J'ai un soupir en l'écoutant, depuis le retour de Stanley et avant ça quand j'le pensais mort, y'a trop de trucs que j'ai raté. Sur l'principe, ce sentiment de vide m'a accompagné pendant d'longues semaines sans trop savoir comment composer avec. Le truc étant qu'maintenant qu'il est rentré, j'suis pas persuadée que ça soit vraiment changé. P't'être tout le contraire justement, ça me quitterait sans doute jamais trop. Et j'sais pas de quoi l'avenir est fait avec cette nouvelle configuration, et la certitude que ça ira pas en s'arrangeant.

T'as sans doute raison, c'est mieux de connaitre son voisin pour savoir si un jour il peut avoir de quoi te planter un coup de couteau dans l'dos, que je lui souffle en haussant les épaules, on arrive au bar, on rentre, j'prends place derrière pour commencer à sortir les verres dont on va avoir besoin pour vider notre sac. Mais ces derniers temps nous ont fait largement comprendre que même malgré ça, on est jamais sûrs de vraiment connaitre quelqu'un, et qu'il peut être amené à changer soudainement après un évènement, notamment un comme celui-là.

J'pourrais en parler quelques heures j'crois. Notamment d'cette longue conversation avec les trois idiotes, qu'ont encore trouvé judicieux d'justifier qu'nous soyons attaqués et qu'on s'en prenne à nous. J'ai du mal à réaliser qu'on soit tous capable de voir midi à notre porte. Et c'est suffisant pour m'demander si nous aussi, nous sommes complètement à côté d'nos pompes. Y'a des moments où on pourrait y croire. Cela dit, j'me souviens d'pourquoi Stanley les déteste tant, pourquoi il veut pas lâcher l'affaire, et j'sais que nos actions sont justifiées. En tout cas, il le faut. Depuis le bombardement, y'a trop d'gens qui sont... Plus du tous les mêmes, je remplis nos verres jusqu'à ras-bord. Nous les premiers, ça nous a tous changé, je souffle, tends le sien à Cole. Tiens, on en a besoin, j'attrape le mien : A ta santé et à notre amitié !