Depuis son installation au 2e District, il n'avait plus semble correct que l'israélienne travaille à la blanchisserie du cinquième - voire qu'elle travaille tout court, compte tenu des revenus de Luther, mais cette décision ne regardait qu'eux, finalement. Il n'avait jamais été question pour Ela de vivre enfermée dans cette maison en attendant son mari et ce dernier ne l'avait qu'encouragé dans la démarche. Alors elle avait partagé son emploi du temps entre l'orphelinat et le service pédiatrique de l'hôpital. Ce dernier avait néanmoins été délaissé depuis quelques semaines par l'israélienne, dans l'optique de se ménager.

A l'orphelinat, la brune venait donner un coup de main aux responsables et puis surtout lire des histoires à ceux qui le désiraient. Elle venait de terminer ses heures quand elle entendit après quelques mètres à peine dehors, une voix familière s'élever. « Je vois que Sloan te cause encore du soucis » Commente-t-elle, avec bienveillance en arrivant à sa hauteur. « Tout va pour le mieux, autant que cela puisse être pour eux. » Lui répond-elle avec cœur.

Elle avait pris un peu plus d'assurance depuis leur toute première rencontre, moins sur le qui-vive, moins inquiète aussi - mais pas moins docile et résiliente. « Je m'apprêtais à rentrer au 2e District, est-ce que tu veux m'accompagner ? Nous trouverons peut-être Sloan sur la route … » Souffle-t-elle, contente de revoir un peu son ami. Son déménagement chez Luther l'avait un peu éloigné des gens qui l'avaient aidé à son arrivée à Walla Walla. « Il s'est passé quelque chose avec ton fils ? » Demande-t-elle, compatissante.

Le sourire qu’elle lui arrache lui fait plaisir et elle se met à marcher d’un pas tranquille à ses côtés - dans le souvenir d’une époque qui lui semble révolue aujourd’hui. Bientôt un an qu’elle était ici, à Walla Walla. Si peu et autant.

« Rappelle-moi, quel âge a-t-il ? » Qu’elle lui demande, avec un sourire patient. « Ce n’est pas facile pour lui, ne l’oublie jamais… De ce que j’ai pu comprendre, tu ne vis pas la même relation avec Peyton qu’avec sa mère. » Par contre, elle lui donne une petite tape sur le bras quand il s’interroge sur sa paternité. « Grant Gybson, je t’interdis ce genre de propos. Et de toute façon, il te ressemble bien trop pour que ce ne soit pas le cas. » Oui, Ela gronde. Cela arrive parfois.

« Les choses finiront par s’apaiser. Mais ce n’est pas facile pour lui, d’autant que cette société nouvelle pose beaucoup de responsabilité sur lui. Il reste jeune. » Elle ne critiquait pas les méthodes - loin de là - mais elle pouvait comprendre que ce soit délicat pour le jeune homme. Elle s’adoucit un peu à la mention des enfants. « Bien trop nombreux, et avec la disparition de nombre de nos hommes avec la guerre n’aide pas vraiment. » Qu’elle souffle, soucieuse. « J’ai été… soulagée que Luther ne parte pas là-bas… Elijah et Armand, c’était bien suffisant. » Dit-elle, en passant machinalement sa main sur son front soucieux. Elle s’était fait du souci pour eux, peut-être même un peu plus qu’il ne faudrait pour l’un d’eux. Mais Armand n’était qu’un ami de la famille, n’est-ce pas ?