Cooper baissait la tête en marchant, la nouvelle année impliquait souvent de nouvelles résolutions et il allait devoir tenir celle-ci. Divorcer. Depuis ces discussions avec Elliot, il avait repoussé le moment où il devrait parler avec Min-oh, pourquoi de tous les médecins de New Eden, il fallait que ce soit lui ? Pourquoi, c’est une question qui traversait l’esprit du blond presque tous les soirs. Au détour d’une prière, la réponse lui était venu, comme une illumination. C’était une épreuve, l’une des pires, si ce n’est la pire épreuve qu’il avait subit depuis sa naissance.

Cooper allait affronter l’humiliation, le déshonneur, les remarques et les regards tant et plus, tout ça causé par la main d’un homme qui ne l’aimait pas. Mais quand ce serait terminé, Cooper aimait se dire qu’il pourrait se trouver une femme qu’il aimerait réellement et qu’il serait grandi, plus sage, plus humble aussi. Mais ces pensées réconfortantes étaient quand même bien dérisoire par rapports aux épreuves qu’il allait affronter. Arrivé devant la maison que Neela partageait avec Min-Oh, le blond hésita un long moment avant de toquer à la porte. Il ne voulait pas voir le visage de l’asiatique, cet homosexuel refoulé, qui avait exigé qu’il ne fréquente plus Neela, une chose à laquelle Cooper avait tout net refusé de prêter l’oreille.

Un coup, deux coups, trois… Des bruits de pas se font entendre et puis la porte s’ouvre pour laisser apparaitre le visage fermé de Min-Oh. En dépit de ses yeux bridés, Cooper pouvait facilement deviner que ce n’était pas la joie qui l’animait en voyant son visage. Il était déjà au courant de la raison de la présence de Cooper ici, ça éviterait une discussion gênante de plus. Ils pourraient attaquer directement la suite : « Salut Docteur. » Un instant de flottement malaisant s’installe avant que Cooper ne reprenne : « Vous savez pourquoi je viens, On peut entrer pour que vous m’en disiez un peu plus ? » Il resterait aussi poli et courtois que possible avec Min-Oh, en particulier car il ne voulait pas que son état soit définitif ou pire, que Min-Oh ne tente de l’empoisonner.

Le docteur semblait aussi ravi de voir Cooper que de voir des japonais débarquer chez lui en 1941, ça pouvait se comprendre en même temps. Il se montra cassant et pas très sympatique, mais en même temps, on ne pouvait pas lui en demander beaucoup plus. Grognant presque, Cooper lâcha : « Comme si j’avais envie qu’on se revoit. » Plus loin il serait de l’asiatique, mieux ça serait, il en avait assez de se dire qu’il était heureux avec Neela et de voir son air de supériorité typique des gens de son ethnie. Sous prétexte d’un quelconque respect ou quoi que ce soit, leurs manières semblaient tellement insultantes aux yeux de Cooper et ça lui faisait grincer des dents. Le grand blond murmura pour lui-même : « Au moins Elliot pourra suivre les progrès sans soucis. » Et elle pourra peut-être se montrer conciliante avec lui quand il s’agirait de lui prescrire les produits. Oui, Cooper avait besoin de ça en ce moment.

Vu qu’il n’était pas question de s’attarder plus que nécessaire dans ces lieux, il décida d’aller au cœur du sujet et d’ignorer complètement le reste : « Bon, quels produits je vais devoir prendre, pendant combien de temps et en quelle quantité ? » Ce serait forcément des produits toxique, pour lui-même ou pour son corps, à un moment où un autre. Il allait devoir s’empoisonner pour supprimer une fonction tout à fait fonctionnelle et normale chez lui.

D’ailleurs, il se demandait maintenant si ces produits en question ne risquaient pas d’avoir des conséquences néfastes à long terme sur lui. Et s’il restait à jamais impuissant ? Ne plus jamais pouvoir faire l’amour, pour quelqu’un comme lui, ça serait un châtiment divin effroyable : « Et… au niveau des conséquences ? A part me rendre impuissant, je vais avoir d’autres problèmes de santé ? » Sautes d’humeurs, impossibilité de dormir, dépression ou n’importe quoi ? Cooper n’était pas médecin et il avait vraiment peur de ce qui s’offrait à lui. Mais il pouvait toujours se consoler en se disant qu’après ça, il pourrait trouver une femme qui l’aimait vraiment… maigre consolation alors qu’il affrontait le regard froid du coréen face à lui.

Min*oh lui expliqua le rôle de chaque médicament et comment les prendre, Cooper nota les instructions dans son esprit, pas question de les oublier et pas question de laisser des preuves. La mine sombre, après les explications, il murmura : « Super. »et un peu plus fort et presque sincère, il dit aussi :

« Merci Docteur. » Cooper prit les diverses pilules et les plongea au fond de sa poche, sous un paquet de mouchoirs et soupira, il pourrait se lever tout de suite, il devrait se lever tout de suite. Min-oh en serait certainement ravi, mais il avait encore des questions, si bien qu’il croisa les bras et repris la parole : « Il y a encore plusieurs choses que je voudrais savoir. »

« D’accord et les difficultés à éjaculer, elles disparaîtront avec le temps où ça sera un dommage définitif ? » Assez ironiquement, un très grand nombre d’hommes dans le monde pourraient se mettre à envier ce « handicap » mais Cooper voyait vraiment ça comme une malédiction, s’il devait « limer » pendant des heures pour arriver au paroxysme, ça allait vite l’épuiser et faire de l’amour une véritable épreuve.

Et il y avait encore d’autres questions qui lui venaient à l’esprit. Une autre d’une grande importance aussi : « Je n’ai pas de risques de stérilité ou ce genre de choses ? » Homme avant tout, il aimait le sexe, mais chrétien qu’il était, il n’y voyait pas là qu’un objet de plaisir, il y voyait aussi un moyen d’accomplir la volonté de Dieu en aidant à repeupler la terre. Quand il pourrait se prendre une nouvelle épouse, il voudrait enfanter avec elle et s’il était stérile, il risquait de ne jamais s’en relever…

Et une dernière question, parmi les plus pragmatique peut-être et évidente : « Et… je vais ressentir les effets au bout de combien de temps ? De tout ça. » Car ce n’est pas comme si sa vie sexuelle était de toute façon active et il se demandait encore comment il allait faire pour « faire un test » sachant qu’il n’avait pas de pornographie et qu’il n’était pas très doué pour les fantasmes dans sa tête.

Cooper approuva de la tête, notant encore pour lui-même les paroles du médecin, professionnel, il n’y avait rien de plus à dire ou ajouter. Il joua quelques secondes de ses doigts sur la table pour chercher d’eventuelles tares génétiques ou des problèmes de santés chez lui. Mais il ne trouva rien, il était grand, beau et en bonne santé, comme tous les Ross digne de ce nom. Donc non : « Je n’ai pas de maux ou facteurs de risques, pas que je sache du moins. »

Le docteur le regarda en silence, pas besoin d’en dire plus, il valait mieux partir maintenant. Ils n’avaient rien à se dire, si ce n’est des paroles désagréables : « Je crois que nous en avons terminé. » Le grand blond se leva doucement, remettant son manteau et il eut un sourire, pas vraiment sincère, envers l’asiatique : « Merci de votre aide docteur. » Se montrer courtois dans le cas présent pourrait peut-être lui éviter d’être empoisonner par des médicaments trafiqués ou n’importe quoi.

Il quitta la maison d’un pas décidé, sans se retourner, quand bien même il aurait eu envie de croiser Neela et de lui parler un peu. Mais ça aurait été signé une déclaration de guerre ouverte avec Minou. Le blond rentra alors chez lui, cachant ses cachets bien à l’abris des regards, il ne lui restait plus qu’à attendre Elliot pour lui parler de ça. Ça allait marquer le début de leurs souffrances, mais aussi une forme de libération qui serait bienvenue.