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Lee Greenwood
Dim 4 Juil 2021 - 23:33
what i am
Observateur Aimable Protecteur Sang froid Indépendant Narcissique Arrogant Faux Fainéant Violent | Lee mesure 1,78m pour environ 70kg. Une carrure fine et athlétique qu'il entretient quotidiennement autant par souci de praticité que par narcissisme. De grands yeux bleus qui dégagent une douceur apparente, le teint pâle criblé de petites tâches de rousseur, les cheveux châtain, la barbe encore indécise rasée de près - Lee a une petite gueule d'ange qu'il met à profit au quotidien. Une longue cicatrice horizontale file sur une bonne partie de sa gorge. Il ne cherche plus à la camoufler, sauf lorsqu'il doit passer incognito. Il aime porter des vêtements propres, si possible de marque et de bonne qualité, et n'hésite pas à renouveler régulièrement son stock plutôt que s'embêter à les laver. Sneakers, jeans, il porte souvent des hoodies qui lui permettent de se planquer plus facilement, ou des chemises pour faire "plus adulte" quoi que le repassage de ces dernières soit hors de propos. S'il doit accomplir un méfait qui mettrait la réputation de sa faction à mal, Lee porte un masque blanc au large sourire noir. Il aime s'en dégoter de nouveaux dans les magasins de déguisements. |
Psychologie
Ses talents d'observateur lui sauvent la mise au quotidien. Lee comprend mal les émotions et scrute ainsi les expressions de ceux qu'il croise depuis des années. Il les déchiffre, les décompose, pour mieux les mimer : c'est une performance nécessaire pour se fondre dans la foule, pour paraître normal et se faire accepter.
Mais Lee est faux. Il est incapable d'empathie et ne distingue le bien et le mal que par des principes arbitraires, mélanges de son éducation et de ses expériences. Jongler avec les interactions sociales représente un effort colossal pour le jeune homme qui ne se pliera aujourd'hui à l'exercice que s'il lui rapporte quelque chose. Il est tout à fait capable de mentir à outrance et sans en ressentir aucune culpabilité.
D'apparence, et par opportunisme surtout, Lee est aimable : au point sur la politesse, il sait se faire discret, charmeur ou serviable pour entrer dans les bonnes grâces des personnes dont il a besoin - que ce soit pour sa sécurité ou son confort. Bien sûr il fera toujours la balance entre l'effort fourni et le bénéfice qu'il en retire, mais tant que celle-ci est positive, il fera patte blanche et pourra même se montrer particulièrement protecteur. Envers son groupe s'il a intérêt à y rester, et envers sa "soeur", en toutes circonstances.
S'il tend à garder l'image d'un jeune homme plein de bonne volonté, Lee cherche en réalité à en faire le moins possible. Fainéant, il peut passer des heures à se prélasser dans son lit et n'hésite jamais à se décharger sur les autres.
Difficile de lui arracher un sursaut, de le faire sortir de ses gonds. Lee a le sang froid et même lorsque ses névroses le rattrapent, il agit méthodiquement, jamais dans la panique. Indépendant, Lee n'apprécie pas de dépendre d'un groupe. Il s'y plie par nécessité bien sûr, mais ne s'y attache jamais vraiment. Il a appris à se débrouiller seul, autant sur le plan pratique que moral, et n'est jamais dérangé par le silence.
Son absence d'empathie et de culpabilité le rendent violent, impitoyable. Lee est fasciné par la souffrance qu'il est capable de provoquer et se délecte de sa position dominante dans ces interactions, car elles le confortent dans sa prise de contrôle. Cela passe par des coups qui partent fort et sa propension à tuer ou torturer si cela peut lui simplifier l'existence.
Story of survival
Pre-apocalypse
La grande loterie de l'Univers m'a placé dans une famille modeste de Kent. L'union de mes deux parents, Aaron et Luisa, m'a arraché à la tranquillité de ma non-existence. Je me suis vengé pour ça. J'ai hurlé à leur en faire perdre la tête étant bébé, et puis je me suis tut. Il a fallu attendre trois ans pour que je leur accorde mes premiers mots et, le temps passant, je refusais souvent de parler, à leur grand damne. Ma mère soupçonnait un retard, mais le pédiatre se voulait rassurant. Car j'étais bien plus loquace avec lui : j'avais compris que parler m'éviterait d'autres visites.
Aaron travaillait à la prison fédérale comme surveillant. Ce métier est longtemps resté un grand mystère pour moi, car il en parlait peu. Je l'entendais parfois discuter avec ma mère des éclats de violence entre détenus. De son soutien enthousiaste au maintien de la peine de mort, car certains méritaient de mourir.
Ma mère s'occupait de la maison et de moi. Surtout de moi. J'ai pris goût à cette attention toute particulière qui contrastait avec l'absence déjà intégrée de mon paternel. Le travail semblait être une bien mauvaise chose. Quand ma soeur est née cinq ans après moi, je ne voulais pas partager le temps qu'elle m'accordait. J'espérais que Lucinda se taise. J'ai souhaité qu'elle meurt. A l'époque, je ne comprenais pas vraiment ce que ça signifiait.
Deux ans après sa naissance, Lucinda est tombée malade. Par ma faute peut-être. J'ai alors appris tout un tas de mots compliqués pour mon jeune âge : leucémie, hospitalisation, traitements, endettement. Lucy avait eu cette chance de naître unique d'une manière qu'on la voyait, de mériter toute l'attention qu'on ne me portait plus. Il n'y en avait que pour Lucinda, toujours Lucinda, comment va Lucinda, la maladie de Lucinda, les factures pour Lucinda. Je détestais ça.
A l'école, tout était facile, sauf les gens. Certains me traitaient d'autiste sans en connaître le sens parce que je ne parlais pas, que je préférais être seul. J'ai été bousculé quelques fois, et je n'appréciais pas ce genre d'attention. Alors puisque je surfais sur les maths ou l'anglais, je gardais ma concentration pour décrypter les interactions entre les enfants à la récréation. J'ai vite compris qu'être moi posait problème. J'ai donc essayé d'être comme les autres. J'ai commencé à imiter les sourires, les rires, les jeux, les pleurs, les bavardages, quitte à répéter ce que j'avais entendu plus loin à défaut d'autres idées, à calquer mon comportement entier sur ceux qui semblaient s'en sortir le mieux de cette jungle.
Mes parents étaient ainsi ravis de me voir "sortir de ma bulle". Je me suis fait quelques amis - s'il faut les appeler ainsi, mais je manquais encore d'expérience et certains percevaient l'imposture. Les mots de ces gamins faisaient mal. J'essayais, du mieux que possible, seulement personne n'avait jamais pris le temps de m'expliquer les règles de ce jeu. Peut-être aurais-je du en parler à ma mère. Lui demander si j'étais différent et pourquoi. Mais cela semblait quelque chose dont il fallait avoir honte, et avec le recul, elle n'avait pas besoin de ce fardeau. Lucinda était déjà une préoccupation constante, suffisante pour qu'elle se ronge les ongles au sang.
J'étais donc seul avec ça. Avec mon décalage. Sous les conseils - peut-être mal interprétés - de mon père, j'ai rendu de mes poings ce qu'on m'infligeait avec des mots. Ont suivi des réprimandes. De l'école, des parents de mes détracteurs, de mes propres parents. De quoi me perdre encore davantage. Je ne comprenais décidément pas ce qu'on attendait de moi.
Lucinda est entrée dans mon école au primaire alors qu'elle venait de guérir de manière inespérée de sa leucémie. Elle avait six ans, j'en avais dix. Mes parents m'avaient clairement demandé de veiller sur elle. De la protéger si besoin. Ca a toujours été une dynamique assez naturelle entre nous. Elle était fragile, je me sentais plus fort quand elle réclamait mon aide. J'aimais me sentir indispensable. Alors je la regardais souvent de loin, dans la cour. Et... malgré sa maladresse et ses résultats moyens, elle était parvenue à s'intégrer si rapidement... Certes elle n'était pas populaire à proprement parlé mais elle avait plusieurs amis. Comme un poisson dans l'eau.
Moi, j'ai continué à faire semblant. "Fake it until you make it", c'était devenu mon mantra. Un beau jour ça viendrait comme une illumination, car après tout, ça semblait si naturel pour tout le monde. Et je n'étais pas plus stupide qu'un autre. Au contraire. J'étais dans les meilleurs de l'école en cours, en sport, même lorsque je suis entré dans le secondaire. Un nouvel environnement qui était pour moi l'occasion de faire table rase et de choisir qui je voulais être. J'ai repéré les personnes qu'il fallait fréquenter. Je me suis inscrit au club de Baseball. Je me suis mis dans la peau de ceux qui m'avaient rabaissé, car ce rôle était bien plus enviable.
A force de feindre l'assurance et le contrôle, tout semblait s'éclaircir... Si seulement j'avais eu le temps d'envisager l'avenir.
Post-apocalypse
Octobre : Kent
Je dois avouer qu'à l'époque, je faisais partie des gens qui trouvaient ces rumeurs ridicules. Mais qui y aurait cru au premier abord ? Des attaques de cannibales enragés d'après une presse trop véreuse, des morts qui se relèvent pour les complotistes d'Internet. Personne ne se doutait encore qu'on allait basculer en plein film d'horreur.
Et pourtant, en quelques jours seulement, la situation nous a pris de court. Mon école a été fermée. Lucy était contente d'être en vacances, et moi je me préparais à combattre l'ennui à grands renforts de révisions, de jeux vidéos et de tutoriels pour apprendre quelques tours de magie. Il s'agissait d'une maladie. Soit, mais la situation semblait sous contrôle. En revanche, mon père était bloqué à la prison. Des émeutes avaient apparemment éclaté, il fallait les contenir... Oh, sans doute passait-il un moment bien moins enviable que de notre côté.
Le passage répété des militaires dans le quartier et les injonctions à ne pas quitter le domicile ont vite instauré un climat plus pesant. Je réalisais que la portée de ces événements était bien supérieure à ce que j'avais imaginé. Ma mère était affreusement stressée. Ma soeur, du haut de ses neuf ans, ne réalisait pas encore qu'on courait un vrai danger. La décision a été prise de rester. Presque comme si de rien n'était. Ma mère avait foi en la capacité du gouvernement à gérer cette crise. Et moi... je ne savais pas quoi faire de plus.
Quelques jours plus tard, on a frappé à notre porte. Un cognement mollement répété. Luisa m'a signifié de surveiller ma soeur plus loin, mais je gardais un oeil sur la scène, m'apprêtant déjà à ce qu'on doive regrouper nos affaires pour partir avec les militaires. Elle n'a même pas eu le temps de finir sa question : j'ai vu sa main jaillir, la prendre au bras. C'était notre voisin, je crois, déformé et rendu agressif par ce mal. Il a mordu Luisa en lui arrachant un épais morceau de chair. J'ai pris le fusil, les leçons de mon père bien en tête. D'abord pour le menacer. Puis pour le frapper du canon, car il ne voulait pas la lâcher. Et enfin, parce qu'il allait la tuer, j'ai tiré.
J'ai poussé son corps à l'extérieur, refermé, glissé un meuble contre la porte. Lucinda paniquait car notre mère perdait beaucoup de sang. On a réussi à freiner l'hémorragie, mais elle s'est évanouie et... je ne savais toujours pas quoi faire. On l'a couchée dans son lit et puis on a attendu. J'avais horreur de ça, mais j'ai cédé au caprice de ma soeur qui voulait se réfugier dans mes bras. J'ai tâché de l'occuper. Avec des jeux, des histoires, en attendant que mon père daigne rentrer.
Le soir, je me suis assoupi. Le sommeil a été plus capricieux pour Lucy qui a absolument voulu retrouver sa mère... La suite est aussi sordide que vous l'imaginez. J'ai été réveillé par un fracas. Le temps d'arriver, ma mère avait attrapé et mordue ma soeur à la jambe. Elle était exactement comme l'autre. Pâle. Le regard blanchi, fou, tueur - même sur sa propre enfant. Bien sûr j'ai essayé de la raisonner, de la repousser... Mais je n'ai pas eu le choix. Il n'y avait pas d'autre choix. J'ai saisi cette affreuse sculpture de bronze qu'ils avaient déniché lors d'un vide grenier dans le voisinage, l'été d'avant. Une silhouette de femme reproduisant mal la Vénus de Milo. Sans les détails, sans la grâce. J'ai frappé fort son crâne. Mais c'était plus dur que prévu, alors j'ai du m'y reprendre à quelques fois. Deux, trois... Peut-être plus, c'est flou maintenant. Je me souviens juste que chaque impact était appuyé par les cris stridents de Lucy.
Je n'avais pas encore compris que la morsure était le problème. Mais ma petite soeur s'est transformée dans la même nuit, alors que je veillais sur elle, près de son lit. J'ai essayé de la raisonner, je l'ai repoussée mais... Je ne pouvais pas me résoudre à la frapper.
Acculé, je me suis retrouvé sans autre issue que m'enfermer dans son putain de placard. Lucinda s'acharnait derrière la porte. Mais elle était trop petite pour la faire céder alors que je la retenais de l'intérieur. J'étais coincé. Sans les armes. Je n'y avais pas pensé. Sans rien. Je suis resté prostré longtemps à essayer de ne faire aucun bruit, à ressasser les derniers instants de ma mère, les gestes, la statuette, le sang. A écouter avec attention la présence de ma soeur à quelques mètres à peine alors que le bruit de la pluie l'avait heureusement attirée vers sa fenêtre. Ca a duré assez longtemps pour avoir faim, soif, mal au dos, aux bras, pour sentir la pisse. Je ne pouvais pas me résoudre à sortir seul. Ni a faire de bruit. J'était tétanisé. Les quelques nuits suivantes ont été très longues...
Novembre : Kent
Un boucan effrayant m'a réveillé en sursaut de l'une de ces micro-siestes qui me prenaient en traitre. J'ai entendu un meuble grincer, des gens entrer, monter, et... la voix de mon père, appeler. Ma bouche était trop sèche pour que je parle, mes membres trop ankylosés pour que je bouge. J'ai entendu un cri dans la chambre d'à côté. Il avait trouvé sa femme. Et puis... une lutte, une détonation. Et enfin, la lumière aveuglante.
Aaron m'avait enfin retrouvé, avec plusieurs de ses collègues et quelques prisonniers peut-être plus dociles que les autres. J'ai mis des semaines à m'en remettre. Physiquement, du moins. On n'est pas restés à la maison. J'ai pris quelques affaires, ma batte, le fusil, et nous sommes montés tous ensemble vers le Nord à la recherche d'un refuge plus stable. On l'a trouvé... chez un célèbre fabricant de meubles suédois, à quelques kilomètres de là. L'endroit était encadré par une présence militaire. Ils abattaient les malades et assuraient une certaine sécurité.
Le reste de l'hiver s'est déroulé, disons... qu'il s'est déroulé. J'étais toujours assez absent, souvent bousculé par les amis bourrus de mon paternel. Il y avait d'autres enfants et ados dans le groupe, dont j'ai essayé de me rapprocher maladroitement. Je n'avais plus les ressources pour faire semblant, alors, ça n'a pas vraiment collé. C'était comme la cour de récré de la primaire, soudainement. Avec un peu plus de poigne de la part des adultes coléreux, et pas d'instituteurs à qui se plaindre. Mais l'un des surveillants s'est montré plus protecteur. Alors que mon père partait souvent en repérage ou à la chasse aux monstres, Yann se chargeait d'envoyer paître ceux qui venaient m'emmerder. Sans que je ne lui ai rien demandé.
Printemps/Été : Renton
Ce qui avait commencé à se fracturer est complètement parti en éclats en janvier. Le comportement de Yann n'était pas désintéressé. Il espérait quelque chose de moi, qu'un gamin de tout juste quatorze ans ne devrait jamais avoir à céder. Surtout pas à un homme de quarante ans plus âgé qui, déçu de voir ses avances repoussées à répétition, plaque contre sa gorge la lame aiguisée d'un couteau.
Passée la sidération, la dissociation, je me suis souvenu. Il faut rendre les coups. Alors je me suis défendu : quand je l'ai frappé, la lame s'est enfoncés de quelques millimètres dans ma peau, libérant avec le sang les dernières onces de naïveté. Une blessure superficielle mais toujours visible, leçon sur le caractère monstrueux des hommes qui n'a pas échappé à mon père.
Aaron m'a interrogé puis est allé le tuer, devant moi, pour me montrer que ce type ne méritait que ça.
Plusieurs semaines durant, j'étais renfermé. Agité. Déprimé, probablement, par l'enchaînement des événements. Et je voyais l'entente du groupe s'effriter. Aaron leur avait fait peur, et plus personne n'osait m'approcher. La solitude ne m'a jamais dérangé, mais... là, je pense que je n'aurais pas craché sur un peu de soutien.
Pour ne rien arranger, une épidémie de grippe s'est répandue dans le camp. Les personnes les plus fragiles sont mortes avant de se relever. Il a fallu les exécuter. Je suis passé à travers.
J'ai passé plus de temps avec mon père. Il m'a entrainé au tir et aux techniques de corps à corps qu'il avait apprises pour maîtriser les prisonniers. J'avais du mal à suivre le rythme de ses leçons. Il en attendait trop de la part d'un adolescent fraîchement traumatisé, et ça a créé quelques tensions. J'ai commencé à participer aux rondes visant à nettoyer le magasin des rôdeurs. Le temps s'est écoulé ainsi dans un semblant d'équilibre alors que d'autres survivants nous rejoignaient parfois, que d'autres partaient. Certains mourraient. Les premiers décès ont bousculé le camp mais finalement, on s'y est vite habitués.
Automne : Renton
Nous nous sommes engueulés avec Aaron. Il était déjà rare que je perde mon sang froid, mais l'accumulation des maux et son attitude accusatrice ont fini par me toucher de manière irréversible. Je me suis enfui seul, avec ma batte de Baseball. Quelques semaines plus tard, ce refuge était tombé sous une horde de rôdeurs.
J'avais toujours espoir que les choses reviennent à la normale. Que l'épidémie s'évanouisse aussi vite qu'elle n'était arrivée, ou que tout ça ne soit qu'un cauchemar. Alors, j'ai décidé de retourner vers le Sud, en direction de la maison qu'ils m'avaient fait quitter.
Mais après quelques jours seulement, j'ai bien du me rendre à l'évidence : je ne m'en sortirai pas seul. Pas encore. J'ai été coincé dans un bâtiment de bureaux pendant près d'une semaine par des rôdeurs encore trop vifs. C'est un petit groupe qui est arrivé à mon secours. Une famille recomposée par la force des choses. Il y avait une femme de la quarantaine, blonde, du nom de Claire ; un homme, Chris, noir et baraqué, peut-être un peu plus âgé. Et ils avaient une enfant avec eux. La fille de Claire, une petite rousse aux yeux bleus répondant au nom de... Laura.
Hiver : Kent
Je suis resté avec eux. Laura avait un an de moins que ma soeur. Elle ne lui ressemblait pas, ni physiquement, ni mentalement, mais elle a très vite pris son rôle. C'était un repère nécessaire, presque suffisant, depuis qu'ils m'avaient fait renoncer à retourner chez mes parents. Cette Laura était en vie, pouvait encore être protégée. Elle me parlait, me portait beaucoup d'attention. Je pressentais déjà le lien fraternel qu'on allait partager.
Nous étions souvent sur la route. Ils voulaient rejoindre un refuge plus grand, plus organisé, et suivaient des pistes hasardeuses alors que l'armée avait cessé d'y rapatrié les survivants - du moins plus aussi régulièrement.
Parfois, nous nous installions quelques jours dans un hôtel, ou un petit magasin. Des endroits toujours discrets et faciles à nettoyer. Chris m'a aidé à m'améliorer au combat contre les rôdeurs, avec ma batte qu'on a sertie de clous - et avec son fusil, un AR15 que j'ai encore aujourd'hui. Il était nettement plus patient et pédagogue qu'Aaron.
Printemps
Nous pensions être tranquilles un moment en rejoignant un centre d'activité pour enfants où vivait déjà une petite communauté. Malgré le manque cruel de ressources, l'ambiance y était paisible. Le répit a été de bien courte durée. En début d'année, un groupe de pilleurs a abattu nos défenses et pénétré dans le camp. Nous nous sommes battus. Pour la première fois, j'ai tué un vivant : un coup de batte bien placé sur la tempe suffisait apparemment à ôter la vie. Aussi simplement que ça, et sans que ça n'ait de conséquences sur moi. Je n'ai pas senti de remords. C'était justifié.
Ils ont abattu Chris. J'ai récupéré son arme mais n'ai pas eu le temps de m'en servir. Claire a pris une balle en nous couvrant. Laura et moi nous sommes enfuis en nous faufilant à travers le grillage alors que les rôdeurs arrivaient pour s'en mêler. La petite faisait beaucoup trop de bruit à crier pour sa mère. J'ai du plaquer ma main sur sa bouche ; elle m'a mordu au sang, j'en porte encore une marque légère.
Été/Automne
Nous étions deux. Et nous allions rester deux pour plusieurs mois. L'épidémie m'a appris plusieurs leçons : il ne faut faire confiance à personne ; il vaut mieux être discret ; les vivants sont de loin plus dangereux que les morts ; les gens sont des monstres lorsqu'il n'y a pas de lois pour les cadrer ; tuer est souvent nécessaire.
Laura était pratiquement dépendante de moi. Elle avait alors dix ans. Elle ne savait pas se battre, pas se diriger, elle était choquée par la disparition de sa mère. Alors j'ai pris le temps. J'ai veillé sur elle, je l'ai écoutée, je lui ai raconté ma vie, aussi. J'ai toujours été là - et je le serai toujours.
Le nom de Lucinda est d'abord venu se glisser à la place du sien comme un lapsus. Mais j'ai persisté. Ca me rassurait, et je crois qu'elle avait aussi besoin de ce jeu de rôles, malgré les rares fois où elle s'est mise à protester. C'était mieux ainsi de doutes façons. Je ne serais sans doute pas resté si longtemps avec Laura. Lucy, en revanche, avait toute mon affection. Toute mon attention. Elle était encore assez jeune pour changer sans que cela ne la heurte. Et puis, elle y gagnait un frère.
Nous nous installions dans des maisons des beaux quartiers jusqu'à les dépouiller complètement de leurs vivres. Et puis, comme il devenait de plus en plus dur de trouver des demeures qui n'aient pas été pillés... nous sommes devenus nous-mêmes pilleurs. Bien sûr nous n'étions pas des barbares. Il suffisait d'attirer les naïfs avec Lucy pour les pousser à baisser leurs gardes. La petite a très vite montré ses talents d'actrice. Il n'y avait alors plus qu'à se servir.
Hiver
En novembre, lors d'un de ces pillages, nous avons fait la rencontre de Roxanne, Hannah et Kaycee. Cette dernière, je la connaissais très vaguement, d'avant. La pote de la soeur d'un "ami" du club de baseball... Nous avons fait un bout de chemin ensemble et nous sommes approprié le Zonade, un bateau de plaisance. Le petit attroupement d'adolescents était nettement plus vivable qu'un groupe d'adultes. Lucy s'y plaisait, elle avait vite gagné l'affection de tout le monde ; c'était bien plus mitigé pour ma part.
D'autres nous ont rejoint en cours de route. On a vécu quelques mésaventures, des moments plus légers aussi. Un beau jour, Kaycee s'est plantée devant moi pour me proposer qu'on passe ensemble le cap de notre première fois. La virginité semblait quelque chose dont il fallait se débarrasser, donc j'ai accepté. Ce manège a duré quelques temps. Pas de sentiments bien sûr : rien qu'un arrangement entre deux êtres consentants.
Été
Au début de l'été, tandis que la météo se faisait plus clémente, j'ai annoncé à Lucy que l'on allait partir. Nous n'avions plus besoin de cette faction et je craignais que la petite s'y attache outre mesure. Elle a râlé mais m'a suivi, évidemment, sans me prévenir qu'elle leur laissait une lettre.
Nous sommes restés à nouveau seuls quelques temps, à reprendre nos anciennes routines. Les quelques tensions qui pouvaient naître entre nous lors de désaccords étaient bien vite avortées. Mais pour que rien ne vienne rompre notre lien fraternel, il fallait que je lui rappelle à quel point elle avait besoin de moi.
Engager un mercenaire à son insu a été le plus simple. L'observer de loin se faire prendre au piège dans la première sortie que je lui accordais en solitaire était bien plus douloureux. Elle se débattait, maîtrisée par l'homme qui, dans la lutte, a pris une balle dans le pied. Il s'en est énervé. Le contrat spécifiait de ne surtout pas l'abimer, juste lui faire peur. Mais cet abruti l'a frappée. J'ai approché sans me faire voir et l'ai abattu d'une balle avant qu'il n'ait l'occasion de réitérer son erreur.
Je t'ai suivie parce que je me doutais qu'un malheur allait arriver... - lui ai-je soufflé alors qu'elle se réfugiait dans mes bras. Lucy a été nettement plus prudente depuis ce jour-là.
Automne/Hiver
Lorsque la température a commencé à baisser, nous nous sommes mis à la recherche d'un groupe à intégrer temporairement. Nous avons alors croisé la route d'un détachement d'une faction installée dans l'un des bâtiments de l'Université de Washington. L'accueil a été étrangement méfiant. Une fois entrés, il a bien fallu se rendre à l'évidence qu'ils ne nous laisseraient pas repartir si simplement.
Le cadre était assez confortable, les membres de tous âges, leurs activités variées : un grand potager dans les jardins complétait un parterre fleuri et l'un des professeurs de chimie, Mr Picard, encadrait la production de plusieurs produits. Savons, anti-douleurs, antibiotiques... et d'autres dont l'accès était strictement interdit, sauf à ceux qui allaient troquer en ville.
Dans un premier temps, il fallu que l'on s'intègre. Cela devait apparemment obligatoirement passer par tout un tas de corvées indignes de nos compétences. Soit. J'ai joué le jeu. Je sentais qu'il y avait quelque chose à creuser parmi eux.
La vie à l'Université était fort agitée. Les activités du groupe attiraient régulièrement des ennemis contre lesquels il fallait se défendre, qu'ils aient été jaloux de nos équipements ou en proie au manque de certains produits. Ce besoin en sécurité m'a permis de m'extraire des corvées de misère pour plutôt patrouiller avec mon arme : un rôle bien plus appréciable. Le camp profitait largement du troc et améliorait ainsi régulièrement ses défenses.
Je n'appréciais pas d'être ligoté à un groupe mais les conditions de vie étaient particulièrement supportables, surtout après des mois en extérieur. Et mine de rien, j'ai commencé à y trouver ma place. J'étais apprécié pour mon efficacité, et ça m'allait très bien de rester planté à ne rien faire en attendant des intrus à abattre. J'ai tissé des liens avec quelques personnes, pour la simple utilité d'un réseau de confiance. Pendant plusieurs mois, je n'avais posé aucune question sur ces produits qu'ils vendaient. Il était vite devenu évident qu'il s'agissait de drogue, cependant.
Lucy était plus curieuse à ce sujet. A mesure qu'elle interrogeait les gens et m'en apprenait plus, j'y ai vu l'opportunité de nous assurer un avenir pérenne. Une petite équipe était en charge de la fabrication. Il a fallu démontrer mes capacités de bon élève docile et motivé, accepter les mises en garde, mais Picard a fini par m'intégrer dans son équipe en automne. J'ai passé l'hiver à prendre mes marques.
Printemps :
L'apprentissage était intéressant. Une drôle d'impression de revenir en cours, quelques années en arrière. Bien sûr mon parcours avorté de collégien ne me suffisait pas à comprendre les formules chimiques et le mode de fonctionnement de toutes ces réactions. Mais les gestes à effectuer, une fois appris par cœur, étaient à ma portée. Collecter le produit brut sur les plantes avec précaution. Le transformer avec l'acide, l'ammoniaque, la chaleur. Se protéger soi-même et les installations. Jauger du niveau de pureté à la teinte, la texture. Manipuler ces minuscules cristaux pour lesquels certains étaient prêts à s'arracher un bras, c'était une délectable sensation d'importance. J'étais bien décidé à me perfectionner de manière à devenir autonome, pour réutiliser ces talents lorsque l'on partirait.
Alors j'ai continué ainsi et je me suis tenu à carreaux, feignant politesse et sympathie auprès de mes alliés. Lucy, pendant ce temps, était occupée à quelques tâches ménagères et se liait d'amitié avec les plus jeunes du camp.
L'été nous a amené sont lot de problèmes. Les inondations ont ruiné le rez-de-chaussée contenant notamment les réserves de nourriture. On a pu en sauver une partie mais les rats avaient bien entamé le stock. Ceux-ci ont également répandu une épidémie de leptospirose qui a coûté la vie du professeur Picard. Un coup dur qui a impacté le moral des autres et l'atmosphère de tout le camp.
Un soir, Lucy m'a timidement rapporté que le type qui l'aidait à distribuer les médicaments s'en était pris à elle. De la même manière que Yann s'en était pris à moi, quand j'avais son âge. Si elle s'en était sortie avant que le pire n'arrive, il méritait déjà de mourir de l'avoir touchée - et devait être anéanti avant de nuire davantage. Justin devait avoir tout juste vingt ans et faisait partie d'une équipe d'expédition. J'ai tout fait pour le suivre. L'isoler, et lui faire passer les heures les plus longues de sa vie. L'action de l'acide chlorhydrique utilisé dans la fabrication de l'héroïne était surprenante une fois injectée dans le corps humain. Je lui ai d'abord ôté la vue. Puis l'ouïe. Le goût et l'odorat presque en même temps. L'ingestion aurait été fatale en quelques heures d'un étalage impressionnant d'expressions de douleur. Le problème ? Le troisième type de l'expédition que je pensais avoir envoyé assez loin pour qu'il s'occupe tranquillement de son côté. Il nous a trouvés, à ce moment assez peu flatteur.
Il allait leur balancer, ça aurait mis en péril notre survie à Lucy et moi, alors... j'ai été plus clément, bien sûr. Une balle bien logée dans le front. Pas de douleur. C'était presque une fleur. L'autre en revanche, qui agonisait toujours, il fallait que sa disparition soit aussi lamentable que possible. J'ai attiré des rôdeurs à eux avant de le détacher. Dans son état, aveugle et sourd, il n'a pas duré longtemps. J'ai simplement filé pour annoncer à ma soeur que son problème était définitivement réglé.
Il était bien intégré que la mort de mes coéquipiers était accidentelle. Perdre des gens dans une horde était monnaie courante. Lucinda semblait perturbée de cette disparition. Elle m'en savait responsable, même si j'avais pris soin d'en omettre les détails.
Sans le professeur pour chaperonner l'équipe de production, tout est parti en vrilles. Vol, mélanges aléatoires, qualité des produits en chute libre. Au printemps, un incendie a été déclenché dans les laboratoires. Nous avons tout juste eu le temps d'évacuer l'étage que les réserves de produits chimiques trop négligées ont explosé.
Nous n'avions rien pour combattre les flammes. Alors il a fallu récupérer au plus vite nos armes et tout ce qu'il y avait de précieux avant d'abandonner le bâtiment.
Les explosions ont attiré une nouvelle horde. Beaucoup de nos alliés sont morts en essayant de sauver ce qui pouvait encore l'être. Le reste s'est dispersé en ville. Lucy et moi nous sommes vite échappés vers le centre de Seattle, mais... elle s'était fait mordre au mollet dans notre fuite. Je ne pouvais pas me résoudre à l'achever. Ni à l'abandonner. Ne restait qu'une troisième option : l'amputation.
Ca a été la course folle jusqu'au dispensaire. On leur troquait souvent des médicaments, alors même si je ne m'occupais que rarement des échanges, je savais à peu près où les trouver. Y revoir Kaycee a été une sacrée surprise. Mauvaise pour elle, de toute évidence. C'est son collègue qui a pris Lucy en charge. Le docteur Yeo-Jeong.
Jusque là, je n'avais entendu parler des New Eden que par quelques rumeurs. Ils avaient l'air d'avoir beaucoup de moyens. Médicaux et militaires. A savoir ce qu'ils fichaient là.. ça ne me regardait pas. Mon attention était bien trop accaparée par ses cris, ses gémissements de douleur. L'opération a été longue et difficile, mais elle s'en est sortie, le membre sectionné au dessus du genoux.
Lucy y est restée quelques jours en convalescence avant qu'on ne soit invités à se débrouiller autrement. Seulement, avec une adolescente estropiée, je savais qu'on ne pourrait pas en revenir à nos anciennes routines. Il fallait qu'on s'installe, encore, malgré le sacrifice que ça représentait.
C'est au troc du No Man's Land qu'on a fait la rencontre des Devil's Rejects. Ils vendaient du savon, produit de la chimie et signe que nos talents pourraient bien être mis à contribution...
Survie
Lee la surveille de près d'ailleurs, et se méfie de tous ceux qui tournent autour. Il lui faut bien l'abandonner quelques heures cependant lorsqu'il sort du camp pour faire sa petite vie, que ce soit du côté du No Man's Land pour faire du troc ou plus à l'écart des foules pour tomber sur des voyageurs esseulés à dépouiller.
Lorsque le matériel sera rassemblé, le jeune homme s'occupera de la production de drogues et de médicaments opiacés pour sa faction. Lui-même ne consommera jamais de ceux qui dépassent un usage strictement médical, mais pourra en conserver quelques doses néanmoins, bien pratiques pour assommer une victime récalcitrante.
time to met the devil
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She-Hulk | Neenja
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Re: Lee Greenwood
Lun 5 Juil 2021 - 0:33
Rebienvenue toaaa
in this monstruous world by myself |
- Rebekah Ben Ami
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Re: Lee Greenwood
Lun 5 Juil 2021 - 0:51
On m'a conseillé de ne pas m'approcher, mais c'est pas aujourd'hui que je vais commencer à être raisonnable.
Rebienvenue, et comme j'disais, superbe description de la psychologie ON POINT
Bon courage pour le reste, et réserve-moi une place pour le trajet à DramaLand
Rebienvenue, et comme j'disais, superbe description de la psychologie ON POINT
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