Le verre pilé à ses pieds l’empêchait de bouger. Ryan savait qu’au moindre mouvement qu’elle ferait, le type qui la poursuivait saurait où elle était. Son souffle était atrocement court, elle sentait l’air lui brûler la trachée à chaque fois qu’elle inspirait. Son t-shirt était imbibé de sueur à cause de la course effrénée qu’elle venait de faire à travers les boutiques dévastées. Le centre commercial avait beau être abandonné, il n’était pas vide pour autant. Que ce soit les cadavres éparpillés un peu partout, les rôdeurs en sommeil forcé ou les charognards encore en vie, il y avait du danger à chaque recoin. Un danger qu’elle savait éviter, en temps normal, mais qui s’avérait bien plus handicapant lorsque l’on tentait de fuir un forcené.

Elle ignorait tout de son poursuivant, qui il était, pourquoi il l’avait prise en grippe, mais ses intentions avait été claires très rapidement. Il ne la laisserait pas s’en sortir facilement. Visiblement, il semblait l’estimer responsable d’un vol, ou quelque chose dans le genre, et quand elle lui avait hurlé que c’était pas elle, il n’avait pas eu l’air de réagir plus que ça. Alors quand elle avait vu qu’il était visiblement imperméable à la logique, elle avait prit la fuite.

C’était pas bien glorieux, mais ça valait mieux que de se risquer à une altercation physique. Elle n’était pas une guerrière, tout juste un cafard doué pour survivre. Enfin… elle aurait sûrement pu lui donner du fil à retordre, mais si elle commençait à tirer ou à faire trop de bruit, elle prenait le risque d’attirer tous les morts à la ronde… Et avec les super-z, c’était devenu beaucoup plus difficile de se sortir de ce genre de situation.

Ryan regarda le verre éparpillé à ses pieds. La devanture était brisée depuis longtemps, elle avait dérapé en s’y jetant, manquant de se blesser au passage. Maintenant… maintenant elle priait pour que l’autre n’ait pas vu la direction qu’elle avait prise. Parce qu’elle était obligée d’attendre qu’il s’éloigne si elle voulait bouger. Et s’il venait à elle, elle devrait à nouveau prendre la poudre d’escampette.

Nerveusement, elle resserra sa prise sur son couteau de chasse, qu’elle avait machinalement dégainé pendant sa fuite. Elle ne voulait pas se battre. Mais elle ne se laisserait pas faire non plus.

Grand méchant loup

Cormac & Ryan

Le Malin se glissait en silence entre les allées de temple de la consommation tombé en ruine depuis que les morts se mirent à marcher. Une tunique noir comme la nuit flottait à sa suite, tandis qu’un masque ressemblant à l’un des tableaux de Van Gogh, sûrement me plus célèbre cachait son visage.

Pourquoi un tel accoutrement ? Pourquoi s’être vêtu comme un tueur de ces films aux arrière goûts de kitsch ? La réponse est aussi bête, qu’évidente. Notre ami aux mains régulièrement souillé par du sang, s’est bien trop pavaner dans un de ses costumes quasi intact, un miracle en pleine fin du monde !

Enfin, toujours est-il que Cormac cherche une fin spectaculaire et non une mort rapide et anonyme, d’un quelconque vengeur. De plus, les retrouvailles avec sa fille change beaucoup de choses. Intrinsèquement égoïste, il parvient par je ne sais quel miracle à combattre cette vilaine habitude et penser aux répercussions sur Aisling.

Maintenant, la question à deux millions de dollars. Pourquoi s’être instituer comme un chasseur ? Pourquoi poursuit-il cette jeune femme, qu’il doit avouer a grand charme ? Car en échange de quelques balles, un voyageur l’a rencardé sur la voleuse qui se serait vanter d’avoir piller une planque dans un magasin d’art. Sa planque ! Vous comprenez maintenant ? Dieu et ses victimes seul savent que lui subtiliser ne serait-ce que l’objet le plus insignifiant et une marque de mort imminente. Je vous conseilles de contacter le croque-mort ainsi que de s’offrir une jolie stèle.

Le fait étant qu’elle s’était enfuit avant qu’il ne puisse lui faire sévir les pires maux. Criant à qui veut l’entendre, surtout les rôdeurs pour le coup, qu’elle était innocente. Il n’en crut pas un mot ! Elle était aussi innocente, qu’il était gentil. S’ensuivit une course où elle se démena pour lui fausser compagnie, il réapparaissait toujours tranquillement a détour d’un couloir.

La piste le conduisit jusque devant un magasin dont la vitrine avait exploser en milles morceaux ne laissant que les joints de métal rouillé. Un long couteau dans une main et l’autre prête à dégainer le fer coincer sous son aisselle, il tendit l’oreille espérant entendre un bruit de ce magasin plongé dans le noir.

Alors qu’il est posté devant l’ancienne vitrine, la lumière de la Lune s’écrase sur son dos projetant cette ombre menaçante. Cormac semble tout droit sorti d’un cauchemar.

- Toutes les issues sont condamnés, pourquoi jouer au chat et à la souris quand les dés sont jetés ? demanda-t-il dans une question quasi rhétorique.

(c) DΛNDELION

HRP:

Son cœur battait à tout rompre dans ses oreilles, si fort en vérité qu’elle n’était même plus sûre d’entendre les pas du type qui la pourchassait. Était-il encore après elle ? Elle se souvenait du moment où elle avait vu sa silhouette se découper dans l’encadrement de la porte. Ryan avait jeté son dévolu sur un boutique d’électroniques, dévastée mais bourrée d’éléments réutilisables. Elle se disait que c’était justement le genre de matériau dont elle aurait besoin pour terminer ses prototypes de relais – à ce moment, elle ne se doutait pas que la prochaine réunion organisée par le Conseil lui apporterait son lot de nouveautés. Maintenant, elle craignait de ne même pas parvenir à rentrer. Elle avait été déposée par une équipe en expédition, et ils devaient repasser dans moins de deux heures pour la récupérer après leurs propres recherches. Ils avaient déjà quadrillé la zone, tout ce qui restait, c’était ce qui n’était pas vital pour la survie du havre. Bien évidemment, ça restait une mine d’or pour les gens comme Ryan ou même Saseum le ferrailleur. Il suffisait de savoir où chercher. Et quoi.

Mais tout ça paraissait bien peu comparé au risque de se faire attraper par un psychopathe masqué. Surtout pour un motif erroné. Elle n’avait pas volé ce type, bordel ! Quand il lui était tombé dessus, la jeune femme avait bien tenté de raisonner, seulement il semblait avoir eu des « informateurs » et se fiait bien plus à eux qu’à ce qu’elle pouvait raconter.

Ryan plia les genoux, cherchant du regard au travers de la pénombre naissante un passage sur le sol décoré de morceaux de verre. Fort heureusement, il ne faisait pas encore nuit, et même si le bâtiment n’avait plus d’électricité depuis longtemps, il faisait partie de ces centres commerciaux avec de grands toits vitrés. Elle percevait davantage les éclats de soleil dans les débris que le foutoir en lui-même. L’artiste s’apprêtait à amorcer un mouvement lorsqu’une voix puissante résonna dans le hall. Trop proche. Beaucoup trop proche. Et visiblement, il se contrefichait d’attirer l’attention des morts alentours. Sérieusement ? Putain… Son poing se serra sur son couteau de chasse et elle se fit violence pour ne pas lui hurler d’aller se faire foutre. Franchement, c’était ça que le karma lui réservait ? De se faire chasser comme un gibier et probablement éviscérée par un connard sociopathe ? Non. Non, elle refusait de terminer comme ça.

Ses pas, légers, l’emmenèrent de l’autre côté de la pièce et elle traversa la vitrine défoncée pour se précipiter dans l’allée opposée. Il fallait qu’elle continue de mettre de la distance entre eux. Fière de sa discrétion, elle s’autorisa un petit regard en arrière, juste à temps pour apercevoir les contours d’un masque, le dessin d’un homme, et rentra immédiatement la tête dans les épaules en étouffant un juron. Elle avait ses chances si elle ne se faisait pas repérer. Pas vrai ? Pas vrai… ?

Oui. Forcément. Il fallait qu’elle s’en sorte. Elle venait à peine de retrouver Milow, et il y avait des gens qui l’attendaient à The Haven. Elle essaya de se cacher derrière une décoration cassée – qu’est-ce que c’était à l’origine, d’ailleurs ? Un cheval ? – et se retrouva nez-à-nez avec un zombie. Sa surprise fut telle qu’elle dérapa, ses semelles produisant un couinement suraigu, et Ryan planta sa lame dans l’orbite vide du monstre en se planquant contre son corps. Mauvais choix. Il était pourri, flasque, et sa main libre s’enfonça au travers des chairs putréfiées jusqu’à se poser sur l’une de ses côtes. Elle lutta pour ne pas vomir. “Putain, putain, putain…” murmura-t-elle précipitamment, essayant d’extirper sa dextre de l’amas visqueux. Elle essuya ses doigts contre son jean, maudissant tout ce qui lui passait par la tête, et fut prise d’une étrange sensation. Une sueur froide dans son dos. Ses tripes firent un salto dans son estomac. Elle se retourna doucement, trop lentement, et réalisa qu’Il était là. A même pas cinq mètres d’elle. Comment avait-il réussi à s’approcher sans qu’elle ne le voit ? Comment… Comment… Son cerveau cessa brusquement de chercher une logique. Il fallait qu’elle prenne la fuite. Il fallait qu’elle bouge. Elle ne pouvait pas rester comme une biche prise dans les feux d’une voiture. Ses muscles s’activèrent avant que Ryan ne réalise ce qu’elle faisait.

Habituée à la fuite, elle pivota naturellement sur ses talons, se redressant dans le même mouvement pour fuir à l’opposé du Malin. Il fallait qu’elle le distance. Pourquoi est-ce qu’il ne lui tirait pas dessus ? Pourquoi est-ce qu’il continuait à la poursuivre, en marchant qui plus est ? Comment parvenait-il à la rattraper à chaque fois ? Rien n’avait de sens. Et alors qu’elle amorçait un mouvement qu’elle connaissait par cœur, cherchant à sauter par-dessus le rebord d’un box extérieur de restaurant pour atteindre plus vite les escalators, son pied buta contre quelque chose. Elle n’eut pas le temps de réaliser ou corriger son erreur. Propulsé par son saut, son corps roula sur lui-même en bousculant toutes les chaises et les tables – heureusement, plus de peur que de mal (même si elle sentit une vive douleur à son tibia droit) et elle chercha à s’extirper du bordel en repoussant rapidement les meubles.

C’était un retard inacceptable.
Un retard qui pourrait bien lui coûter la vie.

Il n’y avait rien à faire : Il continuait à la suivre. Son aura menaçante semblait glacer l’atmosphère tout autour d’elle. Ryan étouffait, sa cage thoracique lui paraissait comprimée par une peur indicible. Irrationnelle. Ce n’était qu’un humain, qui la poursuivait, un mortel faillible et visiblement non-armé. Alors qu’elle, elle l’était. Pourquoi se sentait-elle aussi paniquée, dans ce cas ? Pourquoi ne l’attaquait-elle pas simplement, pour lui montrer qu’il s’en était pris à la mauvaise personne ? Elle aurait pu. Elle aurait dû. Mais tout ce que son esprit parvenait à lui dire, c’était de courir. D’essayer par tous les moyens de lui échapper. Cette scène ressemblait à un cauchemar dont on ne finissait par se réveiller qu’une fois mort. Il y avait quelque chose d’inexorable dans l’avancée lente et méthodique de l’Homme.

Elle s’empêtra dans les chaises et les tables en plastique, ravalant les éventuels couinements de douleur que sa chute avait provoqué. Avec tout ce raffut, Ryan ne doutait pas que les cadavres commenceraient bientôt à se diriger vers eux. Si ce n’était pas déjà le cas. Il lui avait paru loin, pourtant elle sentit ses doigts lui érafler la cheville et la texture du cuir lui arracha malgré elle un glapissement de terreur. Sérieusement ? Est-ce qu’Il avait réfléchi au meilleur look de tueur en série avant de venir la poursuivre ? Est-ce qu’Il avait, dans sa penderie, un costume trois pièces spécialement pour ces occasions ? Elle rua de plus belle dans le bordel, cherchant à se redresser avant qu’il ne retrouve son équilibre, mais quelque chose la heurta en lui coupant le souffle. L’oxygène, violemment extirpé de ses poumons, lui manqua pour crier. Elle retomba face contre terre, remarquant au passage que le projectile était une chaise, pesta, jura, et se mit à ramper à défaut de se relever. Il fallait qu’elle s’éloigne. Il fallait qu’elle…

Il fut soudain sur elle. Une lueur éclaira la lame qu’il tenait et Ryan sentit une sueur froide glisser le long de sa colonne vertébrale. Jusque dans ses tripes. Il était armé. Elle était foutue. Impossible dans cette position de dégainer quoi que ce soit. Visiblement content de la surplomber enfin de toute sa stature, il prit quelques secondes pour l’observer avant de tendre la main vers elle, maugréant quelque chose qui la fit tiquer. « J’pourrais te retourner la question, Ghostface ! » Retrouver la voix, la force de répliquer, fut visiblement la décharge dont son corps avait besoin pour se remettre à bouger. Repoussant la dextre gantée, Ryan attrapa la chaise qu’il avait balancée sur elle quelques secondes plus tôt pour le repousser avec, plantant les pieds du meuble dans son torse avec un sourire mauvais. « Lâche-moi, putain ! » lui grogna-t-elle en forçant, profitant du geste pour se redresser sur ses fesses, ce qui lui permit d’avoir un peu plus de prise sur son arme improvisée. Elle eut la satisfaction de le voir chanceler, reculer de plusieurs pas et la jeune femme lâcha la chaise pour se lever, tirant son propre couteau pour lui faire face. Elle aurait pu essayer de s’enfuir encore, mais il fallait d’abord sortir de ce foutoir de tables renversées. Sans quoi, elle risquait encore de tomber. Et cette fois, rien ne disait qu’elle pourrait se relever.

« Je t’ai dit que j’y étais pour rien, espèce de psychopathe ! C’est toi qui n’écoute rien ! » Elle parlait, mais son regard cherchait une échappatoire. Elle ne savait pas ce que valait ce type en combat rapproché et elle ne voulait pas le savoir. Parce que Ryan connaissait ses propres limites en la matière. « Laisse-moi partir et j’te balancerai pas à mon groupe. Tu pourras continuer à jouer les tueurs en série avec les gens du coin, p’têtre que tu pourras même retrouver le vrai responsable, et moi je reste en vie. Tout le monde est content. Hein ? »

Pas vrai ? Pas vrait ?
Si seulement c’était aussi simple.