Musique sur les oreilles, j’fais un petit tour avec Tommy, profitant d’un moment de libre pour lui faire prendre un peu l’air. Comme d’hab, le clebs est ravi et prend son temps, reniflant chaque plante, chaque arbre et j’en passe. Mais en soit, j’suis pas pressé, alors je le laisse tranquillement faire sa balade. Pas comme si j’avais vraiment quelque chose de prévu. Enfin, pas avant la fin de la journée. Ca fait bizarre de rien avoir à foutre, c’est pas souvent que ça arrive. Et je sens que je vais vite tourner en rond avant même l’heure de la pause déj.

Du coup ouais, j’prends mon temps et j’essaie de réfléchir à des trucs intelligents à faire qui  n’impliquent pas de démonter encore un truc dans la cuisine. A la longue, Will va finir par être chafouin si je continue comme ça. Même si je remonte toujours tout comme si de rien était, visiblement, se passer de cafetière une journée, c’est genre la fin du monde. J’pourrais aussi aller au garage et bosser un peu avec Locke… sauf que c’est le moment où j’me rappelle qu’il est à Kitsap. Fait chier tiens. Pour un peu, il me manquerait ce con. Un soupir alors que j’continue ma route et que mon attention finit par être captée par un ado qui a l’air super occupé sur une bécane devant le garage d’une baraque. J’ai beau réfléchir, j’arrive plus à me rappeler qui habite ici. Si tant est que je l’ai su un jour. Y a quand même pas mal de monde au camp et connaitre l’ensemble des habitants relève d’un exploit dont je suis clairement pas capable. Pas que je sois pas physionomiste, mais me faut un minimum de conversation pour me rappeler des gens. Et le gamin-là, il me dit rien du tout.

Mais forcément, j’vois sa bécane, alors je l’observe, curieux. Et je sais pas trop combien de temps je reste à l’observer. Tommy est occupé à monter la garde devant un trou de souris, espérant qu’une proie viendra égayer sa balade, alors il réclame pas à ce qu’on bouge de suite. Et, quand j’vois le gamin commencer à s’énerver, j’réprime un sourire amusé. On dirait moi dans mes mauvais jours tiens. Finalement, j’me dis que ça se fait pas de l’espionner comme ça et j’suis sur le point de faire demi-tour. Mais Tommy a finalement décidé d’aller lui dire bonjour. « Mais putain, reviens ! » Ce con s’approche en sautillant, comme si de rien était. Et il s’assoit devant le gamin, attendant sagement que ce dernier lui accorde les gratouilles qu’il est persuadé de mériter. « Tommy ! » Je me précipite derrière lui avant de m’arrêter à sa hauteur. « Désolé, il est curieux. Et l’odeur d’huile de moteur a dû capter son attention. » Pas comme s’il trainait pas à longueur de temps dans l’atelier ou au garage avec moi et qu’il baignait pas dans cette odeur constamment.