J'en r'viens pas qu'cette mission ait été une telle catastrophe. Anton irradié et blessé, Roza qui s'est r'trouvée avec l'épaule embrochée par l'couteau cloué à la main d'un « super rôdeur ». J'me dis qu'j'aurais dû aller avec eux. Mais bon, maint'nant j'vais plus changer grand chose à tout ça.

L'truc, c'est que j'sais bien qu'la russe peut être comme moi sur certains trucs. Elle a pas trop eu l'choix que d'se faire soigner par Emilie quand elle est r'venue, mais ensuite faut la chopper par la peau du cul pour qu'elle prenne soin d'elle. Et même si elle m'a littéralement brisé l'coeur, j'suis pas une connasse au point d'vouloir qu'elle y reste à cause d'une infection ou une merde du genre.

Alors après mon tour de garde, j'ai été récupérer c'qu'il faut en compresses, bandages et désinfectant avant d'me pointer sans trop lui d'mander son avis dans les sous-terrains. J'sais qu'elle y traîne pas mal avec Val. J'cherche pas trop à comprendre ses raisons, mais au moins l'grec est pas tout seul. C'est d'jà ça.

Comme à chaque fois que j'la vois, j'sens mon cœur se serrer et la douleur rev'nir. C'est pas comme si ça allait s'effacer du jour au lend'main. Qui sait si ça passera d'ailleurs un jour. Enfin, j'ai pas trop l'choix que d'vivre avec. J'soupire un peu et m'passe ma main libre dans mes ch'veux avant d'poser le nécessaire de soin à côté d'la tatouée. Essaie pas d'négocier, faut t'soigner. Crois-en l'expérience de quelqu'un qui a failli perdre l'usage d'son bras. J'regarde rapidement Valérian qui décide de s'éloigner un peu, histoire à mon avis d'avoir sa paix et d'nous laisser un semblant « d'intimité ». Même si ça m'fait bizarre d'penser à c'mot vis-à-vis d'elle. Bref.

Vu l'mal qu'on s'est donnés à t'ramener en vie, ce s'rait bien qu'tu crèves pas dès qu'tu fous l'nez dehors, que j'lui dis sans ménagement tout en commençant à défaire les bandages en place.

J'pense que j'préfèrerais être n'importe où plutôt qu'là. Juste parc'que c'est elle. Et l'pire dans tout ça, c'est qu'il y a pas si longtemps j'aurais donné tout c'que j'avais pour être auprès d'elle. J'en r'viens pas qu'après tout c'temps j'me sois encore faite avoir comme une conne. A finalement n'être qu'cette putain d'case à cocher sur sa liste à la con. Ouais, ça m'reste en travers d'la gorge.

J'sais qu'c'est pas super sympa d'lui foutre dans la tronche tout c'qu'on a fait pour la faire v'nir ici. Mais j'trouve que j'ai encore été soft. J'me suis ret'nue d'lui rapp'ler qu'Markus est mort pour ça. Pourtant c'est pas l'envie qui manque d'lui faire mal comme elle m'l'a fait à moi. Sauf que j'suis pas comme ça. Enfin, j'essaie d'pas l'être.

Laissant la russe se déshabiller en détournant l'regard – plus pour moi qu'pour elle – j'soupire ensuite et m'contente de l'ver les yeux au ciel quand elle m'fait la r'marque sur l'fait qu'c'est qu'sa première blessure d'puis son arrivée. Bah manquerait plus qu'ça tiens. Me r'mercie pas. J'le fais juste par principe. Si ça s'infecte, ce s'ra pire et ça s'ra plus long à soigner. J'déteste l'fait d'me sentir aussi mal à côté d'elle. Qu'à chaque fois que j'vois sa tronche j'puisse pas m'empêcher d'avoir mal. D'me rappeler à quel point elle a pris mon cœur pour l'briser et l'jeter derrière elle sans plus d'considération.

Bref. J'secoue un peu la tête pour chasser ces pensées et m'décide à faire ce pourquoi j'suis venue. Alors j'me penche vers son pansement et viens l'détacher en f'sant malgré tout attention d'pas trop lui faire mal. J'suis pas un monstre, contrairement à c'que beaucoup pensent. On est pas obligées d'parler. J'suis juste là pour t'faire ton pansement et j'te laisse faire c'que t'as à faire ensuite. J'lui dis ça sans la r'garder, plus concentrée à préparer c'qui m'faut pour nettoyer la plaie. Rester dans l'silence et pas avoir b'soin d'entendre les excuses qu'elle aura essayé d'inventer cinq s'condes plus tôt, ça m'dérange pas du tout.