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Jodie Holmes

Jeu 24 Fév 2022 - 15:25


Jodie Ester Holmestell me more about you

prénom(s) : Jodie Ester
nom : Holmes
date de naissance : 07 février 2004
âge : 18 ans

ville de naissance : Seattle
métier :Collégienne
groupe : Travelers, affiliée aux STARS et aux TR

avatar : Jenna Ortega

what i am


qualites
Combattive
Observatrice
Sûre d’elle
Débrouillarde
Habile
Courageuse
defaults
Insociable
Renfrognée
Menteuse
Vulgaire
Susceptible
Possessive
Equipement :
Son vieux sac à dos est rempli de quelques vêtements – dont la plupart venant des rayons enfants, mais mieux vaut éviter de lui en parler – de quelques bandages artisanaux, d’une gourde d’eau, d’un ensemble d’outils de précisions, et d’une couverture pas trop abimée qu’elle a trouvé récemment.
A sa ceinture, elle a toujours un couteau de chasse, ou une dague de chasse, elle ne sait pas trop, que lui a refilé Egon. Couteau qui ne la quitte jamais et qu’elle garde sous son oreiller quand elle dort. Elle a également un tournevis, aussi grand que son couteau, qu’elle garde caché le plus souvent dans sa manche. Elle porte une croix au cou, non qu’elle soit croyante, mais c’est le seul souvenir qu’elle a réussi à garder de l’un de ses parents. Aucun photo, aucun autre souvenir personnel.
Ah, et des rollers tout-terrain dont elle prend soin comme de la prunelle de ses yeux, et qui ne quittent ses pieds que pour se retrouver accrochés à son sac.
     
Details physiques :Jodie est ce que l’on appelle un petit gabarit. Elle n’a pas vraiment grandi depuis le début de l’apocalypse, elle culmine à 1m55, pour quelques 40kg dans les bons moments. Elle ne fait pas vraiment son âge, ce qui l’arrange bien la plupart du temps étant donné qu’elle peut se faire passer pour un gamin. Elle est vraiment jolie, avec ses grands yeux bruns et expressifs, ses taches de rousseurs et ses fossettes qui se creusent quand elle sourit… Si ce n’est qu’elle ne sourit plus aussi souvent, cet air quelque peu grognon ne semble jamais la quitter. Ses longs cheveux sombres sont souvent lâchés quand elle est seule, en sécurité, elle les attache dès qu’elle sort ou qu’il y a du monde.
Des cicatrices, elle en a plusieurs. Les plus importantes proviennent d’avant l’apocalypse, de l’incendie qui a couté la vie de sa mère. Le haut de son bras gauche, son omoplate et une partie de son dos sont marqués, sa peau est parfois décolorée, parfois plus épaisse, parfois en relief. Des cicatrices qui auraient pu, avec du temps, être traitées au laser et l’aider à dépasser cet événement. Malheureusement, la fin du monde ne lui a pas permis d’en bénéficier.

Psychologie

Combattive Elle a connu de nombreux malheurs et a affronté plus d’épreuves qu’une jeune fille de son âge ne le devrait. Mais jamais elle n’a baissé les bras, elle est toujours revenue plus résolue et plus hargneuse.
Observatrice Elle est curieuse, alors elle a appris à écouter, elle a appris à observer pour obtenir les réponses qu’on ne voulait pas lui donner. Et elle a appris à se faire discrète, à épier, à comprendre les gens. Et puis, qui ferait attention à un gamin ?
Débrouillarde Ca, elle l’est depuis bien avant la fin du monde. Elle a dû apprendre à s’occuper d’elle, et de son frère, et de sa mère, quand cette dernière ne le faisait qu’à moitié. Evidemment, maintenant, elle a appris à chasser, à trouver de l’eau, à survivre tout simplement.
Habile A force de tâtonner et d’essayer, elle a appris à réparer, construire, améliorer des petits objets. Plutôt douée, elle se débrouille plutôt bien en réparation. Dernièrement, elle apprend à fabriquer et à bidouiller munitions et explosifs.
Courageuse Ca ne veut pas dire qu’elle fonce tête baissée, ça ne veut pas dire non plus qu’elle n’a jamais peur. Mais elle sait analyser une situation, elle sait prendre des risques, elle sait affronter ses peurs. Pour protéger ceux qu’elle aime, elle n’aura aucun mal à tenter le tout pour le tout.
Sûre d’elle Elle se connait bien, elle connait ses points forts et ses faiblesses. Elle sait de quoi elle est capable et ce qu’elle vaut. Elle n’a pas besoin de l’aval des autres, et malgré ses peurs et ses doutes, elle pourra agir sans hésitation.
Insociable Elle n’aime pas vraiment les gens, c’est le moins que l’on puisse dire. Faut dire qu’elle a suffisamment eu à faire à des connards pour se faire un avis plutôt tranché sur le genre humain. Etre au milieu d’une foule, devoir rencontrer des gens, faire l’effort de parler et sourire à des inconnus, sont des taches dont elle se passe fort bien, préférant vivre en ermite dans son coin.
Renfrognée Pas qu’elle fasse vraiment la gueule en permanence non, ça lui arrive de sourire, de temps en temps, à certaines personnes. Elle est plutôt revêche et grognon de prime abord, ne trouvant pas vraiment de raison de se montrer hyper joyeuse.
Menteuse Elle a beau ne pas aimer les gens, ou peut-être justement pour ça, Jodie n’a aucun soucis pour mentir et raconter des conneries, le tout le plus naturellement du monde. Ça a dû lui sauver la vie plus d’une fois, ces grands yeux angéliques et son air innocent, et elle n’hésite pas à s’en servir, mentant sur tout et n’importe quoi, si tant est que cela puisse la servir.
Vulgaire Elle sait d’avance la tête que les gens vont faire en l’entendant parler. C’est peut-être ce qui l’amusait aussi quand elle était plus jeune et qu’elle a commencé à utiliser toutes les insultes qu’elle connaissait. Maintenant, c’est aussi habituel et ancré en elle que rester silencieuse à l’extérieur.
Susceptible Elle devrait être habituée, depuis le temps, aux blagues sur sa taille et autre. Sauf que non, elle n’apprécie toujours pas, et n’appréciera jamais. Même si elle ne le montre pas toujours, elle prend rarement bien les remarques et réflexions à son encontre. Rajoutez à cela qu’elle est plutôt rancunière, il est très facile de la vexer et de faire partir quelques insultes.
Possessive Elle n’a pas beaucoup de choses à elle, encore moins à laquelle elle tient, ce qui simplifie et limite les problèmes. Néanmoins, il se trouve que la demoiselle n’est pas possessive uniquement avec les objets, mais bel et bien avec certaines personnes également.




Story of survival


2009 – 5 ans
Les larmes me montent aux yeux, mes lèvres se mettent à trembler, mais déjà papi est là, posant un genou devant moi. Et il sourit. « Fais-moi voir ça. » Il a l’air tellement calme, il est toujours tellement doux et patient, que je me calme presque instantanément. Pourtant, il y a du sang et ça fait mal. « Eh bien, c’est ce qu’on appelle une belle chute ! Tu n’as rien de cassé ma chérie ? » Il m’examine rapidement, avant que je n’ouvre la main. La petite perle blanche qui s’y trouve brillerait peut-être au soleil si elle n’était pas couverte du liquide carmin. « Oh, tu as perdu une dent. Fais voir. » J’ouvre la bouche et il hoche la tête. « Les autres ont l’air de tenir. » « Mamie va me gronder. Et j’ai sali mon manteau. » « Ne t’en fais pas, je lui dirai que c’est de ma faute. Et la fée des dents passera ce soir en plus. » Mes yeux s’illuminent. « Je vais avoir un cadeau ? » Il sourit de nouveau en essuyant ma bouche. « C’est possible. » Je souris, un trou béant apparaissant maintenant juste sur le devant, me faisant légèrement zozoter. Si papi n’a pas peur, j’ai pas à avoir peur. Et puis, ça fait pas si mal. Je suis déjà tombée tout ça de fois ! Et je pleure plus depuis longtemps, je suis plus un bébé ! Et puis surtout… « T’as vu comme j’allais trop vite ? On aurait dit que je volais ! Jsuis sûre je peux aller plus vite que toi ! » Papi laisse filer un rire avant de voir que je le fixe maintenant d’un air vexé. « Pas encore. Mais tu allais drôlement vite oui. Encore un peu d’entraînement et tu seras meilleure que n’importe qui sur des patins j’en suis persuadé. » Un sourire illumine de nouveau mon visage, et j’attrape sa main pour rentrer à la maison, serrant toujours ma précieuse quenotte dans l’autre main. J’y arriverai, je serais trop meilleure que lui, et il sera super fier de moi.

2011 – 7 ans
Je suis dans l’équipe de hockey sur glace de l’école ! C’est trop cool ! Maman avait pas trop envie, elle disait que c’est violent, mais papi l’a convaincu et il m’a déjà acheté tout le matériel, elle pouvait pas dire non !  C’est trop bien ! Bon, dès fois, je reste sur le banc, c’est pas super cool ça, mais les autres ont le droit de jouer aussi. L’entraîneur a dit que je me débrouillais bien et que je dois continuer d’apprendre. Et papi, il est toujours là aux entraînements et aux matchs, c’est lui mon plus grand supporteur il a dit ! Il me montre des passes et il m’entraîne en dehors des cours. Il est fort papi, il jouait dans l’équipe des Breakers, qui est devenue les Thunderbirds je sais pas trop pourquoi, de Seattle, jusqu’à ce qu’il soit trop blessé pour continuer. Je sais bien que mamie s’inquiète pour moi, qu’elle reproche à papi de me mettre en danger. Mais elle se trompe. J’adore ça c’est tout. Quand j’ai des patins aux pieds, cette impression de vitesse, cette sensation de totale liberté, ça dépasse tout le reste.

2012 – 8 ans
J’aime pas cette chambre. Pas uniquement parce qu’elle est petite et sent un peu la moisissure. Je dois la partager avec Lukas ! Franchement, j’ai passé l’âge, j’ai le droit d’avoir ma chambre non ? Je sais bien que Wendy a pas beaucoup d’argent, mais elle pourrait trouver mieux que cet appartement pourri. Elle n’a pas trop aimé d’ailleurs, quand je l’ai appelé Wendy, et pas maman. Alors que bon, elle ne se conduit pas trop comme une maman, même si elle essaie un peu. Du coup, je l’appellerai comme ça à chaque fois que je serai pas contente.
Assise sur mon lit, je laisse filer un soupir. C’est pas juste le fait de partager ma chambre, même si ça m’emmerde pour de vrai. Ça non plus, elle aime pas, les gros mots… Depuis qu’on est là, il fait des cauchemars. C’est pas vraiment des cauchemars, il dit qu’il est réveillé, mais c’est encore plus inquiétant non ?
Pas que je me sente coupable, de lui raconter des histoires qui font peur, avec des monstres et des ombres cachées. Enfin… C’est peut-être de ma faute. Un peu. J’adore mon petit frère, même si je ne le dirais jamais, mais quand même, il devrait arrêter d’avoir peur comme ça. Est-ce que j’ai peur moi ? Non. Ce ne sont que des histoires après tout. Les monstres, ça n’existe pas.
Je finis par me lever pour poser la peluche de husky sur son lit, et la veilleuse en forme de lapin sur sa table de chevet. J’aurais bien voulu un loup, mais y en avait pas… Il saura bien que ça vient de moi, je suis pas obligée de lui donner, sinon faudra que je dise que je m’inquiète pour lui, et si Wendy ne remarque rien, j’aurais pas à dire comment je les ai eu. Ça ne changera pas grand-chose, mais ça aidera peut-être qui sait. Et au pire, il continuera de me rejoindre dans mon lit pour dormir. Ça me dérange pas.

2013 – 9 ans
Il m’a pas écouté. Je lui ai fait promettre de ne pas nous laisser, de ne pas m’abandonner, parce qu’on a besoin de lui, mais il m’a pas écouté. Et maintenant, il est mort. Et maintenant, je fais quoi moi ? S’il est plus là pour m’encourager et pour crier quand je réussis ? S’il est plus là pour me faire des câlins et me dire que c’est pas grave si je perds dès fois ? En plus, mamie est malade. Maman dit que c’est normal, que c’est parce qu’elle est vieille, mais c’est pas vrai. Elle est triste et elle est toute seule. J’aime pas la voir comme ça, on dirait qu’elle veut pas se souvenir que papi est mort…
Peut-être que maman a raison. Dès fois… Dès fois, mamie, elle nous reconnait pas et elle crie et elle pleure. J’aime pas la voir comme ça.

C’est comme ça quand on grandit ? On est obligé de faire semblant d’être heureux tout le temps ? On oublie et on abandonne les gens qu’on aime ? Et bah c’est trop nul. J’ai pas envie d’être comme ça. J’aime pas les adultes. En plus, ils veulent que je souris et que je fasse comme si tout allait bien. Alors que ça va pas. J’ai le droit de pas avoir envie et de faire la gueule. Et moi je laisserais pas Lukas et maman ! Même si c’est elle qui devrait s’occuper de nous je sais bien. Elle le fait un peu. Quand elle s’occupe pas d’elle. Ou de ses copains. Mamie disait qu’elle faisait de son mieux. C’est pas terrible son mieux, mais elle nous aime, ça je sais, elle est juste pas très douée pour le reste. Manuel, mon papa, je suis pas trop sûre qu’il m’aime beaucoup. Sinon il aurait épousé maman, et pas Laura. Et puis, il s’occuperait de moi, plutôt que de refaire un bébé avec elle… Mais je m’en fiche. J’ai maman. Et Lukas. C’est pour ça que comme papi et mamie sont plus là, je dois me débrouiller et prendre soi d’eux.

Noël 2014 – 10 ans
Un cri retentit et je me réveille en sursaut, le cœur tambourinant, tremblante et trempée de sueur. Je mets quelques secondes à me souvenir, alors que la panique, la douleur et la terreur obscurcissent mon regard. Et j’entends le bipbip des machines. Ah. C’est moi qui ai crié. Encore. Machinalement, je me laisse tomber en arrière, alors que l’infirmière me rejoint. « Encore un cauchemar ? » Un faible hochement de tête lui répond. « Je vais te donner quelque chose pour dormir. » « Non ! Non je veux pas. C’est pire avec ça… J’arrive pas à me réveiller. » Elle fronce les sourcils, semble hésiter et finit par sortir. De toute façon, avec ce que j’ai déjà pour la douleur, elle sait bien que ça marchera pas mieux. Et je veux pas dormir.

Quand je ferme les yeux, j’ai tout qui repasse encore et encore. Le cri et cette impression de suffoquer, de pas avoir assez d’air. Et Lukas. Lukas qui se lève et va ouvrir. C’est de ma faute. J’aurais dû le retenir. J’ai essayé de pas regardé dans le salon. J’ai essayé de faire comme dans les films, de lui mettre une couverture, d’éteindre les flammes. Mais il hurle. Il hurle tellement. Je sais pas si j’y arrive vraiment, je sais juste que je crie à mon tour quand les flammes montent le long de mon bras. J’ai pas dû y arriver vraiment du coup. Je serais pas là sinon. Je sais que j’ai essayé de les éteindre quand elles ont touché mon dos. Le docteur a dit que j’avais de la chance que maman m’ait fait une tresse, que sinon j’aurai eu les cheveux et la tête brûlée. J’ai pas tout compris, mais ça aurait pu être pire. Pire…
Ils ont dit que c’était la voisine qui avait appelé les pompiers. Mme Hoffman. C’est marrant, je me souviens qu’elle avait sa robe de chambre rose et qu’il manquait un pompom à gauche… Ils ont dit que c’était un problème électrique. Ils ont dit que j’avais sans doute sauvé Lukas, en éteignant les flammes et en le trainant jusqu’à l’entrée. Ils ont dit que j’étais courageuse. C’est mon petit frère, c’est normal non ? Et comment je peux l’avoir sauvé alors que c’est de ma faute ? Si j’avais été vérifier que tout était éteint, ce serait pas arrivé. Si j’avais dit à maman d’aller dans son lit, elle serait pas morte. Si je l’avais arrêté avant, il aurait pas été blessé. Et s’il meurt lui aussi ?

Début 2015 – 11 ans
Mes blessures sont graves, il faudra faire des opérations ou je sais pas quoi, mais je m’en fiche. Elles sont moins graves que celles de Lukas, c’est tout ce que je retiens. C’est moi l’aînée, c’est moi qui devrais être à sa place. J’aurais dû… cette phrase ne cesse de revenir. Je dors pas beaucoup, le médecin, le psychiatre, dit que c’est normal après un tel traumatisme, il a donné des médicaments en plus.
Je reste à l’hôpital, même si j’ai le droit de bouger un peu. Je peux aller voir mon frère quand il se réveille. Cet idiot. Je m’étais promis de pas pleurer. J’ai pas trop réussi ça non plus. J’ai envie de le prendre dans mes bras, mais il y a trop de tuyaux, et j’ai trop mal pour me pencher. Il est réveillé. En vie. J’arrive pas à lui dire pour maman. Mais il l’a vu, lui aussi, non ?

J’arrive pas à lui dire non plus pour nous. Papa est déjà venu me voir et m’a expliqué. Ils comprennent pas, ils écoutent pas. Je veux pas aller avec lui. Je veux pas être avec eux. Ils sont gentils pourtant. Mais ils veulent que je reprenne ma vie, encore une fois comme si de rien n’était. Mais maman est morte ! Lukas n’est plus là ! Comment ça pourrait être comme avant ?? je peux même plus faire de hockey, j’arrive pas à bouger le bras comme il faut. Plus tard dit le médecin. Je me contente du patin à glace, et du rolleur, mais… c’est triste. Vide. C’est pas le hockey le problème, c’est tout le reste. Et ils doivent s’en rendre compte. Parce qu’on finit par avoir le droit de se revoir. Pas souvent, pas tous les weekend, mais Lukas peut venir à la maison, ou je peux aller chez lui.
Mais il n’y a plus de chez nous.
Plus de nous.


Octobre 2015 – 11 ans
Je trouvais ça drôle au début. Quand ils ont commencé à parler d’histoires bizarres et de mecs bourrés. C’était vachement amusant de faire peur à Lukas avec ça, il est toujours aussi peureux, et il me croit toujours autant… C’est pas très main de sa part. Mais c’est cool. Qu’il est confiance en moi comme ça.
Mais maintenant, je trouve plus ça vraiment drôle. Et la semaine de vacances avec Lukas a un peu tournée court. Quand j’ai vu les émeutes et les gens blessés, j’ai voulu qu’on aille retrouver Manuel. Il est tout seul, Laura est chez ses parents avec Bruno, on doit aller les rejoindre la semaine prochaine. Autant dire que j’ai pas du tout envie de me retrouver dans cette famille, avec le bébé dont ils vont tous être gaga et dont je serais la malheureuse et encombrante pièce rapportée. Mais pour le moment… je pouvais pas le laisser seul. Et puis… C’est mon papa. Du coup, on est allés le chercher, mais il était blessé. Un taré l’a mordu.
Et maintenant…

Je regarde Egon soigner Manuel, avec de l’alcool et quelques bandages, mais je ne dis rien. C’est peut-être qu’une petite morsure, mais elle est pas jolie. C’est idiot, mais je suis quand même un peu rassurée de les avoir avec moi. Lukas et Manuel. Même Egon. J’arrive plus à faire des blagues à Lukas, ce qui se passe dehors me fait peur à moi aussi maintenant. Il y a des barrages partout, on peut plus entrer à l’hôpital, sinon j’y serais restée avec Manuel. Ou pas. Je sais pas. Mais on a pas pu y aller de toute façon. Et même les flics avaient l’air inquiet. Je jette un coup d’œil à Manuel, qui tente de me sourire. Trop pâle, et on dirait qu’il a de la fièvre. Si ça se trouve, il a choppé la rage.

Pourtant tout le monde finit par s’endormir. Je dors pas vraiment, ou pas longtemps, en plus, ce serait un coup à les réveiller en hurlant, et j’ai pas trop envie. Je me retourne quand j’entends Manuel bouger, me rapprochant un peu de lui. « Tu veux de l’eau ? » T’as pas plus con comme question ? Non mais il avait de la fièvre, alors peut-être qu’il a soif. Et je comprends enfin l’expression du sang qui se glace dans les veines. Parce que quand il se tourne vers moi, c’est exactement ce qui se passe. Je sui figée, incapable de bouger, parler, réagir, durant ce qui semble être une éternité. Il est… Ses yeux sont pas pareils. Son visage non plus. Il grogne. Et il essaie de m’attraper. Alors je me mets à hurler et je m’écarte, me glissant sous la table basse pour me cacher. Sauf qu’il essaie encore, ses mains se tendant vers moi, ses mâchoires claquant dans le vide. Je n’entends même pas les autres, mais je crie tellement que j’ai forcément dû les réveiller, c’est obligé. Et d’un coup, Manuel s’écroule, et je vois Lukas du coin de l’œil. « Il est… » Non, il est pas mort, il bouge encore. Et il recommence, comme s’il n’avait rien. Je sais pas trop ce qui se passe, je sais juste que Egon a dû le frapper à la tête, fort, pour qu’il arrête de vouloir m’attraper.
Les yeux écarquillés, le cœur voulant exploser, je finis par sortir de sous la table pour m’approcher de lui… Un gémissement étranglé se fait entendre et je me rends compte que ça vient de moi. « … papa… ?…  » Un murmure d’une fillette apeurée. Et orpheline, même si je ne le réalise pas encore. Je sens un hurlement monter le long de ma gorge. Si je craque maintenant, je vais jamais arrêter de pleurer. Alors je bloque tout. Enfin, c’est ce que je crois. Des larmes coulent le long de mes joues sans que je m’en aperçoive et je suis incapable de bouger pendant un temps infini. Je n’arrive même pas à prêter attention à Lukas et son père. Et je sais pas pourquoi, ou plutôt comment, j’arrive à tendre la main pour attraper la croix que Manuel n’a jamais quitté. Comment je vais expliquer ça à Laura ?

Evidemment, je n’aurais jamais à lui expliquer.
Je suis Egon à Esmerald Freedom sans même réfléchir. Pas comme si j’avais vraiment le choix de toute façon. Et c’est Lukas qui me sauve alors que j’aurais juste eu envie de me rouler en boule et de ne plus jamais bouger. Parce qu’il compte sur moi. Et que je n’ai plus que lui.

Février 2016 – 12 ans
Je comprends pas. Il y a des gens morts partout dehors qui essaient de nous manger, et pourtant, les gens, les vivants, sont toujours aussi cons. Et méchants. Ils sont censés nous protéger non ? On leur demande même pas d’être gentils à la base, juste de nous protéger. Mais le connard en chef les a trop avantagés, et du coup, ils se croient tout permis, c’est ce qu’ils ont dit les adultes. J’ai pas tout compris, ils parlaient trop vite et ils étaient beaucoup trop en colère… Et puis, j’entendais mal de là où j’étais cachée.

Mais je crois que là ils ont été trop loin. C’était déjà pas trop passé quand ils s’en étaient pris au gamin. Et Noël… Bon, perso, Noël, je m’en fous, je suis restée loin de leur truc, j’ai aucune envie de fêter ça. Vraiment aucune. Je suis restée avec Lukas. Mais là…
Je la connais pas Victoria, enfin je l’ai déjà vu, mais je lui ai jamais parlé. En même temps, je parle pas à beaucoup de monde. Mais elle avait l’air gentille. Maintenant elle pleure. Parce qu’ils lui ont fait du mal. Et je comprends pas non plus pourquoi ils ont fait ça. Je sais ce qu’ils ont fait, j’ai compris, je suis pas débile. Mais pourquoi forcer quelqu’un a… J’ose pas demander, parce qu’ils ont pas trop l’air de vouloir en parler aux gosses. C’est totalement con d’ailleurs, comment on fait pour se protéger et tout si on est au courant de rien ? Et leur connerie de ‘c’est aux adultes de faire le nécessaire, de vous protéger, de réfléchir’, ils peuvent se le carrer profond. C’est n’importe quoi. J’ai besoin de personne, surtout pas d’adultes dans leur genre. Lukas compte pas.

Enfin je dis ça, mais quand Egon nous interdit de suivre les autres au gymnase, et qu’on va se planquer ailleurs, je le suis sans discuter. Mais c’est pas pareil, je le connais d’avant, même si c’est aussi un gros con. Sauf qu’au final… Il nous a sauvé la vie j’crois bien. Mais j’avais raison sur le reste ! Ce sont tous des connards et personne n’est en sécurité, même pas ici.

Mai 2017– 13 ans
C’était finalement peut-être pas une si bonne idée de partir du camp. Dehors, ça craint. Mais genre vraiment. Et je parle même pas du froid la nuit, de la nourriture qui manque ou du plus basique des conforts. J’aimais bien mon lit malgré tout. Mais là… Entre savoir la vérité et l’affronter, c’est pas pareil. Entre les voir de loin et les avoir juste en face, c’est pas pareil. J’avais presque oublié ce que ça faisait. Cette peur viscérale, cette angoisse, cette incapacité à réagir.

Je continue de reculer, finissant par me retrouver littéralement dos au mur. Fait chier. Il est beaucoup trop grand. Et ils sont trop loin. J’aurais jamais dû m’aventurer devant toute seule. Sauf que ce serait franchement trop con de mourir là, bouffer par un vieux décrépi qui devait être banquier avant la fin du monde. La honte quoi. Je parviens à me faufiler sous ses bras, et je repère le balai. Balai que j’attrape en me retournant vers lui. Allez, tu peux le faire. Comme au hockey. Tu échappes aux attrapant et tu lances… enfin, tu fauches les jambes. Je sens sa main qui se referme sur mon sweat, aie putain, et mes cheveux donc. Mais je parviens à le faire tomber comme prévu. Sauf que je tombe avec du coup. Je m’arrache de sa poigne, perdant quelques mèches dans l’histoire, et je lui donne un nouveau coup de balai dans la gueule, le temps de me relever. Merde mon couteau, où est ce… Oh putain ! Je le repousse de nouveau sur le dos et plante le manche du balai dans son œil. Qui coule dehors.

Le souffle court, les yeux écarquillés, les mains tremblantes, je m’écarte un peu pour aller vomir plus loin. Faudrait pas le dégueulasser en plus du reste. Penchée en avant, mains sur les genoux, je ferme les yeux et me force à respirer lentement. Je me redresse en entendant du bruit, mais la voix de Lukas me rassure. « Je suis là. » Je m’éclaircis la voix, et recommence, redressant les épaules en attrapant le manche du balai et plaquant un sourire sur mon visage. Ils s’arrêtent et leur regard passe du mort à moi. « Quoi ? Tout va bien ! Je gère ! » Je suis pas certaine qu’ils soient convaincus, mais  je m’en fous.

Et fallait bien que ça arrive. De tuer mon premier mort. Ce sera pas le dernier.
Même si on finit par retrouver un autre groupe, plus petit, quelques jours plus tard, j’ai bien compris que le danger était partout.

Été 2018 – 14 ans
J’écarquille les yeux et je me fige, l’esprit embrouillé, inconsciemment conditionnée à ne pas faire de bruit. Quelques minuscules secondes et je sens un poids sur moi. Je tente de hurler, mais j’y arrive pas. Pas un mort. Il fait sombre, mais je le reconnais. Je n’avais pas besoin de lumière pour savoir. Je les ai suffisamment vu m’observer, j’ai suffisamment vu leur sourire dégueulasse, j’ai suffisamment senti l’angoisse me prendre quand ils passaient à côté de moi, me frôlant trop pour que ce soit innocent. J’aurais dû dire merci à Lukas quand il est revenu dormir avec moi. J’aurais dû parce que je sais qu’il l’a fait pour les mêmes raisons, parce qu’il s’inquiète pour moi. Sauf que ça ne sert à rien. J’ai beau me débattre, il ne bouge pas. Trop lourd, trop grand, trop fort. et ses mains continuent de courir sur ma peau. Je tente de hurler de plus belle quand j’entends Lukas se battre. Mais c’est pire quand le silence se fait. Non. Nonononon. Et de nouveau du bruit. Et il disparait de mon champ de vision, son corps est soulevé. Je suis incapable de hurler, de bouger, si ce n’est pour me recroqueviller alors que Egon s’acharne sur eux. Je sursaute quand on se rapproche de moi, avant de me réfugier contre Lukas, me serrant contre lui alors que les sanglots finissent par déborder.

Je hoche pourtant la tête quand j’entends le vieux qui veut qu’on parte. Oui. de suite. Il ne me faut pas longtemps pour rassembler mes affaires et les suivre.
Et quand Lukas me demande si ça va, je ne peux que répondre oui. Peu importe ce qu’il a réussi à faire. Peu importe que ce soit ses doigts ou autre chose que j’ai senti. Qu’est-ce que ça change au final ? Rien. Un viol reste un viol non ? Comme pour Victoria... Et ils n’ont aucun besoin de le découvrir.

Octobre 2018 – 14 ans
Je dors encore moins qu’avant. J’ai peur de crier et de rameuter plein de morts. J’ai réussi à… me programmer pour ne pas vraiment crier quand je me réveille en sursaut, trempée de sueur, le cœur battant. C’est pas vraiment volontaire, mais le bruit les attire, alors se réveiller en hurlant, c’est pas le summum de la discrétion, mon cerveau a dû trouver une parade. Même si en l’occurrence, mes terreurs nocturnes n’ont jamais vraiment cessées, au contraire, elles sont épuisantes. Je crois que je crie moins, mais je suis pas sûre, alors dans le doute…

Et c’est pour ça que je me retrouve au milieu de la nuit, en totale panique intérieure, en train de fixer ma main en sang à la lueur de la lune. Si ça se trouve, c’était pas sa main. Si ça se trouve, ça a duré une éternité. Si ça se trouve, j’étais enceinte et je fais une fausse couche.
Putain mais respire ! Voilà. Tu inspires et tu expires. Et tu réfléchis plus de cinq secondes. Ce sont juste tes règles. Juste. Tes. Règles. Et Merde. Je secoue la tête et essuie ma main sur mon jean, avant de plier et replier des couches de papiers. Ça fera bien l’affaire en attendant non ?

Je reviens en silence vers les deux formes endormies et je me recroqueville dans un coin, serrant ma couverture autour de moi. Comment je vais faire ? C’est pour ça que j’ai la gerbe ? Et que j’ai l’estomac en vrac ? Ça dure combien de temps ? Il me faut des serviettes. Ou des trucs. Je sais pas trop en fait. J’espère que c’est bien ça et que je suis pas en train de me vider de mon sang pour de bon, ce serait moche.

Et autant dire que les jours suivants, je suis encore plus grognon que d’habitude. Et que je dois insister pour faire un tour dans une ou deux pharmacies en plus des magasins. J’ai pas envie de leur en parler, et puis, c’est des mecs, ils feraient quoi ? Me regarder en mode ‘eeeeew’ ? SU-PER, ça m’aiderait trop ! J’arrive plus ou moins à me débrouiller, même si je dois avoir l’air malade à pas vouloir manger et à me rouler en boule. Mais ça va, je gère.

Été 2019 – 15 ans
Le nez plissé, me mordant la langue, je m’éclaire à l’aide de la petite lampe qu’on a trouvé, maniant les petits outils pour tenter de remonter les roulements correctement. Ça fait quatre jours que je passe tout mon temps dessus, mais je crois que j’y arrive. Vous imaginez pas ma tête quand on a trouvé des rollers tout terrain dans le magasin de sport qu’on était allé fouillé, avec Alan et Deborah. C’est pas ce qu’on était venu chercher à la base, mais ils m’ont totalement perdu quand j’ai trouvé tout le matos. Je devais avoir les yeux brillants et tout. Évidemment, ça aurait été trop beau de trouver plus d’une paire en taille 36 fillette, mais sur le moment, je m’en foutais. Et je m’en fous toujours. J’ai pris des outils, des roues, des roulements, des axes, tout ce que j’ai pu embarquer. Et trois paires de rollers, dont une que tu peux enfiler au-dessus des chaussures. Le tout un peu usé par le temps, mais rien qui ne puisse se réparer. Depuis, je me suis amusée donc à démonter une paire pour essayer de réparer celle ma taille. Et je crois que je me débrouille pas trop mal. En tout cas, ça a l’air de tenir pour l’instant.
Certains me regardent bizarrement, alors que je leur ai dit que c’était des rollers tout-terrain. C’est fait pour aller n’importe où, que ce soit en forêt ou en terrain accidenté. Du coup, c’est parfait pour circuler partout maintenant non ? C’est plus rapide que de marcher en tout cas. Et c’est presque pareil que le patin à glace…

Un soupir m’échappe. Ça me manque. J’aimerais trop pouvoir en refaire. Ce serait peut-être possible s’il gèle assez cet hiver. Parce qu’évidemment, j’ai aussi trouvé des patins à glace… Sauf que c’est pas vraiment très utile dans l’immédiat, donc je les ai laissé… Mais je sais où en trouver. Et puis, en faisant attention, ce sera pas spécialement dangereux, pas vrai ? Je suis sûre que je pourrais en convaincre certains du groupe… ou demander à Lukas de le faire. Il est vachement plus doué que moi pour ça. Même si en vérité, ça va. Je veux dire, le groupe. Ils sont plutôt cool. J’ai toujours mon couteau sur moi, je le planque sous mon oreiller quand je dors, mais… je me sens plutôt… bien ici.

Octobre 2020 – 16 ans
Je me faufile en haut d’un arbre, grimpant aisément de branches en branches. Faut dire qu’avec mon poids plume, même les petites branches résistent bien. J’observe les alentours, restant silencieuse un moment, avant d’apercevoir du mouvement. J’indique une direction à Stephen, qui avance tout aussi silencieusement et se positionne. J’attends sagement que les animaux se rapprochent, jusqu’à ce qu’il décoche la flèche, qui fait mouche, comme toujours. L’animal fait quelques pas, mais s’écroule non loin. Je redescends en quelques secondes, rejoignant Stephen, et on s’arrête devant la biche. Qui n’est pas morte. J’inspire profondément et me met à genoux près de sa tête. « T’es pas obligée, je peux… » Je secoue la tête et j’attrape mon couteau, le plaçant sur la gorge de l’animal. Stephen déplace un peu ma main au bon endroit, et j’ai un instant d’hésitation. Il pourrait le faire. Il l’a déjà fait. Non. Non, je dois pouvoir le faire. « Je suis désolée… » Le sang jaillit, l’animal cesse de bouger en quelques secondes. Je me redresse, évite le regard du jeune homme, et j’attrape les pattes de l’animal. Stephen secoue la tête, mais s’abstient de tout commentaire, attrapant les autres pattes. Sauf que c’est super lourd ce truc.
Du coup, au final, il le traine presque tout seul, ce qui est moins cool. Mais il n’a pas l’air de m’en vouloir. Je crois qu’il m’aime bien. Ce que je pige pas, parce que je fais clairement rien pour, je suis pas plus sympa avec lui qu’avec les autres… Ou peut-être un peu à force, parce qu’il est tenace quand même… Mais il a beau être gentil, mignon et autre, il se passera rien. Je… peux juste pas. Je crois qu’il a compris, vu comment j’évite les contacts, mais ça rend pas les choses plus faciles pour autant.

J’ai un soupir et je fais craquer mon dos alors qu’on arrive au camp. Pour la suite par contre, j’ai beau savoir comment on fait, j’ai beau me dire qu’il faudra que je le fasse aussi, ce sera pas pour aujourd’hui. Je l’abandonne donc avec les autres, les laissant éventrer et dépiauter et tout.

Sans le vouloir, mes pas me mènent vers le pseudo terrain de tirs. Forcément que Lukas y est, pour pas changer. Avec Jonas. Je m’installe sur une vieille chaise dans un coin et je l’observe pendant un moment, serrant mon manteau autour de moi. Il commence à bien se débrouiller. Jonas tourne la tête vers moi et hausse un sourcil. Et comme d’habitude, je me contente de secouer la tête, avec une esquisse de sourire. L’arc, c’est le truc de Lukas, pas le mien. Je me contente des leçons de tirs que continue de me donner Egon. Ça fait du bruit, mais je trouve les flingues vachement plus sécurisants qu’un arc. Tu lèves, tu vises, tu tires. Pas de flèches à mettre. Ouais, faut des munitions, alors que les flèches tu les fabriques… Mais c’est bien pour ça que je compte demander au vieux de me montrer comment faire des cartouches. Après tout, il a pas parlé de nous montrer comment faire des explosifs ? Je sais que c’était juste pour nous faire patienter et qu’on lui foute la paix, mais il l’a dit. Du coup, il est baisé.

Juillet 2021 –17 ans
Je le fixe en plissant des yeux. Depuis quand il est aussi grand ? Ça fait quelques mois qu’il m’a rattrapé, et dépassé d’accord, mais là, il est carrément immense non ? Et j’emmerde ceux qui diront que je suis assez petite pour servir de repose-pied, à commencer par lui ! Un grognement m’échappe donc alors que je lui lance un regard mécontent. Je le préférais largement quand il se savait pas mignon, maintenant, il en joue beaucoup trop. Je plaindrais bien Sofia, mais elle est grande et consentante, alors je m’en cogne. Tant qu’il tombe pas amoureux d’elle après tout, je m’en fous aussi non ? Enfin, ça m’empêche pas de lui balancer des conneries, parce qu’il se prend un peu trop au sérieux avec ses trois poils au menton.

Je sursaute et donne un coup à Stephen qui vient de m’embrasser dans le cou. « Aieuh ! » Il me sourit et s’assoit à côté de moi, me poussant de l’épaule, ignorant superbement mon froncement de sourcils. Je le fixe, essayant encore une fois de déterminer s’il est maso ou complètement con de s’accrocher comme ça à moi. « T’es usant, tu sais, ça ? » Il sourit de plus belle. « C’est pour ça que tu m’aimes. » Je hausse un sourcil. « Pour ça et parce que je suis beau gosse. » Je lève les yeux au ciel, soupirant ostensiblement, ce qui évidemment le fait marre. « On va faire un tour ? Prends tes rollers ! On se retrouve à l’entrée ! » Il se lève et disparait déjà. Sérieux, mais il croit quoi ? Parce qu’en plus ouais, il se débrouille super bien en rollers. Presque aussi bien que moi.
N’empêche que je me dépite un peu de le rejoindre, rollers au pied… Et je cache bien vite mon sourire en l’apercevant, même si je suis sûre qu’il l’a vu.

Décembre 2021 – 17 ans
Je me redresse, tremblante et frissonnante, un hurlement au bord des lèvres. Je mets quelques secondes à revenir à moi, papillonnant des yeux, avant de me souvenir où je suis, et avec qui je suis. Quelques secondes de plus pour reprendre une respiration normale. Et encore quelques secondes pour ne plus trembler. J’arriverai pas à me rendormir. Je ferais une sieste demain si je peux. Je dors un peu mieux en journée. Je sors de la couverture et enfile en silence mes chaussures, avant de me lever pour attraper manteau, bonnet et écharpe. Egon est allongé, dos à moi, mais je sais qu’il ne dort pas. Je suis même surprise de le trouver allongé et non en train de monter la garde. Comme quoi, lui aussi à besoin de dormir, au moins un peu.

Je murmure dans un souffle. « Je vais faire un tour. Je sors pas du jardin et je fais pas de bruit. » Je le répète plus pour le principe, depuis le temps, on fonctionne plutôt bien… Même si… Même si on est plus que deux… Et puis, en vrai, même si je me barrais, il serait plus soulagé qu’autre chose. Je glisse la peluche stupide que j’ai trouvée avec le reste, avant de mettre le couteau dans ma ceinture, et de descendre avec le tout. Parce qu’on ne sait jamais.

Emmitouflée dans mon manteau, écharpe autour du cou, j’enfonce le bonnet sur mon crane et sors par la porte arrière, après avoir vérifié qu’il n’y avait aucun mouvement. Toujours silencieuse, je fais quelques pas et rejoins le fauteuil installé dans la cour le matin même. Repliant les jambes contre moi, je me recouvre de la couverture, et inspire profondément. Pour finir, je ressors la peluche, la serrant contre moi en murmurant des promesses que je suis la seule à entendre. Mais c’est promis. Je te retrouverais.


Janvier 2022 – 18 ans
Je me fige en entendant du bruit, m’approchant lentement de la fenêtre sans en écarter les rideaux. Le petit groupe de six, non sept, personnes passent devant les maisons sans s’arrêter, visiblement épuisées et sur les nerfs. Je m’assure qu’ils continuent bien leur route, les perdant de vue au bout de l’avenue, et je retourne fouiller en silence.
Finalement, ce n’était pas une si mauvaise idée d’explorer cette maison en construction. Pas de nourriture, ni de trucs de premières nécessités, mais j’ai trouvé des disjoncteurs, des genres de testeurs, des outils, des conneries, et surtout un petit moteur électrique, qui semble en état de fonctionnement, même si c’est difficile à dire au bout de si longtemps. Mais c’est exactement le genre de trucs qu’ils sont censés rechercher non ? ca devrait me valoir de la bouffe pour quelques jours, voire quelques munitions en plus non ? Bon, il pèse une tonne donc je sais pas trop comment je vais le trimballer jusqu’à leur ferme, mais je vais bien y arriver. Au pire, je demanderai au vieux grincheux de venir avec moi jusqu’à chez eux. Les Remnants là…

J’arrive à caser le moteur dans mon sac à dos. Putain, c’est presque aussi lourd que moi, ça va m’arracher le bras ce truc en fait. Le reste dans un sac à mes côtés, je roule jusqu’à la rue, et je sais pas ce que je fous, je suis clairement pas assez attentive, mais je me trouve le petit groupe de tout à l’heure à une vingtaine de mètre. Fait chier.

J’ai même pas besoin de m’approcher pour voir leurs oreilles se dresser. J’aurais bien dit leur queue aussi, mais avec mon sweat qui m’arrive aux genoux,  et mon bonnet enfoncé jusqu’aux oreilles, je ressemble absolument pas à une nana. Sans doute qu’ils s’en foutent. Et autant dire que je suis déjà en train de dévaler la rue dans l’autre sens quand ils se mettent à courir. Sans hésitation, je passe à travers les buissons et j’arrive sur des chemins plus difficiles d’accès, surtout pour de plus gros gabarits. Je parviens à tourner à nouveau, les distançant encore un peu sans pour autant ralentir. Peut-être que ce groupe de connards intéressera la blondinette et sa bande d’étoiles que j’avais croisé avant que le No Man’s Land ne disparaisse.


Depuis quelques mois, je dors plus vraiment. J’ai perdu quelques kilos, ça craint, et j’ai des cernes plus grandes que ma gueule. Avant, j’arrivais à me rendormir, parce que je les voyais dormir, parce que je me rapprochais de Lukas l’air de rien, parce que ça allait, tous les trois. Mais là, c’est de pire en pire. Enfin, je finis par tomber d’épuisement, mais je continue de me réveiller, chaque début de nuit, tremblante et en sueur, un hurlement inconsciemment retenu. Pas toujours. Parfois, je hurle et je me débats alors que Egon essaie de me calmer, de me ramener sur terre, alors qu’on doit fuir en pleine nuit parce que je suis incapable de gérer ces putains de crises. Le boulet de compet ouais.

Dès qu’il fait jour, je répète les mêmes gestes, trouver de l’eau, relever les pièges, vérifier le coin là où on est installés. Maintenant qu’il y a plus le No Man’s Land, c’est redevenu compliqué, mais c’est pas ce qui m’emmerde le plus. Souvent, je laisse le vieux tout l’après-midi, voire toute la journée. Mais je reviens toujours. Et lui aussi. On s’est mis d’accord pour avoir au moins deux autres endroits, si jamais notre planque était trouvé ou qu’il y avait un problème. Comme en novembre.

Rollers aux pieds, je passe mon temps à sillonner les routes, essayant toujours de faire un nouveau coin, en espérant trouver une trace, un indice qui me prouverait qu’il est toujours en vie. Espérant tomber sur lui. Parfois, le long des chemins plus fréquentés, j’accroche une étoile toute moche que j’ai découpée dans du vieux tissu. Peut-être qu’il la verra et comprendra.
… Tu parles. C’est aussi ridicule que d’avoir pris cette foutue peluche de husky. J’aurais peut-être dû me contenter de celle de panda roux pour moi. Mais ça voudrait dire que j’envisage qu’il soit mort. Et c’est même pas la peine. C’est un abruti, mais il sait se débrouiller. Et puis lui, il sait comment embobiner les gens avec son sourire de premier de la classe là. Obligé qu’il soit encore en vie.

Ça m’arrive de croiser des gens aussi, mais je reste toujours assez loin pour pouvoir me casser. Et les rollers me filent un avantage niveau vitesse. Non, j’aime toujours pas les gens. Y a que quand je suis avec Egon – Wolfie pour les intimes – que je fais un effort. Vite fait quoi, je m’enfuis pas quoi.
Bon, non en vrai, je sais qu’on a besoin d’aide, de trocs, de ces conneries. Depuis le temps, je suis pas totalement débile, je sais faire. Je les envoie pas chier, je leur parle, je les baratine, et de temps à autre, même que je leur souris. Je sais, c’est super impressionnant, ça m’épate moi-même. Mais faut bien ça, pour les attendrir ou pour leur faire comprendre que je suis une pauvre petite chose. Mais ça m’emmerde.


time to met the devil

• Pseudo (sur internet) : Lulu
• Âge irl : Bubulles !
• Présence : Tout le teeeemps (ou pas)
• Personnage : Inventé [X] / scénario/prédef [ ]
• Comment avez-vous découvert le forum ?C’était il y a trop longtemps
• Qu'est-ce qui vous a convaincu de vous inscrire ? Trop de choses
• Voulez-vous un parrain pour vous aider sur le forum Oui [ ] / Non [X]
• Crédits (avatar et gifs) Moi
• Code du règlement Bla ?

fiche (c) langouste.
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Re: Jodie Holmes

Jeu 24 Fév 2022 - 15:27

Mais quelle beauté ! perf
Re bienvenuuuuuue niark niark niark


don't torture yourself, that's my job.
I'm just like any modern woman trying to have it all. Love, family. It's just, I wish I had more time to seek out the dark forces and join their hellish crusade."
Madalena Auditore
Madalena Auditore
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Re: Jodie Holmes

Jeu 24 Fév 2022 - 15:28

oooh, rebienvenue par ici Jodie Holmes 1342238320


We could stay like this forever, lost in wonderland, with our head above the clouds, falling stupid like we're kids. Wearing rose-colored lenses, let's just play pretend. Wearing rose-colored lenses, pretend we'll never end.
❝We went to hell but we never came back.❞


Friedrich W. Eden
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Re: Jodie Holmes

Jeu 24 Fév 2022 - 15:28

Ouiiii enfin :smile42: :smile42: Jodie Holmes 2017363390
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Re: Jodie Holmes

Jeu 24 Fév 2022 - 15:29

rebienvenueee Jodie Holmes 1342238320


You have to break yourself down to rebuild yourself stronger
Camila Moore
Camila Moore
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Re: Jodie Holmes

Jeu 24 Fév 2022 - 15:29

Rebienvenuuuuue Jodie Holmes 1342238320





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Re: Jodie Holmes

Jeu 24 Fév 2022 - 16:45

Amuse toi bien avec Jodie ! :smile42:
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Re: Jodie Holmes

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