« Félicitations dans ce cas, Mr. Blackbird, j’espère que vous aurez la chance d’avoir un mariage heureux. » formula t-elle. Il y avait de quoi se réjouir. Peut-être qu’en enchaînant plusieurs bonnes nouvelles de se genre, la communauté pourrait mettre derrière les barreaux les rebelles, et derrière eux les terribles soulèvements qui avait prit la vie à tant de gens. Bien trop de gens. Peut-être était-ce bien superficiel de sa part de tenter de se réjouir, face à tant de morts il y a seulement quelques jours de cela. Mais c’était la réalité de la jeune femme, et il était certainement facile de lui en vouloir.

« Je serais une carpe, je vous promet de ne rien divulguer. » affirma t-elle sur le ton du secret, amusée d’avoir été mise dans la confidence alors qu’elle ne le connaissait que depuis quelques minutes. C’était donc une surprise, Daisy espérait que cette fameuse Hailey s’en réjouirait. Il arrivait parfois que ce genre de surprise ne soit pas forcément très bien prise. Mais à New Eden, ces cas, étaient bien rare à n’en pas douter. « Non, je ne savais pas que vous aviez perdu votre épouse, j’en suis profondément désolée. » La perte d’un proche, d’une épouse, d’un père était toujours quelque chose de douloureux. Il semblait pourtant regarder vers le futur et non se morfondre dans un passé et dans une relation désormais révolue. C’était très courageux de sa part, Daisy hocha la tête. « Je suis ravie de savoir que vous regarder vers le futur, il est important de se souvenir et de ne jamais tomber dans trop de mélancolie, même si celle-ci peut s’avérer bien confortable. Votre impatience se ressent. Même si je ne connais pas votre future fiancée, je suis certaine que vous saurez la rendre heureuse. Il n’est pas bon de trop se précipiter, mais il ne faut pas louper une opportunité qui se présente. N’est ce pas ? »

Des enfants avec Newman, voilà un sujet qui finirait sur la table bien plus rapidement qu’elle ne pouvait l’imaginer. Et tout ce qui pouvait aller avec faire ces dits enfants. Daisy n’avait pas de prétention à ce sujet, même si elle devait l’avouer, elle préférait autant avoir des garçons. L’idée, en tant que mère, de devoir se défaire de ses filles aussi rapidement qu’elle avait été à son frère et son père lui fendait le coeur. Mais si c’était ce que Dieu avait en réserve pour elle, alors elle s’y plierait volontiers. Mais au fond, au fond elle savait.

« J’imagine que quelques garçons ressemblant à mon futur époux ne serait pas une punition. » déclara t-elle faisant un trait d’humour, un fin sourire se diss sur son jeune visage. « Je n’ai pas la prétention d’avoir une quelconque préférence. Ce que Dieu veut, j’aurais. Auriez vous une préférence, Mr. Blackbird ?  » Et si c’est une fille..

« .. J’espère qu’elle sera idiote. Une ravissante petite idiote, on peut pas rêver plus beau destin pour une fille ici bas. »  

Elle préférait des garçons ? À vrai dire, elle préférait ne pas y penser. Sa préférence la rendait profondément hypocrite, et cela la chagrinait grandement. Il était préférable de ne pas trop y penser, on ne lui demandait pas de trop réfléchir d’ailleurs. Mais quand on devient parent, on ne peut s’empêcher de penser au futur de ses enfants. Elle soupire, le sujet était devenu un peu plus lourd que ce qu’elle avait pu anticiper. Daisy devait l’avouer, elle s’attendait à une conversation un peu plus superficielle, surtout que c’était bien la première fois qu’ils s’adressait la parole, mais elle ne devait pas s’en étonner, après tout, c’était elle qui avait posé des questions plus personnelles à Benjamin. La conversation la faisait réfléchir, elle se trouvait à laurée des chemins, l’un comme l’autre la menait à Ethan Newman, il s’agissait ensuite de savoir comment elle vivrait cette nouvelle vie.

C’était une part de mystère, la plus grande d’ailleurs. Personne ne savait beaucoup de choses sur la vie personnelle du médecin, pas même Daisy. Elle plongeait dans l’inconnu, la tête la première et volontaire. « Vous n’avez eu un passé facile, des tragédies même. J’espère que votre futur vous sourira, vous le méritez.. » Elle n’avait jamais entendu plus triste histoire que celle de Benjamin Black. La perte de son enfant, puis celle de son épouse ne l’avait pas paralysé, il regardait vers l’avant. Elle devait avouer qu’elle n’était certaine d’avoir cette force de caractère si cela venait à lui arriver.

« Oui, vous avez raison. Ils sont notre avenir. »

On pouvait commencer à apercevoir le district 1, la Zone Blanche, le lieu de vie de Daisy depuis quelques mois maintenant. Le pas de la jeune femme se fit un peu plus pressant, elle commençait à avoir un peu froid. Si l’heure à sa montre n’avait rien de tardive, elle préférait ne pas abuser du peu de liberté qu’elle pouvait avoir, ou encore avoir. Il n’était nécessaire de tenter le diable, et surtout le courroux de Soeur Denise, qui n’avait jamais loupé une seule occasion de remettre qui que ce soit à sa place.

« Diriger le monde, vous n’hésitez pas. » fit-elle sur le ton de l’humour. Elle ne pouvait imaginer l’un de ses enfants à la tête de quoi que ce soit. On avait certainement beaucoup d’attente pour sa progéniture. Elle eut un petit rire, qui n’avait rien de moqueur, elle était simplement amusée.

« Je crains que notre conversation ne doive se terminer, Mr. Blackbird. Je ne veux pas vous retenir plus longtemps, vous avez une demande à faire après tout.» Elle lui sourit, et incline légèrement la tête, illustrant le fait qu’elle prenait congé de l’ancien marines. « Vous serez obligé de me raconter tout ça la prochaine fois. Passez une bonne soirée, je suis de tout coeur avec vous. »