Ni homme, ni femme. Ni adolescent. Des sujets, des cobayes, voilà tout ce qu’ils étaient et devaient rester pour eux. Phelbs ne le comprenait que trop bien, tout comme Friedrich et même Calypso – en temps normal. Tout le complexe savait, un mal nécessaire qui les empêchait parfois de dormir mais qui restait primordial pour leurs recherches et ce, dans l’unique but de sauver le plus de vie possible. Leur époque ne leur permettait plus d’user d’autres moyens pour tester leurs expériences – ils n’en avaient plus ni le temps, ni la technologie pour. Néanmoins, ce point devait encore rester cacher aux yeux de leur communauté – c’était bien trop difficile à encaisser, pour la plupart. Et d’ordinaire, Calypso comprenait. Mais face à l’urgence et le danger imminent, la statisticienne hésitait.

Ils n’avaient pas le temps pour les paroles plus douces, et si celles de June étaient dures, le généticien ne s’échina pas à aller contre – au contraire, même. Il dépêcha Calypso à remplir son sac à dos, après avoir donné un troisième sac à June et une fois les sacs refermés, ils évacuèrent enfin. L’avocate averti les autres au talkie qu’ils évacuaient, et c’est en route – à moins de cent mètres de l’abri qui les attendait – qu’ils l’entendirent. Un avion volant droit vers le complexe scientifique. Les déflagrations retentirent, s’abattant sur le toit du bâtiment qui les abritait quelques instants plus tôt. Et puis l’avion changea de trajectoire… Droit sur eux. Sous les feux de l’appareil, l’autrichien poussa Calypso devant lui alors qu’ils courraient se mettre à l’abri relatif des arbres.

Une gerbe de terre et d’écorces passe près – trop près – de leur position, assourdissant leurs oreilles et les faisant plonger sur le côté pour éviter les obus qui s’abattaient près d’eux. A terre, à côté de Calypso et de June, le généticien les incita à rester immobiles, avant de lever le nez vers la cime des arbres. Par chance, l’avion ne fit pas demi-tour vers leur position, leur offrant un court répit. « Il est parti… Il a l’air de se diriger vers le centre de Fort Ward. Il faut les avertir. » Souffle-t-il, avant de se relever et de tendre la main à la statisticienne pour l’aider à se relever. Il aurait bien fait de même pour June, si celle-ci n’était pas déjà debout, le temps que Calypso se redresse. « Il faut rapidement rejoindre notre abri. » Lâcha-t-il, nerveusement, avant de se mettre en route, laissant le soin à June d’avertir les autres responsables via son talkie.

Spoiler:

On à des armes, des moyens de les contenir si ça devait mal tourner ! s'insurge t-elle auprès de Fried qui pourtant, commence déjà à remplir ses propres sacs. C'était comme si elle était transparente, à expliquer pourquoi les laisser ici à l'abandon relevait à ses yeux du meurtre. Et s'il tenta bien de la rassurer sur la solidité des murs, June fût moins humaine. Des sujets. Sans prénoms, déshumanisés. Je ne vous comprends pas. lâche t-elle en balbutiant, les observant tour à tour terminer de remplir leur sac avant de la forcer à faire de même. Quand à l'idée de devoir expliquer leur états aux autres... Elle doutait fort que deux personnes faméliques soient les plus à même d'inquiéter dans l'immédiat.

Mais personne ne lui laissa la possibilité de l'expliquer. Moins encore, d'insister. Ce fût presque sonnée qu'elle fût sortie du laboratoire sans réussir à lancer un ultime regard aux cobayes, meurtrie dans sa chaire à l'idée de les abandonner là. Mais elle n'eut pas le temps de s'émouvoir d'avantage que le pire restait à venir. Le vrombissement de l'avion lui fit relever la tête avant de comprendre ce qu'il comptait faire, ayant tout juste le temps d'entendre le bruit des vitres exploser alentour avant que Fried ne la jette au sol. Venant couvrir sa tête de ses mains en fermant violemment les yeux, sur le qui vive du moindre effleurement qui laisserait entendre que l'un d'eux avait été touché.

Par miracle, ce ne fût pas le cas. Quelques gerbes d'écorces atterrirent dans leur direction, mais rien qui ne les blessa franchement. Ne relevant la tête qu'en entendant Fried à ses côtés dire que l'avion se dirigeait vers le centre, acceptant la main qu'il lui tendit pour l'aider à se relever.

Tout le monde va bien ? s'enquit-elle en venant épousseter sa veste terreuse, avisant le talkie de June qui permettrait à prévenir les renfort.

On peut essayer d'avancer à couvert ? propose t-elle aux deux autres pour rejoindre l'abri.

Rien le laissait entendre que cet avion serait le seul à tenter de les prendre en chasse...

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