Alaska Thomas - Demain sera un jour meilleur
Dim 24 Oct 2021 - 21:54
Observatrice Aventureuse Diplomate Persévérante Dynamique Candide Envahissante Irresponsable Distraite Désinvolte | Quand il s'agit de ce que j'apporte tous les jours avec moi, on ne va pas se mentir, c'est assez limité. Après tout, je trouverais ce dont j'ai besoin en chemin ! Donc, bon, y a ma bonne vieille paire de chaussures qui tient la route, après je suis habillée normalement pour ne pas crever de chaud ou de froid en fonction du temps. J'ai un sac banane avec un briquet, une boussole et un stylo. Je fais l'effort d'avoir un sac pour transporter de l'eau et à manger, parce que c'est toujours mieux de pas avoir à chercher partout. Puis en cas de nécessitée extrême, j'ai une nasse pliable... pour les poissons et les crustacés hein ! Vous voulez que j'en fasse quoi d'autre ? Après, comme tout le monde j'ai dû apprendre à me défendre, en général je cours, mais si je dois me battre, j'ai mon couteau de plongée qui ne m'a jamais lâchée ! On va dire que je suis assez banale dans mon excentricité, je mesure un mètre soixante-douze pour cinquante-cinq kilos, bon, j'ai un peu la dalle ça vous vous en doutez. J'ai un physique assez plat et fluet, même si à force de m'activer tout le temps, j'y cache pas mal de muscles. Je suis rousse, avec des cheveux qui tombent vers mes épaules. Accessoirement, je suis aussi couverte de tache de rousseur, au moins on pourrait pas me demander si je suis une fausse rousse ! J'ai la preuve partout sur moi. J'ai des yeux marron, y a pas grand chose à dire dessus. Et puis après je m'habille assez basiquement, mais faut que ce soit pratique avant tout ! Aussi, j'ai une cicatrice sous tout mon pied droit et une autre qui traverse mon omoplate gauche, mais bon rien de grave ! |
Enfin bon, y a pas que ça... Y a mes défauts aussi, et là, ça fait mal. Déjà, on pourra me dire que je suis candide. Je pourrais mentir en disant que c'est juste de l'optimisme, mais ce n'est plus vrai maintenant. Avant oui, j'étais optimiste, je voyais toujours le bon côté des choses, je croyais que la vie nous sourirait toujours un peu malgré les coups durs. Maintenant, je m'accroche à cette idée, à ce besoin absolu de voir le meilleur de ce monde affreux. Comme je le dis si bien, demain sera un jour meilleur. Je pourrais oublier les pires horreurs en me rappelant cette petite phrase. À cause de ça, on me dit souvent que je suis irresponsable, car je ne fais pas la part des choses et que je me déconnecte de la réalité. Je ne suis pas vraiment d'accord, mais dans le fond, j'en ai pas grand chose à faire. Peut-être mon côté désinvolte ? Au pire, je roule des yeux, je souris et je passerais bien vite à autre chose puisqu'il parait que je suis distraite. Bon, je l'accorde que je décroche parfois de conversation importante ou que mon attention se détache pour vagabonder, mais c'est aussi comme ça que je peux observer des choses que les autres ne voient pas ! Bon, par contre, quand je suis en communauté, j'ai tendance à vite devenir envahissante, justement parce que je suis candide, distraite et tout le tralala, oui être seule c'est pas terrible, du coup être au contact d'être vivants, ça donne envie de parler, d'être présente dans le moment.
Et au final, bah, on en oublie mes bonnes qualités plus on me connait et je deviens juste cette personne aggaçante dont on arrive pas à se débarrasser, vous voyez le genre ?
J'ai pas eu une mauvaise vie honnêtement, bon oui, c'était pas le luxe c'est sûr, mais au moins, je m'en suis sortie. Ma mère était une junkie et mon père était un alcoolique, ma relation avec eux a toujours été très distante, c'était plutôt mes géniteurs que mes parents. Avant ma naissance, il y avait eu mon grand frère, qui lui était voulu, mais c'était aussi leurs plus gros regret. En fait, ils ne s'attendaient vraiment pas à ça, je veux dire à élever un enfant quoi. Moi par contre, on a appris que j'existais le jour... enfin la nuit où j'ai décidé de sortir du ventre de ma mère. Ouais, je suis un déni de grossesse et je suis bien contente de ne pas connaître la tête qu'ils ont fait en apprenant la nouvelle.
En tout cas, on voit bien leur état de panique à mon prénom. On leur a demandé pour l'acte de naissance et ils n'ont vraiment pas fait un seul effort. On vit où ? En Alaska ? Bah tiens, appelons-la comme ça. Non mais pourquoi pas m'appeler États-Unis pendant que vous y êtes ? Bon, j'exagère peut-être un peu, mais je suis presque sûre que c'est proche de la vérité. Enfin bref, ça m'aurait valu quelques railleries, mais rien d'insupportable et au final, j'aime plutôt bien mon prénom.
J'ai vécu toute mon enfance et adolescence avec ma famille dans un mobile-home. Ma toute petite enfance, j'en ai peu de souvenirs. Je sais que mon père travaillait, que ma mère s'occupait de nous quand elle n'était pas engluée au canapé. Quand j'avais cinq ans, il y a ma petite sœur qui est arrivée, bon, c'était pas aussi surprenant que pour moi, mais assez pour que ma mère ne puisse pas avorter. Elle ne s'en cachait pas du tout et clairement, ils étaient pas ravis d'avoir un autre enfant à charge sachant qu'on était déjà très pauvres. À partir de là, la situation à la maison était simple : Mes parents avaient leur chambre et nous, on se partageait un lit à trois. Mais au moins, on se soutenait et on s'aimait et ça, je sais que c'était pas le cas de pleins d'autres gamins autour de chez nous.
J'ai grandi en jouant à des jeux inventés à l'aide de trois cailloux, d'un bout de ficelle et de beaucoup d'imagination. Mes seuls amis étaient ma famille, quand je n'étais pas avec eux, je m'aventurais seule dans la nature. C'est d'ailleurs quelque chose que j'ai conservé, ce goût de l'extérieur, de la découverte. Et puis des fois, quand mon père n'était pas complètement déchiré, il nous emmenait pêcher. Bon on avait une canne à pêche pour trois et on aurait dit qu'on se faisait pêcher à la place du poisson, mais c'était génial, j'adorais ça. Je crois que c'est ce qui a planté la graine de ma passion pour la mer. Au delà de tout ça, j'ai toujours été une enfant studieuse qui adorait en apprendre plus sur le fonctionnement des choses. Et puis en grandissant, j'ai continué en ramenant de bonnes notes du collège et du lycée. Je m'accrochais au mieux, car mon frère me disait toujours que moi, j'étais capable de sortir de ce trou. Lui, il travaillait pour nous donner le meilleur à ma sœur et à moi. Ah oui d'ailleurs, mon frère il s'appelle Jeremy et ma sœur Agathe.
Donc, j'ai écouté mon frère toute mon adolescence, j'ai travaillé, même s'il faut l'avouer, je passais mes week-ends à m'échapper pour rejoindre des pêcheurs en mer ou trainer à la plage. Je crois que mes occupations n'arrangeait pas mon cercle de connaissances, me laissant très souvent solitaire car je devenais vite trop envahissante pour les autres. Finalement, à mes dix-huit ans, entre mes excursions et mes efforts en cours, j'ai réussi à avoir une bourse pour étudier mon métier de rêve à l'université de l'Alaska du Sud-Est à Juneau. C'était loin de la maison, j'ai dû prendre un prêt et mon frère continuait régulièrement à m'envoyer de l'argent, mais grâce à tout ça... J'ai été la première diplômée de ma famille ! Enfin en tout cas depuis un moment. Et puis au delà de ça, certainement la plus chaste aussi. Aucun copain, aucune copine, peut-être parce que je me focalisais trop sur mes cours ou alors que je me suis jamais penchée sur l'idée.
À mes vingts-deux ans, après quatre ans d'études, j'avais ma licence et j'étais prête à prendre une année sabbatique de voyages en mer. C'était mon rêve depuis des années maintenant et j'avais obtenu une expédition de plusieurs mois avec des biologistes marins et des océanologues expérimentés, une dizaines de personne en me comptant. Une opportunité parfaite pour choisir une spécialisation et perfectionner mes connaissances dans un master ou un doctorat par la suite. En plus, je serais payée pour ça et je pourrais aider ma sœur qui allait elle-même rentrer en études supérieures.
C'était magique, on était coupé du monde, mais en même temps tellement connecté à celui-ci. On faisait des études théoriques, des prélèvements d'échantillons, de la plongée. On m'a même donné mon propre couteau de plongée à l'époque, et c'était tellement pratique ! Bien sûr que tout n'était pas rose, le fait de pouvoir parler à ma famille me manquait, mais ce n'était pas avec notre unique téléphone satellite qu'on allait faire grand-chose. J'essayais un maximum d'oublier afin de profiter du moment et de ma vie qui m'éblouissait de bonheur.
Fin Octobre - Novembre 2015 - Océan Pacifique Nord - Fin du voyage
Vers le milieu du dernier mois d'expédition, on avait reçus quelques d'appels sur le téléphone satellite, des avertissements comme quoi il y aurait une épidémie à terre et qu'il faudrait rentrer avec précaution au port. Les autres avaient presque finis leur travaux, mais ils ne souhaitaient pas abandonner les derniers prélèvement sur les dire d'une maladie quelconque. Bien sur qu'il y avait quelques inquiets, mais pour la plupart, leur vie était l'océan et celui-ci passerait en priorité.
Un soir, peut-être une semaine plus tard, on a reçu un appel confus de la part d'une proche du chef de l'expédition, et c'est là qu'ils ont voulu rentrer. D'après ces dires, c'était le chaos, les gens perdaient la tête. Entre les nouvelles d'une épidémie et les inquiétudes de cette femme, le matériel fut récupéré à la hâte pour repartir en direction de Juneau.
Bien entendu, tout ne s'est pas passé comme prévu. Le radar a commencé à déconner et s'approcher de la ville n'était pas la meilleure des idées. C'était pas inhabituel de trouver des petits morceaux de glaces en mer à cette période de l'année et personne ne voulait prendre la responsabilité d'abimer le bateau. À bord nous avions une petite radio qui émettait à courte portée et donc, nous avons décidé de nous en servir en s'approchant doucement, c'est alors qu'on a commencé à entendre deux choses : des messages d'urgence mélangé à un silence pénible. Là, les risques d'abimer légèrement le bateau paraissaient futiles et la décision fut vite prise : aller voir. La ville semblait plongée dans un silence de mort, les bateaux étaient en pagailles près des quais, certains semblaient en mauvais état sans qu'on réussisse réellement à comprendre pourquoi.
Un peu plus loin dans la ville, il semblait y avoir de la fumée qui s'élevait. Les questions émergeaient : Qu'est ce qu'il s'était passé ? Comment une maladie pouvait faire ça ? À quel moment on s'était retrouvé dans cette situation ? Est-ce que les gens étaient vraiment devenus fous ? Comment se rependait la maladie ? Et surtout, est-ce qu'il fallait y aller ?
Moi, je ne pensais qu'à une chose, comment va ma famille ? Ils vont bien, c'est sûr, Jeremy s'occupe d'eux, oui. Un vote fut fait, débarquer ou se renseigner. La majorité choisi de se renseigner, longer la côte, voir ce qu'il se passait ailleurs.
Décembre 2015 - Océan Pacifique Nord - La déception
On est passés à côté de plusieurs petites villes côtières, le constat était le même. Un calme constant et anormal. Je crois qu'on était tous effrayés à l'idée d'accepter la vérité ou l'inconnu, alors on se disait que les habitants avaient dû être évacuer. Et ainsi venait la question : est-ce qu'il fallait s'approcher en sachant qu'on pouvait être contaminé par quelque chose ? Dans la plupart des petits ports, on n'y trouvait même pas un bateau, comme si tout le monde était parti. Les nerfs commençaient à lâcher, les appels répétitifs à la radio et au téléphone satellite ne donnaient rien d'autres que des grésillements. Je continuais à me convaincre que tout le monde devait être en sécurité, qu'on nous avait juste oublié. Tout irait bien. Et puis ce n'était pas des grandes villes, il faudrait voir à Vancouver, là-bas il y aurait du monde c'est certain !
Les autres n'étaient pas aussi optimiste que moi et c'est d'ailleurs pour ça qu'on s'est arrêté à Port Hardy. L'endroit était comme les autres, sans vie. En s'approchant pour débarquer, tout semblait propre, mais abandonné. En réalité, le port avait été nettoyé par les intempéries. Puis arrivaient quelques détails inquiétants, mon regard avait glissé sur une cabine dont les fenêtres étaient rouges sangs, pourtant, je n'en disais rien, continuant à observer. Nous avons fini par débarquer. Le bateau s'écrasa lourdement contre le ponton en béton, rayant sévèrement la coque jusqu'à ce que le chef d'expédition commence à engueuler la personne manœuvrant. Le silence était brisé d'éclats de voix, mon attention vagabondait et mon oreille se focalisa sur des coups répétés. Je laissais échapper un léger Silence..., puis les coups se faisant plus bruyants, plus agressifs, tout le monde s'arrêta de parler.
Des secondes qui semblaient être une éternité laissèrent l'horreur s'installer sur nos visages quand la porte de la cabine s'ouvra. Des personnes émergèrent, couvertes de sang sec, l'une d'entre elle manquant un bras. Elles se dirigeaient vers nous. Instinctivement, j'avais reculé de quelques pas, regardant les autres qui étaient aussi paralysés que moi. Je fermais les yeux avant de dire bêtement Vous avez besoin d'aide, vous allez bien ? Quelles questions stupides. Aucune réponse autre que des râles ne s'adressaient à nos oreilles. Des ordres furent jetés : On repart, maintenant !
Le bateau finit par se décrocher légèrement du quai, une océanologue utilisant son couteau pour couper le cordage, se faisant agrippée et mordre violemment. On s'est mis à plusieurs pour la retenir alors qu'on reculait en dehors du port. Le choc était immense, pourquoi l'avoir attaquée, est-ce qu'ils étaient les malades ? Vous connaissez la suite, la femme tomba malade, la fièvre l'emporta et la réveilla...
On s'était mis à stagner en mer un peu plus loin, inquiets de ce qu'était devenu le monde. Quant à la femme, elle avait fini par remonter des entrailles du bateau jusqu'au pont, sautant sur l'âme la plus proche, moi en l’occurrence. Non, mais qu'est ce que tu fais, calme-toi ! Tu me fais mal ! lâchais-je en m'écroulant, me débattant alors que d'autres essayaient de la saisir. Je revoyais les hommes, non les bêtes qui lui avait sauté dessus en elle. Un coup de couteau fut donné, elle ne broncha pas. La lutte continua, ses dents frôlant mon visage. Je la repoussais comme je pouvais. Je me souviens d'avoir roulé un instant, de ne plus sentir de poids sur moi et rouvrir les yeux sur sa silhouette passant par dessus bord.
Printemps 2016 - Océan Pacifique Nord - La faim au ventre
On avait tous eu tellement peur qu'on erra en mer en priant que la coque ne nous lâche pas. On s'était tout de même rapproché de Vancouver en continuant d'essayer de joindre des personnes avec notre radio. Sur notre chemin, nous avions vu quelques bateaux à la dérive, parfois avec des cadavres dévorés qui ne calmaient pas nos inquiétudes. Je m'étais isolée en cabine pendant plusieurs semaines, refusant d'avoir un quelconque contact avec les autres. En réalité, je tentais d'effacer les images de l'océanologue de ma tête.
Les autres avaient tentés de comprendre ce qu'il se passait. Une maladie qui rend les gens fous après une morsure ? Pourquoi ils se déplaçaient avec un seul bras comme si de rien était ? Ou alors se taisait après un coup de couteau... Pourquoi tout était calme en arrivant et pas après ? En tout cas ces problèmes semblaient presque risible car la nourriture et l'eau manquaient cruellement malgré un rationnement poussé. Au moins, le froid quittait peu à peu nos corps pour laisser place à un temps plus agréable.
Par ailleurs, le chef d'expédition décida de se donner la mort une nuit, il s'était pendu. On le retrouva agitant frénétiquement les bras vers nous, les yeux injectés, suspendu au plafonnier. Sa fin nous apporta à la fois des réponses, mais aussi plus de questions. On essaya de lui parler, il agrippa quelqu'un qui était trop près. À contre cœur, le second tenta de lui porter un coup au cœur, rien ne se passa. Finalement, le plafonnier lâcha, la panique s'éleva, les coups partaient dans tous les sens, une barre finit écrasée dans le crâne du chef, le rendant inerte. Deux personnes avaient été mordues pendant la lutte.
Je ne me rappelle plus de grand chose après ça, juste d'une vive douleur à mon pied après un bris de verre. Je crois avoir entendu des supplications. Puis quelques plouf sonores plus tard, nous n'étions plus que six à bord.
Été 2016 - Neah Bay - Le naufrage
On payait désormais le dernier débarquement très cher, de l'eau commençait à s'infiltrer à bord. J'avais été en convalescence quelques temps après une vilaine coupure sous le pied et à ce moment précis, quelque chose s'est passé dans ma tête : après toutes ces épreuves, c'était forcément un signe qu'on devait retourner à terre, que la situation avait dû s'améliorer ! Les autres n'avaient pas le même avis, mais ils se résignaient, nous n'avions plus rien. Ils refusèrent d'aller en ville. Leur idée était de débarquer assez proche, mais aussi assez loin d'une ville pour ne pas se faire agresser en coinçant le bateau déjà irrécupérable dans un rivage. Et c'est ce qu'il se passa, on s'écrasa au sud de Neah Bay.
Après un peu de marche, mais aussi de course pour éviter un malade, on a atterri dans un petit lotissement légèrement à l'écart de la baie. On s'installa dans une maison, barricadant légèrement, fouillant les barraques alentours. On rencontra de plus en plus de contaminés... mais aucun vivant.
Automne et Hiver 2016 - Neah Bay - L'adaptation
On s'est finalement résigné à devoir abattre les infectés, c'est eux ou nous. Et puis qui sait, peut-être qu'en les tuant à un moment il n'y en aura plus non ? Les autres sont pas d'accord, mais moi je pense que c'est une vraie option, en tout cas, je veux y croire. Au fait, vous vous demandez peut-être pourquoi je les appelle les autres ? Vu qu'ils ne sont plus avec moi maintenant, j'ai oublié leurs noms ou peut-être que je ne veux pas m'en rappeler. Bref, on a croisé des malades qui quittaient la ville un peu au nord, on a pu récupérer du matériel, de la nourriture, de quoi passer l'hiver en sécurité. Par contre, je crois que les autres ont abandonnés de se rapprocher des grandes villes, ils n'ont même pas voulu récupérer la radio ou le téléphone, ils les ont abandonnés au bateau. Je ne comprends pas pourquoi ils veulent s'isoler, mais je sens qu'il n'aime pas trop que je pose des questions à ce sujet, ou que j'insiste pour chercher des gens.
Année 2017 - Neah Bay - La routine
Après quelques temps, on avait fini par se construire quelques barricades et un petit jardin, chaque jour se ressemblait un peu plus. On allait vérifier les alentours pour sécuriser le périmètre, puis je partais explorer ou courir dans mon coin contre l'avis de tout le monde. Quand les malades étaient calmes, on allait plonger dans les eaux peu profondes pour récupérer des fruits de mer, on rentrait, on mangeait et on recommençait. Je sentais bien que je leur tapais de plus en plus sur les nerfs avec mes idées, ma façon d'être, moi en fait. Il disait que je n'acceptais pas la réalité. Ils ont attendus la fin de l'hiver et finalement, ils m'ont juste annoncé que je devais partir. Ils m'ont sortis pleins d'excuses, mais qui a besoin d'eux pour voir de meilleurs jours, pas moi non ? J'ai pris le sac de nourriture qu'on me tendait, le matériel, et je m'en suis allée.
Année 2018 - Routes autour du Parc National Olympique - L'errance
Au début, j'ai eu du mal à accepter ce rejet malgré le déni qui hantait mes pensées. Je suis restée vers Neah Bay plusieurs semaines, j'avais peur d'aller plus loin toute seule. Qui plus est, la zone était devenue calme avec les patrouilles régulières. Je n'arrêtais pas de me répéter que demain serait un jour meilleur. Et puis, j'ai commencé à bouger. Moi j'y croyais, il y avait des gens quelque part, tout ne pouvait pas être perdu, c'est sûr que loin en Alaska, Jeremy et Agathe vivaient et m'attendaient.
J'ai marché en direction des villes qui me semblaient les plus grandes en suivant les panneaux. J'ai appris à me battre un peu plus par moi-même, reconnaître les endroits à éviter, être plus discrète et surtout à courir. C'était devenu une occupation, une échappatoire, ça me défoulait et me permettait d'éviter les dangers. Par moment, je croyais entendre des gens qui parlaient, ou de l'activité, mon cœur balançait et je me déplaçais pour ne tomber que sur des mirages fabriqués par mon esprit.
Hiver 2018-2019 - Alentours d'Olympia - La découverte de soi
Mon premier hiver seule était assez doux et ce seul fait m'a convaincue que la bonne étoile était de mon côté. À cet instant, mon optimisme avait définitivement basculé dans une candeur constante. J'apprenais à apprécier de nouveau mon envie de découverte et d'aventure, me glissant dans la grande ville d'Olympia pour y récupérer quelques ressources. J'ai commencé à croiser de loin des gens vivants. Je dis bien de loin, car la plupart du temps ils étaient méfiants et m'évitaient. Pourtant, à force de persévérance et peut-être un peu d'idiotie, je me retrouvais à prendre au dépourvu quelques personnes pour discuter avec eux. C'est comme ça que j'ai appris l'existence d'un endroit s'appelant The Store où il serait possible de faire des échanges.
J'ai passé le reste de l'hiver à chercher l'endroit, essayer de convaincre quelques personnes de m'échanger un peu de nourriture contre des ressources trouvées ou des services. Après, c'est aussi la période où j'ai perdu le plus de poids. J'avais faim tout le temps, bien plus que je n'avais eu faim sur le bateau. Souvent, je n'arrivais plus à me rappeler quand est-ce que j'avais mangé pour la dernière fois. Pourtant, je me réconfortais en me disant que le printemps ramènerait des fruits et des légumes sauvages. Je n'avais aucune idée d'où en trouver, mais je me focalisais sur cet espoir.
Année 2019 - Alentours d'Olympia - Vivre libre
J'avais fini par trouver ce fameux lieu de troc, y rencontrant beaucoup de personnes plus ou moins solitaires. J'en profitais pour en apprendre plus sur ce monde dont j'avais été quand même très isolée. Chaque information que je pouvais avoir gratuitement était précieuse. Quant à celles qu'on ne voulait pas me fournir, j'essayais de les avoir en échange de services. Après soyons honnêtes, ce n'était pas non plus ma plus grande priorité. Là, je voulais surtout manger. J'essayais aussi de trouver un endroit où passer mon prochain hiver, un lieu où je pourrais me rendre utile et ne pas mourir de faim ou de froid. Car en dépit de mon côté candide, je n'avais pas oublié la douleur qui avait creuser mon ventre pendant l'hiver.
Toute cette année se résuma à explorer, dénicher des objets ou des informations échangeables, survivre et finalement, vivre. En fait, j'avais accepté que la survie ne devait pas guider seule mon esprit... Ou alors je m'étais enfermée dans l'idée de profiter, car rien ne pourrait m'arriver, je sais pas. À côté de mon état d'esprit, j'ai eu pas mal de surprise, je me suis fais arnaquée de nombreuses fois d'ailleurs. Au moins, j'ai appris à marchander en oubliant un peu les bons côtés des autres le temps de l'échange. Après quelques mois, j'avais fini par me rapprocher de quelques fermiers qui vivaient à Delphi, je leur échangeais du matériel qui se trouvait uniquement en ville contre de la nourriture. C'est comme ça qu'ils m'ont proposé de les rejoindre pendant l'hiver, car je cite : Tu seras plus utile vivante, surtout vu que tu refuses aucune commandes.
Hiver 2019-2020 - Printemps 2020 - Delphi - Le refuge
Je m'étais pas faite prier. On me proposait un toit au-dessus de la tête sans parler de nourriture dans mon assiette, c'était une offre impossible à refuser. Les premiers mois d'hiver se paissaient assez bien, on me demandait d'aider avec quelques animaux et à la cuisine, je faisais de mon mieux. Je prenais chaque tâche avec un sourire, une attitude positive, ne disant non à rien pour leur prouver ma gratitude. C'est comme ça que je me suis retrouvée dans une situation que je tâche d'oublier.
Les réserves n'étaient pas très bien protégées étonnement et un voleur décida de passer par là. Bêtement, j'ai accepté de retrouver la nourriture qui avait été emportée, en plein hiver, sous un temps humide qui porte la mort. J'ai marché quelques heures avant de tomber sur une petite boutique barricadée, j'ai frappé. Quelle idée on me dira. De l'agitation se fut vite entendre, j'élevais la voix : Je veux juste récupérer ce que vous avez pris. La porte s'ouvra légèrement pour me laisser passer. Ma main droite se posant sur mon couteau par réflexe.
Tout s'est passé si vite par la suite. Mon premier pas à l'intérieur m'arracha un cri alors qu'une lame tranchait ma peau sur toute mon omoplate. J'avais sorti mon arme, me retournant dans la direction de ma souffrance, poignardant le danger jusqu'à ces cris cessent. Ma vision troublée de larmes, mon dos pissant le sang que je ne pouvais distinguer de celui sur mes mains. Je ne pus m'empêcher de vomir en observant le corps d'un enfant et les quelques ressources déjà entamées.
Après ça, j'ai perdu la notion du temps. Je sais que je suis rentrée trempée et dégueulasse. On m'a dit que je murmurais une phrase en boucle et que je sursautais dès qu'on me touchait. Je suis restée là-bas jusqu'à ce que ma blessure se soigne, vers le milieu du printemps. Après... Je suis partie sans me retourner.
Été 2020 - Été 2021 - Alentours d'Olympia - La folie douce
J'ai laissé le passé derrière moi. J'ai continué à avancer en oubliant de vivre comme je me l'étais promis. J'étais en pilote automatique pour tout l'été je pense. J'avais fini par me faire une petite planque, où j'entassais des objets qui pourraient me redonner le sourire. Je me rappelle me paralyser parfois face aux jouets d'enfants, encore aujourd'hui. Au fond de moi, la culpabilité me rongeait. Je n'arrivais même pas à me rappeler si je l'avais achevé. Et cette pensée même me faisait trembler.
Lors de mes échanges, j'entendais de plus en plus de conversations parlant de Seattle et de l'état tendu là-bas. J’omettais le négatif pour me focaliser sur le fait qu'il y est assez de personnes là-bas pour créer des conflits, ce qui voulait dire... quoi déjà ? Je n'arrivais pas à aligner mes pensées. Une partie en moi me criait de m'y rendre et l'autre, tapie sous mon grand sourire m'hurlait dessus que je ne méritais pas d'y aller. L'automne continua de la même façon, dans un brouillard routinier, récupérer ce que je pouvais, explorer des endroits déconseillés pour mettre de la nourriture de côté pour l'hiver. Celui-ci, je l'ai passé seule, enfermée du monde.
Lorsque le printemps est arrivé, la partie coupable de ma personne était morte au fond de moi. Je ressortais pour profiter du monde avec ma candeur revenue à son état originel. Les horreurs que je pouvais voir semblait me glisser bien plus dessus. J'avais pris une décision simple, trouver des personnes avec qui rester pour de bon d'ici le prochain hiver. Et pas de fermiers non. C'était une limite bizarre à me donner, mais c'était celle qui me faisait tenir.
Juillet 2021 - Olympia - Une nouvelle amie
Alors que je m'apprêtais à quitter Olympia, une nouvelle menace fit surface, des malades qui courraient, ouvraient des choses, en fait, se comporterait presque comme nous en regardant de loin. Même à moi, ça me foutait des sueurs froides de me dire qu'ils pouvaient se terrer dans mon dos. Pourtant, je n'en avais pas encore vu, j'en avais juste entendu parlé. Toutefois, au cours d'une journée chaude, j'ai rencontré une personne perchée à une fenêtre en train d'observer une carte maritime en sale état. Elle me regarda depuis là-haut, l'air décontracté avant de m'interpeller. Très vite, une discussion s'est entamée entre nous, en plein milieu de la rue.
Cette femme s'appelait Alice, elle était un peu plus vieille de moi. On avait fini par discuter de ce qu'on faisait ici, elle m'avait parlé du fait qu'elle cherchait des cartes à ramener avec elle. Je lui avais proposé mon aide en lui disant que j'avais quelques bases. Au bout d'une vingtaine de minutes, on fouillait ensemble. Après quelques temps, elle commença à m'expliquer vaguement qu'elle vivait avec un petit groupe et qu'elle pourrait peut-être me présenter. Avant de pouvoir en savoir plus, la porte pourtant fermée s'ouvra doucement, laissant échapper un long grincement. C'était un de ces monstres dont tout le monde parlait.
Une lutte commença, pendant laquelle je me tapais fortement la tête contre un meuble. Je m'étais battue sonnée, avec l'aide de la femme. La créature finit par s'effondrer au sol. Alice m'informant qu'il valait mieux ne pas trainer ici, alors je me hâtais à mon tour vers la sortie. À cet instant, aucune de nous deux n'avait conscience de ma blessure et alors qu'on se séparait, mes yeux commençaient à me faire voir arcs-en-ciel de couleurs. J'entendais quelques mots : groupe... cherch... Seattle. Un quoi inaudible était sorti de ma bouche. Après ça, je me suis réveillée dans ma planque avec du sang séché à l'arrière de ma tête... et surtout un sacré mal de crâne.
Octobre 2021 - Les S.T.A.R.S
Suite à la rencontre avec Alice, j'avais tenté de me renseigner, voir si quelqu'un la connaissait à Olympia, mais je faisais chou blanc. Dans ce cas, il ne me restait plus qu'à me diriger vers Seattle, je ne sais pas ce que j'y cherchais, mais mon envie d'y aller et la bride de mots que j'avais enregistré étaient suffisants pour moi. On m'indiqua l'emplacement d'un endroit similaire à The Store, alors c'est là-bas que je me suis rendue.
J'y ai passé des semaines à survivre, demander à quiconque s'il connaissait une Alice en la décrivant. C'est là que j'ai rencontré un bel homme qui me regarda avec un sourire en coin, lançant une seule phrase. Je sais où elle est. C'était tout ce qu'il me fallait pour le suivre, sans poser plus de questions. C'était un signe du destin non ? Qu'est-ce qu'il pourrait bien m'arriver.
Basiquement, ma journée consiste à trouver une tâche à accomplir, me lancer dedans en profitant de la vie. Alors oui, il y a des choses autour, c'est sûr. Par exemple, le matin, je m'occupe un peu de moi, je me brosse les cheveux avec les doigts ou alors une brosse quand j'en trouve une. Un peu d'eau fraiche, enfin, je reste propre quoi. Parce que je sais pas si vous avez remarqué, mais quand vous puez, les gens sont pas super motivés à vous parler. Après ça, je réfléchis à ce que je dois faire ou ce que je veux faire, je récupère ce dont j'ai besoin et je me lance. J'erre par-ci par là, guidée par mes envies, je mange si je peux me le permettre. Je fais ça jusqu'au soir, avant d'essayer de trouver le sommeil. Après mes tâches peuvent varier clairement ! Et puis depuis que j'ai atteint les S.T.A.R.S, c'est la même chose, sauf que j'attends qu'on me dise ce que je dois faire pour la journée. De toute façon, je suis pas très compliquée et je m'oppose rarement à ce qu'on me demande, sauf si j'ai une bonne raison ! De toute façon, j'ai pas vraiment de routine, je prends la vie au jour le jour.
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Re: Alaska Thomas - Demain sera un jour meilleur
Dim 24 Oct 2021 - 22:07
- Elliot Müller
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Re: Alaska Thomas - Demain sera un jour meilleur
Dim 24 Oct 2021 - 22:10
ANAPHORE
- Neela J. Yeo-Jeong
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Re: Alaska Thomas - Demain sera un jour meilleur
Dim 24 Oct 2021 - 22:10
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Re: Alaska Thomas - Demain sera un jour meilleur
Dim 24 Oct 2021 - 22:30
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