C’était devenu comme un vieux refrain. Chaque matin, je débutais par une séance d’entraînement en bonne et due forme. J’avais pris le pli assez rapidement depuis les premières sessions avec Stanley. Les murs, cordes, filets ou échelles qui parsemaient le terrain ne me posaient plus vraiment de problèmes depuis longtemps… si on excluait les crampes que je me tapais ce matin, certainement à cause de ma consommation d’alcool un peu trop poussée la veille.

J’avais été obligé de lâcher l’échelle placée à l’horizontale, parce qu’un de mes bras venait subitement de me lâcher. « Putain de merde. » Je me rétablissais au sol, pour voir Jill me passait au-dessus avec une aisance singulière. Je me sentais fatigué et complètement à la ramasse, à la regarder faire. Ca m’arracha un soupir dépité, avant que je ne persiste et signe pour un second tour du terrain d’entraînement.

J’avais promis à Levi de m’entraîner au fusil, discipline où je pêchais pas mal. Autant dire qu’avant de débarquer ici, je savais à peine comment en tenir un, et seulement parce que les Hells Angels en avait quelques uns en réserve avec leur trafic d’armes. Ce n’était pas vraiment concluant. Déjà deux heures que j’étais là, et tout commençait peu à peu à m’énerver.

Je croisais de nouveau Jill en quittant le champ de tir. « Hey… Jill ! » Je ne lui avais pas encore parlé de la matinée. Elle s’était levée plus tôt – et surtout mieux disposée – que moi ce matin. « Juste toi et moi, ça te dit pas ? J’en ai marre de tirer sur des cibles immobiles. » Je tapai dans mon poing, avec un léger sourire en coin. « J’ai toujours ma revanche à prendre. » Elle m’avait mise la pâtée devant un large public à ma première session d’entraînement collective. Impossible de l’oublier pour moi. Là, je me disais que ça me ferait du bien de remettre ça, pour me changer un peu les idées. Et depuis, j’avais pas mal évolué, notamment à son contact. Elle était peut-être toujours meilleure en technique, mais j’avais pris en masse musculaire depuis mon arrivée.

- Bah alors p’tit chou, on fatigue ?! Que je balance à Locklan, après être passée là où il a échoué.

Je ne m’arrête pas pour autant, mes pieds retrouvent le sol et je poursuis le parcours d’entrainement. Il y a peut-être moins de missions spécifiques pour nous – les soldats – mais je tiens à ne pas me laisser ramollir. Je cravache donc, et signe mon troisième grand tour quand je m’arrête enfin. En nage, en dépit de la fraîcheur de ce matin printanier, je vide ma gourde quasiment d’une traite et verse le reste sur mon front. Je dégage machinalement ma queue de cheval, qui colle désagréablement à mes épaules, puis m’apprête à prendre une session de tir… quand mon écossais préféré m’interpelle alors que je le croise.

- Désolée chéri, tu sais que je suis casée maintenant, plaisanté-je, faisant référence à quelques-unes de nos opportunes séances de sport de chambre, tu penses vraiment être en état de prendre une revanche là ?

Parce que bon, je dis rien, mais je suis pas aveugle. Les réveilles tardifs, les cernes, les effluves d’alcool, les foirages en entrainement… je les vois monsieur Reid, et je constitue un dossier à charge. On n’arrête pas d’être enquêtrice du jour au lendemain, et je crois que les gens me prennent tellement pour une nana frivole qu’ils oublient que j’ai des yeux d’aigles. Mais bwef.

Côté des terrains d’entrainement au combat donc, on récupère chacun une paire de bandes pour s’envelopper les mains. Du coup de l’œil, je le jauge quand même. J’ai aucun doute sur le fait qu’il ait progressé, il me l’a prouvé plusieurs fois sur le terrain. Je redoute plutôt qu’il ne soit pas mentalement dans de bonnes conditions. Mais bon, je suis son amie, pas sa mère : s’il a besoin d’une déculottée pour se faire remettre les idées en place, je me dévoue. Et qui sait, il me fera peut-être mentir.

- On le joue en projections au sol ? On reprend dès qu’un de nous deux a mangé du sable ?

La version la plus friendly en somme, et la moins semblable aux situations réelles. Mais comme le but n’est pas de se faire mal…

J’aurais dû m’en douter que Jill en profiterait pour se foutre de ma gueule. C’était de bonne guerre en même temps. J’aurais sans doute fait la même si c’était elle qui avait décroché des barres à ma place, incapable d’en rater une quand ça la concernait. D’ailleurs, je ne lui permise pas de s’esquiver une seconde fois quand on se recroisa entre le champ de tir et le terrain d’entraînement. J’avais bien envie de me mesurer de nouveau à l’ancienne flic.

Je soufflai ce qui s’apparentait à un rire quand elle se fendit d’une petite plaisanterie pour décliner mon offre. « Et t’es même devenue tellement ennuyeuse depuis. » C’était faux, mais je n’avais rien trouvé de mieux pour la provoquer un peu. Et j’étais peut-être un peu jaloux aussi, même si je n’étais pas prêt de le reconnaître. « C’est qui, d’ailleurs ? » Elle s’était bien gardée de me dire qui était le remplaçant, ou la remplaçante. Pourtant, c’était légitime de vouloir savoir qui passait derrière moi.

Mais plutôt que de parler de ses histoires de fesses, je voulais plutôt saisir l’occasion d’avoir ma revanche. Et comment ça, je n’étais pas en état ? Carrément que si. « Je te prends quand tu veux. » Dans tous les sens du terme, d’ailleurs. Apparemment, ça l’avait convaincu, parce qu’elle fit demi-tour pour attraper une paire de bandes. J’en fis de même face à elle, avant de me mettre en position de combat. Jill voulait le jouer en projection au sol. Je soufflai ce qui s’apparentait à un rire en réponse. « T’as peur que je te fasse mal ou quoi ? » On se mettait sévèrement sur la gueule avec Logan, en temps normal. Elle prenait vraiment des pincettes avec moi. Je finis par hausser les épaules, parce que je m’en foutais un peu en définitive. « Allez, si tu veux. »

Je fondis sur elle aussitôt, avant qu’elle ne change d’avis. Mon coup partit, mais elle l’esquiva avec aisance d’une fente sur le côté. Et merde. J’étais beaucoup trop lent. Pour couronner le tout, elle venait de pénétrer ma garde et le coup qui suivit me coupa net le souffle. Je tentais de reculer, mais elle avait placé sa jambe de façon à créer un déséquilibre. Et ni une, ni deux, je me retrouvais déjà avec le dos qui percutait le sable, alors qu’elle me faisait basculer avec aisance au sol. « Rhaaa… Putain ! » Je me passai deux mains sur le visage, dans un soupir excédé. C’était vraiment une erreur d’amateur. Ca allait quand même pas se reproduire comme les premières fois, si ? « On recommence ! » Je me redressais tant bien que mal, pour me tenir prêt à la réceptionner cette fois.

- Tu sais pas qui c’est ? En vrai, je suis étonnée qu’il ne sache pas, et en même temps… c’est nouveau pour moi, d’être casée ET fidèle, je le crie pas sur tous les toits, la plus belle paire de loches du camp, et je m’y connais en la matière !

Rien que pour l’emmerder, je lui donne pas le nom. Et puis maintenant que je l’ai introduite comme ça, il risque de vouloir aller loucher sur les seins de Maeve et je serai obligée de lui crever les yeux. Ouais, je suis pas possessive d’habitude, sauf quand j’ai décidé de m’investir à fond, personne ne mate MA copine.

On se met en place, il fait le malin et je ne lui réponds que d’un sourire. Vu sa tronche, je suis sûre de ne pas avoir besoin de grand-chose pour lui faire regretter son insolence. D’ailleurs, il se projette avec impatience. Trop prévisible, trop lent aussi. Esquive, plat de la main dans le thorax, balayette. Finito. Locklan déguste le sable et enrage dans la foulée.

- T’es sûr de toi ?

Je suis vraiment sceptique. Clairement, il est pas dedans. Et s’il est pas dedans, il va se prendre une dérouillée qui va blesser son ego plus que nécessaire. Mais évidemment, il s’obstine. Deuxième round donc ? Il ressemble étrangement au premier. A mon tour de me propulser en avant, l’Écossais encaisse puis riposte. Je choppe son bras et lui tords dans le dos. Ensuite, mon pied s’écrase derrière son genou pour le lui faire plier, et je le pousse en avant pour qu’il et retrouve à plat ventre

- On va arrêter là je pense. T’as clairement pas la tête à ça, ce n’est même pas amusant.

En d’autre circonstance, j’aurais bien rigolé de lui botter le derrière, mais là… y’a un truc qui cloche. Qui cloche sérieusement. Alors c’est sans l’ombre d’un sourire que je l’interroge, mains sur les hanches :

- Crache le morceau Reid, qu’est-ce qui va pas ? J’habite avec toi tu sais, j’ai remarqué que y’a un truc qui déconne.

Ce sera ma seule et unique invitation à s’ouvrir, je ne suis pas une forceuse. S’il choisit de se morfondre, et bien… quelqu’un d’autre devra lui faire mordre la poussière.

« J’aurais parié sur Sun, en fait. Mais niveau paire de loches… » Ca laissait un peu à désirer. A moins que Jill préfère les femmes qui avaient des allures plus félines ? Au fond, qu’est-ce que j’en savais sur ses goûts en matière de femmes ? J’avais déjà du mal à visualiser Jill qui serait fidèle à une seule personne, et de son plein gré. Mais comme souvent avec elle, l’ex-flic aimait jouer aux devinettes. « Tu vas pas me le dire, hein ? » Trop amusant d’écouter les conneries que je pourrais sortir, non ?

Ou de me projeter à terre, apparemment. Putain ! Elle venait de me faire deux fois le même coup sans que je n’arrive à la contrer. Je me retrouvais littéralement à mordre le sable cette fois. Je le recrachai au sol en me redressant sur les coudes. Le pire affront que Jill pouvait me faire était bien de me demander d’arrêter les frais. Je poussai un grognement frustré en réponse, avant de me laisser retomber sur le dos. J’avais mal au bras, mais rien de bien grave en soi. Logan tapait bien plus fort qu’elle. Clairement, Jill m’avait ménagé. « Un an que je m’entraîne pour refaire les mêmes erreurs qu’au début, j’adore… » Je me passais deux mains sur le visage avant de me redresser, en époussetant le sable de mes fringues. J’étais amer, comme à chaque fois qu’elle arrivait à me plier sans beaucoup d’efforts. J’avais pourtant arrêté de la sous-estimer depuis.

J’étais prêt à encaisser son ton moqueur, mais Jill me demanda plutôt ce qui n’allait pas. Ah… Fais chier. Je relevai un regard dubitatif vers elle. Je pouvais prétendre à Jill que je gérais, mais elle n’était pas dupe. Comme elle le soulignait si bien, on vivait sous le même toit. « Tu sais que Levi refuse que je sorte depuis notre mission à Portland ? » Elle ne pouvait pas l’ignorer, mais est-ce qu’elle en connaissait les raisons ? « J’ai voulu faire demi-tour pour faire davantage de dégâts là-bas, quand j’ai compris qu’il s’agissait des mêmes salopards qui avaient tué mon fils. » Un soupir m’échappa, chargé d’une certaine forme de lassitude. Je n’avais même plus vraiment la force d’être en colère. « Il m’a dit de régler ça, mais je vois pas comment. C’est pas comme s’il suffisait de claquer des doigts. » Je relevai le regard vers elle. « Tu veux pas lui dire de me lâcher un peu ? Si je peux pas sortir, je vais devenir barge. » Et deux mois, c’était suffisamment long comme ça, non ?

Alors ça… qu’il ne rouspète pas alors que je viens ouvertement de le prendre de haut, c’est vraiment que ça ne va pas. Ça ne va tellement pas qu’il se met à se confier comme ça, sans forcer. Si je m’attendais à ce que deux-trois claques lui permette d’arrêter de cacher des choses à sa détective de coloc’, j’aurais commencé par là.

- J’vois…

Pas de vanne, pas même de sourire en coin. Le sujet est sérieux et pour le coup, ce n’est pas moi qui vais rajouter une couche de réprimandes. Pourtant, il le sait, sur le terrain, je suis du genre à suivre bêtement les ordres et à pas déroger au commandement, mais… je sais ce qu’il ressent. Je le sais tellement que ça me retourne les tripes et que par empathie, j’ai la rage moi aussi. Et à ce moment, je pense que Levi est un con : punir Locklan ne changera pas grand-chose.

- Tu sais que tu peux voir avec quelqu’un d’autre, hein ? Levi gère les expéditions, mais… essaye de plaider ta cause avec Arizona ?

Des « sorties » sur les avant-postes, ce serait mieux que rien. Même si y’a fort à parier que les responsables ont discuté entre eux et donc que si l’Écossais est sur liste rouge, il l’est pour tout le monde. Je lâche un soupir et repousse amicalement mon pote du poing :

- Je vais essayer d’en toucher deux mots à Stan va, je suis plus proche de lui que des autres, questions hiérarchie – il a vu mes seins quand même ! Ou à Maeve, qui pourrait en parler à Arizona, qui en parlerait à Levi… ou à June, j’en sais rien, pour ce que ça vaut : je comprends ce que tu ressens.

Tout en causant, j’enlève mes bandes pour aller les ranger. On va pas continuer de se battre maintenant, j’aurais la sensation de martyriser un handicapé. Ce dont on a besoin, c’est d’une bonne douche et de se poser dans notre salon. Séparément, la douche, même si je suis sûre qu’une bonne baise l’aurait remis d’aplomb.

- j’t’ai jamais vraiment dit quand je me suis fait ça, je lève ma main gauche, mutilée, à hauteur de son regard ; généralement, je botte en touche en disant qu’un fils de pute m’a mordu – et c’est vrai, le chef de mon premier groupe. C’était un connard qui avait des vues sur les ados du refuge, dont ma petite sœur. Il a essayé de se débarrasser de moi quand je l’ai confronté là-dessus, j’ai mis un an à le retrouver, environ, je ne sais plus trop, il a failli me tuer, il m’a laissé ça en souvenir, mais il avait laissé crever ma sœur…

Je revois ce film, encore et encore. Il raconte toutes mes erreurs, toutes mes bourdes de débutante. Si j’avais été à l’époque celle que je suis maintenant, Judith serait encore vivante. Et ce salaud serait mort, plutôt deux fois qu’une.

- Bref, là où je veux en venir, c’est qu’on a tous les deux nos monstres qui courent dehors… et on a pas d’autres choix que de laisser faire, pour l’instant, en tout cas, je te ferai pas de discours philosophique genre… « la vengeance n’apporte rien, crée plutôt le monde meilleur que tu voulais pour ton fils » ou ce genre de connerie, j’en ris doucement, alors qu’on prend le chemin qui nous ramènera chez nous, mais t’as le choix entre laisser la colère te rendre zinzin ou t’occuper l’esprit en te rendant utile, alors… prends exemple sur moi ?

Je suis un modèle née, je le sais.

J’avais du sable dans la bouche. Enfin si c’était le pire… Je n’osais pas regarder Jill droit dans les yeux après ce que je venais de lui confier à demi-mots. J’avais la cruelle impression que son premier réflexe serait de se foutre de ma gueule. C’était rien de grave au fond ! De quoi je me plaignais au juste ? D’être nourri, logé et blanchi pour faire de la mécanique tous les jours ? Elle avait le don de toujours vouloir dédramatiser la situation, alors aujourd’hui ne ferait sans doute pas exception.

Pourtant, elle ne dit rien. Même pas une petite pique, une petite vanne… Juste, rien. Je finis par relever la tête vers elle, avec un air vaguement interrogateur. « Quoi ? Arizona ? » Elle cherchait réellement des solutions à mon problème là ? Je soufflai avec ironie en réponse. Est-ce que ma coloc’ s’était vraiment inquiétée pour moi ces derniers mois en faisant juste comme d’habitude ? « Ouais peut-être… J’en sais rien, en fait. Je la connais pas vraiment. » Pourtant, mes épaules s’affaissèrent. J’étais un peu moins sur la défensive. « Stan est dans la combine, c’est pas la peine. Et… » Maeve ? J’y aurais pas pensé.

Je la fixai longuement quand elle m’avoua comprendre ce que je ressentais. Franchement, je m’y attendais pas. « C’est cool. Je veux dire… de m’aider à chercher des solutions. J’essaierais d’en parler à Arizona. » On ne devrait pas m’emmerder, si je me cantonnais à la défense du camp non ? Vu que le problème était ailleurs… Et j’étais plutôt bon à ce jeu-là. Chez les Hells Angels, c’était moi qui m’en étais occupé pendant des années.

Je dénouai les bandes à mes mains pour les poser à côté des siennes. Il était temps de rentrer, l’entraînement était fini. Je récupérai ma veste sans la remettre pour autant. Je m’attendais à ce qu’on fasse le trajet en silence, mais Jill se sentait d’humeur plus bavarde que d’habitude. Elle voulait m’expliquer l’histoire d’une de ses cicatrices. « T’en as des tonnes, plus que moi encore. Je suis sûr que ça te prendrait la semaine de toutes me les raconter. » J’en avais vu la plupart, quand on prenait du bon temps ensemble. Je n’avais pas posé de questions, mais je me doutais que celle-ci avait une histoire bien à elle. Je la fixai longuement sans mot dire.

Je fronçai les sourcils. « Je savais pas, pour ta sœur… » Elle m’en parlait pour la première fois. Mais son expérience me rappelait cruellement les miennes. J’étais surpris de découvrir qu’on avait autant de points communs sans même le savoir, même si on se ressemblait pas mal sur certains aspects. « Je t’ai parlé de mon départ des Hells Angels ? Quand j’ai perdu mon fils, c’était que le début de la fin. On avait tellement perdu de monde dans cette guerre contre les Oblivions qu’on pouvait pas continuer seul. Alors Dread et sa bande sont arrivés et ont facilement pu prendre le contrôle… » Je poussai un soupir retentissant, songeant à ce gâchis sans nom. « Ils étaient plus violents encore, certains pensaient qu’on avait besoin de ça pour se relever. Sauf qu’ils faisaient ce qu’ils voulaient en fait… et quand ils ont voulu s’en prendre à ma femme, je me suis interposé. » Je soufflai ce qui s’apparentait à un rire, un rien ironique. « Tu sais quoi ? Je crois qu’ils se sont pissés dessus, même si j’étais seul sur le chemin. Parce qu’ils ont su que je les laisserais pas passer sans en entraîner le maximum dans la mort avec moi, et aucun voulait être le premier sur la liste. Alors ça la foutait mal devant le reste du camp, donc… ils se sont débarrassés de moi. » Je baissai le regard, le ton plus las. « Ils ont tiré dans mon pneu et m’ont laissé aux mains d’une horde en mission. La cicatrice qui me fait tout le flanc droit vient de là. Je m’en suis sorti mais… le temps de revenir, il restait plus rien à sauver. » Le camp était en ruines, des traces de lutte m’avaient prouvé que certains ne s’étaient pas laissé faire lors de la prise de pouvoir de Dread, mais d’autres l’avaient suivi. « Pour ce que ça leur a apporté, ils ont fini la tête au bout d’une pique au No Man’s Land. » Une sale histoire, aussi.

La morale de l’histoire ? Jill pensait qu’on devait les laisser faire. « Je crois pas, non. » Je n’arrivais pas à comprendre comment elle arrivait à rester aussi calme. « Tu sais qu’il est là dehors, que t’as les moyens de lui faire payer ce qu’il a fait à ta sœur… alors pourquoi tu le ferais pas ? » J’étais incapable de renoncer, sinon autant me tirer une balle dans la tête immédiatement. « Je vous ai rejoint parce que je crois que ce camp est la meilleure chance que je peux donner à ma famille. Ca prendra le temps qu’il faut, mais je récupérerais ma fille, ou je crèverais en essayant. Jill, si j’ai plus ça… j’ai plus rien en fait. » Est-ce qu’elle pouvait le comprendre ?