Maes connaissait parfaitement l'adage de la loi de Murphy. L'une de ses approches étaient de se dire que le mal pourrait arriver si on y mettait le pied et que le simple fait de le prévoir fait qu'il était possible que ça arrive. En s'asseyant à cette table, il prenait le risque d'être vu comme un de ces décérébrés, affamés par le corps de cette femme. Des instincts primitifs qu'il comprenait sans le concevoir réellement. Quel était l'intérêt ? Se changer les idées ? Espérer quelque chose à la fin ? Se bourrer devant les vendeuses de luxure ? Mais alors pourquoi il était là alors que jusque là, il n'en avait jamais éprouvé le besoin ? Les réponses n'eurent pas le temps de lui parvenir alors que son regard restait bloqué sur cette femme. La blonde ne semblait ressentir nulle gêne, ne semblait vivre aucun dilemme alors que ses mouvements sensuels excitaient les macaques de l'assemblée. C'était ça, qui l'intriguait. Comment faisait-elle pour vivre cela comme une normalité ? Peut-être faisait-elle déjà ça, avant ? L'architecte aurait aimé s'en aller, se dire que finalement, cette réalité ne lui convenait pas, qu'il valait mieux que ça mais finalement, la danseuse l'approchait, se collant à lui au point de le scotcher sur place, lui coupant le souffle et faisant battre son coeur d'une façon qu'il ne connaissait pas. Sa voix, suave, le bloqua un instant, le forçant à cligner des yeux à de multiples reprises. "Je... Non ? Je suis pas... Perdu." balbutia le brun en regardant autour de lui. Elle était là, la loi de Murphy. Il avait prit le risque de s'installer et maintenant on le prenait pour un des clients de ce cirque.

"Vous pourriez... Vous éloignez ?" fit-il dans un murmure hésitant. Elle l'oppressait de par sa présence et cette aura caractérisant sans doute la défiance. "S'il vous plait." demandait encore l'homme, le visage à l'opposé du sien, pour ne plus avoir à être impressionné. S'il était plutôt du genre sauvage et peu enclin à faire copain-copain au premier abord, en général, cette fois, il se sentait comme une proie face à un prédateur qui ne ferait qu'une bouchée de lui et cette place n'était clairement pas le genre de chose qu'il appréciait. A dire vrai, il détestait cette position. Maes ne se sentait pas comme une brebis face au loup et il refusait de se laisser faire. Aussi, sa fierté reprit le dessus et revint fixer la charmeuse d'un air plus sévère. Il ne se laisserait pas bouffer et surtout pas par une de ces filles qu'il ne voyait que comme des mante religieuses. Et finalement, si elle se reculait d'un pas, l'homme, lui se redressa pour lui faire face une seconde. "Merci d'être venue... José. Mais j'ai à faire." fit-il finalement, en tournant le dos pour aller jusqu'à la voiture, retenant son empressement.

Dehors, il prit une longue goulée d'air, levant les yeux au ciel, se sentant ridicule d'avoir fuit ainsi. L'architecte se trouvait stupide, tellement qu'il vint se frapper le front de la paume de sa main. "Abruti..." murmura-t-il pour lui-même. Il avait paniqué. C'était tout simplement ça. De la panique. Qu'aurait-il pu lui arriver dans ce trou à rat ? Rien alors pourquoi une telle attitude ? Ce n'était pas son genre, pourtant, d'être ainsi. Et puis... José ? Réellement ? C'était tout ce qu'il avait trouvé pour s'en sortir ? Il se sentait aussi débile qu'Isha sur l'instant et, il fallait se l'avouer, ça lui faisait mal à l'égo. C'était n'importe quoi. Fallait qu'il se calme, qu'il reprenne contenance et pour ça, quoi de mieux qu'une clope ? Lentement, il tira son paquet de sa poche et s'alluma le bâtonnet de tabac dans une geste trahissant sa consommation massive. En même temps, depuis que ça battait de l'aile avec son épouse, il y avait sur les cigarettes et l'alcool. Ca lui permettait de réfléchir ou tout du moins, de calmer ses mille et unes pensées. La fumée grimpa jusqu'au ciel et l'homme la suivie des yeux sans vraiment la voir... Et maintenant ? Il valait mieux rentrer, s'enfermer dans la distillerie toute la journée, comme d'habitude et n'en ressortir que pour dormir. Un quotidien qui le tuait à petit feu mais qui lui convenait si ça empêchait de penser à autres choses.

En tapotant ses poches, l'exilé comprit qu'il les avait perdu et le plus logique c'était à l'intérieur. Un juron s'échappa d'entre ses lèvres. Il fallait y retourner, bordel ! Jetant son mégot au sol, il pénétra à nouveau les lieux et se dirigea immédiatement au bar pour s'enquérir de la situation. "T'as trouvé mes clés ?" demandait le brun au barman qui secoua la tête négativement. Merde ! C'était pas le moment que toute parte en couilles ! Elles étaient où ?! Peut-être sur la table ? Il se détourna pour retourner à l'endroit où il était installé auparavant mais un nouveau client était déjà posé et pas de clés. Soupirant d'agacement, Maes s'humecta les lèvres. Et si c'était elle qui les avait ? Son regard se releva sur la danseuse qui poursuivait ses mouvements et à nouveau, il se perdit sur la contemplation. Vraiment, il ne comprenait pas pourquoi tout semblait si simple pour elle et comment elle faisait pour rendre cette situation si... Normale.