Deva changea de position pour éviter une crampe et souffla sur ses mains pour les réchauffer. Incapable de dormir, elle a préféré sortir et profiter du calme et du silence pendant que la plupart des habitants dormaient encore. Après avoir fait le tour du camp deux ou trois, l'adolescente s'est installée à même le sol, le dos calé contre une vieille souche pour regarder le soleil se lever lentement au-dessus des barricades.
La brune avait toujours du mal à s'habituer à autant de monde. Dans la journée, où qu'elle aille, des gens s'y trouvaient déjà, et ça avait un côté perturbant. Deva s'était toujours montrée avenante et un peu curieuse face aux quelques rencontres vécues ces dernières années. Dernièrement, c'était plus compliqué. Après ce qui s'était passé, la jeune fille se sentait moins sûre d'elle face aux inconnus. Elle qui avait toujours cru que les survivants choisiraient toujours l'entraide entre eux face aux Contaminés, découvrir son erreur et ce dont certains étaient capables s'avérait difficile à gérer et à admettre. La peur ne la quittait plus, même si elle faisait des choses qu'elle ne faisait pas avant. Comme sortir au grand air, profiter de l'extérieur. Ici, les barricades le permettaient, et cela avait un côté rassurant pour la jeune phobique. La certitude que les Contaminés ne pourraient pas arriver jusqu'ici, tout comme l'assurance qu'elle n'était pas obligée de sortir de ce camp la réconfortait. Un peu. Ca ne l'empêchait de regarder sous sa caravane avant d'y entrer, ni de la fouiller de fond en comble chaque jour pour vérifier qu'aucun danger ne s'y cachait.
Ses émotions étaient contradictoires, et Deva avait grand mal à faire le tri dans ce qu'elle ressentait. L'absence de sa famille d'adoption était également difficile à vivre. Elle s'était toujours reposée sur eux, se contentant de rester aux côtés de Vivian, et malgré le nombre de personnes présentes ici, la jeune fille se sentait seule et isolée.

Mais elle appréciait ce moment à l'écart des autres, malgré le froid qui engourdissait son corps, malgré l'incertitude face à l'avenir. Les minutes semblaient suspendues, Deva avait la sensation que le temps s'étirait au même rythme que les rayons lumineux laissaient poindre une nouvelle journée. Bientôt, les survivants de The Haven n'allaient pas tarder à s'éveiller et l'endroit redeviendrait animé et bruyant. Mais pour l'instant, l'adolescente avait envie de profiter de ce moment. Inspirant à fond, elle renversa la tête en arrière en entendant le premier chant d'oiseau de la journée, cherchant à repérer son auteur.

- « Je vais aller voir Deva … » Déclara Duncan à Shawna qui tenait Jade leur fille dans ses bras. - « … je n’aime pas la savoir toute seule … » Parce qu’il était certain qu’elle ne devait pas arrêter de broyer du noir et ça l’inquiétait terriblement. Le musicien fixa alors le nourrisson avant de reporter toute son attention sur sa compagne : - « … je crois que je vais emmener Liam et Wyatt avec moi. Ça me permettra de passer un peu avec eux » Les deux enfants se feraient en tout cas un plaisir de l’accompagner jusqu’au domicile de la jeune fille. Après avoir salué sa compagne et sa fille le magasinier s’empressa donc d’aller chercher ses deux fils, qui étaient tous les deux en train de jouer avec leurs petites voitures, avant de les habiller chaudement.  

Sur le chemin Liam et Wyatt n’arrêtèrent pas de courir tout autour de Duncan tout en ne cessant de rire. Et ce jusqu’à ce que le trio n’arrive à destination. Une fois sur place Duncan frappa à la porte de la caravane, attendit quelques secondes avant de dire aux deux enfants : - « Je vais voir si Deva est de ce côté » Il désigna alors l’endroit par où il allait se diriger aux deux jeunes garçons avant de rajouter : - « Je reviens tout de suite, vous pouvez rester ici à vous amuser » L’homme commença alors à s’écarter des deux jeunes enfants avant de finalement se retourner vers eux pour leur dire : - « Et surtout ne faites pas de bêtises » Parce que lorsqu’ils étaient tous les deux ils avaient tendance à en faire énormément.

Enfin bref le magasinier s’éloigna des deux enfants, qui étaient déjà assis sur le sol en train de jouer avec leurs minuscules petits véhicules, avant de se diriger dans la direction où il pensait que Deva devait se trouver. Et visiblement le barbu ne s’était pas trompé puisqu’une fraction de secondes plus tard il découvrit la jeune fille qui était assise un peu plus loin. - « Bonjour Deva … » Lui déclara alors le magasinier. Inquiet il continua : - « … Tu vas bien ? » Avant de venir la rejoindre.