Le retour à l'école a été à la fois amer et rassurant. Entre ces murs, je sais que je peux profiter d'une sécurité relative. Que je ne suis plus à la merci des idées sadiques de ceux qui m'ont retenue prisonnière pendant des jours. Peut-être même des semaines. Encore aujourd'hui, j'ai du mal à savoir combien de temps est-ce que je suis restée là-bas.

Pourtant, me voilà obligée de supporter les regards inquiets de ceux que je croise quand je parviens de temps en temps à sortir de ma chambre. Les moments où je suis suffisamment en forme pour marcher sont rares, mais ils suffisent à me faire voir la pitié dans leurs yeux. Naya est constamment en train de s'inquiéter pour moi, tente de me couver comme si j'étais un petit oisillon fraîchement tombé de son nid.

Si d'habitude c'est ma meilleure amie qui s'occupe de refaire mes pansements, elle n'est malheureusement pas disponible aujourd'hui pour s'en occuper. Et c'est certainement la raison pour laquelle Michelle a été désignée pour s'atteler à cette tâche. Pourquoi elle ? J'aimerais le savoir. Ma foi, j'imagine que je n'ai pas spécialement mon mot à dire. Malgré sa présence des derniers mois, je dois avouer que je n'ai jamais pris le temps d'essayer de la connaître. Simplement parce que je ne suis pas friande des discussions du genre. Je ne suis pas douée pour ça, ne l'ai jamais été et ne le serai jamais.

Entendant frapper à la porte de ma chambre, je ne prends pas la peine de me lever de mon lit et me contente d'inviter la dernière arrivée dans le groupe à entrer. C'est ouvert, dis-je simplement. Il faut dire que je ne ferme jamais à clé, mais la précision me semblait de mise. L'instant d'après, la brune entre dans la pièce et je lui fais signe de refermer derrière elle.

Sache que je ne t'oblige pas à discuter, si tu veux te contenter de faire ce qu'on t'a demandé et repartir. Si elle n'a pas envie d'engager la conversation, je préfère lui signaler que cela ne me dérangera pas. Ma foi, si c'est tout le contraire, j'imagine que je pourrai faire un effort. Il serait peut-être temps que j'essaie de lui faire confiance.