Crossfire

- Jill pour Sun : on approche du musée de Seattle par la 1ère avenue, on va croiser la rue de l’université. Essayez de redescendre au croisement de l’union street et de la 2è. Je coupe les com’.

Sur ces mots, j’éteins mon talkie et le raccroche à ma ceinture. Drôle d’ironie que notre traque nous amène à revenir sur cet ancien champ de bataille, encore vibrant de la fusillade meurtrière qui nous a opposé à New Eden. Mais les « pirates » qu’on a pris en chasse sur les eaux froides de la baie ont accosté à Seattle et c’est la direction qu’ils ont amorcé. Si on les a perdus dans le nuage opaque qui continue de peser sur la métropole, on ne va pas abandonner si vite. Je n’abandonnerai pas si vite.

Je ralentis et fais signe à mes deux partenaires de faire de même. Luke à ma droite, Deborah à ma gauche. Dans le brouillard grisâtre qui occulte le soleil, les vestiges de la bataille du printemps sont encore plus sinistres. Carcasses de voitures et dépouilles sont couvertes de cendres, immortalisées dans un silence morbide. On ne voit pas à trois-quatre mètres, alors la formation reste resserrée, pour ne pas que l’un de nous soit surpris par un vorace ou un de ces fils de pute.

J’étouffe un toussotement dans mon épaule. L’air vicié m’agresse la gorge et les poumons. Mon cœur bat lourdement contre mon gilet pare-balle, mes prunelles bondissent d’un relief à l’autre. Ils pourraient tout aussi bien se planquer, s’être enfuis ou nous tendre un piège. Mes neuf doigts raffermissent leur prise sur le MP4 que je tiens prêt à l’emploi, le canon suivant méticuleusement la trajectoire de mon regard. Soudain, j’ai l’impression de capter une série de sifflements courts ; le même genre que ceux qu’utilisent nos ennemis pour communiquer.

Luke me tapote l’épaule et me désigne une direction. En effet, une ombre semble avoir disparu entre deux fourgonnettes abandonnées, longeant les arbres calcinés par les roquettes tirées il y a quatre mois. Je hoche brièvement la tête en signe de compréhension et prends la tête de notre trio. On va mettre la main sur cet enfoiré, et il va pas être déçu de notre hospitalité.

J’avais quitté les STARS il n’y avait pas quelques heures, je prenais la route comme d’habitude, la seule chose avec laquelle j’étais douée, mis à part buté du rôdeur. J’avais mon sac sur mon dos, mon arme de prédilection à porter de main afin de l’utiliser le plus rapidement possible et mon flingue de l’autre côté, en dernier recours. Il me fallait réellement un engin motorisé un jour ou l’autre, parce que la marche, même si c’est bon pour la santé, c’était relou. Je savais que dans le coin, c’était plutôt tendu, même si je l’avais emprunté plusieurs fois sans réel danger. Il y avait un groupe de pilleur dans le coin, bien qu’ils ne parlaient que rarement, ils sifflotaient, alors au moindre putain de son ressemblant à cela, je me mettrais surement à courir comme une dingue ou j’essayerais de me planqué comme je savais le faire.

Sortant ma carte des alentours afin de me repérer plus facilement, j’étais assez douée pour savoir me rendre où je voulais sans trop galérer. Le tout en gardant en tête que je n’étais surement pas seule dans le coin, car on ne l’est jamais bien longtemps faut dire de nos jours. Parmi le ennemies, je préférais largement tomber sur des infectés que des humains, bien plus fourbes que jamais de nos jours. « Je prends à droite puis je devrais tomber sur un… ». Dis-je en m’arrêtant net en entendant un bruit venant de quelques mètres derrière moi. Encore un foutu rôdeur, du moins, c’est tout ce que je voulais pour l’heure comme ennemie, après mon périple avec les STARS autant se taper un ou deux rôdeurs pour rattraper mon honneur. Ce n’était pas un mais deux infectés qui foncer sur moi, ils étaient surement assez récent à en croire leurs allures, attrapant d’une main ferme ma machette afin de m’en occuper tranquillement sans réellement avoir d’effort à faire.

« Bah ouais les gars, fallait s’attaquer à une proie plus facile… ». Dis-je à moi-même à haute voix en utilisant un ton narquois, parce qu’être seule, on devient légèrement cinglée. Non pas que j’avais crié mes mots, mais si quelqu’un n’était pas loin aurait pu m’entendre, je me pensais seule tout simplement. Je n’avais aucune idée qu’une personne, qu’un groupe peut-être était sur mon dos, était-ce les pilleurs ? Je n’en savais rien. Était-ce quelqu’un d’autre ? Peut-être, pour le moment, je reprenais ma route en restant sur mes gardes en essayant comme d’habitude de ne pas faire de bruit en marchant. Après de nombreuses années à marcher partout dans le coin, j’étais du genre assez furtive mais je pouvais très bien me faire gauler par quelqu’un d’expérimenté.

CODAGE PAR AMATIS

@Jill S. Blair

On s’éloigne du musée, puis on arrive au croisement de la 2nd avenue. Là, on passe deux charognes fraichement abattues, à en juger par les fluides coagulés qui suintent encore du cerveau fendu à l’arme blanche. Il y a aussi les traces de pas dans la cendre déposée sur la route, alors on est sur la bonne voie. Je fais signe à mes partenaires qu’il y a une proie et on accélère un peu. La ville est si silencieuse comme ça… et elle empeste la fumée, comme une métropole tout droit sortie d’une représentation de l’enfer.

A notre droite se dresse maintenant un immense bâtiment d’affaire qui part crever le ciel et à gauche, je crois que c’était une salle de théâtre… ou un centre commercial… ou on s’en fiche. Luke me signale la présence de voraces, deux infectés qu’on est obligés de se farcir mais qui nous font perdre du temps. Merde, où est la piste…

On fouine un moment, les yeux rivés sur le sol, jusqu’à dénicher de nouvelles empreintes récentes dans la cendre grise qui ne cesse de tomber. On trottine presque désormais, on a trop besoin de mettre la main sur ces salauds pour se laisser distancer si facilement. On remonte donc la 3rd avenue au pas de course et lorsqu’on arrive à l’intersection de la union street…

- Hey, bouge pas !

On vient de rattraper la silhouette. Elle est floue dans le brouillard ambiant, seulement à quelques mètres devant nous. Notre objectif idéal est d’en ramener au moins un en état de parler ; « idéal », parce que les flinguer est aussi une bonne fin à cette mascarade. Moi, ça m’irait. Pour convaincre notre cible de s’arrêter, je lève mon canon vers le ciel et presse la détente. Trois coups partent déchirer les nuages, trois coups de semonce. Les prochains, ce sera dans le dos.

- Dépêche-toi, connard ! Arrête-toi maintenant, et on te fait pas sauter le crâne.

On est prêt tous les trois et on resserre à pas lents désormais, attentifs à ne pas se prendre une riposte, ou à ce que d’autres camarades n’arrivent pas en renfort par exemple…

Mer 15 Sep 2021 - 15:00

C’était bien ma veine de tomber sur des gens dans les parages. L’endroit s’y prêter bien d’ailleurs mais d’habitude j’arrivais toujours à passer sans me faire remarquer, tel un félin caché dans l’ombre. Malheureusement pour moi, aujourd’hui, c’est râpé, me voilà de dos face à des personnes surement mal intentionnés. J’étais dans la troisième rue, union avenue pour être précis, j’avais encore de la marche pour pouvoir sortir d’ici, pourtant il était évidemment trop tard lorsqu’une voix féminine me demande de ne plus faire le moindre pas. M’exécutant car dans un premier temps je n’avais pas le choix, sauf si j’étais suicidaire, ils étaient bien plus nombreux que moi à ce que je pouvais entendre.

Si je tente le moindre move en direction de mon glock, je suis foutue même avant de l’atteindre, si je cours comme une dingue ça sera surement la même, devant moi se trouve une bel ligne droite et rien pour me cacher où quoi que ce soit d’autre pour m’aider. Levant mes bras en l’air avant d’entendre une nouvelle menace planer sur moi par les dires de la femme se trouvant derrière moi. Je ne pouvais pas m’empêcher de sourire malgré la galère dans laquelle je me trouvais. Elle me prenait pour un mec à l’entendre, un rictus tout en me retournant vers eux lentement avec les mains en l’air. « Euh…connasse plutôt ! ». Dis-je sur un ton remplit de taquinerie, même dans une situation je gardais mon second degré. J’avais raison, il était bien plusieurs d’après ce que j’avais pu entendre de derrière, un regard à celle qui me tiens en joue, la plus près et surtout celle qui avait la prestance d’être le leader du groupe.

« Écoute ! La personne que tu cherches, ce n’est pas moi. Non pas que j’aime qu’on me prenne pour un mec de dos mais c’est vrai que j’ai oublié de mettre ma robe ce matin… ». Dis-je en me disant intérieurement de me la fermer avant que je finisse gisant au sol comme un rôdeur putride. « Non mais sérieusement, j’suis qu’une pauvre nana essayant de survivre et qui ce fou toujours dans une belle merde ! ». Que je venais de lui servir comme si c’était le cas, pour ceux me connaissant, ils savaient que c’était faux mais pour une inconnue, des inconnus cela pourrait surement passer. Maintenant il ne restait plus qu'à ce qu'ils me croient et me laisse repartir tranquillement, mais ce n'était pas gagner, comment prouver que je n'étais pas avec la personne qu'ils recherche ? Y avait qu'à espéré que je ne finisse pas décédée aujourd'hui car je n'étais pas clairement en position de force pour l'heure. Au pire de cas, je pourrais surement proposer mon aide pour rechercher la personne en question, j'étais prête à tout pour ne pas finir morte...

CODAGE PAR AMATIS

@Jill S. Blair

Dim 19 Sep 2021 - 15:57

- Tu veux pas la fermer ? Cinglé-je en découvrant les traits de la nénette.

Elle a les mains en l’air, se montre bavarde et n’a pas vraiment le profil des personnes qu’on traque. Le problème, c’est qu’il n’y a que des options nulles : soit elle joue la comédie, soit elle nous fait perdre du temps, soit elle risque de nous faire repérer. Dans cette purée de pois, on y voit tellement rien. Je suis face à l’inconnue, le canon de mon fusil pointé sur sa poitrine, Deborah me dépasse avec l’intention de la fouiller. Sauf qu’une suite de sifflements trouble le silence qui nous entoure. Merde.

Des courts, des enchainements rapides, des plus longs. Ces enfoirés communiquent et je ne peux rien piger ! Tout juste comprendre qu’ils approchent et qu’ils n’envisagent pas de nous faire des cadeaux. Du coin de l’œil, Luke tente vainement de scruter la fumée. Moi, je cherche à décrypter la blondinette, mais elle n’a vraiment pas l’air d’y comprendre plus que nous. Soudain, c’est un long sifflement pincé qui résonne, à une poignée de mètres, et plusieurs coups de fusil retentissent.

- Putain ! Maugrée-je.

J’ai senti une bastos me frôler le cuir chevelu, Deborah est touchée à l’épaule. Elle s’est effondrée en grognant sa douleur, j’ai fait instinctivement volte-face, passe le MP4 en mode rafale et presse la détente. J’arrose à l’aveugle dans la direction que je crois être la bonne, mais seul le son caractéristique de mes balles qui ricoche sur l’acier des épaves ou s’écrase dans les façades en béton me revint. En face, il y a des tirs de riposte, je compte quatre détonations différentes, quatre armes. Ils nous ratent de peu, encore une fois. La chance.

- On se replie, vite ! Luke, occupe toi de Deb’, je recule, sans désaxé mon œil directeur de mon viseur, toi, si tu veux pas te faire crever, viens avec nous.

C’est elle qui voit, mais je sais d’expérience que ces gus ne sont pas des tendres et que s’ils sont décidés à se battre ici, ils se foutent de faire des dommages collatéraux. Voire pire – May peut en témoigner. Dans la fumée opaque, on se repère au radar jusqu’à la façade de Gelatiamo, un boui-boui de glaces et cafés à emporter. On saute une petite grille et force la porte grippée pour pouvoir s’y introduire. L’homme de notre trinôme porte la blessée et l’emmène derrière le comptoir pour évaluer les dégâts. La vitrine en verre ne nous protègera pas beaucoup, mais y’a encore moyen qu’ils ne nous aient pas vu entrer ici… ou qu’on puisse tenir un siège pendant quelques minutes !

Dim 31 Oct 2021 - 20:53

De base je suis le genre de nana qui parle bien trop en toutes circonstances, se servant même de ça et de l’humour pour essayer de désarmer des situations périlleuses comme celle qui se trouver devant moi à l’heure qu’il est. La langue bien trop pendue, tandis que la femme devant moi n’ayant pas le moins du monde à vouloir que je daigne fermer cette dernière en trouvant que je l’ouvrais bien trop à son goût. La fixant avec une mine légèrement boudeuse. « Ok je la boucle ! ». Dis-je en faisant mine de fermer ma bouche à clé comme une gamine en mimant également le jeter de clé au loin avant de remettre mes mains en l'air. D’un côté cela pouvait être interprété comme bon lui semblerait, d’un autre j’avais carrément envie qu’elle daigne me laisser ici en pensant que j’avais un problème mental.

C’est alors qu’on pouvait tous entendre des sifflements provenant de toute part de nous, des sifflements que j’espérais ne pas croiser aujourd’hui. Je savais me rendre assez furtive pour me frayer un chemin dans le coin sans rameuté ces gens-là. Je ne pouvais littéralement pas me barrer en me faisant pointer par la demoiselle au fort caractère et ses gars. En parlant d’elle, elle avait l’air d’être agacé en les entendant, les sifflements. La brune venait de me dire de la suivre, si je ne voulais pas y passer, je n’avais clairement pas l’intention de prendre la tangente en sachant qu’elle pourrait surement m’être utile à survivre à la bande de siffleurs qui s’amenaient vers nous. « C’est si gentiment demander qu’il m’est impossible de refuser… ». Dis-je en la regardant l’air taquin en m’avançant vers elle pour arriver à sa hauteur tout en baissant les bras le long de mes cuisses.

Prenant donc la route toujours sous le joug de la brune me braquant avec son flingue, elle n’avait pas confiance chose que je pouvais comprendre mais elle avait dut voir que je n’étais clairement pas avec ce qui nous traqués. Pas un mot ne sortait de ma bouche, elle avait été clair et limpide comme de l’eau de roche à ce sujet et personnellement j’avais besoin qu’elle m’aide à me sortir de cette situation même si je devais me servir d’elle, d’eux pour m’enfuir en toute sécurité quitte à ce qu’ils y passent. Être hostile à cet instant serait malvenue pour moi et mal vue pour elle alors je serais surement coopérative le temps qu’elle le voudrait en attendant la bonne opportunité de me casser loin d’eux, loin de cette merde.

CODAGE PAR AMATIS

@Jill S. Blair

On a pas à attendre longtemps avant que la vitrine n’explose. D’autres détonations suivent, au coup-par-coup, l’œuvre des quatre fusils qui plombent notre planque. On entend les balles creuser des impacts un peu partout, des éclats de bois, de plâtre et de verre nous retombent dessus. Dans tout ce bordel, Luke essaye de voir à quoi ressemble la blessure de Deborah et moi… et bien moi, j’attends mon heure. Ou ma seconde, plus exactement. Je la trouve quand je sens une sorte d’accalmie dans le débit des canons, alors à mon tour d’exhiber mon joujou pour cracher du feu.

Je me redresse d’un bond, m’appuie au comptoir éraflé et aligne mon œil directeur avec la visée de mon MP4. Je ne vois rien que des ombres dans la fumée grise, mais je n’ai pas besoin de plus pour arroser à volonté. Les déflagrations m’esquintent les oreilles, je crois qu’il y a une ou deux ripostes qui me frôlent de peu. Les silhouettes se sont dispersées, je ne crois pas avoir touché quelqu’un et mon putain de chargeur est vide. Je me remets à l’abri, juste à temps visiblement, parce que le contrepoint baroque de ma sérénade de plomb a commencé.

- Chiotte… bon, ça donne quoi ?! Que je demande à mon voisin qui s’improvise infirmier.
- Elle va survivre, résume-t-il.

Voilà une bonne nouvelle ! Si on se fait pas trouer en tout cas. J’éjecte le chargeur de son encoche, le raccroche à ma ceinture, à la place d’un nouveau que j’enclenche d’un coup sec. Clac, clac, cla-clac. Je suis prête à leur faire bouffer de mon calibre s’ils entrent ici. Mais comme je peux pas tout faire toute seule, je m’adresse à notre invitée clandestine, non sans recevoir une gerbe de bois arrachée au comptoir dans les cheveux.

- Hey, toi ! Je connais pas son prénom et c’est pas vraiment le moment de l’appeler « Bouclette », je vais les retenir. Trouve-nous un moyen de sortir d’ici !

Un conduit d’aération, une porte de service qui communique vers une autre enseigne, même un passage secret qui donne sur Narnia, je m’en fous tant qu’on se fait pas acculer ici comme des moutons !

Crossfire

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