Il était parti.

Ses doigts glissèrent sur les draps, sur cette place désespérément vide dans son lit. Elena avait encore du mal à le réaliser. Qu’elle ne croiserait plus son éternel sourire en coin, qu’il ne serait plus là pour la soutenir, la réconforter. Un sentiment vertigineux de solitude l’envahit soudain. Elle avait l’impression épouvantable que plus rien n’était désormais possible, que son monde venait d’entrer en collision avec une comète. Son odeur tapissait encore les murs. Elle entendait son rire résonner comme un écho lointain, douloureux vestige de leur bonheur avorté, incendié.

Elena se redressa brusquement, ne pouvant supporter tous les souvenirs qui s’aggloméraient, lui coupaient la respiration. Elle inspira profondément, enfila une veste et s’aventura dans l’obscurité régnante du Château. A pas feutrés, elle déambula jusqu’à la cuisine, se figeant de surprise en y trouvant Peter. Si l’idée de tourner les talons et retourner se réfugier dans sa chambre pour ne pas avoir à affronter la réalité fit son chemin, elle se contenta de regarder son ami d’un long regard qui en disait long sur son état. Elle secoua la tête en serrant les lèvres. Non, elle n’allait pas bien. Il le savait de toute façon, à quoi bon faire semblant ? Elle s’avança vers lui, s’installa à ses côtés, prenant sa tête entre ses mains.

« Je suis une idiote, dis-le. » fit-elle, la voix enrouée.

Ses mains glissèrent sur le dos du néo-zélandais, lui rendant son étreinte avec autant de tendresse que de gratitude. Peter était plus qu’un ami ; c’était un frère. Il occupait une place privilégiée dans son cœur, avait gagné sa confiance et son respect et il le lui rendait bien. Elena força un sourire lorsqu’il s’agenouilla près d’elle, ses doigts fins enveloppés dans les siens, son regard humide soutenant péniblement le sien. « Tu en as l’air persuadé, tu pourrais presque me convaincre. » souffla-t-elle. C’était pourtant loin d’être le cas ; la brune se sentait complètement désarmée, et par-dessus tout, elle se sentait coupable. De faire souffrir deux hommes qu’elle aimait et de ne pas avoir de solutions pour réparer ce qu’elle avait involontairement brisé.

« Je ne sais même pas en quoi croire, Peter… » avoua-t-elle douloureusement. « Tout était encore si simple il y a quelques semaines… Je n’ai rien vu venir. » Elle se passa la main sur le visage, soupirant lourdement. Où étaient passés le bonheur simple, la tendresse et la complicité qu’elle avait partagé avec Sebastian ? Une bourrasque avait soufflé dessus, les emportant impitoyablement pour ne laisser que des regrets. « Tu as quelque chose de fort à me servir ? » sourit-elle en serrant doucement ses doigts pour le remercier silencieusement. Pour sa présence. Sa loyauté inflexible.