Toute la vie pré-apocalyptique de Luna s'est déroulée à Longview

• 25 décembre 2001 : C'est le jour de Noël que je suis venue au monde, à Longview. Je ne suis pas arrivée dans une famille aimante qui attendait impatiemment la venue de leur premier enfant, non, pas du tout. Ma mère Emma, entretenait une relation avec un homme politique influent déjà marié lorsqu'elle est tombée enceinte. Mon père ne m'a jamais reconnu, à ma naissance, il a fait parvenir une petite somme d'argent pour acheter le silence de ma mère. Elle a toujours refusé de me parler de lui. Les premières années, nous étions assez à l'abri du besoin. Ma mère continuait à travailler en tant que vendeuse et nous ne puisions dans la somme d'argent léguée par mon père qu'en cas d'extrême nécessité.

• 25 décembre 2006 : Le sapin était près et pourtant, le père noël n'est pas passé. Le sapin est resté vide. Ma mère a aussi oublié mon anniversaire et elle n'était même pas présente pour moi, probablement au boulot. C'est ce jour-là pourtant que ma vie a pris un tournant décisif et inattendu. Quelqu'un a sonné à la porte, notre voisine Violet, m'a proposé de venir manger chez elle. Nous avons dégusté un gâteau qu'elle avait acheté spécialement pour l'occasion et mangé des tas de bonnes choses que je ne connaissais pas. Cela changeait de la malbouffe à laquelle j'étais habituée. Violet m'a présenté toute sa collection de violon. C'est une grande violoniste célèbre dans tout l'Etat. Elle m'a montré des vidéos de ses concerts à l'Opéra et elle m'a proposé de me donner quelques cours de solfège. Ce fut le plus bel anniversaire de ma vie. Depuis ce jour-là, j'ai revu Violet régulièrement.

• 2008 : Après plusieurs années de célibat, ma mère a rencontré quelqu'un. Je n'avais pas vraiment d'opinion sur Sean, il ne s'occupait pas du tout de moi. Elle s'est rapidement remariée et l'année d'après, elle a donné naissance à Ace, mon petit frère. Est-ce qu'on était comme un semblant de famille ? Pas vraiment. J'avais plus l'impression d'être la pièce du mauvais puzzle. Lorsque j'ai rencontré pour la première fois mon frère, je l'ai détesté. C'était ma mère, hors de question que je la partage avec un autre, et encore moins un mioche qui passe son temps à pleurer. Et pourtant, au fil du temps, je me suis accrochée à lui et j'ai appris à l'aimer. C'est qu'il était attachant ce morveux avec ses grands yeux sombres et ses petites mains qui réclamaient des câlins. Au moins, lui, il m'aimait quoique je fasse et ses élans d'affection ne dépendaient pas de ses humeurs comme ma mère.  

• 25 décembre 2009 : Cela fait bien longtemps que j'ai compris que le père noël ne passerait pas. Une fois de plus, c'est Violet qui a rendu ce jour unique comme chaque année : elle m'a offert mon premier violon. Je continue de la voir, tous les mardis et tous les jeudis après les cours et elle me donne des cours de violon. Comparé à l'école où je ne trouvais pas grand intérêt aux apprentissages, j'aimais beaucoup ces moments passés avec Violet. Sa douceur, sa gentillesse étaient tout ce que je ne connaissais pas vraiment au quotidien.

• 2011 : Le mariage entre Sean et Emma aura duré trois ans, puis ce fut le divorce. Ma mère est retombée dans la dépression et cette fois-ci, elle n'avait pas envie d'en sortir. Financièrement, c'était de plus en plus difficile, le peu d'argent que nous avions, passé souvent dans l'alcool ou les médicaments d'Emma. De mon côté, je m'occupe beaucoup d'Ace, je passe pas mal de temps dehors à voler de la nourriture sur les étals du marché ou des petits cadeaux dans les magasins de jouets pour lui. Je suis devenue de plus en plus forte et douée pour voler. Les seules fois où je me suis faite attrapée et où ma mère a dû venir me chercher au commissariat du quartier m'ont laissé de belles marques sur les côtes. Emma n'était pas violente, mais elle ne supportait pas qu'on lui attire des ennuis ou qu'on crache sur "l'éducation" qu'elle tentait de nous donner, enfin, plutôt sur la bonne image qu'elle tentait de donner aux autres.

• 22 novembre 2012 : « Je refuse que ma fille continue à voir la votre ! » Le ton monte entre le père de Kenya ma meilleure amie et ma mère. Visiblement, je suis allée trop loin en lui demandant de cacher un paquet de cigarettes que j'avais volé à un homme dans la rue. Je n'ai pas beaucoup d'amis, Kenya est la seule qui ne se moque pas de mes vêtements troués et de mes déjeuners "de pauvre" comme les autres aiment le dire. J'ai du répondant et j'ai souvent mis à terre un de mes petits camarades un peu trop moqueur. Quand le père de Kenya s'est mis à traiter ma mère d'alcoolique et de pauvre femme, je lui ai donné un coup de pied dans le tibia. J'ai reçu une belle gifle de ma mère en retour. Pfff, fichu monde.

• 15 août 2014 : C'est totalement par hasard que j'ai appris l'existence de mon père. Un journal trainé sur la petite table du salon et une photo y était entourée. J'ai demandé des explications à ma mère et, complètement abrutie par les médicaments, elle m'a lâché la vérité : c'était mon père. Ainsi, je pouvais mettre un visage sur celui que j'idéalisais depuis quelques années. Ma version des choses était simple : mon père s'était forcément perdu, il avait dû quitter brusquement la maison et n'avait jamais pu revenir. Il n'était pas comme cet abruti de Sean qui évitait Ace et qui ne le voyait que rarement. J'ai alors tenté de reprendre contact avec lui, grâce à son nom de famille, je l'ai rapidement trouvé. C'était un politicien, à l'époque, je ne savais pas ce que ça voulait dire. Je me suis rendue directement au bureau où il travaillait, en bus, dans la ville voisine. Le regard qu'il m'a lancé ce jour-là, je ne l'oublierai jamais. Il a nié avoir une fille, il s'est mis à me crier dessus et il a demandé à son service de sécurité de me raccompagner dehors. J'ai commencé à nourrir une réelle haine contre lui. Il a brisé toutes mes espérances, ce n'était qu'un enfoiré, comme tous les autres.

• 13 janvier 2015 : La pression monte tandis que je m'avance devant les trois personnes qui font passer les auditions. Le violon que m'a donné Violet entre les mains, je cherche dans le public ma mère mais je ne la trouve pas. Seule notre voisine et Ace sont assis au premier rang. L'audition se passe bien, Violet dit que j'ai assuré comme une cheffe et qu'elle a rarement vu quelqu'un de mon âge manier le violon aussi bien. Les résultats tombent quelques semaines plus tard : je suis admise ! Et la désillusion est grande : les frais de scolarité sont énormes, ma mère me rit au nez quand je lui en parle. Violet est déçue elle aussi : la seule manière de pouvoir les frais serait de demander une bourse, ce qui est impossible au vu de mes résultats scolaires plus que catastrophique. Mes rêves se sont envolés.

• Octobre 2015 : Longview à la maison : « Putain ! » L'insulte m'échappe et je lève aussitôt une main vers Ace pour m'excuser. Bon sang, je n'en peux plus de cette chaine d'infos qui passe la même chose en boucle. Une épidémie, il faut rester enfermé, blablabla. Ils sont bien gentils mais comment on fait pour bouffer, nous ? Nos provisions s'épuisent à vue d’œil. J'ai bien tenté de nous réapprovisionner régulièrement au début, mais rapidement, tout a manqué. Maman ne semble pas vraiment savoir que faire, elle a recommencé à prendre ses médicaments et passe la majorité du temps enfermée dans sa chambre. Il n'y a bien qu'une personne qui peut nous aider et c'est au bout d'une semaine après les premières alertes, que j'ai passé le pas de sa porte. « Violet ? »  Seul un râle me répond. J'aurais dû faire demi-tour, je le sentais et pourtant, j'ai continué. Je suis tombée sur mon ancienne voisine, celle qui était devenue presque comme une deuxième mère à mes yeux. Elle avait changé, son regard était vitreux et surtout, son menton et une partie de son visage était en bouilli, sanguinolent, la moitié de la mâchoire à découverte. Cela ne l'a pas empêché de se jeter sur moi pour m'attraper. Violet était morte, elle s'était suicidée avec son arme à feu. J'ai réussi à prendre la fuite et à l'enfermer dans son appartement. Et je l'ai entendu à chaque fois que je passais dans le couloir. Elle s'acharnait derrière la porte, infatigable, obstinée.

•Novembre 2015 : à la maison : J'ai supplié maman pendant de longues semaines, de quitter la maison, mais peine perdu, elle a toujours refusé. J'étais persuadée que dehors, d'autres personnes pourraient nous aider. Mark et Lisa, deux de nos voisins, sont venus habiter avec nous. Ils sont gentils, mais forcément, je me sens plus à l'étroit dans notre appartement. J'ai du leur laisser ma chambre et je dors dans celle d'Ace maintenant. Le téléphone ne marche plus, mon petit frère est déçu de ne plus avoir de nouvelles de son père. Pour ma part, je pense que c'est juste un enfoiré comme les autres, pourquoi n'est-il pas venu le chercher quand c'était encore possible ?
Maman sort de moins en moins de sa chambre. Je passe mon temps à lui apporter des plateaux et à essayer de lui faire la lecture. Je n'aime pas la voir comme ça. J'ai l'impression qu'elle est ailleurs, perdu dans son monde. J'ai été tenté de jeter ses médicaments dans les toilettes, je sais qu'elle est comme ça à cause de toutes les pilules qu'elle prend. Si j'avais su, je n'aurais pas hésité et je l'aurais fait.

•Décembre 2015 : Longview à la maison : Voilà plusieurs semaines que nous survivons comme nous pouvons. Je vais souvent dehors pour trouver de la nourriture. J'ai fouillé tous les appartements des voisins, ils étaient tous vides de leurs propriétaires et j'ai pu récupérer quelques provisions, j'ai réussi à nous faire tenir comme ça quelques temps avec Mark. Lisa est enceinte, son ventre s'arrondit de plus en plus, alors forcément, elle reste d'avantage à la maison, elle s'occupe de Ace. Maman va de moins en moins bien, elle est de plus en plus maigre, Lisa est inquiète pour elle, je l'ai entendu le dire à Mark. Un jour, avec Ace, nous avons voulu lui apporter de la nourriture et en rentrant dans sa chambre, j'ai tout de suite vu que quelque chose n'allait pas. Elle se tenait bizarrement, vers la fenêtre. Mon regard a été attiré par son lit où j'ai vu tous ses précieux médicaments renversés. J'ai compris ce qu'il se passait au moment où elle a voulu se jeter sur nous. J'ai juste eu le temps de tirer Ace en arrière et Mark a essayé de la poignarder, en vain. Nous avons dû quitter précipitamment la maison, j'ai eu juste le temps d'attraper quelques affaires comme mon violon, un petit album photos et mon sac à dos.
Durant notre fuite, nous sommes tombés sur les forces de l'ordre. Ils nous ont indiqué un grand centre commercial où nous avons retrouvé d'autres survivants.

• Mars 2016 : Longview, refuge du Walmart : Le centre commercial paraissait être un refuge sûre, mais j'ai tout de suite compris que ce ne serait pas éternel. Pendant qu'Ace passait ses journées au rayon jouets avec d'autres gosses de son âge, j'ai préféré m'entrainer avec Mark. Notre cible préférée ? Les mannequins des magasins de vêtements, j'apprenais à viser la tête, comme s'ils étaient des rôdeurs à éliminer.
Un policier, Jack, m'a même pris sous son aile, il devait avoir dans les trente ans environs, il voulait à tout prix m'apprendre à tirer avec une arme à feu, mais j'étais toujours terrifiée par les flingues. Je revoyais sans cesse le visage blessé de Violet, sa mâchoire pendante, à moitié détruite. Jack me ramenait souvent des trucs de ses patrouilles à l'extérieure, de la nourriture, des vêtements... Mark a commencé à me mettre en garde contre lui. Je lui en ai beaucoup voulu, je n'avais pas besoin d'un deuxième père. Moi, je pensais alors naïvement avoir trouver un allié en Jack. Un jour pourtant, il s'est montré plus entreprenant, il a commencé à vouloir glisser ses mains sous mon t-shirt, à me dire que ses petits cadeaux avaient un prix. C'est Mark qui est intervenu et qui m'a tiré de ce mauvais pas. Il a menacé Jack de tout dévoiler à ses collègues. J'avais seulement 14 ans et je venais de me prendre une nouvelle claque, encore un adulte à qui on ne pouvait pas faire confiance. Après cet épisode, Jack m'a laissé tranquille.
Lisa a accouché quelques jours après ce malheureux incident d'une petite Nina. Par miracle, le bébé était en bonne santé.

• Mars 2017 : Longview, refuge du Walmart : Alors que Nina venait tout juste de fêter ses 1 ans, un policier est rentré, mordu par un rôdeur. Il n'a rien dit aux autres et il est décédé durant la nuit. Il s'en est pris à ses collègues et de là, nous nous sommes retrouvés submergés par les morts. Mark et Lisa ont tenté de les repousser, ils nous ont mis dehors en nous confiant Nina. Nous avons pu sortir in extremis mais ils n'ont pas eu cette chance. A partir de ce jour là, ce fut une galère sans fin. Nous avons fuit, traversé une rivière en portant Nina à bout de bras.

Un jour, j'ai dû laisser Nina et Ace seuls dans une petite boutique pendant que je partais chercher de la nourriture. La petite fille pleurait beaucoup, la prendre avec nous en sortie était trop risqué, elle attirait tous les morts sur nous. Je sais qu'elle avait seulement faim, mais nous aussi nos ventres criaient famine. J'ai dû m'absenter longtemps, tout avait déjà été pillé et c'est seulement de longues heures après quand j'ai réussi à mettre la main sur un petit stock de boites de conserves que je suis revenue dans la boutique. Là, j'ai vu que des morts essayaient de rentrer dans le commerce où étaient réfugiés Ace et Nina. Je les ai tué et quand j'ai enfin réussi à rentrer, je suis tombée sur une vision d'effroi : Ace se tenait là, pâle, sanglotant, il a fondu en larmes en s'excusant. J'ai rapidement compris : Nina était morte. Elle s'agitait dans ses draps, le regard vitreux, ce n'étaient plus des pleures qui s'échappaient de ses lèvres, mais seulement des râles. J'ai demandé à Ace de rester là et je m'en suis occupée. Je l'ai éliminé et je l'ai enterré à quelques mètres de la boutique. Ce fut probablement la pire chose que j'ai dû faire depuis le début.

Je me suis renfermée sur moi-même quelques temps, je n'en voulais pas à Ace, il avait fait ce qu'il avait pu, mais le visage de Nina hantait toutes mes nuits. J'avais promis à Mark et Lisa de m'occuper d'elle et j'avais échoué. La culpabilité était énorme. Quelques mois plus tard, nous sommes tombés sur des survivants. Ils nous ont conduit chez eux : au Raven Wood Ranch dans l'Est, perdu dans la campagne.

• Fin 2017, 2018 : Kelso au Raven Wood Ranch : Là-bas, nous avons fait la connaissance d'une douzaine de personnes. J'ai rapidement mis la main à la pâte : j'aidais dans les champs ou au ranch. Ils ont refusé que je sorte à  nouveau pour aider au ravitaillement et ce fut un soulagement. Peu à peu, j'ai baissé ma vigilance, je suis devenue moins méfiante. Je retrouvais un peu l'insouciance d'une gamine de 16 ans. C'est d'ailleurs au ranch que j'ai connu mon premier chagrin d'amour. Un garçon, Steve, venait d'arriver, et nous nous sommes tout de suite rapprochés. Il m'a enseigné l'art du lance-pierre et je me suis efforcée de m'entrainer chaque jour. J'avais trouvé l'arme qu'il me fallait, toujours effrayée par les armes à feu. Nous ne sommes pas allés plus loin que quelques bisous. Un jour, Steve a voulu aller dehors et il s'est fait tuer par un rôdeur. J'ai mis du temps à me remettre de sa perte, cela m'a rappelé à quel point le monde extérieur pouvait être brutal. Je me suis efforcée de m'améliorer encore et encore au lance-pierre. Je sais que de son côté, Ace s'entrainait avec John, le propriétaire du ranch. Il semblait enfin épanouit et j'en étais heureuse. Il y avait des accidents de temps en temps, quelques rôdeurs arrivaient jusqu'au refuge et je me portais souvent volontaire pour les éliminer avec Peter, le fils de John. C'étaient des cibles faciles, souvent prises dans les pièges qui entouraient le ranch.

• Décembre 2019 : Kelso au Raven Wood Ranch : Une fois de plus, je me suis proposée pour sortir chercher de la nourriture et des armes et cette fois, John a accepté. Je n'étais pas vraiment rassurée, mais je voulais me montrer utile. Petit à petit, je me suis attachée aux personnes ici et j'ai commencé à voir John comme un père de substitution. Nous sommes allés plus au nord du ranch et c'est là que j'ai été attaquée par une meute de chiens errants. Ils m'ont mordu à plusieurs endroits : à la cheville, au bras et à la hanche. C'est John qui m'a sauvé la vie en leur tirant dessus. Suite à ça, mes blessures se sont infectées et j'ai du rester alitée de nombreux jours, gaspillant ainsi les précieux médicaments que John avait mis de côté depuis un moment.  

• Noël 2020 : Kelso au Raven Wood Ranch : Pour mon anniversaire, John m'a fait un cadeau inestimable. Il m'a ramené d'une de ses sorties à l'extérieur des nouvelles cordes pour mon violon. Cela faisait quelques mois que je ne pouvais plus en jouer car elles étaient trop usées. Nous avons aussi mangé de la dinde et du chocolat, un vrai repas de fête ! Nous étions tous réunis : John, Peter, Ace et toutes les personnes présentes au ranch. Je me suis sentie unique, aimée. C'est un souvenir précieux à laquelle je me suis raccrochée les mois suivant quand tout a à nouveau basculé.

• Août 2021 : Kelso au Raven Wood Ranch : La vie au ranch s'est finie de manière tragique. Alors qu'une terrible canicule s'est abattue sur les environs, la forêt a pris feu, non loin du ranch et les cultures se sont embrasées. Le feu a attiré des rôdeurs différents que nous n'avions jamais rencontré : plus résistants, plus vifs. Beaucoup d'entre nous ont péri cette nuit-là. Ace, John, Peter et moi avons pu fuir en voiture, sans savoir qui était encore en vie. Les supers-rôdeurs étaient peu nombreux, 2 ou 3, mais nous ne savions pas comment les combattre, ils étaient trop dangereux, rester sur place aurait signifié une mort certaine. Nous avons décidé de tenter notre chance du côté de Seattle. Le chemin a été long. Nous avons dû nous arrêter à de nombreuses reprises, surtout pour Peter qui était blessé, brulé gravement à la jambe. Trouver de la nourriture était de plus en plus compliqué. C'est finalement à Olympia que nous avons décidé de nous arrêter. Certains survivants rencontrés par hasard nous ont déconseillé d'aller jusqu'à Seattle où un groupe hostile s'était installé.

• Début 2022 : Olympia Cela fait quelques semaines que nous sommes installés à Olympia. Peter va mieux, il boite encore mais sa blessure est de l'histoire ancienne maintenant. Nous avons découvert un nouvel endroit : le Store, beaucoup font du troc là-bas.
Nous nous sommes installés dans une maison non loin, et nous avons commencé à proposer quelques services en échange de nourriture. Habitués au durs travaux, John et Peter proposaient leurs aides et se faisaient embaucher de temps en temps.

• Mars 2022 : Olympia Un jour, trois hommes ont débarqué alors que nous prenions notre repas. Ils m'ont attrapé et m'ont menacé avec leur arme. John a tenté de s'interposer, il a même proposé de se sacrifier pour qu'ils me laissent la vie sauve. Ace a tenté de leur sauter dessus et le reste est assez confus à mes yeux. Je me souviens des coups de feu, de Peter et John tombant au sol, une balle dans le crâne, et de Ace, couvert de sang. J'ai hurlé, je me suis débattue, mais peine perdue, ils m'ont emmenée. Ils m'ont enfermée dans une cave avec d'autres femmes, des enfants aussi. Depuis, j'essaye de fuir, tous les jours, je n'ai qu'une seule idée en tête : retrouver mon petit frère.
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Depuis début mars, ma vie a pris un tournant radicalement différent puisque j'ai été enlevée par les Brotherhood.
Avant ça, je passais mes journées avec Ace, Peter et John. Les priorités étaient toujours les mêmes : protéger Ace, trouver de la nourriture, un abri pour passer la nuit, éviter les rôdeurs et les éliminer si nous n'avions pas le choix. La vie n'était pas simple mais nous étions ensemble, c'est tout ce qui m'importait. Depuis début 2022, nous étions installés du côté d'Olympia, grâce au Store, nous pouvions échanger des services : de la main d’œuvre contre un peu de nourriture.

Depuis que j'ai été enlevée, c'est un cauchemar. Je n'arrête pas de penser à Ace, est-il mort ? A-t-il pu s'en sortir ? Et où est-il ? C'est ce qui me fait tenir. Nous sommes nombreux enfermés dans cette cave. Il y a beaucoup de femmes, des enfants aussi. Certains arrivent, d'autres repartent. J'essaye de prendre soin d'eux, de les rassurer alors que moi-même je n'en mène pas large. A chaque fois que la porte s'ouvre, je tente ma chance et essaie de m'échapper. Ils n'ont aucun mal à me maîtriser et la plupart du temps ça les fait rire. J'entends des réflexions qui m'effraient "on en tirera un bon prix", "elle leur plaiera". Que va-t-il m'arriver ? Visiblement, ils baignent dans le trafic d'êtres humains. C'est dégoûtant. Je me suis pris quelques coups aussi, une lèvre éclatée, des coups dans les côtes, mais rien qui n'entache ma volonté de m'enfuir, pour Ace, parce qu'il est en vie, le contraire n'est pas possible. Alors, j'essaie, à chaque fois que la porte s'ouvre, peut être que ça finira par porter ses fruits. Il le faut.