Je laisse mon elfe de maison un peu parler a Thais et en profite pour fouiner un peu sur ce qui est devenu une cage flottante. Même si je ne comprends pas le concept, suicidaire a mes yeux, de faire ca sur endroit aussi dangereux que de la flotte j’avoue que ça a plus de gueule que l’ancien royaume de Bill. Au lieu du lino moisi de cette vielle piscine odorante, le ring est un vrai ring qui inspire de beau combat et il y a des espaces de jeu qui m’intriguent pas mal. J’ai assez été rodé par l’arène de Detroit pour me douter sur la fonction des grilles qui donnent sur la lice.

Être ce que je suis devenu risque de me priver du plaisir des jeux, pour autant, j’ai grave envie, mon coté joueur j’imagine. Peut être en changeant de masque… ? Perdu dans les pensées, mes yeux se posent sur une silhouette familière que je ne pensais pas revoir dans cette vie. Si j’ai pris soin d’éviter tout le monde en venant ici, je suis suffisamment troublé par cette vision du passé pour me redresser avec un air de chien sur la défensive.

Le fantôme que j’observe a l’air bel et bien vivant et je n’arrive pas a savoir si je suis content de le voir ou si je suis en colère. Tout habillé en Deadpool, le masque sur le visage et Mauricette dans le dos, je finis par me décider a approcher. Mon ton est plutôt calme, voir amusé :

« je te croyais mort… ils ont pas voulu de toi en enfer ou tu t’es paumé en chemin ? »

Ca va faire au moins deux ans qu’on ne s’est pas vu. Celui qui avait été presque mon frère sous la tutelle de Logan, a qui j’avais servi de canevas vivant et qui avait partagé par mal de mes coups de gloire comme de mes déboires m’avant planté un couteau dans le dos en plant autre chose de celle qui était ma femme. Certes il avait eu les couilles de me l’avouer là ou elle pensait me prendre pour un con, mais il avait surtout eu l’instinct de fuir rapidement après ca. Redoutant une de mes colères qui fait passer Achille pour une moine zen.

Sans la savoir il m’a laissé dans la pire merde du monde et il a précipité Joséphine a sa perte, quoique, avec ses cuisses un peu trop ouvertes, elle aura bien été de l’avant alors qu’elle était déjà au bord du gouffre. Au moins, elle avait eu le bon gout de crever avant de décevoir Connor qui élevait surement le gosse d’un autre sans se poser de question. Impossible de savoir si c’est bien ou pas. J’ai été triste je crois, et encore devant le chagrin de Gemma, mais maintenant que ma fille ‘était plus, tout me paraissait si lointain. Le ton reste calme malgré le choix des mots :

« Si t’as besoin d’un coup de main pour te faire admettre pour de bon dans l’au-delà, compte sur moi et Mauricette. C’est bien le minimum que je puisse faire pour toi, mon frère. »

On s’est jamais vraiment parlé bien lui et moi, mais les choses ont changé depuis deux ans, je ne parle pas que physiquement, ou j’ai continuer a gagner en muscles. Je ne suis plus l’ado du Vermont qui courrait après les filles ou les conneries, ni le survivant déchiré entre ce qu’on attendait qu’il soit et ce qu’il était vraiment. Il aura fallu de nouveaux drames pour que je comprenne, enfin, et accepte ce que je suis et pourquoi je suis fait.  Je m’assois au comptoir avec un soupir épuisé :

« Je te dirais bien une mort subite, mais je me contente de ce que t’a de pas coupé. Je te rassure, j’ai pas beaucoup plus de succès que toi avec la mort, j’ai beau toquer a sa porte, je dois pas être a son gout. »

Je vire le masque pour planter mon regard dans le siens. Autrefois frères, amis, rivaux, ennemis, qu’étions-nous aujourd’hui Vaughnt et moi ?

« Je te pensais vraiment en train de moisir dans un caniveau a la suite d’une MST plus virulente que les autres.  J’ai loupé combien d’épisodes te concernant ? »

« Mon vieux disaient que c’était les cafards qui enterreraient tout le monde, j’imagine que ça nous donne notre place dans cet univers de merde »

Il est un des rares ici a avoir connu le père Cornwell et a savoir de quel monstre je parle. Parfois je me prends a le demander ce qui se serait passé si le Renard était ici a Seattle. A tous les coups il se serait fait plus croyant que les NE et ca aurait été encore plus la merde pour nous.

Je vois bien que Vaughn cherche a éviter mon regard et ca me fait un truc je crois. En fait je n’arrive toujours pas a savoir si je lui en veux ou pas. Être en colère est épuisant et toute ma haine est tournée vers ces fanatiques qui jouent un peu trop du pistolet a clous dès qu’ils voient des croix. Quand il parle d’Oxana, je me sens de lui dire les choses, comme le corbeau de mauvais augure que j’ai pris l’habitude d’être. Je fais attention de rester cacher des autres, je sais que ma tête est a prix et pas qu’un peu.

« Au moins on sait que les MST ne résistent pas aux lance-roquettes. Ils ont eu Oxana. Certaines ont réussi a s’échapper, mais les autres… ce qu’on apprend après coup n’est pas très reluisant. Viol collectif, tortures et brulée vive… je te laisse imaginer le menu avec ces enfoirés d’hypocrites de puritains. »

Je donne un gros coup de poing contre la table les traits crispés par cette haine qui ne me quitte plus et pose sa main sur mon épaule pour me susurrer bien trop de choses vis-à-vis de ceux dont je compte en crever le maximum avant de calancher à mon tour. Finir émasculé ou cloué n’est rien à côté de l’avalanche de colère que je veux leur déverser sur la gueule. Quand Vaughn me dit que la vie m’a un peu épargné, mon regard se fait dure et mes yeux cherchent toujours les siens.

« C’est parce que t’as peur de deviner ma réponse que tu baisse les yeux ou parce que tu te remets pas d’avoir baiser ma femme et ma sœur avant de t’être barré comme un connard en me laissant comme un débile derrière. »

Le ton n’a pas monté mais il ne sonne pas bon non plus, un chien qui aboie ne mord pas, alors s’il n’aboie pas, il faut s’en méfier.  Attrapant mon verre et le vidant d’un trait je commence :

« Je suis l’ex mari d’une femme morte, l’époux d’une femme morte, le père de deux enfants morts, je passe ma vie a me battre contre des gens qui sont visiblement plus doués pour tuer des innocents sans défense que des mecs comme moi. Ca répond a ta question ? Et toi, a part te planquer derrière ton bar et les jupons de Thaïs, tu fais quoi de beau ? »

Les duels de kiki, un classique qui revient toujours rapidement entre nous. Il faut dire que je suis vite chafouin avec les sujets qui fâchent, enfin, surtout le fait que je ne comprends pas ceux et celles qui ne font rien alors qu’on se crève le derche pour sauver le leur. Faut pas se mentir quand on sera balayé, les NE ne s’arrêteront pas a Seattle.