Delete soul
Sam 5 Fév 2022 - 16:50
Février 2022
L’agitation me donne le tournis. Chaque conversation devient vacarme dans ma petite boîte crânienne et l’écho résonne désagréablement entre mes tympans. Après autant de temps dans le silence du sous-sol du restaurant, après autant de semaines passées avec ma seule conscience, c’est comme voir le monde en accéléré. Il y a trop de vie ici, trop de bruit. Chaque contact involontaire avec les inconnus m’électrise de la pire des façons.
Ma silhouette malingre planquée dans des vêtements trop grands, les mains jointes dans la poche kangourou de mon sweat dont l’une refermée sur un cran d’arrêt, capuche vissée sur la tête, je déambule, fantôme qui marche, au milieu des badauds. L’endroit n’a pas vraiment changé et pourtant il règne une ambiance électrique que je n’avais, jusqu’ici, jamais réellement perçue. Peut-être parce que je me sens proie ici. Visage baissé, je m’efforce de ne croiser aucun regard, les yeux fixés sur les différents étals. La nourriture donnée par Hazel et Erin me servira de monnaie d’échange. Avantage d’un appétit minime qui ne semble pas vouloir revenir, moi, autrefois estomac sur pattes. Il me faut des biens plus durables, non périssables.
J’ai chaud, j’ai froid et mon cœur bat la chamade dans ma poitrine. Je dois respirer plus profondément pour apporter l’oxygène suffisant à mon cerveau ou c’est en tout cas l’impression que j’en ai. Je ne suis pas certaine que la fièvre ait complètement baissé en deux semaines. Je suis toujours faible et mon esprit s’évade parfois dans un entre-deux qu’il m’est difficile de quitter. Si les plaies commencent enfin à cicatriser les courbatures persistent et la route jusqu’ici m’a complètement vidé.
Après cinq minutes dans cette foule dense, je dois m’écarter pour prendre appui contre le pilier le plus proche, reprenant ma respiration. Je me fatigue d’être aussi faible, de ne pas réussir à reprendre le contrôle sur tout ça. Je me fatigue d’être un parasite ambulant.
Les dernières conversations avec Erin ne m’aident en rien à retirer le poids de la culpabilité. Par ma faute elle…. non. Je ne veux pas ressentir ça. Je veux renier ces sentiments et retrouver la coquille vide que j’ai un jour été. Je ne veux plus de cette normalité humaine que j’ai tant convoitée. Quel avantage à ressentir à part souffrir? Ça ne donne qu’une simple et banale envie : celle de s’enterrer la tête dans le sable pour retrouver la tranquillité. Je veux le vide. Je veux l’absence de sentiments. Parce que je ne vivrai pas encore très longtemps avec ce poids sur les épaules, dans la tête et le cœur.
Soupirant bruyamment, autant pour chasser ces pensées que pour me donner du courage, je fais demi-tour avec l’intention de m’éloigner de tout ce cirque. J’ai été trop présomptueuse. C’est trop tôt. Demain. Oui, demain j’y arriverai.
Me tournant, je percute plus ou moins violemment l’épaule d’un énième inconnu et je grimace pour le courant électrique qui m’assaille soudainement. Dans un réflexe que je ne maîtrise pas, mes yeux croisent ceux d’une femme et pendant une fraction de seconde, j’ai la sensation étrange de la connaître. Comme le souvenir lointain d’une vie révolue. Le brouillard épais dans lequel est plongé mon esprit m’empêche de la situer avec précision et d’autres se mêlent au sien dans une tortueuse réminiscence. Apple. Hazel. Je cligne des yeux pour effacer le visage de mes amies tandis qu’en reculant pour tenter d’y voir plus clair quelqu’un d’autre me percute.
C’est trop. Le contact, les bruits qui deviennent un brouhaha dans ma tête. Les mots s’emmêlent, se transforment en un brouillon d’une langue inconnue. Je recule, recule encore et me détourne. Mes jambes me trahissent et n’ont l’infime bonté que de me porter jusqu’au mur le plus proche. Me calant contre ce dernier, je le longe, épaule contre ce dernier, évitant soigneusement tout nouveau contact.
Je dois sortir de cet enfer. Maintenant.
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Re: Delete soul
Dim 13 Fév 2022 - 18:43
Amy était bien déterminée à trouver un scooter, ou quelques pistes pour en avoir un, au moins. Des infos sur une boutique pas totalement dévalisée, ou quelqu’un qui en avait un qui attirait trop l’attention sur lui. Elle n’était pas certaine de ce qu’elle pourrait trouver, si elle devait être honnête. Mais bon, elle pourrait peut-être se renseigner à The Store. Allegra l’accompagnait pour essayer de récupérer quelques ressources médicales autres que des plantes, mais Amy l’avait convaincue qu’elles pouvaient chercher chacune de leur côté, en restant dans l’enceinte pour être sûres de se retrouver. La métisse savait qu’on ne l’aurait pas laissée partir seule, et elle avait voulu mettre toutes les chances de son côté.
Sauf qu’en réalité, elle ne s’attendait pas à voir tant de monde. La foule n’était pas si dense, mais déjà plus qu’avant. Probablement parce que des réfugiés venus de Seattle s’étaient retrouvés ici. Et, en plus de cela, elle ne savait pas vraiment où aller. Allegra avait insisté pour qu’elles se retrouvent trente minutes plus tard, ce qui ne lui laissait pas beaucoup de temps. Mais, même si ça n’était pas la première fois qu’elle s’y rendait, elle doutait de pouvoir identifier quelqu’un susceptible de la renseigner. Ou même de ne pas l’arnaquer. Et si on la volait ? Elle avait son fusil bien visible dans son dos, mais elle ne pouvait pas tirer ici. Pas au risque de faire paniquer tout le monde, de viser quelqu’un involontairement… Il faudrait vraiment qu’elle apprenne à se défendre autrement. Un minimum. Même si elle ne serait jamais aussi efficace qu’un fusil entre les mains.
Prise d’inquiétude sans raison, elle fit glisser son sac à dos sur le devant de son corps, pour vérifier que tout s’y trouvait bien : des gants en laine, quelques légumes dans des bocaux, et des petits pots avec des herbes médicinales. Elle devait, évidemment, avant tout penser à ce dont Allegra avait besoin. Mais obtenir une petite info en plus ne ferait pas de mal, si ? Elle était d’ailleurs en pleine inspection, quand elle se fit bousculer, retenant difficilement un juron, se figeant en voyant le visage de la personne. Est-ce que… C’était vraiment elle ? Est-ce qu’elle en avait profité pour la voler ? Ce n’était pas très intelligent d’ouvrir comme ça son sac, mais elle ne comptait pas laisser la personne s’en sortir. Surtout si elle n’avait pas halluciné. Refermant très rapidement son sac, elle partit en courant, se souciant peu de bousculer des gens.
Où était-elle partie, cette sale voleuse ? La jeune adulte n’en était pas sûre, mais elle finit par repérer la personne qui l’avait percutée. Cachée dans un renfoncement, calée contre un mur, l’air de paniquer. Est-ce qu’elle s’était trompée ? Est-ce qu’elle l’avait juste bousculée ? Est-ce que c’était un hasard et, surtout, est-ce qu’elle avait rêvé ce visage familier ? S’approchant doucement, ne parvenant pas à distinguer ses traits dans la pénombre, Amy essayait d’être rationnelle et de ne pas laisser sa colère prendre le dessus. «Tout va bien ? Je t’ai fait peur ? Qui es-tu ? » Si c’était vraiment Charlie… Elle ne savait pas ce qu’elle ferait. Elle avait failli tuer Hazel, après tout.
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Re: Delete soul
Dim 13 Fév 2022 - 20:52
Le monde tangue autour de moi et tout devient comme un manège infernal qui ne semble pas vouloir cesser de tourner. La lumière de l’extérieur filtre au loin mais plus je me rapproche de la sortie, plus mon épaule râpe le mur usé au travers de mon sweat et plus ma vision se trouble. Des points obscurcissent ma vision et je dois cligner des yeux pour tenter de la recouvrer pleinement à chaque nouveau mètre avalé. Et puis là, à quelques mètres à peine, je sens mes genoux céder et je me rattrape de justesse, m’attardant dans un recoin où personne ne semble prêter la moindre attention. Reprenant mon souffle, mes doigts glissent sur mon front suintant et je m’insurge intérieurement pour ma propre stupidité. J’aurais dû rester à l’abri là où j’étais mais ce n’est qu’une solution temporaire. Tôt ou tard, le reste du groupe viendra et je serai au mieux délogée au pire… Non.
Inspirant profondément pour tenter de calmer la symphonie de mon cœur, je sens mon estomac gronder et se tordre douloureusement. Je pense avoir gagné un instant de répit, une pause bien méritée mais une voix vient troubler cette quiétude passagère et je dois relever mon visage vers… Non. Pas elle. Est-ce que c’est elle que j’ai percuté quelques minutes plus tôt? Est-ce que c’est la même fille que j’ai croisée à Sanctuary Point? Faut dire que les noirs et les métisses se ressemblent tous pour moi. Elle ou une autre. Mais c’est un risque que je ne peux pas courir. Parce que plus je la détaille et plus la conviction que c’est elle s’infiltre malgré mes préjugés raciaux. Plus je la détaille et plus l’angoisse augmente. Les questions pleuvent dans sa bouche. Elles sont au nombre de trois et sont déjà trop. Je ferme les yeux, inspire de nouveau pour ne pas suffoquer, me passe une main sur le visage pour faire le vide, remettre mes idées en place et les compteurs à zéro. Sauf qu’autant de questions se fomentent dans ma tête. Pourquoi est-elle là? Pourquoi m’a-t-elle suivi? Est-elle seule? Si oui, est-elle dangereuse? Si non, qui l’accompagne? Je rouvre les yeux en grand, rabattant un peu plus ma capuche sur le sommet de ma tête alors que je jette des coups d’oeil en ne faisant dépasser que la moitié de mon visage de l’angle du mur. Personne. Pas l’un d’eux en tout cas. Mais ma vision est floue et les visages le deviennent tout autant. C’était une idée stupide. Une idée…
“Stupide. Tu es stupide Charlie” que je murmure à ma seule intention en continuant de m’assurer qu’aucune tête connue ne déambule dans ce bazar.
Me tournant de nouveau vers la jeune femme, je vois dépasser de son dos le canon d’une arme et j’évalue mes chances de pouvoir sortir mon couteau de son fourreau et de la saigner là, dans ce recoin sombre et sordide avant qu’elle ne puisse crier ou dégainer. Mais une, mes forces s’amenuisent et elle pourrait me maîtriser. Deux, je suis à peu près certaine qu’Hazel tient à elle et plutôt ça que la blesser encore un peu plus. “Ils sont pas là hein? Julian et Chad? Qui est avec toi?” que je demande sur un ton empli de peur. Parce qu’ils me tueront. “Ils ne doivent pas me voir. Ils ne doivent pas me voir, ils ne….” mes mains se referment un instant sur mes tempes comme pour faire taire les voix intérieures ou est-ce que c’est ma propre voix? Et pourquoi mon front est si chaud? La fièvre était pourtant tombée. “Laisse-moi partir… je ne veux pas de problème”
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Re: Delete soul
Ven 18 Fév 2022 - 23:29
Amy aurait sûrement dû faire demi tour. Aller chercher Allegra, et lui dire qu’elles devaient s’en aller. Qu’il y avait une menace trop importante ici, et qu’elles ne devaient pas s’y attarder. Et pourtant… Pourtant, elle avait suivi Charlie, sans même être sûre que ça soit elle. Parce qu’elle avait besoin de réponse. De comprendre comment, pourquoi, elles avaient pu faire ça à Hazel. Elle n’oserait même pas demander quoi que ce soit concernant la pauvre jeune fille – c’était bien trop horrible et ça lui retournait l’estomac. Mais s’en prendre à Hazel par-dessus tout, elle qui était si douce, si accueillante, la personne la meilleure qu’elle avait jamais rencontré… Non, Amy ne pouvait ni comprendre, ni cautionner. Mais en attendant, elle voulait s’assurer que c’était bien elle. Et, si oui, endormir sa méfiance. En premier lieu, du moins.
Même si elle n’osait pas s’approcher davantage pour le moment, alors qu’elle la voyait prostrée et probablement paniquée, à demi recroquevillée contre le mur. Encore moins en l’entendant marmonner sans entendre ce qu’elle disait. Peut-être qu’elle était tout simplement folle. Que quelque chose ne tournait pas rond dans sa tête. Ça expliquerait pourquoi elle avait fait ça sans le moindre scrupule, et comment elle pouvait vivre avec. C’était peut-être bien moins effrayant que si elle ne souffrait d’aucune pathologie, et qu’elle était juste… comme ça. Même si la métisse n’en avait pas vraiment conscience. Ni du fait que, dans un cas comme dans l’autre, elle pouvait l’attaquer par impulsion ou simplement par goût.
Mais de toute façon, elle devait d’abord s’assurer que c’était elle avant de décider quoi faire. Elle n’en avait pas la moindre foutue idée, si elle devait être honnête. Alors elle attend, se montre plus douce qu’elle n’en a envie, pour l’inciter à parler. A révéler ce qu’elle sait. Une part d’Amy aimerait presque qu’elle se trompe, que ça ne soit pas elle. Et pourtant, elle ne laisse le doute planer que peu de temps. Parce qu’elle prononce des noms que tout le monde ne connaît pas. Et que tout le monde ne prononcerait pas avec une telle crainte. Elle inspira grandement, croisant les bras, comme pour se forcer à rester calme. «Je ne suis pas toute seule. Pourquoi ? Toi aussi, tu veux leur faire du mal ? » Elle n’avait pas vu ce à quoi ils avaient été confrontés ce soir-là mais elle était sûre d’une chose : ils en étaient encore marqués. «Dans ce cas, pourquoi tu es revenue ici ? Qu’est-ce que tu cherches, à part nous blesser ? » Elle fronça les sourcils, un bref instant, se retournant et regardant frénétiquement autour d’elle. «Et pourquoi t’es toute seule ? Où est ton alliée ? Elle va arriver et m’assommer, pour mieux que vous vous en preniez à moi ? C’est pour ça que tu m’implores, pour endormir ma méfiance ? » L’air inquiet, elle continuait à jeter de fréquents coups d’œil autour d’elle, regrettant de ne pas avoir convenu d’un signal avec Allegra. Il faudrait que… il faudrait qu’elle fasse ça. Qu’elle se procure un sifflet, peut-être. Des maracas. Quelque chose, qui pourrait l’y aider.
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Re: Delete soul
Dim 20 Fév 2022 - 15:52
Méfie-toi Charlie….
Non, pas toi. Je frotte plus intensément mes tempes, m’adossant un peu plus à ce recoin sombre qui devient autant refuge que prison. Elle n’est pas seule. Elle n’est pas seule. Elle n’est pas seule. Toutes les alarmes virent au rouge dans ma tête et le brouhaha, là-haut, reprend de plus belle. Je regrette ma décision d’être venue ici. J’aurais dû rester terrer dans mon sous-sol, à l’abri des regards et du jugement humain. Celui de la jeune femme ne tarde pas à raviverle brasier des autres. “Moi? Leur faire du mal?” Un rire triste et dénué de toute énergie parvient, faiblement, à passer mes lèvres. A-t-elle ne serait-ce que conscience de l’état dans lequel je me trouve? Pense-t-elle sincèrement que même au meilleur de ma forme j’ai la capacité physique d’en découdre avec l’un d’eux? Même en un contre un face à elle, il y a peu de chance que je prenne le dessus. Je n’ai pas cette hargne ni cette violence qu’ont les autres survivants. Un instinct de survie, tout au plus. Voilà tout ce que j’ai. Un vil et basique instinct de survie qui ne m’autorise pas à accéder à la paix que j’ai souhaité plusieurs obtenir ces derniers mois.
“Le monde ne tourne pas autour de vous, tu sais” que je parviens à souffler quand elle interroge mes intentions et la volonté tacite de les blesser. Je ne suis pas revenue pour eux mais seulement pour Hazel. Je tais pourtant cette part de la vérité. La soeur qui m’est si chère a promis de conserver le secret de ma position et les visites qu’elle me rend. La dernière chose que je souhaite est trahir son affection et les risques encourus pour une fille qui n’en vaut probablement pas la peine, c’est à dire moi.
Les mots pleuvent, heurtent, écorchent. Je regrette le temps où ils glissaient sur moi comme un voile sans éveiller le moindre sentiments. Il était tellement plus aisé de tout simuler, de se prétendre actrice de ce monde sans jouer la même pièce que les autres. Spectatrice assidue seulement. Mais les choses ont changé. J’ai eu la joie et le malheur de rencontrer trois femmes, qui, à des échelles différentes, ont réveillé une part de moi que je pensais à jamais endormie, morte. Une coquille vide sans âme déambulant dans ce monde en attente de je ne sais quoi.
Maintenant, je dois gérer tout ça et c’est épuisant, assommant, vain. Plus je tente de percer les mystères du genre humain et plus je dois me résigner à la déception et à l'échec. “Tu ne parles pas d’elle!” Que je trouve tout de même la force de répliquer. Elle n’en a pas le droit. Personne. Pas comme ça. Pas en la réduisant à un monstre avide de sang et sans morale, sans amour. Apple tenait à moi. Elle m’aimait. À sa façon, mais elle m’aimait, là où d’autres se sont toujours bornés aux règles pré-établies et à la morale bancale de cette société à double niveau. Elle était plus sensible que la plupart des gens se vantant d’être doués d’empathie. Juste trop différente pour que l’on voit au-delà du masque et de la carapace. Qu’ils continuent de se penser gens de bien et de la pointer du doigt pour mieux s’élever. Mais qu’ils n’en parlent pas. “Les gens parlent toujours de ce qu’ils ne connaissent pas. Toujours. Tu parles de ce que tu connais pas.” Je me redresse, manquant de m’écrouler de nouveau. Elle veut se croire belle âme? Elle veut se croire au-dessus du lot? Ça ne m’intéresse pas. “Je n’ai pas besoin de ton jugement. Je n’ai pas besoin de ta morale. Je n’ai pas besoin de ta bienpensance. Tu ne sais rien petite fille. Rien de moi.”
Je suis épuisée. Chaque interaction me coûte plus que je ne veux bien le laisser paraître. Quel jour on est déjà? Quel mois? Quelle année? “Sinon tu saurais que tu ne risques rien” que je souffle. Parce qu’elle compte pour Hazel. Parce que ça lui confère une aura que jamais je ne m’aviserai de toucher, d’entacher.
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Re: Delete soul
Jeu 3 Mar 2022 - 23:28
Amy serra malgré elle ses bras autour de son corps, alors que sa vis-à-vis se mettait à rire, d’un rire qui lui arracha un frisson. Elle n’arrivait pas à savoir s’il s’agissait du rire de quelqu’un désespéré, prêt à tout ou, au contraire, de celui d’une personne qui avait baissé les bras. Même alors qu’elle semblait incrédule à l’idée que quelqu’un puisse la considérer capable de faire du mal à son parrain et à Chad. Était-elle à ce point inconsciente de l’impact de leurs actes, à elle et à… Amy secoua la tête, elle n’avait même pas envie d’y penser. Pas alors que ce qu’elles avaient commis avait eu tant d’impact sur eux. D’abord parce qu’ils avaient tous été effrayés pour Hazel et, ensuite, parce que la terrible vérité avait continué de planer sur leur toit, dans leurs esprits, même si chacun s’efforçait de faire comme si de rien n’était. Qu’elle ait été éclipsée par les autres malheurs qui les avaient frappés n’y changeait pas grand-chose, rien même, alors qu’elle faisait maintenant face à Charlie.
La métisse se renfrogna, à entendre la répartie de la brune. Avait-elle vraiment l’impression qu’Amy pensait une telle chose ? Et, surtout, était-elle ignorante au point de croire que ses actions n’auraient aucun impact sur eux ? «Peut-être, mais tu sais qu’on vient ici régulièrement. Alors si on t’indiffère, ne fais pas comme si nous, nous pouvions l’être vis-à-vis de toi. » Et encore, elle n’avait rien vu. «Aucun de nous ne pourra oublier l’état dans lequel ils sont revenus, ce jour-là… » Encore moins alors qu’ils ont été attaqués par deux fois depuis. Et de toute façon, elle n’allait pas l’empêcher de s’inquiéter pour ses proches.
Mais si elle était terriblement mal à l’aise, effrayée de se retrouver dans cette situation et – peut-être – à la merci de son acolyte, elle n’avait pas du tout anticipé de la froisser en retour. «Tu me reproches de trop penser à moi, à nous, et tu m’interdis pourtant de penser à autre chose ! » Elle était hésitante, en disant ça, parce qu’elle était déstabilisée par la rapidité, la force, avec laquelle elle lui interdisait d’évoquer Apple et ses actes. Parce qu’elle ne comprenait pas qu’elle lui voue une telle dévotion. Encore plus alors qu’elle insistait, la réduisant elle à la place d’une gamine qui ne comprenait rien à rien. Ce qui était peut-être vrai, mais qu’elle ne souhaiterait pas admettre. «Je ne juge pas, je fais avec ce que je sais d’elle. Qu’elle a tué quelqu’un, et que son petit frère est avec nous, traumatisé d’avoir vu tout ça. Que j’ai failli perdre une personne qui compte énormément pour moi, parce que ton amie a pas voulu lui faire confiance ! » Parce qu’elle avait voulu faire ces choses dégueulasses. Et ça, même si elle le gardait sous silence par peur de faire vriller Charlie, Amy ne pouvait pas le tolérer. Elle pouvait accepter l’idée de perdre quelqu’un aux mains des rôdeurs, ou de vieillesse, même si ça serait dur dur, mais tuée par un de ses semblables, sans raison, à cause d’une belle perdue et dans les circonstances qu’elle connaissait… Non. Et tant pis si elle passait pour quelqu’un de mauvais. «Je n’ai jamais dit que j’étais quelqu’un de bien. Mais je protège les miens des menaces. » Ou elle essayait, en tout cas. Elle était surtout terrifiée par le pouvoir qu’avait Charlie sur leur moral à tous. Même si elle ne pourrait pas leur cacher qu’elles s’étaient vues.
Ce fut à son tour de laisser échapper un rire sans joie, jaune, en l’entendant. Elle ne risquait rien ? Elle n’y croyait pas. Parce que l’énergie du désespoir pouvait aider à faire beaucoup de choses. Mais si elle sous-estimait ses capacités, Amy ne comptait pas lui ouvrir les yeux.
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