On lui a dit de venir, que c’est important. Sans comprendre réellement ce qu’il se passe, Otis se retrouve avec un talkie dans la main. Il fronce les sourcils, ne comprenant pas très bien avant qu’on lui explique que Lucy veut lui parler. Le métis sent alors son cœur louper un battement. « Vraiment ? Je… Je peux lui parler ? » Il n’y croit pas, il ne réalise pas. Après tout ce temps, le choc est grand.

Figé, il croise les regards autour de lui, ces regards qui lui intiment de parler, qui lui donne du courage pour se lancer. Un léger grésillement retentit, il presse finalement le bouton avant de souffler, difficilement. Il va pouvoir lui parler, il n’arrive pas à y croire. « Lu… Lucy ? C’est… C’est toi ? » On l’a prévenu que la communication ne sera peut-être pas parfaite… Le temps semble s’arrêter alors qu’il attend une réponse. Il reprend alors, bien trop impatient. « C’est Otis… Lucy ? Tu m’entends ? » Il déglutit difficilement avant de s’asseoir, ses jambes tremblent sous le coup de l’émotion.

Lucy regarda la radio pendant plusieurs seconde, à en examiner la couleur, la texture, avant de réagir aux paroles qui étaient crachoté par le haut-parleur. C’était bien réel : « Otis ? » ça faisait du bien d’entendre cette voix, un bien fou, un soulagement de savoir qu’elle n’était pas seule pour élever Persée, même s’il n’était pas là avec elles : « Je t’entends, il était temps. Je commençais à croire que tu avais eu des problèmes toi aussi. »

Une peur peut-être justifiée, ou irréaliste, dans un cas comme dans l’autre… la rousse avait un sourire aux lèvres, simplement heureuse de pouvoir parler à Otis, de pouvoir lui parler de Persée et de tout ce qui leur étaient arrivés ces derniers temps : « Comment tu vas ? »

Il a du mal à y croire. C'est bien elle. Une vague immense de joie l'inonde brusquement. Peut-être un peu trop d'ailleurs car ses yeux brillent un peu. Il est si heureux de pouvoir l'entendre. « Oui... Je suis là. » Dit-il, rassuré. Il ne peut pas s'empêcher de sourire lorsqu'elle lui dit s'être inquiétée pour lui, qu'elle craignait qu'il ait eu des problèmes. « Ça va oui. » Il n'a pas envie de lui avouer que cela fait des semaines qu'il souffre de cette séparation, que les crises d'angoisse redeviennent de plus en plus fréquentes, qu'il a totalement perdu le contrôle lors de la soirée chez les forains...

« Et toi ? Tu t'en sors avec... » Il se rend compte qu'il ne sait même pas comment s'appelle son enfant. Il se sent brusquement coupable de ne pas pouvoir être présent pour l'aider. « Tu... Tu as choisi quel prénom finalement ? » Ose-t-il demander.