Purple rain
Ven 13 Aoû 2021 - 14:36
À la mi-mai, près du Merchants.
« Par ici. » indiqua Valérian à Sasha en l’entraînant sur le toit du parking face au Merchants. L’expression maussade, il était venu la chercher dans sa chambre plus tôt ce jour-ci et avait exigé qu’elle le rejoigne dans l’après-midi pour un entrainement à l’arme factice. Avec l’aide d’Anton, le grec avait en effet préparé le matériel nécessaire à celui-ci et installé sur le toit plusieurs cibles.
Le petit groupe était rentré de Colville trois semaines plus tôt, et le grec avait soigneusement évité de se retrouver seul en présence de Sasha depuis lors. En compagnie de la jeune femme, il se renfrognait inévitablement et adoptait un ton cassant, brusque. Son regard fuyait par ailleurs le sien. La vérité était que Valérian redoutait de lire dans les orbes noisette de Sasha une franche réprobation, une profonde déception depuis les événements de Colville. Comme le reste de l’équipe, elle avait été secouée par le drame qui s’était joué là-bas et avait vivement protesté contre la décision du grec au cours de cette nuit fatidique : désabusée, écoeurée, le regard qu’elle avait porté sur lui avait profondément ébranlé Valérian, quoiqu’il n’en ait rien laissé paraître. Il s’était en effet réfugié derrière une façade implacable, impitoyable, face aux protestations des siens et n’avait fait montre d’aucun regret.
Pourtant, la réaction de Sasha lui avait écorché le coeur.« Tu n'le penses pas, hein ? » lui avait-elle demandé, partagée entre l’incrédulité et l’horreur. Et s’il avait fermement soutenu son regard, confirmant silencieusement ses craintes, le grec avait eu le sentiment que ses entrailles effectuaient une chute vertigineuse lorsque la jeune femme s’était brusquement écartée de lui, le regard empreint de dégoût et de crainte. Ils avaient régulièrement eu des désaccords au cours de leurs tribulations, violents parfois, mais jamais encore elle n’avait posé un tel regard sur lui. Jamais.
Aussi, le grec avait-il eu l’affreux sentiment que ses jambes allaient se dérober sous lui face au regard de Sasha. Le monde s’était mis à tourner à vive allure et il s’était fait violence pour se raccrocher à ses résolutions et tenir tête aux siens. La réaction de la jeune femme avait cependant créé une brèche en lui qui était depuis restée purulente, lancinante, bien qu’il l’ait soigneusement cachée derrière un comportement plus que jamais acariâtre en compagnie de Sasha.
Il faisait pour la première fois depuis des semaines un pas dans sa direction ce jour-ci. Et s’il se comportait avec brusquerie avec elle, sans doute était-ce une façon maladroite pour le grec de renouer avec Sasha… quoiqu’il ne l’aurait jamais ouvertement avoué.
« Je sais que tu te débrouilles plutôt bien avec un fusil. » lui dit-il d'une voix sans timbre. « Mais j’aimerais que tu travailles ton arme de poing avec moi. Que je sache, tu as tendance à adopter une mauvaise position quand tu en fais usage. (il lui tendit une arme factice et lui désigna du menton les cibles un peu plus loin.) Montre-moi ce que tu sais faire. »
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Re: Purple rain
Ven 13 Aoû 2021 - 18:46
Sinon pourquoi l'entraînerait-il maintenant sur le toit du parking qui fait face au Merchant ? Mais dans le fond elle ne se fait pas d'illusions : il va vraiment lui donner une leçon de tir. Et Sasha appréhende. Pas seulement parce qu'elle n'aime pas spécialement utiliser des armes à feu. Aujourd'hui, elle tirera peut-être sur des cibles de carton. Et demain, elles seront faites de chair. Le grec essaie de la préparer. Elle est consciente qu'il fait ça pour son bien.« Tu vas m'offrir une Ferrari, c'est ça ? »
Seulement elle a aussi l'impression qu'il essaie de la changer. Un peu contre son gré, d'ailleurs. Et pour qu'elle devienne quoi ? Une tueuse, comme lui ? Une personne capable d'appuyer sur la détente quand d'autres s'y refusent ? La pharmacienne a beau être contente de pouvoir à nouveau passer du temps seul à seul avec son ami, elle redoute un peu les silences qui pourront venir ponctuer ces instants. Parce que depuis Colville quelque chose s'est brisé entre eux. Et ils n'ont pas réellement eu l'occasion d'en parler. Parce qu'elle refusait tout simplement d'aborder le sujet. Et qu'il ne semblait pas davantage disposé à venir vers elle.
Seulement Sasha connait assez son ami pour savoir que derrière cette leçon formelle de tir, il y a quelque chose d'autre. Le désir de s'expliquer et, sans doute, de mettre les choses à plat. La brusquerie du grec est assez révélatrice, dans le fond. C'est sa manière à lui de faire un pas dans sa direction. Et rien que pour ça, la pharmacienne n'a pas dans l'idée de le repousser. Ils ont besoin de parler et elle le sait aussi bien que lui.
Alors oui, on dirait bien que c'est le moment !
Arrivés à l'étage, l'américaine constate que tout le matériel se trouve déjà sur place. L'idée, aujourd'hui, c'est d'améliorer ses compétences avec un flingue. Sasha saisit une réplique factice et l'observe avec méfiance tout en écoutant son ami lui expliquer d'une voix monocorde ce qu'il attend d'elle.« Comme tu veux, chef ! » Le choix de ce terme n'est pas anodin. Il souligne l'existence d'une frontière nouvelle entre eux. Quelque chose qu'elle déteste mais qu'elle ne peut pas s'empêcher de trouver logique. Clairement, sa conscience s'en accommode. Mais pas son coeur.
Toujours est-il que la pharmacienne cale la poignée de l'arme entre ses mains et imite des bruits de tir ainsi que des reculs tout aussi faux que le revolver. Elle le fait trois ou quatre fois. Sans enthousiasme Et sans la moindre once de concentration. Parce que comme beaucoup de gens, Sasha a besoin de savoir que ce qu'elle fait à un sens. Et là, clairement, ce n'est pas le cas.« T'es sûre que j'ai besoin de m'entraîner ? » questionne-t-elle son aîné. Sur ce ton qui laisse entendre que la question n'est pas seulement anodine et qu'elle forme plutôt une sorte de prélude.
Elle repose l'arme sur la petite table installée entre elle et la cible qui se situe quelques mètres plus loin. Elle se retourne pour observer le Merchant. Comme pour s'assurer que personne ne les observe tapis sur son toit ou derrière l'une de ses fenêtres.« La dernière fois que j'ai voulu faire usage d'mon arme à feu, tu m'as clairement fait comprendre que je n'étais pas dans mon droit... » fait-elle remarquer. Et elle sait très bien qu'il comprend déjà où elle veut en venir.« Alors forcément, j'me sens un peu obligée de demander : si j'peux pas flinguer des enfoirés de violeurs quand ils s'acharnent sur une fille à quelque mètres de moi... Quand est-ce que j'aurais l'occasion d'appuyer sur la détente, hein ?! » Pour voler des ressources à d'autres groupes ? Pour défendre des gens qui n'ont pas souhaité accordé leur protection à une pauvre âme égarée, soumise aux désirs de ces New Eden ?« Tu n'veux pas plutôt m'apprendre à devenir un exemple d'indifférence ? Ca me serait beaucoup plus utile, j'pense, pour évoluer dans ton monde ! » Voilà ! Au moins ce qui est sûr, maintenant, c'est qu'ils ne tourneront pas autours du pot plus longtemps !
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Re: Purple rain
Mer 25 Aoû 2021 - 15:41
La mine renfrognée, le grec n’avait pas répondu à la plaisanterie de Sasha. Il s’était en effet contenté de la guider jusqu’au toit du parking, le front marqué d’une ride sévère. Derrière cette façade, gravée dans un stoïcisme imperturbable, se déchainait une véritable tempête que le grec tâchait tant bien que mal de contenir en lui : colère, crainte et regrets alimentaient cet ouragan et s’entrechoquaient dans une puissante cacophonie. Valérian était toutefois passé maître dans l’art de dissimuler ses émotions ; aussi n’en laissait-il rien paraître tandis qu’il progressait d'un pas ferme devant Sasha.
Par le biais de cette séance, il cherchait toutefois à rétablir un lien qui s’était rompu entre lui et la jeune femme ; à tendre une main hésitante dans sa direction avec l’espoir qu’elle la saisisse. Il ignorait cependant comment réparer ce qui avait été brisé au cours de cette nuit à Colville. Les mots nécessaires à cette cicatrisation lui échappaient irrémédiablement, comme du sable se serait glissé entre ses doigts : volatils, ils disparaissaient aussitôt que le grec pensait les avoir trouvés ; ce qui le plongeait dans une profonde frustration.
Valérian contempla sans mot dire Sasha tandis qu’elle s’emparait avec méfiance de l'arme factice. Dans son regard noisette transparaissait clairement la répugnance qu’elle éprouvait à en faire usage. Le grec connaissait pertinemment son aversion pour les armes à feu et toute autre forme de violence. Et s’il aurait souhaité préserver cette innocence chez Sasha, il savait qu’il était autrement plus important qu’elle sache se défendre seule. Avec le conflit démesuré dans lequel ils s’étaient engagé contre New Eden, il était en effet possible qu’il ne soit pas en mesure de veiller indéfinitivement sur elle ; mieux valait par conséquent se parer à toute éventualité.
Silencieux, il observa avec attention la posture qu’adoptait Sasha et haussa les sourcils lorsqu’elle imita des bruits de tir ainsi que des faux reculs. « C’est un revolver d’entrainement. » indiqua-t-il avec une pointe d’agacement. « Il a été chargé avec des cartouches de peinture. Alors arrête de jouer la comédie : essaye plutôt d’atteindre les cibles en face de toi. »
Elle n'obtempéra pourtant pas. À la question de Sasha, Valérian arqua un sourcil circonspect mais ne dit rien, attendant qu’elle développe le fond de sa pensée. Elle posa alors l’arme sur la table et lui fit face. Les mots qui s’écoulèrent de ses lèvres eurent tôt fait de renfrogner davantage le grec : ses sourcils se froncèrent dangereusement et ses yeux s’étrécirent jusqu’à devenir des fentes menaçantes. Si les paroles de Sasha le heurtèrent, elles alimentèrent également le maelström qui grondait en lui. Quand est-ce que j’aurais l’occasion d’appuyer sur la détente ? demanda-t-elle d'un air effronté.
« Quand je ne serai plus là pour prendre les décisions qui s’imposent à ta place. » asséna-t-il d’une voix dure, implacable. « Et quand tu n’auras pas d’autre choix que d’émerger de cette bulle de naïveté où tu sembles tant te complaire. Parce que mon monde, comme tu dis, est aussi le tien, Sasha. Et ce n’est pas un monde où l’on a le luxe de choisir d'être bon ou mauvais. C’est un monde où l’on fait ce qui est nécessaire pour survivre. »
Plus sévère que jamais, Valérian toisa durement la jeune femme et ajouta : « les choses ne sont pas aussi simples que tu sembles le croire : ne rien faire n’est pas forcément synonyme d’indifférence. Et les actes héroïques ne sont pas systématiquement récompensés. Bien au contraire ! C'est le meilleur moyen de se faire tuer ! »
Il secoua la tête, furieux : « maintenant, cesse de dire des idioties et fais ce que je te dis : prends ce revolver, Sasha ! »
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Re: Purple rain
Jeu 26 Aoû 2021 - 13:37
Lorsqu'une amie vous appelle par votre nom de famille, en général, c'est que ça ne sont pas très bon. Mais quand en plus elle se permet d'agiter le doigt d'un air menaçant juste sous votre nez - comme c'est le cas ici - le doute n'est plus réellement permis. Le regard la pharmacienne se nimbe d'éclairs et sa gestuelle d'ordinaire si douce s'est muée en tremblements agacés. Car oui, le grec est parvenu à mettre l'américaine en colère.« Valérian Zacharias ! »
À cause de sa désinvolture. À cause de son arrogance qui le pousse à croire qu'il n'a pas commis la moindre faute. À cause, enfin, de cette assurance que le bien et le mal ne sont plus que des notions délétères.« Je n't'ai jamais demandé de prendre des décisions à ma place !! » Mais ce qui l'énerve, c'est aussi le fait qu'elle l'ait laissé faire, qu'elle s'en soit remise à lui.« Ca, c'est un droit qu'tu t'es approprié ! Tout seul ! » Et sans la consulter un seul instant. Comme la fois où il a abattu un homme parce qu'il a simplement eu l'audace de lui parler.
Alors peut-être qu'elle est naïve, oui. La pharmacienne est la première à le reconnaître. Elle voit le bon avant le mauvais et plonge dans l'optimisme avant le pessimisme, certes. Mais Valérian fonctionne précisément de la manière opposée. Alors Sasha souffle par le nez, de dépit, lorsqu'il commence à lui exposer sa vision des choses.« Non ! Ca, c'est ton monde ! » l'accuse-t-elle en écrasant, dans un étrange élan de délicatesse et de douceur, son index sur le torse du grec.« Dans le mien, chaque survivant n'est pas un salopard un puissance ! Et je n'y laisse pas mourir les gens qui réclament l'aide que je peux leur apporter ! » Elle le foudroie du regard et pince les lèvres avant de poser ses poings sur ses hanches. Un peu comme une enseignante d'allemand. Mais l'autorité en moins.
S'engage alors un étrange duel de regards. Typiquement le genre d'affrontement pour lequel la pharmacienne n'est pas armée. Et la photographe se retrouve ainsi à lutter pour faire valoir son droit à l'altruisme tandis que son aîné lui oppose son pragmatisme. Ils tombent dans un débat philosophique nauséabond, que l'on préfère avoir dans une salle de classe que sur le toit d'un parking ancré au milieu d'une ville en ruines.« On peut toujours faire le bien ! Le pragmatisme, c'est le bouclier derrière lequel les lâches s'réfugient ! Parce qu'il est plus facile d'appuyer sur une détente que de tendre la main ! » Oui, à ses yeux, Val' se contente d'opter pour la solution de facilité.« La vérité c'est qu'tu n'es qu'un égoïste qui s'réfugie derrière l'excuse du nécessaire. Et tu veux savoir c'que c'est, le pire ? C'est que j'te sers de prétexte ! » Cet homme est un véritable pilier, pour elle. Et sans lui, elle serait peut-être déjà morte. Elle sait ce qu'elle lui doit.
Mais elle sait aussi ce qu'elle ne veut pas !« Ouais ! Et les actes de sollicitudes ne sont pas forcément sanctionnés ! » contre-t-elle ensuite, pour s'opposer à son postulat.« Les Hommes font le mal lorsqu'ils n'ont plus d'autres solutions ! Et même aujourd'hui, ils ne sont pas tous des monstres ! » Elle illustre d'ailleurs cette évidence que le temps et l'amertume semblent l'avoir poussé à oublier. Sasha se recule d'un pas et hoche la tête, animée par le regret et la surprise. Un peu comme si elle redécouvrait son ami sous un autre angle. Un angle qui ne lui plaît pas du tout.« Mais qu'est-ce que t'es devenu ?! » souffle-t-elle dans un murmure empli d'incompréhension. Il a toujours été pragmatique. Mais les choses ne se sont guères améliorées.
Et la voici qui s'entête, qui la pousse encore une fois à se saisir de cette arme dont elle ne veut pas. En ne se privant pas, au passage, de lui rappeler qu'il considère qu'elle raconte des bêtises.« Des... idioties ? » répète-t-elle dans un souffle, presque choquée par son outrecuidance.« Des idioties ?! » Elle cherche le pistolet du regard et s'en saisit d'une main tremblante avant de le pointer entre les deux jambes du grec. Elle appuie sur la détente sans la moindre hésitation, animée par ce qu'elle perçoit comme la plus légitime des colères. La balle explose au sol et y déverse son contenu sous la forme d'un bel éclat coloré.« Je te dis ce que je ressens ! » Il pourrait au moins y apporter un peu de considération. Parce qu'elle pas une enfant. Et qu'il se comporte comme si c'était le cas, comme s'il se trouvait face à une gamine faisant une crise d'adolescence qu'il n'a pas le temps de gérer.« Tu veux m'apprendre à tirer ? Ben moi j'vais t'apprendre à t'comporter comme un être humain ! » Et pas comme l'enfoiré de première qu'il semble malheureusement être devenu...
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Re: Purple rain
Mar 7 Sep 2021 - 21:14
Le visage de Valérian s'était durci tandis qu’il faisait face à la jeune femme, dressé de toute sa hauteur. Ses prunelles noires, semblables à des obsidiennes aiguisées, se confrontaient aux siennes ; cherchant ainsi à la résoudre au silence. Elle ne se tut pourtant pas et protesta avec plus de force encore, tempêtant avec une gestuelle furibonde et désordonnée. Un comportement qui alimenta la hargne dévorant le grec jusqu’à la faire enfler comme un brasier.
Il secoua sèchement la tête et fit un pas en direction de Sasha : « j'y étais contraint ! » éructa-t-il férocement. « J'y étais contraint, Sasha ! Je devais te protéger, et en premier lieu de toi-même ! Tu n’aurais pas survécu si je n’avais pas pris ces décisions à ta place ! » Elle ne comprenait pas. Elle était incapable de comprendre. Tel fut le constat de Valérian dont le visage était à présent déformé par la colère. Comment aurait-elle pu, après tout ? Sasha vivait sur un nuage qui semblait n’avoir jamais effleuré le sol de ce monde impitoyable. Elle se berçait d'illusions et refusait obstinément de se confronter à la réalité. Sans doute était-ce une manière pour elle de s’en protéger, mais le grec y voyait plus que tout de l’inconscience : une dangereuse inconscience qui pourrait coûter la vie à cette jeune femme qui lui était si chère.
Elle s’avança soudain et enfonça un doigt étonnamment délicat dans sa poitrine. Le grec eut alors un rire sans joie : « nous vivons dans le même monde, Sasha. Tu le réaliserais si tu retirais tes œillères ! » répliqua-t-il avec virulence en écartant les bras pour lui désigner la désolation environnante. « Ici, tendre une main secourable revient à prendre le risque qu’on la saisisse pour te tuer. C’est ainsi que fonctionnent les choses désormais ! Il n’y a plus de place pour la générosité ni l’entraide. Ces notions étaient déjà désuètes autrefois. Elles le sont d’autant plus aujourd’hui. » Finalement, il avait toujours été question d’agir chacun pour soi ; et l’on avait de tout temps profité de la générosité, comme d’une source à laquelle chacun pouvait s’abreuver. Le monde avait certes changé, mais peut-être pas tant finalement. Les impulsions qui gangrénaient le coeur des Hommes avaient seulement été libérées de leurs chaînes…
« Chaque survivant n’est peut-être pas un salopard en puissance, non, mais tu ne peux pas prendre le risque de t’en assurer ! (il brandit un doigt menaçant sous le nez de la jeune femme pour l'en dissuader) Non, Sasha ! Tu ne peux pas ! Tout ce qui importe, c’est toi, moi et notre groupe ! Tu ne peux pas te préoccuper du sort de toutes les âmes errantes de Seattle ! » Il s’y opposerait fermement. Et s’il devait pour cela passer pour un monstre aux yeux de son amie, alors soit !
Ils se dévisagèrent longuement, tandis que se heurtaient les foudres de leurs regards. Aucun d’entre eux ne démordait de sa position, si bien que la hargne enfla dans la poitrine du grec. « Je ne suis pas un lâche. » articula-t-il avec un calme réfrigérant. « Mais je suis probablement un égoïste, oui. Je suis en effet persuadé qu’il est nécessaire de songer à ses propres intérêts avant ceux des autres. Et les miens, en l’occurrence, rejoignent les vôtres. » Il toisa un instant la jeune femme, telle une figure de marbre dont le regard brillait toujours de cette lueur dangereuse. « Si le dilemme se présentait à nouveau, j’abandonnerais sans hésitation cette inconnue. Je le ferais, si ça m’assurait que toi, Allïa et Elena ne vous fassiez pas capturer. »
Il jaugea un instant Sasha puis ajouta d’un ton sec, péremptoire : « les Hommes font le mal parce que c’est la voie de la facilité : tu l’as toi-même dit. Alors ne leur facilite pas plus la tâche en prenant des risques inconsidérés. »
La répartie de Sasha le prit cependant au dépourvu. Valérian fronça les sourcils, déconcerté, et rendit à son amie son regard empreint de perplexité. Qu’était-il devenu, au juste ? Il n’avait pas eu conscience de changer. Les épreuves qu’il avait traversées depuis la disparition de Sasha l’avaient-elles à ce point transformé ? Il n’en avait pas la moindre idée. « Je ferai ce qui est nécessaire pour te protéger. Que tu le veuilles ou non. » répliqua-t-il d’un ton cassant, tout en regagnant contenance.
Muré derrière une expression implacable, le grec désigna alors du menton l’arme, insistant pour que Sasha la saisisse. Sans doute fuyait-il ainsi cette confrontation qui l’ébranlait bien plus qu’il ne le laissait paraître. La jeune femme avait toujours eu le don de faire germer des doutes chez lui. Ce qui était absolument insupportable.
Révoltée, elle attrapa toutefois le revolver et tira entre les jambes du grec qui poussa une exclamation indignée : « Bon sang ! Sasha ! Qu’est-ce que tu… » Elle le coupa alors, animée d’une ardente colère qui rendait ses gestes fébriles et sa voix furibonde. Jamais encore Valérian n’avait vu la jeune femme se mettre dans un état pareil : ses yeux noisette, qui avaient habituellement des reflets miel, dorés, étaient à présent assombris par ce sentiment de révolte ; par cette fureur dirigée contre lui...
« Vraiment ? » face aux assertions de Sasha, le grec plissa les yeux d’un air menaçant et dit : « et comment comptes-tu t’y prendre, dans ce cas ? »
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Re: Purple rain
Mer 8 Sep 2021 - 4:23
Il n'était pas là pour veiller sur elle. Et encore moins pour la protéger d'elle-même, comme il le dit si bien. Sasha le déteste en cet instant. Elle n'aime pas son petit air supérieur et hait chacune des paroles qu'il prononce.« J'ai passé des mois et des mois seule, Val ! Seule ! » « Et devine quoi ? J'ai survécu ! » Elle pince les lèvres et renifle en songeant au culot dont il fait preuve.« Sans tuer personne ! » précise-t-elle. Il incarne désormais une part importante de sa vie, le grec. Mais il n'est pas essentiel à sa survie.« J'suis assez grande pour veiller sur moi ! Et tu n'm'utiliseras pas comme excuse pour justifier tes actes ! » La photographe serre le poing puis hésite à le gifler. Ca lui ferait un bien fou, elle le sait. Et ça remettrait peut-être les idées en place à son interlocuteur.
Et la voici qui entame maintenant les cent-pas face à lui, agrippant parfois ses cheveux lorsque les mots de son camarade se font trop pesants. Il parle du monde, ces œillères qu'elle porte et qui l'empêchent de le considérer pour ce qu'il est. De la violence omniprésente, du risque que chaque rencontre comporte. Des choses qu'il lui a déjà dites autrefois. Et qu'il estime probablement nécessaire de lui répéter aujourd'hui.
Sasha entend et comprend. Elle sait bien qu'il n'a pas totalement tort et que sa vision se défend. La photographe lâche un râle agacé lorsqu'elle se retrouve un instant prise au piège. Puis elle écarte les bras pour les laisser retomber le long de son corps.« Alors... Qu'est-ce qu'on fout encore ici, hein ? Tu peux m'le dire ? » Elle hoche la tête de gauche à droite, tristement. Son regard s'échoue sur le sol du toit.« Qu'est-ce qu'on fout encore à Seattle ? Si cette ville est si dangereuse, si elle abrite l'amical des psychopathes, pourquoi est-ce qu'on ne part pas dans les montagnes ? Là où personne ne nous trouvera ? On vivra entre camarades ! On n'aura plus à s'méfier, on n'aura plus à s'battre ! On pourra juste... vivre ! » Ce sera compliqué, c'est certain. L'environnement y est plus hostile qu'à Seattle. Mais si c'est le prix qu'il faut payer pour vivre en paix alors oui, qu'est-ce qu'ils attendent ?« C'est pas seulement de l'égoïsme ! » grogne-t-elle. Peu à peu, elle prend conscience d'une chose. Et lorsque l'idée se précise dans ses pensées, elle observe Val' sans réellement le reconnaître.« T'aimes ça, pas vrai ? » Elle embrasse l'espace qui les entoure de ses bras.« La violence ! Le pouvoir que tu as sur ce groupe, de n'avoir à donner qu'un seul ordre pour détruire des vies... D'être écouté, et même admiré ! » Elle recule d'un pas, écoeurée.« Bien sûr que t'es un lâche ! Tu t'caches derrière un espèce de.... de.... de pragmatisme altruiste mais tu fais ça pour toi ! Parce que la fin du monde, ça t'plaît ! Parce que tu te sens enfin à ta place ! » C'est à son tour de lever son index pour le cantonner au silence et, surtout, l'empêcher de s'approcher.
Le point d'orgue est cependant atteint lorsqu'il ose répéter qu'il sacrifierait à nouveau cette inconnue si la situation se représentait.« Mais t'as rien compris en fait... » souffle-t-elle, désespérée. Elle refuse de croire qu'il persiste et signe. Non, ça ne se peut pas !« Les hommes font le mal lorsqu'ils y sont obligés ! Ce n'est pas une question de facilité, c'est une question de choix ! Et on dirait que t'as fait l'tien il a longtemps, toi ! » Quand, exactement ? Que s'est-il passé en son absence ? Qui a pu le changer à ce point ? Car oui, elle refuse de croire que le Val' qui se tient devant elle est celui qu'elle s'est toujours acharnée à voir.« Non, c'est fini ! Je n'te laisserai plus me protéger ! Parce qu'à chaque fois qu'tu l'fais, quelqu'un d'autre meurt ! » Et elle refuse qu'il salisse davantage encore son âme. Elle ne sera plus l'excuse qui justifie sa cruauté. Et ce mot ne lui semble pas trop fort...
C'est une pulsion, un trop plein d'émotions qui la pousse finalement à saisir cette arme et à tirer sur le sol, entre les jambes du grec. Elle éprouve une étrange satisfaction à l'idée qu'il ait pu ressentir de la peur. Une fraction de ce que cette pauvre femme qu'il a décidé d'abandonner a pu éprouver. Mais Val' ne se calme pas. Au contraire, même. Il l'observe d'un air menaçant en lui demandant comment elle compte faire de lui un être humain digne de ce nom.« M'pousse pas à bout, hein ! J'te signal que c'est moi qui tiens l'arme ! » lui rappelle-t-elle en agitant son flingue.
Et puis elle se réveille, se rend compte de ce qui se passe et se force au calme. La photographe lance l'arme à travers le toit avec dégoût et s'approche vivement de son aîné pour.... lui saisir les mains. Elle les serre entre les siennes et l'observe quelques seconde. Peut-être qu'il lira dans son regard ce qu'elle essaie de lui dire, les valeurs qu'elle défend.« Viens avec moi ! On rentre au Merchant, on réunit tout l'monde et on leur annonce qu'on quitte Seattle ! Et qu'on va bâtir quelque chose de plus juste ! » le supplie-t-elle.« Fais-moi confiance pour une fois ! Juste une seule petite fois ! » Elle est persuadée qu'ils pourront s'en sortir, qu'un seul mot du grec pourrait tout changer. Tout ce qu'il lui faut, c'est la volonté de faire mieux. Et de tourner la page.« S'il-te-plaît ? » insiste-t-elle tandis que sa vision se brouille, obscurcie par les larmes.« Val' ! » Il faut qu'il se réveille ! Il le faut !
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