La matinée avait pourtant plutôt bien commencée. Elles commençaient toujours bien depuis le mois de novembre, depuis leur arrivée. Eden se trouvait redondante à penser à ce genre de choses. Il était possible qu’elle demeure encore dans la contemplation de la tournure « normale » qu’avait pu prendre sa vie depuis qu’elle était arrivée à Sanctuary Point. C’était cette fameuse normalité qui était extraordinaire, le normal était devenu le nouveau privilège, mais il semblait qu’ici, le prix à payer était l’angoisse de tout perdre, et non pas l’empire colonisateur que tentait de devenir New Eden.

Les premiers mois étaient passés à une vitesse qui lui échappait, le temps n’était jamais long, et Eden regardait ses enfants grandir dans l’environnement le plus sain qu’ils est connus depuis longtemps. Leur mère n’étant plus angoissée, agressive et parfois cruelle, elle n’avait plus, par bien des aspects, qu’à se concentrer sur les éduquer et les élever du mieux possible. Pour l’heure, il était temps pour la mère de famille de préparer le petit déjeuner. Elle avait déjà envoyé ses enfants l’attendre en bas, le temps qu’elle aère leur chambre. Seulement, en descendant les escaliers qui menaient à la pièce de vie, Eden a la chambre qui traverse une planche fragile, Eden se rattrape tant bien que mal à la rambarde, mais rien n’y fait, la voilà coincée.

- Poppy, va chercher Rick. lui demande t-elle, alors qu’elle venait se traverser le plancher, en essayant de demeurer le plus calme possible, afin d’éviter de faire paniquer la petite fille. La fameuse planche qui était à chaque fois le sujet d’une pensée rappel : « Il faut réparer cette planche. » . Elle espérait qu’elle n’avait rien de casser, ou même rien de fracturer. Elle préférait ne pas bouger, de peur d’élargir les dégâts, mais de toute manière sans l’aide d’un adulte, elle était tout bonnement incapable de bouger.

Vint alors, son fils, qui l’attendait dans la cuisine pour le petit déjeuner, Adriel la regardait en pyjama, Eden soupire. Poppy arrive enfin, avec Rick. L’homme demeurait un mystère, une présence bienvenue, un homme de peu de mots. L’homme était arrivée quelques semaines après Eden et avait prit la chambre qu’occupait les enfants au départ de Lissandro. Rick est un homme facile à vivre et loin d’être dramatique.

- Désolée, Rick, mais comme tu le vois, j’ai besoin de l’aide d’un adulte. dit-elle, déplorant son statut de femme coincée entre deux marches d’escaliers.

Eden avait du mal à croire qu’elle était passé au travers du plancher. Rien de bien grave, mais elle avait encore du mal avec l’idée de l’accident domestique, réminiscence d’une vie qu’elle avait l’impression d’avoir perdu il y a presque sept ans de cela. Au moins, ils allaient être obligés de s’occuper de cette planche qui avait désormais lâché après certainement de bons et loyaux services. À la vue de Rick, Eden soupire de soulagement. - Rien de cassé. répond t-elle.

Rien de cassé, mais certainement légèrement blessée. Rien qui ne l’handicaperait plus que de raison, mais avec les temps qui courent, il n’était pas nécessaire de tester le diable avec une infection. Elle était la première à se formaliser de la moindre petite blessure, la septicémie n’avait rien à faire dans sa maison, ou dans cette communauté d’ailleurs.

- Je ne suis pas certaine que tu veuilles te coltiner Adriel quand il a faim. plaisante t-elle à son tour. Pendant longtemps, Adriel avait été brimé par sa mère, les excès de colère, les hurlements ou les caprices avaient été crever dans l’oeuf. Depuis qu’ils avaient tous emménagés à Sanctuary Point, les choses avaient changées, pour le mieux sans doute, et Eden acceptait la mauvaise humeur et l’air bougon de son fils quand arrivait l’heure du repas.

Au bout de quelques minutes et d’une manœuvre qui l’extirpa de la situation, il semblait qu’elle s’était tout de même bien éraflé la cheville, si bien qu’elle en saignait. Rien de grave, mais elle prendrait tout de même le temps de désinfecter. Pour ce genre de blessures, il était préférable de les laisser à l’air libre, même si la tentation du pansement était tout à fait compréhensible.

- Merci Rick. le remercie t-elle en s’asseyant sur le canapé, suivit de très près par Adriel et Poppy qui surveillaient que leur mère n’avait pas perdu un pied entre les planches. C’était sûrement l’occasion de faire le tour de la maison pour l’hiver. Ils ne seraient pas trop de deux pour vérifier et bricoler la maison pour la préparer aux possibles intempéries et au froid.

- Il fallait bien que cela arrive de toute façon, commence Eden, en voyant Rick revenir avec la trousse de secours. Adriel avait finit par se lover contre sa mère pour s’armer de patience face à sa mère blessée. C’était l’histoire de quelques minutes, mais il fallait bien cela.

- Ce serait l’occasion de faire le tour de la maison, tu ne penses pas ? Faire l’inventaire des réparations à faire, si réparation il y a. J’ai toujours préparé l’hiver aux beaux jours, je n’aime pas vraiment les surprises. reprit-elle, avant de se corriger, volant la mine renfrognée d’Adriel qui n’attendait qu’une chose c’était que sa mère finisse par préparer leur petit déjeuner. - Après le petit déjeuner.. souffle t-elle.

La maison avait certainement été laissée à l’abandon au moment où chacun avait voulu fuir pour sa vie. Une chose étrange quand on sait que désormais il utilisait cette même maison comme comme de re-vie. Eden s’était posé la question des anciens propriétaires, étaient-ils parti en mer ? Ou comme beaucoup, avaient-ils été au mauvais endroit au mauvais moment ? Dans tous les cas, Eden, ses enfants et Rick, y avaient désormais leurs habitudes. Eden soupire en laissant tomber sa tête en arrière, pensive, avant de se reprendre la parole.

- Le toit pourrait être une bonne première étape, déclare t-elle, en se redressant.

__________________

Une tempête, une maison en bois, et une isolation que l’on pouvait estimer comme assez moyenne, avait rendu la maison très humide. Eden en avait payé les frais, en contractant une pneumonie, la mère de famille avait été isolée plusieurs jours, le temps que les anti-biotiques fassent effet. Prendre le risque que ses enfants contractent pareille maladie, n’était pas possible. Poppy et Adriel avaient été laissés sous la responsabilité de Rick, et du reste de la communauté, le temps qu’Eden se remettent sur pied. L’humidité générale de la maison n’accélérait pas son rétablissement, les antibiotiques, eux firent leur travail. Eden ne retrouverait pas tout de suite la totalité de ses fonctions, mais elle pouvait prétendre à la fin de la pire période de maladie.

La mère de famille ne pouvait pas encore prétendre être au meilleur de sa forme. La pneumonie n’était pas une petite affaire de rhume. Il y avait une bonne raison pour laquelle beaucoup en étaient morts. La toux, la fièvre, la difficulté respiratoire, s’il lui avait fallu cinq jours pour tuer la maladie, il lui restait bien une dizaine de jours à pouvoir se remettre parfaitement sur pieds.

Pour la première fois depuis plusieurs jours, la mère de famille descend les escaliers de la maison pour retrouver le reste de sa famille et Rick, qui avait clairement prit le rôle de baby-sitter ces derniers jours. Eden n’avait pu que communiquer à travers de la porte. Elle n’avait pas voulu prendre le moindre risque face à la contamination qui que ce soit de son foyer.

Il ne fallu pas beaucoup de temps à Poppy et Adriel pour voir leur mère pointer le bout de son nez et quitter la table du petit déjeuner pour se jeter dans les bras d’Eden. La mère de famille essaye de se frayer un chemin jusque’à la table, alors qu’Adriel s’était accroché, comme une moule à son rocher, aux jambes de sa mère.

- Merci, Rick, vraiment.