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You said something dumb again

Sam 14 Aoû 2021 - 13:11

You said something dumb again




Ryan & Milow



Il s'était passé beaucoup de choses, comme d'habitude. Milow était resté en retrait le temps du trajet, et avait été soufflé de l'accouchement express d'Alex. Il n'avait pas pu voir l'enfant, tout comme personne ne lui avait vraiment manifesté d'attention. Oh, il n'en demandait pas et ne se plaignait pas, mais il s'était senti cruellement isolé. D'autant plus que tout le monde faisait une halte chez The Haven … Mais pas lui.
Okay, il avait pas été cool, à l'époque, mais il n'avait pas le droit à une seconde chance ? Il avait été si affreux que ça ? Ou était-ce finalement la mort de Jesse qui avait terminé de convaincre ce groupe de ne plus l'autoriser à mettre les pieds chez eux ? Mystère. Il n'aurait sans doute jamais la réponse.

Bah ! Qu'ils aillent tous au diable, ces bouseux sociopathes ! Milow resterait seul à l'avant-post, à panser ses blessures et à se reposer avant qu'on le ramène au camp. Il aurait été pourtant prêt à faire profil bas, voir même à reconnaître tous ses torts.

Il y avait quand même Clint, et quelques autres personnes, dans l'église sécurisée. Mais personne qui faisait réellement attention au garçon. Boudant les bancs, il s'était posé dans un coin, par terre, et avait relevé son haut pour apaiser du mieux possible ses côtes qui avait, une fois de plus, étaient bien malmenées. Il lâcha un juron en constatant que sa peau avait une couleur alarmante. C'était moche, et même de passer de la crème lui donnait la nausée. Il n'allait jamais guérir, à ce stade, et plus ça allait, moins il arrivait à se tenir droit. Obligé d'être partiellement les épaules voûtées en avant pour atténuer la douleur. Ça devenait handicapant pour le Parkour, et simplement pour respirer.

Bref. Dans un soupir d'effort, il remit son haut en place et bascula le visage en arrière, fixant le plafond décoré de l'église. Avec la désagréable impression d'être un chien errant, un chat sauvage, auquel on ne pouvait pas faire confiance. Comme s'il était hors de toute relation humaine. Il se sentait rabaissé, utile seulement pour les missions suicides. D'ordinaire, ça lui convenait. Mais depuis les Divas, il se rendait compte qu'il en souffrait. Maintenant qu'il faisait des efforts, efforts invisibles, comme s'il avait dépassé les bornes pour de bon. Il en voulait à Connor, et aux autres. Mais surtout à lui-même.

Allez tous crever, baragouina-t-il en sortant son mp3 de son sac.

Pour l'heure, il avait surtout besoin de repos.
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Re: You said something dumb again

Lun 13 Sep 2021 - 14:42

Sur ses mains, il y avait du sang, et Ryan ne se souvenait même pas d’où il venait. Un monstre ? Alex ? Sûrement la jeune femme, vu qu’il était encore un peu frais. Collant, même. Pendant le trajet en voiture, elle avait essayé de s’en débarrasser, mais elle n’avait pas d’eau sous la main et elle en avait été réduite à utiliser un vieux chiffon dans la portière pour enlever le plus gros. Mais ses doigts étaient sans cesse en train de coller à tout ce qu’elle touchait, et elle crevait d’envie de se débarrasser de ce sentiment désagréable. Peut-être que c’était juste un détail, au final, seulement c’était un détail auquel elle accordait énormément d’importance… parce qu’elle luttait contre la pensée que Milow était juste là. Près d’elle. Dans une autre voiture, certes, mais c’était le plus proche qu’il ait été depuis des mois. Une année complète. Abigail conduisait sur le chemin du retour, et ce fut elle qui laissa flotter l’idée de la déposer à l’avant-poste de Kent – il avait déjà été décidé que Milow y serait laissé, à cause de son passif avec The Haven. Pendant de longues minutes, Ryan n’avait pas réagi, laissant supposer qu’elle n’avait même pas entendu la proposition de l’éclaireuse. Puis, alors que la silhouette des bâtiments se dessinaient à l’horizon, elle lui avait demandé d’une voix sourde de s’y arrêter. Puisqu’ils étaient en second dans le convoi, ils n’eurent pas à signaler leur stop et elle n’était même pas sûre que sa descente soit remarquée. Son chiffon entre les mains, Ryan avait donc rejoint l’église, mais elle avait parlé quelques minutes avec Clint de la raison de leur présence. L’homme lui avait donné deux bouteilles d’eau, issues de la réserve, et lui avait désigné l’un des bancs à l’intérieur. Celui où Milow s’était installé, visiblement. D’ici, elle ne voyait que sa tignasse noire désordonnée, et devinait l’agacement qu’il devait ressentir à avoir été laissé sur le côté de la route comme un chien dont on ne voudrait plus.

Elle-même peinait à comprendre les raisons qui faisaient qu’il n’était pas accepté à The Haven, mais elle était trop épuisée pour contester les ordres du QG. Ryan avait gardé la radio avec elle, pour pouvoir signaler lorsqu’il faudrait venir la récupérer – à moins qu’elle ne se décide à rentrer à pied, mais c’était un peu loin. Elle avait félicité Soo sur le retour pour son sang-froid et sa capacité d’adaptation. L’adolescente était loin d’être bête, elle comprenait vite et finirait par devenir un élément déterminant de leur groupe, Ryan le savait. Peut-être que si Milow l’avait fréquentée à l’époque, elle aurait pu lui apprendre deux ou trois trucs… peut-être que s’il avait eu une meilleure expérience, il n’aurait pas eu envie de partir. Peut-être… Peut-être. Difficile de savoir, maintenant. C’était bien trop tard pour refaire le monde.

Après avoir remercié Clint, l’artiste s’engouffra dans le bâtiment encore frais malgré la chaleur extérieure et arrivant à sa portée, l’entendit jurer. Au lieu de s’asseoir aux côtés de son frère, s’installa sur le banc devant lui en lui tournant le dos. Sans prévenir, elle lui jeta sur les genoux la deuxième petite bouteille d’eau qu’on lui avait donné. Et ouvrit la sienne dans le même mouvement pour en déverser dans le chiffon qu’elle avait gardé et commença à frotter ses mains de manière quasi-nerveuse. Elle voulait que chaque tache disparaisse. Elle ne voulait plus voir ce sang sur ses mains, encore moins si c’était celui d’Alex. “D’après Erika, votre pote Bruce pourrait bien y rester, alors fais gaffe à ce que tu dis,” lui lâcha-t-elle d’un ton coupant, qui n’admettait aucune réplique. Ou plutôt, qui en attendait une juste pour lâcher la bonde à toute la frustration, la peine et la colère qui bouillonnaient en elle depuis son départ.

Elle ignorait toutefois si elle aurait la force de se disputer avec Milow. L’adrénaline qui lui avait permis de sortir, de combattre son angoisse de l’Extérieur, avait fortement diminuée pendant le trajet en voiture du retour. Une fois assise, surtout, elle avait commencé à lentement réaliser tout ce qui s’était passé. Avait-elle réellement été un héros, comme lui avait soufflé Alex ? Était-ce ce qu’elle commençait à devenir, malgré elle ? D’autres qu’elle auraient sûrement été heureux de prendre ce chemin, mais Ryan savait comment terminaient les héros dans leur monde. Ils crevaient.

Elle aurait aimé trouver quelque chose d'autre à dire à Milow, mais les mots restés coincés dans sa trachée, l'étouffant à moitié. Elle ne pouvait même pas se résoudre à se tourner pour le regarder. Une peur irrationnelle lui bouffait les entrailles, celle que cette journée n'avait été qu'un cauchemar de plus et que si elle se retournait, il disparaîtrait. Alors elle restait immobile, les yeux fixés sur ses paumes rougies par le frottement intensif du chiffon humide. Déterminée à les rendre immaculées.
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Re: You said something dumb again

Lun 13 Sep 2021 - 22:25

Il sursauta quand la bouteille d'eau atterrit sur ses genoux, tirant sur ses écouteurs au passage. Relevant brusquement le menton, prêt à incendier la personne qui osait le déranger, il garda néanmoins sa bouche fermée quand il reconnut la femme qui était assise face à lui.
Un torrent d'émotions le traversa des pieds à la tête. Il se redressa, comme piqué au vif par quelque chose d'invisible et jeta un œil autour de lui, comme si on lui faisait une mauvaise farce. Il était censé réagir comment, là ?

Les seuls mots qui franchirent les lèvres de Ryan n'étaient pas pour lui faire plaisir. Bien sûr. Milow haussa les épaules. Elle ne le vit pas. Bruce n'avait qu'à y rester. Connor pouvait bien crever aussi. Et puis Ryan aussi, tant qu'à y être !
Il gonfla sa cage thoracique mais se renfrogna, baissant le nez sur son mp3, observant un léger tremblement sur ses doigts, signe d'une grande nervosité. Ryan était là. Elle avait l'air en colère, elle aussi. Visiblement, rien qu'en jetant un œil à ses cheveux décoiffés et ses épaules tendues, de dos, il se rendait compte que la journée avait été éprouvante pour elle aussi. Autant dire des retrouvailles rêvées entre les Lewis.

Il fit mine de l'ignorer pendant un long moment, yeux baissés vers sa musique même pas allumée, sourcils froncés et mine songeuse, persuadé qu'elle allait percer le silence comme elle le faisait toujours, ne supportant jamais le mutisme de son petit frère. Après un an d'absence, elle allait forcément parler, elle qui ne se taisait jamais.
Mais elle n'en fit rien, ou du moins, pas assez vite pour lui.

Il finit par relever des prunelles soucieuses vers elle, fixant sa nuque quelques secondes, avant de daigner se mettre sur ses jambes, abandonnant bouteille et mp3, et de contourner le banc pour venir s'asseoir à côté d'elle. De là, il regarda droit devant lui un instant, puis baissa les yeux vers le chiffon qu'elle frottait entre ses mains.

Il hésita, mais finalement, du bout de ses doigts graciles, il récupéra le morceau de tissu. L'une de ses mains attrapa la sienne, gardant sa paume vers le haut, tandis que l'autre essuya doucement le chiffon sur sa peau tâchée. L'espace d'un flashback, les rôles furent inversés, à une époque où ils étaient ensemble de jour comme de nuit. Toujours silencieux, Milow sentait son coeur battre fort, torturé par les émotions qui l'assaillaient et qu'il ne contrôlait pas vraiment malgré son apparence presque calme. Il n'avait même pas envie de savoir d'où venait ce sang. Ryan n'avait pas l'air blessé, pas physiquement en tout cas. Lui savait qu'il avait probablement des excuses à lui offrir. Des explications, tout du moins. Mais il n'avait pas la force d'ouvrir la bouche pour l'instant.


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Re: You said something dumb again

Lun 27 Sep 2021 - 5:18

Le silence que Milow lui opposait était une véritable torture, réalisa la jeune femme avec douleur. Ce n’était pas comme ça qu’il réagissait d’habitude à ses provocations. Ce n’était pas comme ça qu’il était, son Milow. Mais peut-être qu’il avait vraiment changé depuis son départ, peut-être qu’elle ne le connaissait plus vraiment. Déjà qu’elle avait eu ce sentiment par le passé, il s’intensifiait au point de lui déchirer la poitrine à cet instant. Elle crevait d’envie de bondir sur ses pieds, de se jeter sur lui et de le bourrer de coups (qu’il ne sentirait sûrement pas) juste pour qu’il ait l’air de souffrir autant qu’elle. C’était puéril, mais c’était la seule chose qui lui venait à l’esprit. Lorsqu’elle l’entendit finalement se lever, elle cru qu’il venait d’avoir la même idée qu’elle et qu’il allait l’invectiver avec sa morgue habituelle… sauf qu’il se contenta de s’asseoir à côté d’elle, de lui enlever le chiffon des mains et de commencer à effacer les traces de cette sale journée. Elle aussi, elle eut l’impression de voir un flashback inversé d’une de leurs nuits de survie. Lorsqu’ils n’étaient que tous les deux. Elle avait eu la même tendresse maladroite envers son cadet. Ryan le regarda faire, toujours emmurée dans ce silence qui ne leur correspondait pas. Elle avait des insultes coincées en travers de la gorge, qui l’étouffaient lentement et sûrement. Elle avait une peine qui lui alourdissait le cœur au point qu’il finisse dans son estomac. Elle avait mal.

« J’ai fait quelque chose de mal, pas vrai ? » que finit toutefois par murmurer la jeune femme, le regard rivé sur les mains entremêlées. Souillées. Tremblantes. Celles de Ryan étaient petites, réalisait-elle. Depuis quand est-ce que Milow avait d’aussi longs doigts ? C’était en train de devenir un mutant, pas possible autrement. Son esprit tournait à vive allure, mais ses lèvres bougeaient au ralenti. Les phrases peinaient à se formuler, et encore plus à s’extirper d’entre ses mâchoires serrées. « J’ai fait quelque chose de mal. C’est à cause de moi que t’es parti. » Parce qu’il fallait bien un coupable à pointer du doigt, n’est-ce pas ?

Et si c’était elle, c’était plus facile à ravaler. Si c’était lui, elle ne pourrait pas garder cette colère au fond d’elle. Si c’était lui, elle voudrait qu’il sache qu’elle avait souffert. Qu’elle avait pleuré pendant des nuits et des jours entiers. Qu’elle l’avait maudit, supplié, insulté et appelé en sachant qu’il ne pourrait jamais l’entendre. Que si elle était là, aujourd’hui, c’était parce qu’elle avait tout fait pour réparer cette foutue radio dans l’espoir de pouvoir avoir de ses nouvelles. Que c’était à cause de lui qu’elle avait joué aux héros, parce qu’il l’avait forcée à en prendre le chemin. Parce qu’il l’avait laissée toute seule à l’enclave. « Je te déteste. » La violence de ses propres mots, sortis spontanément, la surprit elle-même. Et la libéra, quelque part, d’un poids qu’elle portait depuis trop longtemps. Un fardeau étouffant et brûlant. « Je te déteste ! » Elle se défit soudainement de ses soins pour le bousculer, frappant ses épaules, son torse, du plat de ses mains encore rougies. « Je te déteste ! Je te déteste ! Je te déteste ! Je te… je… » Quelque part dans sa furie, Ryan avait perdu le sens de la vue. Tout était brouillé. Flou.

Le sel dans sa bouche lui donnait des haut-le-cœur. Elle détestait pleurer. Depuis quand est-ce qu’elle pleurait, au juste ? Elle ne savait pas. Elle ne s’en était même pas rendu compte. « Dis… dis quelque chose… » Les coups avaient cessé de pleuvoir. Peut-être qu’elle n’y avait pas mis suffisamment de cœur, au fond. Elle laissa son front reposer contre son torse, les épaules agitées de sanglots moches et bruyants. Ryan avait décidé de ne pas les refouler, parce qu’elle savait que de toute façon elle n’y arriverait pas. « Me laisse pas toute seule… m’abandonne pas… me laisse pas… » S’il te plaît.

Dévorée par la névrose, elle resserra ses bras autour de Milow. Elle l’aurait étouffé si elle en avait eu la force. Peut-être que c’était exactement ce qu’elle était en train de faire. Sa perception du monde et de son propre corps était tellement noyé sous les larmes qu’elle ne réalisait plus très bien ce qu’elle faisait ou ce qu’elle pensait faire. « Je peux plus… je veux pas te perdre… Jesse… » Jesse était déjà trop. Elle ne pouvait pas perdre son dernier frère. Elle ne s’en relèverait pas. Elle en avait l’absolue certitude. « M’abandonne plus… » Le tissu entre ses doigts. L’odeur de Milow. Elle s’y perdit. Termina de s’y perdre en appuyant son visage contre lui, si fort qu’elle y laisserait des marques, comme ses ongles qui se plantaient dans son dos. Elle ne pouvait plus le laisser partir maintenant. Elle n’en aurait plus jamais la force.
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Re: You said something dumb again

Jeu 30 Sep 2021 - 23:31

Il marqua une légère pause dans ses gestes quand elle perça le silence, sans relever le regard. Sa bouche s'ouvrit très légèrement, avant de se refermer. Il sentait son cœur battre fort contre sa poitrine. Lui aussi, avait des choses à dire, visiblement.
Mais Milow n'avait pas envie de dire tout ce qui lui passait par la tête. Pas cette fois, en tout cas. Ryan était face à lui, et il n'était pas encore sûr qu'elle soit réelle. Peut-être que son cerveau était trop malade pour qu'il arrive à faire la différence. Mais si elle n'était qu'une illusion, il ne voulait pas la faire disparaître à cause d'un mot qui n'allait pas.

Non, c'est pas toi.

Il abandonna les doigts de sa sœur, garda le chiffon entre ses doigts, quand les trois mots claquèrent de ses lèvres à elle. Toujours sans la regarder, il encaissa, le visage impassible. Mais une brusque montée d'émotion souleva Ryan, la portant sur lui, la faisant lever les bras, envoyer ses mains contre lui.
Milow eut un mouvement de recul, leva une main pour attraper la sienne. Elle s'en défit. Quand elle frappa ses côtes meurtris, il ne put pas refouler un hoquet de douleur. Son corps pivota légèrement, protégeant son buste de cet assaut. Il aurait aussi bien pu l'immobiliser, comme on le lui faisait, à lui, quand il se laissait déborder par sa colère et son aigreur, mais il n'en fit rien. Lui aussi, il se sentait submerger à cet instant. Ses yeux brillaient. Il constatait à travers l'état de sa sœur tous les dégâts qu'il avait causé, et depuis bien longtemps. Et il se maudissait.

Son buste se gonfla d'une lourdement inspiration. Une lueur peinée sur son visage, ses yeux toujours posés sur elle, il osa poser l'une de ses main, d'abord sur sa cuisse, puis sur son épaule. Le front de sa sœur se pressa contre son torse, l'incitant à glisser ses doigts dans son dos. Bientôt, sa deuxième main vint conclure cette étreinte.

C'était sa sœur qui craquait dans ses bras, ce n'était plus lui, l'enfant qui se blottissait, et elle la figure forte qui tenait, comme un roc.

Je … j'suis désolé...

Qu'est-ce qu'il pouvait dire d'autre ?
Il renifla, cligna des yeux, mais les larmes coulèrent quand même.
Ses mains caressaient le dos et la machoire se serrait alors qu'il encaissait sa peine à elle et acceptait les reproches de sa souffrance.

Pardon Ryan … pardon …

Son visage se leva brièvement vers le plafond décoré de l'église, le temps de ravaler ses larmes.

J'ai été … stupide … si stupide.

Il prit une grande inspiration et prit le temps de lentement expirer par le nez. Son menton s'appuya sur la tête de Ryan, se perdant dans sa tignasse brune. Son odeur était la même et éveillait une flopée de souvenirs enfouis, d'émotions, de sensations. Un passé révolu. Il avait l'impression de ne plus être la même personne. Peut-être était-ce le cas. Est-ce que c'était une bonne chose ? C'était peut-être trop tôt pour le savoir.

Je pouvais pas rester. Et je voulais pas que tu partes.

Après tout ce temps, elle avait le droit à des explications. Elle avait droit d'avoir sa vision des choses.
La serrant toujours contre lui, il reprit, cherchant ses mots, puisant dans son esprit :

Je voulais pas que tu partes pour moi … parce que t'étais bien, là-bas. Et si … si j'étais resté … tu sais. Tu le sais que j'aurais pas pu. Tu le vois. Maintenant. J'ai … j'ai plus droit d'y aller. Je me serais fait abattre. Tu le sais.

Au final, quels étaient ses torts, à par avoir pris soin, chaque jour, d'être l'être le plus détestable du camp ? Si c'était d'avoir causé la mort de Jesse, il n'aurait jamais été accueilli, soigné, remis sur pieds. Aujourd'hui encore, il était persuadé que Selene avait un rôle dans son bannissement.

Et toi … tu voulais pas sortir. Mais tu m'aurais suivi. Et j'voulais pas. J'devais … j'devais faire un choix. Le plus sain pour nous deux. Dans tous les cas, on aurait souffert.

Ses phrases n'étaient pas bien clairs, ça ne l'était pas dans sa tête non plus. Encore à ce jour, il ne s'imaginait pas vivre dans une communauté telle que The Haven. Son groupe, c'était le maximum qu'il tolérait, et encore. Ce n'était pas pour rien qu'il partait parfois plusieurs jours sans rien dire à personne. Il vivait dangereusement, mais c'était ainsi qu'il se sentait libre. Il aurait aimé que Ryan le comprenne.
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Re: You said something dumb again

Dim 3 Oct 2021 - 18:46

La colère avait quelque chose de rassurant, aux yeux de Ryan. C’était un sentiment familier, bien antérieur à l’apocalypse. Une émotion qui avait toujours fait partie d’elle, bien qu’elle s’exprimât différemment de chez Milow ou Jesse. Elle, c’était le besoin de se dresser contre l’adversité. D’être différente des autres. Meilleure, diraient certains. Pire, aussi. Elle ne voulait pas se fondre dans la masse difforme et insipide. Elle voulait être quelqu’un, Ryan. Quelqu’un dont sa mère aurait pu se souvenir. Quelqu’un qu’on abandonne pas sur le bas-côté de la route, comme ces chiens qui sont délaissés par leurs maîtres cruels pendant les périodes de vacances. Parfois, sa colère était froide, glacée. Elle raidissait ses membres en inondant ses veines, allant jusqu’à lui faire rater quelques battements de cœur. Dans ces moments, le verbe lui était facile et il coupait comme un rasoir. Elle gardait le contrôle, serrait si fort les rênes  de sa colère que ses jointures en blanchissaient et que sa mâchoire lui faisait mal. D’autres fois, la colère bouillonnait et la brûlait. Alors, elle devenait incapable de réfréner quoi que ce soit : mots, pensées, gestes, tout lui échappait et se mélangeait. La seule constante provenait d’un besoin viscéral de blesser l’autre jusqu’à en avoir mal aux mains. Jusqu’à se souvenir que ce n’était pas la solution. C’était ainsi que Jesse lui parlait autrefois, quand elle s’enfermait dans sa chambre et y maudissait jusqu’à la vie qui leur avait arraché leur mère. Ce n’était la faute de personne, pourtant. N’avait-elle pas essayé de rester, pour ses enfants davantage que pour son mari ? Seulement, sa mémoire n’était jamais revenue. Et si au départ, l’illusion avait maintenu la douleur en bordure, la digue avait cédé à son départ. Son abandon. C’était suite à cet acte que Ryan avait compris qu’elle aurait toujours des difficultés à pardonner l’abandon – à pardonner, tout simplement. Et depuis que Milow avait fait ce choix, à son tour, elle retrouvait cette colère froide. Après le volcan, l’iceberg. Parce qu’une petite voix lui soufflait quelque chose. Quelque chose d’horrible. Un murmure qui couvrait les excuses de son cadet, ses explications maladroites et sincères. Un souffle qui l’empêchait de prêter réellement attention à ce qu’il disait.

Parce que si elle l’avait fait, Ryan aurait acquiescé à chacun de ses mots, ou presque. C’était le meilleur choix sur le moment. Elle n’aurait pas été capable de le suivre à l’Extérieur, quand bien même elle l’aurait fait sans hésiter. Son corps lui aurait emboîté le pas, mais son esprit n’aurait pas survécu. Un jour ou l’autre, elle en serait morte. Et Milow se serait retrouvé seul, avec la mort de ses deux aînés sur la conscience. Rester n’était pas une option non plus ; il y avait un fantôme de trop, à The Haven, et bien trop de problèmes dissimulés à la plèbe pour qu’il puisse s’y faire un trou. Parce que Milow avait toujours eu un don pour s’attirer des emmerdes, et qu’il avait croisé la route (et échangé des coups) avec la seule personne qu’il ne fallait pas énerver. Peut-être qu’en rentrant, si elle avait écouté et comprit chaque mot de son frère, Ryan aurait cherché à en parler avec Selene. A appuyer son cas auprès du Conseil, pour avoir une chance de passer des journées avec lui dans l’Enclave. Peut-être qu’elle pourrait encore le faire, une fois qu’elle aurait craché tout ce qu’elle avait sur le cœur.

« On aurait souffert ensemble… » finit-elle toutefois par dire, la gorge serrée, le front collé contre son torse. Elle ne voulait pas le regarder. Elle ne voulait pas croiser son regard clair, si semblable à celui de la femme qui leur avait tourné le dos. Celle qui avait fait le choix « le plus sain pour tous », celle qui avait décidé qu’en s’enlevant de l’équation, tout irait pour le mieux. Ryan baissa un peu plus la tête, les épaules alourdies par un fardeau qui n’était pas vraiment le sien. Depuis le départ de leur mère, elle avait essayé de maintenir les hommes de la famille ensemble. Jesse aussi s’était prêté au jeu. Puis il était mort. Leur père était mort. Et ces deux âmes en peine étaient devenues les seuls héritiers du nom Lewis. Un vrai bordel. « T’as fait comme Elle. » Elle ne l’appelait plus maman. Ni même mère. Juste un pronom. Juste une ombre. « Tu aurais pu essayer de m’en parler. Je sais que t’as eu des contacts avec Eli, aussi. Mais moi, j’ai juste arrêté d’exister pour toi. » Peut-être que c’était faux, mais c’était ce qu’elle avait ressenti ces dernières années. La sensation lui avait brûlé les poumons, rongé l’esprit.

Il disait avoir fait ce choix pour eux. Il disait qu’il l’avait fait pour elle, parce qu’il ne voulait pas qu’elle souffre davantage. Pourtant, tout ce que Ryan entendait, tout ce qu’elle percevait à travers le brouillard froid de sa colère, c’était « moi. » Je pouvais pas rester. J’aurais pas pu. J’ai plus le droit d’y aller. Je me serais fait abattre. J’devais faire un choix. Elle se redressa lentement, membres raidis, gardant le visage fermement baissé. Elle évitait encore de le regarder, parce qu’elle se doutait que son masque d’impassibilité volerait en éclats lorsqu’elle le ferait. Elle ne voulait pas voir ce qu’il y avait en-dessous de la colère. Elle renifla, ravalant morve et sanglots, s'essuyant le nez d'un revers de la manche. « T’as été égoïste et maintenant, tu me sors le baratin des bons sentiments. Peut-être que tu te dis que c’était vraiment pour ça que t’es parti, parce qu’il fallait faire un choix pour nous. Mais la vérité, c’est que tu l’as fait pour toi ce choix, Milow. T’aurais pu essayer de m’envoyer quelque chose, de me faire passer un message par quelqu’un. Et t’es resté silencieux. T’as choisi de m’abandonner. T’as pas choisi de me protéger. T’as fait comme Elle. T’as été égoïste. T’es juste un putain d’égoïste. »

En un sens, elle ne disait que la vérité. En un sens, elle mentait effrontément. Mais qui pouvait vraiment dire lequel avait tort, lequel avait raison ? N'étaient-ils pas tous les deux fautifs, en un sens ? N'avaient-ils pas suffisamment soufferts ? Ne méritaient-ils pas un peu de paix ? Si. Bien sûr que si. Mais la colère était un sentiment plus familier que le bonheur pour eux. Alors ils s'y raccrochaient, comme des naufragés en pleine tempête. Parce que c'était mieux d'avoir les mains écorchées et le cœur en miettes que d'avoir de l'espoir. L'espoir faisait plus mal que le reste. Ils le savaient parfaitement.
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Re: You said something dumb again

Mar 19 Oct 2021 - 14:59

Il secoua la tête, laissa un sourire sans joie passer, furtivement, sur ses lèvres. Souffrir ensemble … dans tous les cas, tous deux avaient souffert, et souffraient encore. À croire que toutes les solutions n'aboutissaient qu'à ça. De la peine, des larmes, des regrets, des reproches. Milow avait l'impression qu'il n'y avait aucune issue heureuse aux derniers Lewis de la famille.

Un vent froid le traversa quand Ryan ouvrit la bouche, la mentionnant, Elle. Il se raidit, laissa ses mains, qui la maintenaient, retomber le long de son corps. Respirer lui fit mal, d'un seul coup. Il se contenta de regarder au loin, en laissant ses mots acides se faire leur chemin jusqu'à son cerveau, lui parvenant comme si elle parlait dans un bocal en verre.

C'est ce que tu crois … souffla-t-il d'une voix éteinte alors qu'elle affirmait qu'elle n'avait plus existé pour lui depuis son départ.

Au départ, il avait pensé à elle tous les jours, à s'en faire du mal, à en perdre le souffle. Mais... bien évidemment qu'au bout d'un moment, son esprit avait tenté de le sauver en l'ancrant dans le présent. Il n'oubliait pas Ryan. À aucun moment c'était arrivé et il avait songé à ça. Peut-être qu'il l'avait rangé dans la case passé, simplement, aussi douloureux et froid que cela puisse être perçu.

Il s'écarta d'elle, qui continua sur sa lancée. Égoïste, baratinages. Tu as fais ce chiox pour toi. Tu aurais dû. Tu aurais pu. Tu m'as abandonné.Tu es comme Elle. Comme Elle. Égoïste.

Tais-toi ...

Ses poings se serrèrent et sa mâchoire se contracta. Remonter jusqu'avant l'épidémie, jusqu'à une époque dont il n'avait aucun souvenir, quand Elle était là … ils en étaient à ce stade de reproche ? À ressasser le passé le plus lointain pour faire des liens stupides, pour agir de manière contre-productive ? C'était ça, qui faisait face aux excuses, si rares, de Milow ? Qui cassaient ses mots et ses convictions ?

Je suis pas comme Elle … t'as pas le droit de dire ça. T'as pas le droit.

Il darda un regard glacial et brillant sur elle, détaillant ses traits, son désespoir. Ses émotions à lui s'étaient dissimulées sous son masque de froideur comme il le faisait toujours jusqu'à présent. Puisque ressentir des choses n'aidaient pas, il allait taire ses ressentis.

T'as pas le droit de dire ça, putain Ryan …

Sa main s'agrippa à son avant-bras, sans douceur, pour la faire se tourner vers lui, pour l'obliger à le regarder. Qu'elle le regarde ! Qu'elle observe chacun des changements sur son visage, ses joues plus creuses, ses yeux cernés, sa stature plus haute, ses épaules anguleuses, sa maigreur perçant sous ses vêtements ! Qu'elle imprègne tout, tout, dans sa tête, pour qu'elle comprenne qu'il souffrait autant qu'elle et que son choix avait eu des conséquences, pour lui aussi.

J'suis un égoïste, okay. Ça aurait fais quoi si j'étais resté ?

Ses doigts se crispèrent un peu plus sur son bras, enfonçant ses ongles pourtant courts dans sa peau sans se soucier de lui faire mal, ou peur. Sa voix n'était pas forte, mais la colère et les regrets s'y discernaient.

Ça aurait fais quoi si t'étais venue avec moi ? Si j'étais resté j'me serais fais buter. Fais pas comme si tu le savais pas. Si t'étais partie avec moi, t'aurais sombré. Et j'aurais pas accepté que ce soit à cause de moi. J'suis un putain d'égoïste, ouais, parce que j'ai fais le choix qui m'arrrangeait le plus, moi, vis à vis de nous deux !

Il la relâcha sans aucune douceur, et ce geste brusque lui arracha une explosion de douleur dans ses côtes, l'obligeant à se taire pour ne pas lâcher un cri. Il referma son bras contre son buste, ferma les yeux et balança une seconde son visage en avant, le cœur au bord des lèvres, refoulant nausée et frissons de douleur.

T'as bien vu que discuter ça servait à rien, finit-il par ajouter encore. Qu'on arrivait jamais à un terrain d'entente. J'suis peut-être un gros con égoïste, alors, dis-le. Maman l'était aussi. Mais qu'est-ce qu'elle aurait dû faire d'autre, hein ?

Il braqua son regard sur Ryan, une lueur de défi, de provocation dans ses prunelles.

Faire semblant, pour notre petit bonheur à nous ? Pour qu'on grandisse dans le mensonge et qu'on finisse par lui reprocher d'être aussi malhonnête, de jouer un rôle ?

Oh, lui aussi avait souffert, et souffrait encore aujourd'hui de cette histoire avec leur mère, et il lui en voulait mortellement. Mais il fallait se rendre à l'évidence : son choix avait été le plus sain. Pour toute la famile Lewis. Quitte à les détruire.

Donne-moi ta solution, Ryan, plutôt que me cracher dessus tout ce que j'ai mal fais. Dis-moi quoi faire pour que tout aille pour le mieux dans le meilleur des mondes parce que moi, j'sais pas !
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