'Livia, je vais chez papa ! Le sac n'est pas fait, mais mon aîné n'a pas la patience d'attendre alors qu'il enfile maladroitement son pull à l'envers et se débat pour en sortir la tête. Un peu trop vivement, il rentre dans l'angle de la porte dans un bong sonore mais ça n'est pas suffisamment pour lui faire peur ou mal : Maintenant ? Mais il vient vous chercher dans cinq minutes ! Il s'en fiche, clairement... Mince. Oui mais, j'amène Romy ! Annonce-t-il avec un enthousiasme que j'ai un peu de mal à suivre. Nicolas, attend !

Je n'ai pas l'occasion de le retenir que l'entrée claque et qu'un soupir m'échappe. Ils n'ont pas pris leurs sacs, ne sont heureusement pas loin pour repasser les chercher. Dans tous les cas, ils seront prêts pour ça, il faut que je les termine.

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Liv ? Qu'est-ce qu'il se passe ? Je... Je devais venir les chercher tous les deux mais Nicolas a déboulé comme une tornade et il ne sait pas où se trouve sa soeur, je me redresse soudainement. Ludwig s'est permis d'entrée, il a bien fait. Il me regarde, circonspect en attrapant le sac de Nicolas, l'autre de Romy, avant de me fixer de plus belle. Sérieusement ?! J'étais persuadée que Nicolas était parti avec elle, mais compter sur un enfant de bientôt quatre ans pour quoi que ce soit, ça revient à compter dans le vide. Je me pince l'arête du nez sans pouvoir cacher mon agacement. Elle n'arrête pas de disparaitre, à la moindre occasion, que je marmonne.

Ma fille cadette se découvre des envies d'aventure dont je me serais bien passée ! Maintenant qu'elle sait marcher en tout cas, c'est une véritable plaie pour la retenir quelque part. Et surtout maintenant qu'elle parvient à ouvrir les portes sans mon aide. La baie-vitrée arrière ouverte, je sais déjà par où elle s'est échappée. La question est de savoir depuis quand a-t-elle pris le large ? Et jusqu'où, donc ? Tu... Tu as besoin d'aide ? Je me tourne vers Ludwig avant de secouer la tête : Non, ne t'en fais pas. Retourne avec lui, et je te la ramène dans l'heure, ok ? que je souffle avec un sourire qui se veut encourageant, comme je peux en tout cas.

Quelques pas supplémentaires, et je scrute autour de moi, dehors. Heureusement, je suis confiante ici. Elle est clairement en sécurité, elle ne risque pas grand-chose. Et elle n'ira pas bien loin. Le village dont elle a besoin pour grandir l'entoure suffisamment.

Si cependant, elle pouvait juste arrêter de s'en aller sans m'avertir, ça m'arrangerait ! Romy ? Que je l'appelle sans obtenir de réponse de sa part.

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La poignée est pile assez haute pour qu'elle l'attrape entre ses petites mains et parvienne à pousser la porte. Romy manque de retomber doucement, un peu maladroite sur ses appuis, elle s'engouffre néanmoins à l'intérieur sans attendre qu'on l'y invite. La curiosité l'amène à tout regarder, d'ouvrir un placard où elle n'a pas sa place, défaire un rangement, recommencer sur celui d'à côté, essayer d'organiser les choses à sa sauce. Quand la porte s'ouvre à nouveau, la petite est posée par terre, relevant un regard curieux suivi d'un grand sourire vers le locataire des lieux. Loin de se laisser démonter, elle ramène une mèche rousse derrière son oreille et éclate d'un petit rire amusé : Romy a tout ranzé ! Assure-t-elle avec enthousiasme.

Comme à l’accoutumée, l’emploi du temps de Marlon est toujours plutôt bien rempli. Partagé entre les entraînements réguliers et l’aide qu’il apporte au camp, ce dernier n’a pas vraiment le temps de se tourner les pouces, et n’aimerait de toute façon pas que ce soit le cas. Et cette journée ne déroge pas des autres. La matinée fut d’ailleurs plutôt chargée, entre une séance de sport pourtant la bienvenue et le travail aux champs, où sans étonnement on lui assigne des tâches plus ingrates, et astreignantes. Mais l’ancien avocat ne s’en plaint pas: enfin si, il peste dans sa barbe en travaillant, mais rien de plus. Si plus d’une année s’est déjà écoulée depuis sa tentative de putsch vaine, cela ne rend pas caduque le fait qu’il doit s’échiner pour obtenir le pardon de la communauté. Même si avec certains… cela semble vain.

Soit. De toute façon, le quarantenaire n’a pas vraiment ça en tête actuellement: car il est temps pour lui d’aller à son logement, afin de profiter d’un peu de son temps libre et de calme. S’il supporte sans trop de mal la présence de personnes autour de lui -et encore, cela dépend vraiment de qui-, il faut que cela reste à petites doses, savamment pensées: sinon il a vite fait de se montrer désagréable. Et franchement, qui dirait non à un moment de silence ? Le voilà donc bien assez rapidement arrivé devant chez lui, et… depuis quand a-t-il laissé la porte d’entrée ouverte ? Léger froncement de sourcils. Impossible, il vérifie toujours qu’elle est bien close avant de s’en aller, rebroussant parfois à plusieurs reprises son chemin histoire de vérifier… Puis, alors qu’il se rapproche, il entend du bruit à l’intérieur. Comme si l’on ouvrait les placards, pour en sortir les objets rangés dedans.

Quelqu’un est en train de fouiller son logement, c’est certain: alors, sans plus tarder, il rentre rapidement à l’intérieur, pensant faire face à un adulte ou un adolescent, mais… il se retrouve face à une enfant. Enfin, même pas, vu qu’elle semble très petite, une bambine sûrement. Son regard se porte ensuite sur le bazar fait pas cette dernière… qui le fige durant un long instant. Non, il avait passé du temps à tout bien mettre dans l’ordre, et est désormais bon à tout recommencer. La voix de la petite fille le sort de ses pensées. C’est bien Romy, mais… Comment est-il censé s’y prendre déjà, sans que ses mots déclenche une crise de larmes qu’il aimerait éviter ? Malheureusement il n’a pas un manuel pour apprendre à gérer des enfants de cet âge, alors de façon générale, il se contente de ne pas s’en approcher.

Ce n’est pas vraiment comme ça que l’on range. Il se rapproche d’elle et vient à sa hauteur, en s’asseyant à côté. Tu vois ça ? Il s’agit d’un linge désormais déplié. Eh bien avant de le remettre dans l’armoire, il faut le plier. Ce qu’il fait sans attendre, avant de le reposer à sa place. Alors, tu me montres comment tu fais ? Pourquoi s’est-il embarqué là-dedans déjà ? Ah oui, pour ranger le bazar commis, et emporter cette enfant en dehors de chez lui, histoire de le ramener à ses parents…

Romy scrute Marlon avec de grands yeux, en le regardant faire ses manipulations. Pliés, rangés. Puis soudainement, elle attrape ce qu'il vient de faire, et le lance comme une princesse vexée par la demande, et lâche un : Nah ! de circonstances. Le terrible two en marche, la jeune fille a un avis visiblement bien tranché sur la question, et il n'est pas au goût de son vis-à-vis : Z'est pas bien ! Romy fait mieux, dans le chaos surtout, et elle entend bien le prouver en revenant organiser - comme elle l'entend - l'étagère complète.

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Romy ? Elle s'avance d'un pas stressé, appelant sa fille. Ce n'est que quelques mètres plus loin qu'elle se fige en percevant sa voix à l'intérieur d'un mobil home. Celui de Marlon. Sourcils froncés, la cuisinière s'approche, et elle en est sûre désormais : il s'agit bien de sa petite fille qui... Semble faire la vie à l'avocat. Elle ouvre doucement la porte après avoir tapé contre, trouvant le duo au sol, Marlon repliant les catastrophes que sa fille est en train de causer : Oh... fait-elle en pinçant les lèvres.

Si dans un premier temps, se répandre en excuse lui semble être la chose à faire, Olivia s'abstient en esquissant un sourire. L'occasion est trop belle, sans avoir besoin de mettre du sel dans le café du concerné. Un rire lui échappe, Romy se redresse sur ses jambes, et la terreur essaie désormais de grimper sur les épaules de Marlon pour accéder au-dessus du meuble. Encore trop courte sur ses jambes, elle trouve d'elle-même les solutions qui s'imposent. Un nouveau rire, Olivia cache sa bouche pour ne pas avoir l'air trop satisfaite du paysage.

Je vois que tu t'en sors très bien avec elle, je vais te la laisser je crois, souffle-t-elle. Il y a quelquefois où vraiment, elle adore ses enfants. Romy la première, si vive, si affirmée, il y en a une qui ne se laisse pas conter fleurette, c'est bien elle. Son fils est plus tendre, plus doux. Et quand ça éclabousse des personnes qu'elle tolère, à défaut de les apprécier, c'est encore plus satisfaisant : Ou juste... elle hésite, et vient s'adosser au mur derrière : Te regarder faire, voilà qui serait encore plus agréable. Peut-être se montrera-t-elle bonne âme... Pour lui porter secours, plus tard.

Pourquoi l’ancien avocat tente-t-il d’expliquer à une enfant en bas-âge le concept d’un rangement bien effectué ? Bonne question, car après tout il ne l’a pas sous sa responsabilité: d’autant plus que s’occuper de petits monstres n’a jamais vraiment été dans ses cordes, loin de là. Avoir Louise, sa seule et unique enfant, avait été amplement suffisant. Néanmoins, la petite fille à ses côtés est actuellement en train de créer un bazar monstre chez lui, alors autant essayer de limiter les dégâts. Surtout qu’il ne supporte mal de voir ses affaires être ainsi dérangées. Mais le regard qu’elle lui lance ne présage d’ailleurs une suite pas très favorable pour lui: la réponse, son nah scandée ne fait que le confirmer. Sa main empoigne le tissu plié avant de le jeter une nouvelle fois un peu plus loin.

Soupir. Prends sur toi, surtout ne t’énerve pas face parce que sinon elle va devenir une vraie plaie… Son attention se pose de nouveau sur elle. Non. Dit d’un ton ferme, mais visiblement pas assez pour que la petite fille se décide à l’écouter et à cesser ses bêtises. Au même moment, un coup se fait entendre contre la porte: peu de temps après, c’est Olivia qui apparaît sur le pas de la porte, visiblement étonnée de la scène qui se déroule devant ses yeux. Et bien sûr, l’enfant profite de son inattention pour tenter de grimper sur son dos… Tiens, ce ne serait pas elle que tu cherches ? Finalement, après un long moment à batailler, il arrive finalement à attraper la concernée, avant de la reposer sur ses pieds. Je t’ai dit non. Il la regarde. On ne grimpe pas sur les gens.

L’amusement dans la voix d’Olivia le rend un peu plus ronchon qu’il ne l’était déjà. Non merci, je m’en passerais bien. A peine a-t-il le dos tourné que la petite fille se dirige déjà vers un autre placard, en ouvrant sans trop de mal les portes: elle semble encore bien décidée à ranger tout cela à sa manière, ne lui laissant de ce fait aucun répit. Il soupire, bien décidée à la rattraper, mais s’arrête lorsque la brune reprend la parole, laissant ainsi libre court à l’enfant de continuer ses bêtises. Son regard, légèrement outré, se pose sur la seule adulte présente dans la pièce. Alors que c’est ton enfant, et qu’elle vient de rentrer par effraction chez moi ? Il dramatise légèrement les choses certes, mais on ne rentre pas chez lui comme dans un moulin bon sang !

Oh wow, quelle autorité, elle ne peut plus s'empêcher de rire, en le voyant peiner à avoir la maitrise sur sa fille. Olivia a beau être bonne patte en général, voir Marlon se faire mener par la terreur qu'elle a enfanté, voilà qui la fait sourire de fierté. A croire que Romy a très bien compris comment faire plaisir à sa mère. Et encore, l'hostilité entre les deux adultes n'est pas aussi tranchée qu'avec d'autres. Olivia ne lui tient pas plus rancune que ça, mais elle apprécie particulièrement lorsqu'il est embêté. De fait, Romy effectue un travail extraordinaire, à croire qu'elle a été faite pour ça !

Rentrer par effraction ? Un autre rire lui échappe, avant de reprendre son sérieux, elle scrute la petite qui tente d'escalader une chaise pour saisir des objets plus loin, ou alors grimper le long des étagères. De pire en pire. Est-ce qu'elle compte intervenir ? Seulement s'il y a un danger. Mais Marlon est décidément plus proche, et bien plus agacé par la manoeuvre en définitive. Tu sais que tu es en train de te faire mener par le bout du nez par une enfant de deux ans ? Lui demande-t-elle.

Oh, il a des circonstances atténuantes quand même. Terrible two, c'est la période dans la vie d'un enfant où tout est remis en cause, avec une affirmation sans pareille. Personne ne peut leur tenir tête. A dire vrai, Olivia souffre sans doute bien plus au quotidien de l'attitude revêche de sa fille que Marlon. Au moins, Nicolas a été bien plus calme sur ces mois-là, étrangement. Les mots sont forts, lui souffle-t-elle. Mais en même temps, à quoi s'attend-t-elle ? Marlon a quand même un don pour jouer les dramas queens.

Il est même... Particulièrement doué pour ça. Elle a une oeillade moqueuse à son encontre, maintenant que les plaies sont présentes, c'est toujours amusant d'appuyer dessus pour faire un peu mal : Mais tu as raison, Romy est à l'évidence une vraie graine de criminelle, probablement la prochaine Al Capone ! S'exclame-t-elle en riant de plus belle à sa remarque : Tu prendras sa défense quand elle sera arrêtée pour ses crimes ? Glisse-t-elle avec un air mutin, en s'approchant d'un pas défiant.