination et ses cris attirent des Rôdeurs. Je n'ai qu'un couteau, celui que m'a donné Mitch, et Rob a une machette. Nous nous retrouvons vite encerclés mais tentons de faire face, lorsque Mitch surgit d'une rue adjacente pour nous prêter main-forte. Nous sauver la vie serait plus juste. Une fois en sécurité, nous nous remettons en route, Mitch à nos côtés, comme s'il n'était jamais parti. Les choses redeviennent comme elles étaient, mais nous ne reparlons pas de ce qui s'est passé. Evoquer ce moment, c'est aborder la mort d'Annie, et c'est trop douloureux, pour chacun de nous. Toujours dans ce besoin d'espérer qu'on trouvera un endroit sûr quelque part, nous reprenons notre fuite en avant, vers Olympia.
- Année 2020 : Enfin installés à Olympia, nous avons enfin posé nos bagages. Enfin, ce qu'il reste de nos affaires. Nous avons trouvé une maison vide, à peu près en bon état, et délimité une zone de sécurité. Même s'il n'y a plus que nous quatre, j'ai parfois l'impression de revivre le temps passé au campus. Sauf que les denrées sont plus rares à trouver. Que ce soit la nourriture, les médicaments, les munitions aussi, pour les armes de Mitch. Nous passons malgré tout plusieurs mois dans un calme et une sécurité relative. Le seul vrai foyer depuis des années et étrangement, je m'y sens plutôt bien, même si l''hiver a été pluvieux. Lorsque nous sortons en maraude, nous faisons attention à rester loin des autres groupes de survivants. Mitch sort seul assez souvent, pour essayer de déterminer si nous sommes suffisamment en sécurité ou pas. Il finit par entendre parler d'endroits où les gens peuvent se rencontrer en sécurité, pour échanger et trouver ce dont ils ont besoin.
De son côté, Chris semble connaître une certaine stabilité, qui nous fait du bien à tous. Après avoir trouvé du matériel de pêche lors d'une exploration, il décide de nous pêcher du poisson pour le dîner. Et il y arrive. Je le vois à la fois si fier de lui, si heureux de se souvenir de moments agréables avec papa, que je n'ai pas vu venir la crise suivante. Repenser au passé lui a fait du mal, et il semble revivre l'abandon de notre père. Rob, Mitch et moi avons le plus grand mal à le mettre en sécurité et à le calmer.
Quelques jours plus tard, Rob, Chris et mois nous retrouvons acculés dans une ruelle, coincés par des Rôdeurs. Nous avons une chance de fuir en grimpant sur un mur pour atteindre le toit bas du bâtiment d'à côté. Je perds du temps à tenter de rassurer Chris avant qu'il accepte de monter, et lorsque j'y parviens à mon tour, les Rôdeurs ont coupé toute possibilité de fuite pour Rob. Je me mets à plat ventre sur le toit et lui tend la main, mais Rob se fait mordre à la jambe lorsque je tente de le tirer vers moi. Comprenant ce qui l'attendait, Rob m'a volontairement lâché la main, retombant lourdement au sol. Pour disparaître aussitôt sous l'amas de Rôdeurs dans un hurlement strident. J'ai mis quelques secondes à me rendre compte que c'était moi qui hurlais. Serrant Chris dans mes bras, j'ignore combien de temps je suis restée ainsi, prostrée. Ni comment Mitch a fait pour nous retrouver et nous faire descendre de là.
Après la mort de Rob, nous sommes repartis, tous les trois. Reprenant notre course effrénée, droit devant, vers Lakewood.
Les médicaments dont Chris a besoin sont de plus en plus compliqués à trouver, même avec le système de troc établi sur Olympia. Mitch a entendu parler d'un No Man's Land sur Seattle, où le même système de troc existe, et où plusieurs groupes gravitent. Je ne sais pas comment fait Mitch pour garder espoir. Chris est au plus mal, il n'y a plus que nous trois, nous peinons à trouver de la nourriture et les décès successifs de ceux qui étaient devenus notre famille devraient pousser au désespoir n'importe qui. Moi en tout cas, tout ça me donne envie de m'asseoir et d'attendre que tout ça se termine. Cette fois, même Mitch semble avoir du mal à trouver les mots pour me remonter le moral, et je finis par comprendre qu'il ressent la même chose. Etrangement, le savoir autant désespéré que moi me rassure. Mais à part avancer, nous n'avons pas d'autres options. Nous nous installons finalement du côté de Seeley Lake Park, à Lakewood, pour passer le nouvel hiver qui pointe déjà à l'horizon.
- Année 2021 : Dès que le temps le permets, nous reprenons la route. Mitch est seul pour les maraudes à présent, je veille sur Chris en permanence. Je sens le soldat inquiet, nerveux et sur ses gardes à mesure que nous nous rapprochons de Tacoma. Il m'assène des consignes de prudence et m'interdit de sortir. Au début, je croyais que c'était à cause de la santé de Chris, mais il y a autre chose. Quand j'entends des échanges de tirs en pleine rue, je finis par comprendre que la situation extérieure est tendue. Lorsque Chris est endormi, je questionne Mitch, et il finit par me répéter les rumeurs qui courent et qu'il a entendues. J'en ai froid dans le dos, et il reprend mes entraînements au couteau. J'ignore dans quelle mesure ces rumeurs sont fondées, mais je crois comprendre, dans ce que Mitch m'a dit, qu'il a été témoin de certaines choses. Il ne se mettrait pas dans de tels états s'il n'avait fait qu'entendre des rumeurs. C'est un soldat aguerri, habitué au danger, tout de même ! Entre les Rôdeurs, les animaux sauvages, les groupes de pillards et maintenant des agressions ciblées... Ce monde pouvait-il aller encore plus mal ?
A la mi-mai, mon angoisse monte de plusieurs crans. Mitch est sorti pour chasser et cela fait déjà plusieurs jours. Jamais il n'est resté absent si longtemps. Même s'il n'avait rien trouvé, il serait revenu dans notre abri pour nous rassurer avant de repartir tenter sa chance. Il s'est forcément passé quelque chose et je dois l'aider. Même si je crève de trouille à l'idée de sortir.
Je finis pourtant par le faire, poussée par Chris qui vit un moment de lucidité. Nous avons faim, nous sommes inquiets et surtout, Mitch nous a tant de fois sauvé la vie par le passé. A nous, pour une fois, de venir à son aide. Sauf qu'une fois dehors, nous ne savons pas où chercher. Nous avançons un peu au hasard, avec la plus grande prudence, presque en retenant notre souffle.
Lorsque j'aperçois une pharmacie, la tentation est trop forte et j'entre y jeter un oeil. Au cas où je puisse trouver les comprimés de Chris. L'endroit a déjà été pillé, et je suis dégoûtée de voir des plaquettes entières jetées au sol, volontairement piétinées pour être inutilisables. A quoi bon ? Mes recherches ne donnent rien et je ressors, déçue. Je me fige en constatant que Chris n'est pas seul, et je sors mon couteau en m'apercevant qu'ils sont armés. La situation dégénère trop rapidement pour que j'ai le temps de réagir, et Chris est tué sous mes yeux par l'un d'eux pendant que ses comparses me sautent dessus pour me rouer de coups. Je ne dois la vie sauve qu'à l'intervention de deux inconnus, qui me ramènent dans leur camp pour y être soignée.
Survie
Quand je suis suffisamment remise pour sortir, le choc est grand. Ils sont nombreux, semblent bien organisés, et à l'abri. Je ne sais toujours pas ce qui est arrivé à Mitch, ni s'il y a encore une chance de le retrouver, de le sauver. J'aimerais retourner là-bas, dans l'abri où il nous as laissés, pour lui faire savoir où je suis. Même si je ne sais pas vraiment où je suis.
Je me sens mal d'être là. Pourquoi moi ? Pendant tout ce temps, je n'ai jamais été la plus douée, la plus intelligente ni la plus courageuse. Je n'ai même pas été capable de sauver maman, ou Chris. Alors pourquoi moi je suis là alors que les autres sont morts ?
Pour autant, une part de moi espère ne pas être obligée de repartir. Parce que j'ai peur. Sans Mitch, sans Chris, je suis incapable de survivre. J'en suis convaincue. Et je suis fatiguée d'avancer, toujours. Les gens ici semblent plutôt bien. Je ne dirais pas heureux, parce que peut-on encore l'être ? Ils ont l'air soudés, et organisés. Je ne sais pas s'il y a une place pour moi, ici. Mais je peux tenter de me rendre utile. N'importe quoi, même si je passe mes journées à nettoyer les latrines, je le ferais. Je l'ai déjà fait.
Malgré tout, j'ai du mal à y croire. Si tout ça n'était qu'un rêve ? Ou s'ils me demandaient de partir, dès que je serais totalement guérie ? Et s'ils apprenaient l'existence de tous ceux que j'ai laissé derrière moi, et qu'ils décident que j'en vaux pas la peine ? J'ai tellement envie de rester, si peur de le faire... Je me sens comme après la mort de maman, je n'arrive plus à réfléchir, j'agis comme un automate. La douleur est trop forte et je repasse en boucle dans ma tête les derniers moments de Chris. A me demander ce que j'aurais pu faire d'autre, ce que j'aurais dû faire de mieux, pour le sauver.
time to met the devil
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- Chenoa E. Hawk
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Choupisson des enfers
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Re: Mattie Bowen
Dim 6 Juin 2021 - 11:31
Bienvenue sur TWD !
Bon courage pour ta fiche !!!
bienvenue sur le forum !
Te voilà fraîchement inscrit(e) sur The Walking Dead RPG ! Après avoir lu consciencieusement le règlement du forum, voilà quelques petites choses à retenir pour tes débuts parmi nous :
1 – Le délai pour finir ta fiche est de 10 jours . Un délai supplémentaire peut être accordé par un membre du staff sur demande.
2 – Si tu as oublié de le faire avant de t'inscrire, jette un petit coup d’œil aux bottins des noms, des prénoms, des métiers et des avatars.
3 – Lors du choix de ton avatar, il est important de bien respecter ces deux points du règlement : Les images choisies doivent être cohérentes avec le contexte, et l'âge de ton personnage avec l'aspect physique de ta célébrité.
4 – Afin d'éviter les RP répétitifs d'intégration dans un camp, nous te conseillons d'intégrer ton personnage à un groupe dès son histoire ! Si tu choisis d'intégrer le groupe des Travelers , il te faudra conserver ce statut durant 1 mois minimum avant de pouvoir t'installer dans l'un des groupes sédentaires.
5 – Si tu comptes jouer un Remnants et que ton personnage est intégré au camp avant juillet 2019 dans son histoire, il se peut que celui-ci ait été vacciné contre le virus qui transforme en rôdeur. Pour savoir si c'est le cas, rendez-vous ici.
6 – Si ton histoire comporte des personnages que tu souhaiterais proposer en Scénario, sache qu'il faudra également patienter 1 mois et être actif en zone RP.
7 – Une fois ta fiche terminée, signale le dans ce sujet AVERTIR ▬ FICHE TERMINÉE.
Bonne rédaction !
Bon courage pour ta fiche !!!
Te voilà fraîchement inscrit(e) sur The Walking Dead RPG ! Après avoir lu consciencieusement le règlement du forum, voilà quelques petites choses à retenir pour tes débuts parmi nous :
Bonne rédaction !
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Re: Mattie Bowen
Dim 6 Juin 2021 - 11:37
Oooh cette fiche vide, c'est mal
Bienvenue officiellement, et bon courage pour ta rédaction
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Re: Mattie Bowen
Dim 6 Juin 2021 - 12:07
Matias Padilla a écrit:Oooh cette fiche vide, c'est mal
Je sais, je suis en train, sur une autre page.
Merci pour votre accueil, tous les trois, et pour les différents liens donnés, Victor
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