Je souris tout en finissant d’enfiler le blouson de Dimitri. Le blabla quasi incessant des trois petits est parfois aussi bienfaisant qu’étourdissant. Mais j’aime bien, surtout en les entendant rire et parler de sujets aussi légers, et puis, j’ai amplement eu le temps de m’y habituer.

« Tu crois qu’on verra des zautrusses ? Y en avait pas la dernière fois, mais peut-être qu’elles sont arrivées ! » Je retiens un nouveau sourire. « Des autruches ? Je ne suis pas sûre qu’il y en ait dans la région ma chérie. » « J’aimerais bien voir des autruches ! » « Moi aussi trésor. Mais elles ne vivent pas par ici. » Et s’il y avait des élevages, nul doute qu’elles ont depuis longtemps fini mangées. « Quand vous serez grands, vous pourrez peut-être aller en Afrique, là où elles vivent. » Il n’y a rien de mal à les faire rêver un peu. « C’est loin ? » Elle fronce les sourcils et je hoche la tête. « D’abord le parc ! On sait zamais ! » « Tout à fait ! Et peut-être qu’il y aura encore quelques canards ou des cygnes. Vous vous souvenez de ce qu’on a dit la dernière fois les concernant ? » « Ils mordent ! » « Pas zentils ! » « Ce sont des animaux sauvages, ils se protègent, mais non, ils ne sont pas très gentils. Donc il ne faut pas les embêter. D’accord ? »

Ils hochent la tête, alors que je finis d’installer Gabrielle dans l’écharpe après avoir attaché Dimitri dans la poussette. Un dernier regard pour vérifier qu’ils ont leurs gants et écharpes et nous voilà partis. C’est fou comme chaque sortie se transforme en véritable expédition dès lors que l’on inclut un enfant dans l’équation. Entre les couches, les gouters et biberons, les potentielles peluches, les éventuels rechanges, j’ai l’impression de transporter autant de matériel que d’enfants. Ce qui est probablement le cas.

Keneka et Leo continuent de babiller en parlant d’autruches, d’hippopotames et de lions, comme dans le dernier livre que nous leur avons trouvé, jusqu’à ce que nous arrivions au parc. « Keneka, on ne court pas près de l’eau. » « Ze saaaaiiis. » Ce qui ne l’empêche pas de partir en courant, du côté des arbres, suivie de près par Leo. Je détache Dimitri, et attrape sa main, l’empêchant de partir à la suite des deux autres. « On les rejoint, ne t’inquiètes pas, c’est moi qui ai la nourriture pour les oiseaux. » « Manger ! » « Pour leur donner à manger oui. » Il sautille en souriant et je rappelle les deux grands, qui courent dans les feuilles mortes.

J’aperçois une jeune femme, l’observant alors que je me rapproche d’elle. « Bonjour… Béatrice c’est cela ? » Je lui adresse un sourire. « Nous nous sommes croisées quelques fois. Je m’appelle Hailey. » « Moi c’est Keneka ! Et lui c’est Leo, et lui Dimitri ! Et elle, c’est Gabrielle ! Et ton bébé c’est quoi ? »