Le temps est couvert aujourd’hui et frisquet. Il ne s’agit pas du genre de jour où l’on se dit que l’été est dans seulement quelques semaines. On se croirait au début du printemps en fait et cela ne ramène pas Lara à d’excellents souvenirs. Elle cache bien entendu cet état d’âme en conservant un visage assez neutre, refusant de laisser entrevoir cette faiblesse en elle.

De toute façon aujourd’hui, elle a beaucoup de pain sur la planche, pas question de perdre une seule seconde à se morfondre.

Comme à son habitude, la quarantenaire s’est bien apprêtée avant de sortir de chez elle. Sa vanité lui refuserait catégoriquement d’en faire autrement de toute façon. Une toute petite touche de maquillage, les cheveux ondulés et des habits « mode » quoi qu’avec une certaine praticité. Vaniteuse oui, mais pas idiote et superficielle pour autant. Relevant la capuche de sa veste de cuir afin de se protéger des gouttelettes de pluie, Lara évite quelques flaques de boue pour ne pas salir inutilement ses petits bottillons. Le bruit de leur talon résonne d’ailleurs sur le rare pavement de quelques rues du campement. La quarantenaire salue bien évidemment les visages qui la croisent au fil de son avancée, mais elle est complètement perdue dans ses pensées.

Puis l’odeur.

La blonde a toujours aimé cette odeur d’avant les grosses pluies. La terre humide, l’herbe, l’air un peu plus lourd, mais frais… Fermant les yeux un tout petit instant, l’Australienne se concentre un peu sur ce petit plaisir, mais rapidement ses paupières s’ouvrent en s’entend la fine bruine se transformer trop rapidement en précipitations. Attrapant sa capuche, elle court se mettre à l’abri comme bien d’autres passants, mais il est trop tard. Déjà le tonnerre tonne et un rideau de pluie tombe sans pitié sur tout le camp.

Lara n’a eu que le temps de s’abriter sous un grand arbre pour éviter la douche. Ses tâches du jour ne sont pas pressantes au point de se prendre une telle averse. Puis… elle n’a pas envie d’être trempée, décoiffée, démaquillée non plus. Difficile même de voir de l’autre côté de la petite rue où elle se trouve, tellement l’orage déverse de pluie. Un coup de tonnerre un peu plus puissant fait d’ailleurs sursauter l’ancienne mannequin, bien décidée à ne pas subir cette douche forcée.

Marlon a toujours détesté le climat de Seattle, voir de Washington en général. Déjà, avant la fin du monde, il détestait devoir y séjourner plus d’une journée, alors maintenant qu’il est coincé ici… Il doit bien subir comme tous les autres les nombreux jours de pluie. Mais cela ne l’empêche pas de pester, une énième fois, lorsqu’il se voit obligé de sortir dehors: il se serait bien passé d’être trempé inutilement, surtout alors qu’il prête une attention toute particulière à ses vêtements.

Pestant contre la pluie qui tombe de plus belle, il a tout juste le temps d’aller s’abriter sous un arbre avant d’être trop trempé. C’est à ce moment-ci qu’il se rend compte de la présence d’une autre personne, non loin. Bonjour. Il a déjà aperçu cette femme, à plusieurs reprises, suffisamment pour qu’elle ne soit pas une réelle figure inconnue pour l’ancien avocat. Décidément, la pluie n’est pas prête de s’arrêter… Et très clairement, ça l’agace: déjà que le climat dans ce foutu état est déplorable, mais alors là...

Quelqu’un vient la rejoindre sous l’arbre qui l’abrite. Marlon Sanders, bien sûr qu’elle le reconnait immédiatement. Les gens lui ont expliqué ce qu’il s’était passé avant son arrivée, mais l’homme s’est racheté depuis bien entendu. Il a su respecter l’autorité en place et a accepté les conséquences de ces actes. Cela, la quarantenaire peut le respecter.

- Bonjour Monsieur Sanders. Effectivement, je crois que nous en avons pour un petit moment. Confirme la blonde en jetant un regard à la pluie qui créait presque un rideau entre l’arbre et la rue. J’aime bien la pluie, mais à petite dose. Ici… c’est… constant. Lâche Lara dans un soupire.

Ce n’était pas du tout le climat qui l’avait amené ici et c’était pourquoi elle pourquoi à l’époque elle planifiait déjà d’embarquer sa petite famille à Los Angeles le plus rapidement possible.

Malheureusement, ronchonne-t-il presque, lorsqu’elle dit qu’ils devront sûrement faire avec pour un petit moment. Avec ce temps pourri, il est presque impossible de faire quoique ce soit dehors, du moins sans être plus que trempé. Pas de chance pour vous, c’est la météo habituelle à Washington. Entre ça, les températures relativement basses, et un soleil peu présent, ils sont chanceux tiens. Même à Boston, il pleuvait moins. C’est dire à quel point le climat d'ici est vraiment pourri...

- Oui, Washington n’est pas l’État dans lequel je souhaitais vivre très longtemps. Avoue la blonde.

La pluie, le ciel trop souvent gris, la température fraiche ou trop humide… Non, le soleil de Californie avait déjà capturé son cœur à l’époque et l’ancienne mannequin était fort motivée pour y déménager sa petite famille.

- Je n’ai jamais visité Boston, mais il s’agit déjà d’un bon point pour cette ville, s’il y a moins de pluie qu’ici ! Souffle la quarantenaire un tout petit peu ronchonne. Qu’est-ce qui vous a amené dans l’État du mauvais temps ? Questionne Lara avec une pointe d’humour.

J’imagine, oui. Vous souhaitiez aller où ? Car certes, les états ensoleillés sont généralement mieux que les autres… Encore faut-il bien faire son choix. Qui aurait par exemple comme idée saugrenue d’aller s’installer au Texas, par exemple ? Un exemple parfait que le soleil ne fait pas tout, vu certains bouseux qui le peuplent.

Ce n’est pas très compliqué comme critère, moins de pluie. Presque tous les états cochent cette case, même ceux étant techniquement au même niveau que Washington. Le… travail, principalement. Il se garde bien de raconter ses raisons personnelles et familiales: cette partie là ne regarde que lui. Et vous ? Son regard se pose sur elle.

- Californie, Los Angeles plus précisément.

Son mari y aurait trouvé encore un bien meilleur emploi et Lara elle ? Ça aurait été l’endroit absolument parfait pour ouvrir la branche internationale de son agence de mannequinat.

- Non effectivement. Réponds la quarantenaire avec un petit sourire amusé. Le travail également. Mon mari devait développer la branche américaine de son entreprise, moi de même.

Lara ne pose pas trop de questions, si Marlon reste vague sur les raisons de sa venue ici, c’est tout à fait son droit.

- Vous êtes avocat il me semble, n’est-ce pas ? C’est ce qu’elle a entendu du moins. Un domaine en particulier ? Il y en avait beaucoup dans ce métier, non ?