Les plantations étaient en pleine effervescence. Valentine partait dans peu de temps pour sa première mission diplomatique, et elle n’avait pas beaucoup de temps à perdre. Les emplois du temps pour les prochains jours avaient été faits, affichés et chacun avait pu prendre connaissance de son rôle pour les prochains jours. Les affichages étaient toujours détaillés, quel semi, à quel endroit et à quel période planter. Il arrivait à la saison critique, pour des récoltes conséquentes tout était à jouer maintenant. Son absence en tant que responsable ne passerait certainement pas inaperçue, mais Valentine s’était portée volontaire, elle ne pouvait se dérober à cette nouvelle … « responsabilités » ?

L’horticultrice regarda son propre planning pour la journée. Il y a quelques jours, elle aurait certainement déploré les allers-retours nombreux et les distances, mais depuis l’obtention d’un véhicule, les choses se faisaient beaucoup plus facilement. Il faut dire que si elle avait longtemps déploré son incapacité à prendre du poids, le vélo n’aidait pas à emmagasiner quelques graisses surtout pour passer l’hiver. Les beaux jours arrivaient, ce genre de questionnements futiles n’avaient désormais plus vraiment lieu d’être.

Valentine devait encore passer aux champs, s’assurer du bon fonctionnement des cultures qui se trouvaient en périphérie de la ville, à la clinique pour y livrer les plantes médicinales et celles auxquelles le public n’avait pas forcément accès, avant de faire faire un  tour des différents propriétés qui pourraient potentiellement accueillir le nouveau verger qui aiderait à améliorer le rendement de la production générale alimentaire. Il ne fallait pas non plus qu’elle oublie de passer aux élevages pour coordonner la livraison de compost et lisier aux plantations et aux cultures. La journée risquait d’être longue, mais avec un peu de chance, elle réussirait à tout faire avant que le soleil ne se couche.

La française fut sortie de ses pensées par une femme qui l’accosta.  Valentine se retourna pour trouver face à elle une femme qu’elle n’avait jamais vue auparavant. Une nouvelle arrivante, qui lui rappelait que le nombre de nouvelle personne arrivant à Fort Ward ne baisserait pas, le temps presse, elle regarde sa monstre avant de reporter son attention sur l’inconnue. - Vous êtes au Verger, aux plantations.   lui répond-elle, dans un soupir, alors que son interlocutrice semble bien perdue. - Vous cherchez quel logement ? lui demande t-elle. - Civils, militaires ?

Valentine n’avait honnêtement pas vocations à faire visite guidée, ou même accompagnatrice de nouveaux perdus. Dans un soupir, elle retire ses gants, qu’elle range, par habitude, dans la poche avant de sa salopette. -  Vous devez faire partie des nouveaux arrivants. déclare t-elle, en regardant la jeune femme en face d’elle. À en croire le peu d’informations qu’avait l’inconnue, elle devait se rendre au campement militaire. Valentine n’avait jamais bien compris pourquoi ils étaient séparés, mais elle imaginait l’intégration de l’étrangère plus simple si celle-ci se retrouvait au milieu de ses pairs, surtout si elle était arrivée seule.

L’horticultrice avait encore pas de mal de pains sur la planche, et en parlant de pain, cette année, les cultures de blés devraient pouvoir se transformer en farine, et les déchets issus de blé seraient envoyé aux élevages. Un cycle qui lui semblait plus que sain, et qui demeurait dans ce qu’elle avait voulu re-construire.

Valentine regarde la montre qu’elle avait au poignet droit malgré le fait qu’elle soit droitière. Une chose qu’elle n’avait jamais réussit à corriger, et d’ailleurs, elle n’avait jamais vraiment compris pourquoi la chose semblait si grave. Elle fut sortie de ses pensées par le fait que la nouvelle souhaitait « visiter ». L’horticultrice la regarde quelques secondes, elle pouvait parfaitement comprendre le besoin de chacun d’apprivoiser un nouvel environnement, surtout comme celui de Fort Ward. Il y avait … beaucoup à avaler quand on arrivait de l’extérieur.

- Je peux vous faire la visite quelques minutes, au delà j’ai des livraisons à faire, je vous déposerais sur le chemin. explique t-elle, ensuite. Valentine ne voulait pas avoir sur la conscience la disparition d’une nouvelle recrue, et d’ailleurs en dehors d’une disparition, il demeurait préférable que la blonde ne s’aventure pas dans certaine partie de la communauté, la zone scientifique, par exemple, avait encore son lot de secrets que l’on ne divulguait pas au premier venu.

- Je m’appelle Valentine, je suis responsable des cultures, des plantations, et de la coordination avec la partie élevage.   déclare t-elle en ouvrant la marche, espérant que la nouvelle ne traînerait pas. Valentine n’avait pas beaucoup de patience ces jours-ci, et il était préférable de ne pas lui faire perdre son temps.

- Fraichement arrivée, je suppose ? Vous venez d’ou ?

Non, il est vrai qu’elle n’était pas obligée. Dans d’autres circonstances, elle n’aurait certainement pas fait l’effort, Valentine estimait qu’il était préférable qu’elle ne se perde pas dans d’autres partie de Fort Ward. Les nouveaux arrivants arrivaient toujours étrangement à trouver les informations les plus sensibles, et dans le cas de la communauté de Bainbridge, certaines choses étaient bien mieux cachées.

C’est un travail de plusieurs années, explique t-elle, alors qu’elle regarde les derniers cartons et sacs être mis à l’arrière de son pick-up. Il est certain que quelqu’un d’autre pouvait se charger des livraisons, ce n’était pas une question de confiance, mais c’était surtout que le pick-up avait une boite manuelle, que les clichés avaient la dent dure et qu’en temps que française elle était l’une des seule à être particulièrement à l’aise avec cette boite de vitesse d’un autre temps. Sans oublié, que la française appréciait conduire et pour ne rien oublié, il y avait parfois des livraisons un peu plus sensible que d’autre, et elle préférait veiller un oeil sur celles-ci.

Un sourcil se hausse quand Ashley se présente et lui explique son parcours jusqu’ici. Elle n’avait pas du avoir le trajet simple, elle avait quitté Seattle suite à la prise de la ville par New Eden. La française n’osait imaginer le genre de parcours tortueux qui avait mené la jeune femme jusqu’à Bainbridge Island. Pas un parcours simple, commente t-elle. Un fait, mais du reste, Valentine n’avait pas spécialement la capacité de se mettre à la place de quelqu’un d’autre, elle trouvait ça généralement déplacé. Mais elle n’avait aucun mal à imaginer la galère et l’angoisse. 


Je suppose que oui, répond t-elle, Même si ce serait arrogant d’en récolté toutes les louanges, continue t-elle, alors qua la voiture quittait la verger. Conduire avec des vivres à l’arrière, lui rappelait les meilleurs souvenirs de sa vie française. Le verger a commencé en 2019, me semble t-il ou peut-être 2018, le reste est venu se greffer au fur et à mesure.

C’était le travail de plusieurs années, de sueur et de frustration. L’horticultrice était réellement fière du travail accompli. Pilote, vous allez travailler avec Adrienne alors, il y a pas de mal de choses à faire du côté de l’aviation, vous n’allez pas chômer. Le comité d'accueil aurait du vous montrer au moins votre baraquement...