Ray presse le pas, encombré de tout son matériel de kiné sous le bras. Il n’a pas vraiment eu le temps de déconnecter de sa journée de travail à l’hôpital, a dû se précipiter pour attraper une calèche afin de traverser la ville du district deux au cinq, profite du trajet pour relire quelques notes en préparation du cours du lendemain.

Il finit son chemin à pieds, sensation de ne pas s’être posé depuis la veille au soir, il expire pour chasser la partie visible du stress avant de frapper à la porte de son rendez-vous qui ne le fait pas attendre.

“Bonjour, Addison. Je vais bien, et vous ?” Il lui sert la politesse avec un sourire de circonstances, passe prudemment la porte avec sa table de massage pliée, tâchant de ne rien taper. La blonde semble renfermée, comme toujours, il ne s’en formalise pas, comprend que les soins ne sont pas prodigués par simple soucis de confort et qu’ils lui coûtent. “Avec plaisir.” Pour le café. Il y est pratiquement accro depuis quelque temps, pourtant bien conscient que ça le stresse plus que ça ne l’aide à se concentrer.

Il lui laisse son manteau, la suit et déploie la table pendant qu’elle va chercher le café. Le temps pour lui de tout préparer, et se repasser rapidement le souvenir des séances précédentes. La dernière commence à dater. “Ca fait un moment qu’on n’est pas vus, comment va votre dos ?” Ils auront le temps d’échanger quelques minutes avant de commencer.

“Je veux bien prendre un sucre.” Un soupçon de réconfort dans sa journée. Il note que les douleurs d’Addison sont donc toujours régulières, même si elle tente de réduire sa peine au supportable. Il espère qu’après leur séance, elle pourra profiter de quelques jours plus confortables.

Il relève mes yeux vers elle quand elle revient, lui prend délicatement le café des mains en ajoutant sur le ton de la plaisanterie, “Merci, c’est très gentil. Vous me recevez mieux que la plupart de mes patientes.” Au féminin uniquement, depuis quelques mois.

A sa question, il répond distraitement, les lèvres brûlant au dessus des vapeurs du café. “Et bien, j’ai commencé à me former en gynécologie. J’étais interne aux urgences jusque là, en plus de la kinésithérapie. Donc… Disons que j’abuse un peu du café.” Un sourire amusé, pour chasser tous les drames et toute la souffrance qui ont mené à ce revirement de carrière.

Il tente une gorgée, réalise que la boisson est encore trop chaude et pose la tasse sur une commode près d’eux en prenant soin de ne rien tâcher. “Vous pouvez vous mettre en brassière,” ou quoi qu’elle ait là dessous, “On peut se rapprocher du chauffage si vous avez trop froid.” En espérant surtout qu’elle soit à l’aise.

Il se détourne d'ailleurs pour la laisser se déshabiller, et quand il repose le regard sur elle, c’est sa maigreur qui le frappe, même s'il tâche de ne pas le laisser paraître. Elle n’était pas plus épaisse avant, mais son état ne s’est visiblement pas amélioré. Pour le moment, il n’en fait aucune remarque et l’invite à se tourner dos à lui, avant de poser le bout des doigts sur sa colonne vertébrale, longeant méthodiquement les vertèbres une à une. “Est-ce que vous avez continué les étirement dont on avait parlé la dernière fois ?”